Just Married
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Les plus du perso :
Je suis: pro-Incontestable.
Époux/se : Une petite chèvre. BHÊÊÊ. ♫
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
L'Incontesté
L'Incontesté
Épreuve 5 ;;
A celui que j'étais
Une ombre se découpe au loin. Il vous semble reconnaître la silhouette, les traits de son visage vous sont familiers.
Que le temps passe vite. Vous souvenez vous de l'enfant que vous étiez ? Le futur est imprédictible, inquiétant, plein de mystères. Cependant, il semblerait que quelqu'un ou quelque chose ait décidé de vous aider en vous donnant un coup de pouce pour aller de l'avant. Cette personne qui vous fait face est l'enfant que vous étiez, bien des années auparavant. Qu'avez vous à lui dire ?


Rappel des règles

✗ L'épreuve se termine au bout de 24 heures, soit ce soir, le 07 juillet, à 23h59.
✗ Les réponses sont limitées à 1500 mots maximum.
✗ Enfant de moins de 10 ans.


▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ ◆ ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

 
L'Incontesté
L'Incontesté
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Invité
Elizabeth B. Callahan[II]
Anonymous
Dim 7 Juil - 1:20
Présentation :

Qu'est-ce qu'il s'est passé déjà ? Pourquoi est-ce qu'il fait si sombre ? Ces deux seules questions suffisaient déjà à faire bourdonner l'esprit d'Elizabeth qui lui semblait déjà bien trop engourdit. Elle ne saurait dire où elle était, à cet instant même, elle ne saurait dire d'où elle venait, ni comment elle était arrivée "là." Un contact froid le long de son corps lui fit savoir qu'elle était allongée, probablement à même le sol. Elle se redressa lentement en prenant une bouffée d'air. Elle eut cette désagréable sensation de respirer du souffre, la même qui l'avait assaillie après que son corps ne ce soit mit à faire jaillir des flammes la première fois qu'elle avait passé les grilles de l'institution. Quand elle avait eu cette impression de brûler vive, le jour où elle était devenue guerre. Elle passa sa main contre son sternum, l'endroit où se trouvait le cristal rouge sombre symbolisant le pêché de la colère qui l'habitait, avant de fouiller dans la poche de sa veste. Elle en sortit le Zippo offert par son père il y a déjà des années auparavant. Elle l'utilisa pour tenter de s'éclairer, mais tout semblait vide, à perte de vue. Elle avança, pendant ce qui lui sembla une éternité, Et soudainement comme si elle était sortie de nulle part, une porte Blanche avait fait son apparition sous son nez. Si n'importe qui de censé ce serait inquiété d'une telle apparition, Elle, Elizabeth sentit le besoin oppressant de pousser la clenche et de la franchir. Ce qu'elle fît.

Elle se retrouve dans une chambre, une chambre d'enfant à n'en point douter, des petites voitures étaient soigneusement alignées sur le sol de la chambre, le lit portait même une parure de drap avec des voitures dessus et sur une petite étagère, une photo. Elizabeth avança de quelques pas pour doucement s'en saisir, un fin sourire lui échappa lorsqu'elle se reconnu dans les bras de son père aux abords d'un circuit automobile. Quelle âge avait elle encore ? Sept ans ? Peut être huit. Elle reposa la photo avec soin. Pour quelle obscure raison se trouvait elle dans sa propre chambre d'il y a vingt-deux ans ? Elie fit volte face, elle observa la petite fille qui venait d'ouvrir la même porte par laquelle elle était entrée. Les deux s'observèrent un instant, et alors que l'adulte ne bougeait pas, la petite s'avançait, sans peur. Elle n'avait jamais vraiment été timide.

"Bonjour ! Tu fais quoi dans ma chambre ?"

Elizabeth échappa un nouveau sourire. Pas de doute, elle était bien en train de ce contempler elle même. Comment cela était il possible ? Elle même ne se souvenait pas de s'être jamais rencontrée par le passé.

"Je... C'est une bonne question."

La petite hocha la tête en observant la professeure elle fit glisser ses yeux bleu partout ne manquant aucun détail.

"C'est quoi ton nom moi je suis Elizabeth Blake Callahan."

Elizabeth arqua un sourcil, alors déjà à cet âge elle avait pris l'habitude de se présenter avec son nom en entier. Elle se pencha un peu vers la petite pour lui tendre la main.

"Moi aussi, je m'appelle Elizabeth. Et j'aime aussi beaucoup les voitures."

Rien qu'à entendre le mot voiture, les yeux de la fillette s'illuminèrent comme deux petites étoiles alors qu'elle attrapait sa main vigoureusement.

"Oh oui, oui oui ! Quand je serais grande je veux être une pilote de course !"

Elizabeth la regarda un instant. Si elle savait ce qu'elle allait devenir à cet âge là, elle n'aurait sûrement pas l'air aussi épanouie comme enfant. Au risque de s'auto influencer de quelque manière que ce soit, Elie préféra garder sous silence la question de son avenir. Et hocha la tête un peu plus vivement que d'ordinaire.

"C'est un beau métier, pilote. J'aurais bien aimé être pilote moi aussi, mais je suis prof de Maths, tu aimes les Maths ?"

Elle connaissait déjà la réponse à cette question, mais la voir secouer la tête manqua de la faire pouffer.

"Nan j'aime pas. mais c'est facile."

Elizabeth se permit de s'asseoir poliment sur le lit de la petite, c'était aussi son lit après tout. Elle observa de nouveau cette version enfant d'elle même qui avait déjà été attraper deux voitures miniatures pour aller jouer avec. Elle n'aimait apparemment vraiment pas le sujet. Encore une fois si elle savait, qu'elle n'allait jamais faire de sa passion son métier, mais qu'elle ferait de son métier sa passion. Qu'elle se plairait autant à enseigner, même à des cas difficiles, autant qu'au volant de sa voiture. Ce n'était pas toujours facile, les jeunes sont parfois ingrats, mais elle aussi était passée par là, alors elle ne les prenait jamais vraiment au sérieux quand ils arrivaient à lui manquer de respect. Cependant, elle n'hésitait jamais à sanctionner. Elle murmura.

"Et si je te racontait tout ça, est-ce que ça changerait ? Ou est-ce que je suis simplement en train de rêver."

La petite releva la tête vers elle alors qu'Elizabeth reprenait sa réflexion du comment est-ce qu'elle avait pu se rendre à Saint-Louis de Londres sans même le savoir. Était-ce là une facette de ses pouvoirs qu'elle avait découverte par accident ? Elle se redressa, la lumière commençait à baisser, quelques chose de sombre semblait être à l'oeuvre ici. La fillette vint se coller contre elle. A en juger par le toucher, elle était bien réelle. Mais comment en être sûre. Dans un flash comme un coup de tonnerre, tout revint à l'esprit d'Elizabeth comme un film qu'on déroule. Un tableau de flammes et de sang, la destruction dans toute sa splendeur, avec pour premier plan, les quatre cavaliers. Elle murmura.

"Nous nous sommes éveillés..."

Un sentiment de panique s'insinuait petit à petit en elle alors qu'elle se rappelait seconde par seconde pourquoi est-ce qu'elle avait fait ce souhait étrange de pouvoir se parler, il y a vingt-deux ans. Elle baissa les yeux vers la fillette, alors qu'elle le sentait sa véritable facette recommençait à prendre le dessus sur celle qu'elle était, l'obscurité gagnait la pièce petit à petit, elle éloigna doucement la fillette d'elle. Elle fit volte face et posa sa main sur la poignée de la porte. Elle inclina la tête avant de la tourner vers elle. Son visage affichait une expression où se mêlaient la peur, une certaine tristesse et peut-être l'ombre d'un regret.

"Si tu veux devenir pilote Elizabeth, n'hésite pas et fonce, ne change pas. Mais surtout, ne passe jamais la grille..."

Et tout s'effondra, le noir de nouveau. Qu'est-ce qu'il s'est passé déjà ? Pourquoi est-ce qu'il fait si sombre ?
Elizabeth B. Callahan[II]
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Lyne [Te]
Anonymous
A celle que j'étais


Le brouillard épais qui s’était abattu sur la ville n’augurait rien de bon. Lyne n’avait pas souvenir d’être venue ici. Elle s’était perdue comme on se perd dans ses propres pensées. Pourtant, c’est bien le passé qui l’avait rattrapée. Douloureux et impitoyable, comme une lame qui vous scie le cœur tandis que vous implorez en sanglotant. Elle marchait à tâtons, comme si toutes les lumières s’étaient éteintes d’un seul coup sec. Pas l’ombre d’un rayon de lune. Les ténèbres seules lui tenaient compagnie, et quelle compagnie. Sur ce chemin qu’on n’emprunte normalement que dans un sens, elle marchait à contre-courant, comme guidée par une force impure qui lui dictait de se faire violence. Mais qu’allait-elle trouver au bout de cette route maudite ?

Cela faisait cinq minutes ou cinq heures, elle n’aurait su le dire et son allure restait incertaine, comme apeurée de ce qui l’attendait au bout et dont elle n’avait pas conscience. Les questions se bousculaient dans sa tête et aucune ne semblait l’apaiser assez. Il se passa un long moment avant qu’enfin elle trouve la raison de sa venue sur ce sentier.

D’abord indistincte, elle reconnut une fille. Brune. Jeune. Très jeune. Les larmes montèrent comme un torrent, son pas se fit plus rapide.

« Aurora ! » s’écria-t-elle.

La forme ne bougeait pas et semblait toujours happée par la brume qui l’entourait, pourtant la distance se réduisait bien petit à petit, ainsi que les espoirs de Lyne. Elle pleura de plus belle. Non, sa sœur ne l’attendait pas, là, de l’autre côté. Il y avait bien une enfant, pourtant, mais ce n’était pas assez. Car de toutes les personnes que Lyne évitait, il en était une qu’elle ne cherchait jamais à croiser, et c’était bien elle-même. Toujours évadée de son propre esprit, fuyant la réalité qui était la sienne au quotidien, il avait fallu qu’elle se rencontre ici. La petite fille ouvrit de grands yeux étonnés vers cette autre qui lui ressemblait si bien. La peur, la culpabilité, la honte se bousculèrent dans le cerveau soudainement étriqué de la femme. Fallait-il fuir, une fois encore ? C’était la solution la plus simple. Celle qu’elle connaissait par cœur.

Pourtant, soudain parcourue par une force enfouie, elle ne tourna pas les talons. Elle resta à contempler ce qu’elle avait été, séchant ses larmes lentement, comme prenant le temps de jauger enfin ce que pouvait signifier cette confrontation.

L’enfant ne faisait pas un bruit, ne prononçait aucun mot. Ce n’était pas à elle de parler. C’était Lyne, la grande, qui devait s’expliquer. Le poids des remords pesait. Elle s’en voulait d’avoir feint toute sa vie. D’avoir ignoré l’absence de ses parents, ignoré la mort d’Aurora. Elle n’avait finalement craqué que lorsqu’elle ne pouvait plus rien faire pour elle-même et il avait suffi d’un ridicule changement d’environnement pour qu’elle mette au placard tous les sentiments qu’elle avait ressenti par le passé.

Elle réfléchit alors tant et si bien à quoi lui dire. Elle s’était toujours bien débrouillée. Il n’y avait qu’une chose qu’elle regrettait, comment ne pas le regretter ?

Elle se pencha vers l’enfant, à présent accroupie, et la prit dans ses bras. C’était un geste doux et empli d’amour. L’amour dont elle avait manqué, probablement. Mais c’était aussi plus que ça. C’était s’aimer soi-même. Comprendre qu’on est ce qu’on est parce qu’on a traversé ces épreuves et qu’on en est ressorti vivant. Alors elle lui dit enfin la seule chose qui comptait.

« Lyne… Profite de ceux qui sont avec toi. Profite de ceux qui le seront. Car on ne revient jamais en arrière autrement que dans nos souvenirs. »

Et tout en disant ça, elle sut qu’elle allait devoir ré-apprendre à vivre. Elle n’avait jamais vraiment fait le deuil de ceux qu’elle avait perdu. Et tout en disant ces mots qui faisaient mal, oh si mal, elle se rappelait ce qu’elle avait vécu avec eux. Et qu’ils étaient toujours là, avec elle. Qu’elle avait été là, jusqu’au dernier moment, jusqu’au point de non-retour, qu’elle avait vu la dernière étincelle de vie quitter le corps d’un enfant, mais qu’elle avait aussi partagé des années de bonheur, des moments hors du temps où rien d’autre ne comptait qu’elles deux, où elle s’était sentie sœur et mère.

Les larmes qui coulaient sur ses joues étaient de bonheur. Elle savait que l’autre la comprenait. Elle aurait voulu pouvoir tendre une main à nouveau, et riait intérieurement en sachant qu’elle ne l’aurait jamais accepté.

Un dernier regard en arrière, un dernier regard sur cette enfant, si forte en apparence, déjà à cet âge. Si fragile à l’intérieur. Un dernier « Bonne chance... » et le vide à nouveau, pourtant Lyne n’avait plus peur des ténèbres. Elle était à présent là pour se soutenir.

Pour elle-même.

(c) fenrir pour Lyne Celesta Valente


Lyne [Te]
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Invité
Pastora Féca[ILU]
Anonymous
Le cocktail parfait-----Une bière, deux, trois, quatre. Elle passe à plus fort, directement à la Vodka. Le serveur ne l’en empêche pas : il gagne sa vie, et elle, un moyen d’oublier. Elle n’a rien de spécifique à oublier, pas de mauvais souvenir, pas d’affreux évènement planant dans son futur tel une épée de Damoclès prête à s’effondrer sur sa nuque. Elle chercher seulement à oublier ce sentiment d’insatisfaction constant qui pourrit son existence. C’est faible, loin d’être omniprésent. Plus comme une petite voix qui lui murmure tout ce qu’elle a fait de mal, tout ce qu’elle aurait pu faire mieux. En un clignement, tout devient sombre. Peut-être que ce sont ses yeux qui se ferment. Elle n’a pas l’esprit assez clair pour se poser ce genre de question.

-----Pastora, professeure d’histoire dans une grande école canadienne, actuellement torchée, se trouve face à Pastora, dix ans. Ses traits sont fins, son air est assuré, et ses yeux pétillent de rêve et d’énergie. La professeure serre ses doigts sur son verre. Ses dents grincent, geste manquant cruellement d’élégance, dont elle était habituellement bien munie pourtant. C’est l’alcool et la colère qui parlent pour elle, simple spectatrice du pauvre spectacle alcoolisé qu’elle offre. « Ne fais pas ça ! », elle s’écrie, faisant sursauter la jeune enfant qu’elle était il y a des années de cela. « Tu es belle. Tu es intelligente. Tu as tout ce qu’il te faut. » L’enfant semble ravie. Pastora, âgée maintenant d’une quarantaine d’années, sait que ce genre de compliment sont encore aujourd’hui un parfait moyen de la flatter, d’obtenir son attention. Elle l’a. Elle continue. « Et tu es certaine que tu as toutes les capacités qu’il te faut pour trouver l’amour. Et c’est vrai. Nombreux seront les garçons qui tomberont sous ton charme. Certaines filles tourneront même le coin de l’œil pour toi. » L’enfant est aux anges sous cette avalanche d’éloge. Elle gonfle la poitrine, tient son menton droit.

« Mais ne le fais pas. N’entre jamais dans une relation amoureuse. »

-----La posture bien redressée s’effondre soudainement, le sourire laissant place à la moue, l’incompréhension. C’est donc ça, d’être adulte ? Ne plus avoir le courage de croire en ses rêves et ses envies ? La plus vieille donne un regard désapprobateur. « Cela ne t’apportera que des problèmes. Nous vivons pour satisfaire des attentes qui nous sont trop opposées. Collectionner quelques garçons et quelques parties de rigolades intimes sera amusant au départ, jusqu’au jour où viendra ce fléau nommé Naissance. On attendra de toi des enfants. Ça ne sera jamais dit clairement, mais tes parents te feront quelques remarques. Tes amis aussi. Un jour, ce sera celui à tes côtés qui te présentera cet ultimatum. Une pression immense, que tu ne refuseras pas. Tu te sentiras prête, mais crois-moi, tu ne le seras jamais. »

-----La jeunette hausse simplement les épaules. La séniore manque de renverser son pauvre reste de Vodka sur le bar, par énervement. « Ne fais pas la sotte. Ecoute-moi bien. Je sais mieux que toi, car je l’ai vécu. Abandonne les hommes maintenant. Abandonne même les femmes. Abandonne tout ce qui te demandera de créer la vie. C’est une trop grande responsabilité. Chaque jour pèse sur mes épaules le poids de ces deux enfants que j’ai fui, abandonnés comme des chiens sur le bord de la route, juste pour partir en vacances. Je ne suis pas faite pour être mère, tu ne le seras jamais non plus. »

Un soupir. Le ton monte. « Cesse. »

-----Un grognement, cette fois. Pastora se tend devant cette petite effrontée qu’elle était auparavant. « Sois sage, et écoute-moi ! » L’idée de pouvoir l’arrêter, l’idée de pouvoir tout recommencer autrement l’obnubile. L’idée de voir une autre jeune suivre ses pas, qu’il s’agisse d’elle-même ou bien de n’importe quel adolescent, fait monter en elle un sentiment de frustration et d’inutilité. Son rôle est d’empêcher ceci. Violente au naturel, l’alcool n’arrange pas son cas, et la professeure se laisser aller, se levant de son tabouret, et le renversant par terre, sur le pauvre plancher brun taché de soda. Le pauvre sol n’a tout simplement pas fini de se faire maltraiter, car maintenant, ce sont les talons de la dame qui le piquent incessamment.

-----L’apparition ne cille pas. A côté d’elle, un client lui tapote doucement l’épaule. « Du calme, ma p’tite dame. Z’allez avoir des rides si vous continuez. Et puis, l’autre a rien fait d’mal. » Etrangement, ce n’est pas la logique qui la calme dans ces sages paroles, mais la peur de déformer son visage avec des problèmes de peau supplémentaires. Elle ne ramasse pas le tabouret, mais fixe avec certitude la petite Pastora, qui n’a pas l’air plus affectée que ceci, comme habituée à ce type de petit carnage. Sous le regard de l’enfant, elle reprend son verre, et le finit. « La vie n’est pas qu’une partie de plaisir, la vie n’est pas qu’un jeu. C’est le contraire, d’ailleurs. On trime pour survivre, et ce jusqu’à la mort. On pourrait penser que la présence d’un mari et de quelques enfants aide à se détendre après une dure journée, mais il n’en est rien. Métro, Boulot, Garde des Enfants et Education et Cuisine. Et comment puis-je ajouter le célèbre « Dodo » quand on est réveillé chaque nuit ? Ce serait une utopie que de pouvoir fermer l’œil. »

-----Pour la première fois, la plus jeune Pastora ouvre ses lèvres pour donner son avis. « C’est vrai que c’est souvent chiant, les mioches. Je peux très bien profiter de l’amour, sans m’occuper de cette merde. » Le langage de bouchère passe par une oreille, et sort par l’autre, l’alcool rendant la professeure incroyablement lente et naïve. Ce détail ne lui apparaît pas comme très important. « Dès que tu donneras un nom à ta relation », elle répond, manquant de hoqueter au milieu, « dès que tu donneras un nom à ta relation, ce sera le début des attentes, et de la pression. Tu auras deux enfants. Tu n’arriveras pas à les aimer. Ils te feront peur. Tu passeras d’une femme brillante à une femme ignoble, avec le simple fait d’avoir cédé à la pression. »

« On s’en contrefout, non ? Le but de la jeunesse, c’est de s’amuser, et de faire des conneries. »

-----Quand elle regarde mieux la petite, celle-ci prend des traits masculins. Elle grandit, ses cheveux tombent, sa voix devient plus grave. Elle essuie un verre de martini avec un torchon. Pastora ouvre de grands yeux ronds. Le barman donne suite à son explication. « Et certes, c’est vraiment un bordel après coup, mais au moins, on s’est bien marré avant. Moi, j’ai ce tatouage au bras, avec le nom d’une ex. Une vraie connasse. Mais quand je le regarde, j’ai pas le regret de m’être gravé ça sur la peau. J’ai juste les bons souvenirs qui restent. Comme la fois où je lui avais appris à pisser dans la forêt. C’était il y a quinze, seize ans peut-être. Quoi que. C’était après l’achat de ma nouvelle moto, donc définitivement quinze ans- »

-----Impossible pour elle d’écouter la suite. Elle réalise que, sous l’effet de l’alcool, elle a déballé sa vie à un parfait inconnu, dans l’idée d’empêcher une chimère du passé de vivre sa vie. Le pire dans tout ça ? Sûrement la vérité derrière les mots de ce barista impoli. Si elle avait pu changer son passé pour vivre sérieusement, loin de tout engagement, quand se serait-elle amusée ? Ne l’avait-elle pas dit elle-même ? Être adulte, c’est trimer pour survivre, et être adulte, c’est la leçon entourée de deux intercours : l’enfance, et la retraite. Au final, ses jeunes années lui avaient servi à profiter des joies de l’adolescence, sans ses rides, sans ses responsabilités. Pourquoi regretter le mal quand elle pouvait sourire tendrement aux bons souvenirs ?

-----C’est après avoir remis le tabouret à sa place et après avoir coupé l’histoire de pisse du barman que Pastora, professeure d’histoire, sort avec la meilleure leçon qu’elle n’ait jamais reçu de sa vie. Qui aurait pu croire que l’enseignant le plus efficace serait un mélange entre un chauve vulgaire, une bouteille de Vodka, et une hallucination alcoolisée ? Et pourtant :

C’était bien ça, le cocktail parfait.
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Pastora Féca[ILU]
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Invité
Maximilian Beaulieu [MP]
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Présentation:

Une douleur sourde explosa à l’arrière de son crâne. Avant qu’il ne puisse réagir, sa vision se brouilla  et  les ténèbres l’accueillirent. Lorsqu’il reprit conscience, Maximilian eut l’impression de flotter entre deux mondes ; son corps semblait étrangement léger et ses membres ne répondaient plus aux commandes simples que son cerveau envoyait. Lorsqu’il retrouva finalement un semblant de contrôle, le sbire chercha à s’orienter. Le décor n’avait plus rien à voir avec celui du bar dans lequel il se trouvait ; autour de lui, tout n’était que brume opaque, flottant à raz le sol et s’élevant en un mur blanc et vaporeux jusqu’à une hauteur indéfinissable. Il siffla entre ses dents. Le connard qui l’avait frappé était sûrement responsable de ce tour de passe-passe ridicule ; il avait bien vu l’hypnomade qui le suivait comme un  chien de poche, son pendule oscillant silencieusement de droite à gauche.  Il suffisait de capter le mouvement pendant une seconde de trop pour que l’esprit de la victime ne devienne prisonnier d’hallucinations ou d’un sommeil profond. Étouffant un juron, le rouquin choisit d’accepter cette réalité alternée jusqu’à ce qu’il puisse en émerger. Il choisit une direction et se mit en marche.

Lorsqu’il releva sa tête, son regard capta une anomalie parmi la brume. Une silhouette. À vue d’oeil, l’humain ou la créature - difficile de le savoir à cette distance - lui arrivait environ à la taille. Il s’en approcha avec prudence et pesta en découvrant que son poing-américain ne l’avait pas suivi dans cet au-delà. Il n’aurait donc que ses poings et ses pieds pour se defendre.

Maximilian s’arrêta net lorsque la silhouette émergea. Un enfant ! Mais qu’est-ce qu’il foutait ici ? Vêtu d’un uniquement débardeur noir, trop large pour sa taille maigrichonne, et d’une paire de shorts, il s’avançait pieds nus.  Il fallut un moment pour que Beaulieu ne reconnaisse ce faciès innocent, aux joues encore rondes et roses. Des cheveux châtains en bataille, des yeux brillant d’insécurité et l’épaule gauche enserrée dans un bandage ; impossible de se tromper, il s’agissait de lui-même, à sept ans, peu de temps après avoir été mordu par l’arcanin de son père. À la fois surpris et troublé, l’adulte jura.

- Maman dit que c’est un mauvais mot.

L’expression du gamin s’assombrit. On aurait dit qu’il regrettait d’avoir laissé libre cours à sa pensée et qu’il craignait une réprimande.

- Ta mère a raison. En soi, sa version miniature n’avait pas tort. En grandissant, il s’était écarté du droit chemin et de l’encadrement parental, adopant un langage coloré et riche en insultes. Comme pour s’assurer de l’identité de son jeune interlocuteur, il poursuivit avec la question qui lui brûlait la langue. T’as un nom ?

- Maximilian. Mais mes amis m’appellent Maxi, parce que Maximilian, c’est long et compliqué. Et toi monsieur ?
- Je m’appelle aussi Maximilian.

Cette coïncidence ne dérangea pas l’enfant ; son visage s’éclaira. Un sourire apparut même sur ses lèvres et un éclat de soulagement traversa ses prunelles. Il s’approcha et tendit la main gauche. Son geste éveilla toutefois la douleur dans son épaule, là où les crocs brûlant avaient creusé la chair.  Beaulieu remarqua tout de suite son inconfort et les larmes qu'il tentait de refouler. Sachant très bien que cette épreuve était l’une des pires qu’il avait eu à traverser, il s’accroupit et posa une main compatissante sur sa tignasse désordonnée.

- Ça fait mal, eh ? Mini-Max acquiesça et renifla. Ça va guérir vite, ne t’inquiète pas. Tu pourras bientôt bouger comme avant. Comme pour le rassurer, il porta une main à sa propre épaule et abaissa le tissu de son t-shirt, révélant ses cicatrices. Je suis passé par là, moi aussi.

Les yeux du gamin s’écarquillèrent et ses pleurs diminuèrent ; il essuya ses paupières rougies et son nez coulant avec un pan de son débardeur, faute d’avoir un mouchoir sur lui. La morve finirait par sécher et partirait au prochain cycle de la machine à laver ; rien de dramatique. Le sbire ne s’en offusqua pas d’ailleurs. Après tout, il avait lui-même agis de cette façon à bien des reprises.

- Il y a des garçons à l’école qui se moquent de moi.
- Parce que tu es blessé ?

Il connaissait la réponse, mais il préférait l’entendre de la bouche du garçonnet.

- Parce que j’ai peur des pokémons. Ils me font du mal, ils sont méchants.

Et dire que cette peur se transformerait un jour en haine profonde et irréversible. Comment lui annoncer qu’il finirait par les mépriser au point de vouloir les faire souffrir à leur tour pour ce malencontreux incident ? Maximilian se retrouvait aux prises avec un curieux dilemme. Soit il révélait la vérité, aussi cruelle fut-elle, soit il la camouflait derrière un mensonge, pour encourager le gamin à prendre le chemin du pardon, qu’il avait durement renié. Ses pensées dévièrent vers ses équipiers, à qui il accordait désormais un répit ; ces bêtes-là commençaient à se tailler une place dans son quotidien, et à éteindre les tisons de rancune et de rage qui le consummaient encore de temps à autres. Rien pour le faire complètement changer d’avis, mais c’était suffisant pour qu’il les accepte. Un peu.

- Ils ne le sont pas tous. J’ai fais la bêtise de ne pas les considérer comme des amis quand j’avais ton âge et maintenant, ça me rattrape.
- J’aime bien l’altaria de maman… Il est doux et il chante.

Le jeune Maximilian osa un sourire timide. Il était vrai qu’il avait toujours apprécié les mélodies que l’oiseau aux ailes duveteuses fredonnaient.

- C’est un début.

Son interlocuteur hocha la tête puis lui attrapa la main. Ses doigts se glissèrent entre les siens et les serrèrent avec force. Il y avait quelque chose de rassurant à sentir cette petite paume chaude et légèrement moite contre la sienne. Ils reprirent leur marche, sans se presser. La brume se leva sur leur passage et le coordinateur remarqua qu’elle commençait à perdre de son opacité. Était-ce un signe qu’il regagnerait bientôt sa réalité ?

- Tu m’as parlé de tes amis… Est-ce que tu as une copine ?
- Oh, non. Les joues roses virèrent au cramoisie et la voix enfantine se changea en un chuchotement gêné. Les filles me font peur aussi.

L’adulte réprima un éclat de rire. Il se souvenait vaguement de cette époque, mais il était vrai qu’à un certain moment, il s’était tenu uniquement avec des garçons de son âge, fuyant la gent féminine comme la peste. À l’adolescence, toutefois, avec la venue de la puberté, les choses avaient pris une tournure différente.

- Tu n’auras plus peur d’elles quand tu auras mon âge. Même que tu rencontreras sûrement quelqu’un qui te plaira.

Il songea d’abord à Erya, son premier amour, celle-là même qui l’avait invité à rejoindre la cause de la Team Magma, puis recruté. Le petiot fit la grimace, peu convaincu. Il préféra ne pas lui avouer que cette relation se solderait par une rupture, un an plus tard, pour cause de divergences d’opinions et de solides prises de têtes. Au moins, il en garderait une précieuse amitié. Ses pensées se tournèrent ensuite vers Maxence, le sbire rocket envers lequel il nourrissait des sentiments plus tendres. Une relation plus complexe, plus dangereuse aussi, mais qui valait le coup.

- Soit ouvert d’esprit et tout ira bien. Tu trouveras ton bonheur auprès des gens. Et dit à ta maman que tu l’aimes. Parce qu'elle finirait malade, aux abords de la folie, et incapable de le reconnaître même dans ses moments de lucidité. Il marqua une pause, ses sourcils se fronçant. Ah et, si jamais tu entends parler du Chaos, s’il-te-plaît, ne t’en approche pas. C’est pas un endroit pour toi.
- D’accord.

Le Chaos, ce lieu maudit qui empestait le sang caillé et les excréments, et qui renfermait des arènes de combats clandestins, pour pokémons. Et la fosse. Celles où hommes et femmes jugés comme traîtres ou ayant brisés les règles de l’établissement se retrouvaient pour se battre à mort.

- Promets-le.
- Je… Promis.

Mais il savait, au fond de lui-même, que cette promesse ne serait jamais tenue. Au moins, il savait qu’il en ressortirait vainqueur, toujours en vie. Ils poursuivirent leur chemin et la brume s’épaissit, cette fois, allant jusqu’à les engloutir. Au bout de longues minutes, le rouquin réalisa qu’il était seul. L’enfant s’était volatilise. Il n’avait même pas senti sa main quitter la sienne. Pas même un au revoir n’avait été dit.

- Tu es encore là ? Hey, mini moi !

Il ouvrit les yeux, émergeant brusquement de sa rêverie. Ses oreilles furent aussitôt assaillies par des rires gras, des tintement de verres et des bribes de conversations variées. Son coeur battait la chamade et sa tête menaçait d’imploser. Le sbire posa un regard hagard sur le barman, qui haussa les épaules et lui désigna celui qui l’avait cogné. Oubliant momentanément cet épisode troublant où il avait pu converser avec une version enfant de lui-même, Max se leva en titubant de son tabouret pour décocher un mangifique crochet du droit sur la mâchoire de l’importun.

Ça aussi, il aurait dû en parler à Mini-Max.

La prochaine fois.

( 1497 mots )
Maximilian Beaulieu [MP]
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Melchiore Fisher [Ava]
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Une explosion puis plus rien... Le noir total. Mechiore n'avait pas réussi à désamorcer sa bombe et celle ci lui avait explosé à la figure. Malgré la protection, elle avait bien ressenti le choc. Des voix résonnaient autour d'elle, lointaine et proche à la fois. Elle ferma les yeux et sombra peu à peu. Sombrer ? Non, pas tout à fait. Étonnamment, une sorte de halo lui blessa les yeux quelques instants et elle aperçut une silhouette se découper dans cette lumière et se préciser.

T'es endormie m'dame ?

Cette voix... Mel la connaissait. Elle tenta de bouger avec précaution et, fait surprenant, elle y parvint sans aucune douleur. Les yeux toujours fermés, elle se demanda s'il était judicieux de tenter de les ouvrir.

M'dame ! M'dame ! Tu t'réveilles ? Papa va bientôt revenir, il sera pas content s'il peut pas rentrer son bateau à quai. Et faut pas mettre papa en colère, c'est maman qui le dit.

Cette tirade lui sembla plus que familière et rappela de nombreux souvenirs à la métisse. Elle finit par ouvrir les yeux et sursauta violemment en découvrant l'environnement dans lequel elle se trouvait. Elle reconnaissait tout, le quai, le ciel et la mer qui s'étendait devant ses yeux. Seule la silhouette lui était pour le moment inconnue, se tenant à contre jour.

Qu'est ce qui s'est passé ?

Sais pas m'dame. Un moment t'étais pas là et un autre t'étais là. J'sais même pas comment t'es arrivée.


La voix fluète perturbait la guerrière. Elle la connaissait mais ne pouvait admettre qu'il en soit ainsi. Se relevant, elle fut surprise de constater qu'elle n'avait aucune égratignure et que ses vêtements, un treillis noir et un débardeur kaki, étaient intacts. Ses pieds nues trempaient dans l'eau et les embruns caressaient son visage, même l'air marin qu'elle respirait en ce moment lui rappelait son île d'origine : La Réunion. Pour être exact, c'était même le paysage, de ce qu'elle pouvait en apercevoir au soleil couchant, qui lui rappelait davantage La Possession, endroit où elle avait grandit. Se tournant vers la fillette habillée à la garçonne, elle plaça sa main en visière pour essayer d'apercevoir son visage avec plus de précision.

Comment tu t'appelles ?

Melchiore Fisher m'dame. J'attends que papa revienne de la pêche au requin.


Mel faillit défaillir devant l'enfant alors qu'elle lui donnait son nom et expliquait ce qu'elle faisait là. Elle laissa échapper un petit "oh merde..." en reculant sur le sable encore chaud de la journée avant de tomber assise par terre.

Ca va m'dame ?

Je... Oui, oui... Appelle moi Mel, s'il te plaît.

Oh ? C'est marrant, Papa m'appelle toujours comme ça aussi.

Je sais oui... Viens t'asseoir. Dis moi, tu as quel âge ?

J'ai huit ans aujourd'hui m'da... Mel.

Et bien, tu es plutôt dégourdie pour ton âge. Et je pari que tu es très fort pour mettre des raclées à Max déjà.


La gamine la regarda en écarquillant les yeux, la bouche ouvert dans un Oh silencieux. Melchiore ne comprenait pas comment une telle chose était possible. Réfléchissant à toute vitesse, elle eut un léger sourire en secouant la tête. Elle, qui n'avait jamais cru aux histoires de grand-mère sur les paradoxes temporels et à ceux qui se croisaient eux mêmes, était bien obligé de constater que c'était possible. Elle se souvenait parfaitement de cette journée, sa propre rencontre en moins par contre. C'était ce jour là qu'elle avait réussi pour la première fois à faire payer à Maximilien Tucker toutes ces années où il s'était amusé à la faire tourner en bourrique et pas de la manière la plus gentille qui soit.

Écoute Mel. Je sais pas comment c'est possible mais... Elle s'interrompit, craignant d'embrouiller la petite, mais elle n'avait pas d'autre moyens de lui expliquer. Aussi reprit elle : En fait, je suis toi et tu es moi. Je ne sait pas comment l'expliquer mais je vais profiter de ce moment unique pour te donner quelques conseils, d'accord ?

La gamine ne paraît pas vraiment convaincue, et la femme ne put que le comprendre. Elle avait toujours été sceptique, et ce, depuis sa plus tendre enfance. Elle fouilla dans sa poche et en sortit son zippo fatigué avec lequel elle se mit à jouer en ouvrant et fermant le capot tout en réfléchissant à un moyen de lui, enfin de se, faire admettre ce fait. La petite Mel avait croisé les bras et ce geste la fit sourire. Elle l'avait gardé en passant à l'âge adulte et l'utilisait chaque fois qu'elle ne croyait pas ce qu'on lui disait, semblant dire implicitement "tu me prends pour un jambon ou bien... ?" Elle décida de lui énumérer certaines choses qu'elle seule connaissait dans le creux de l'oreille pour lui prouver ses dires. Elle avait plus que son comptant de bêtises qui risquaient de lui valoir de sévères réprimandes si cela venait à se savoir. Il ne lui fallut pas cinq minutes pour convaincre la petite Mel qu'elle disait la vérité.

Tu peux parler correctement avec moi comme tu peux le constater.

Ok. Mais tu dis rien à papa et à maman. Je suis tranquille s'ils croient que je suis plus bête qu'en vrai.

Je sais. Je te rassure, tu vas pouvoir laisser libre cours à ton véritable toi dans quelques années. Quelles que soient les décisions que tu voudras prendre, souviens toi que Ben sera toujours là pour toi, y compris dans les pires moments de ta vie. Soit toi même et laisse toi le droit de ne pas être toujours forte.

C'est qui Ben ?

Tu le sauras dans quelques années, ne t'en fais pas. Tout ça prendra un sens. Quoi qu'il en soit, surtout, ne regrette jamais de prendre les décisions que tu dois prendre. Les regrets te mangent alors que essayer et se donner la peine d'y arriver te grandissent.

Je comprends pas...

T'en fais pas. Tu comprendras. Oh. Pense aussi à faire une chose de très importante : Tous les jours, accompagne ton père et dis lui que tu l'aimes. Tu me le promets ça ?

Oui, c'est promis... Mel ? T'es toute bizarre !


La guerrière attrapa le bras de la petite fille et la serra dans ses bras en souriant, chose très rare de sa part en temps normal. Elle se sentait en effet bizarre et pensait comprendre ce qui se passait.

Tiens ta promesse et surtout n'oublie pas, Ben est le seul qui importe !

Un choc. La douleur. Les cris. Le bruit strident d'un appareil...

On l'a récupéré ! Vite, stabilisez la et préparez les nanos ! On aura peut-être pas une seconde chance !

Les yeux de la métisse s'ouvrirent difficilement et elle fronça les sourcils en grognant alors que la lumière la blessait cruellement. Elle put néanmoins apercevoir avant de refermer les yeux une équipe médicale au complet qui s'occupait d'elle.
Melchiore Fisher [Ava]
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Edel[TA]
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A celui que j'étaisIl se tenait là, dans la pénombre d’une ruelle étroite. La lumière était quasi inexistante dans cet endroit, c’était en partie pour cela qu’Edel empruntait ce chemin pour aller et rentrer du travail toutes les nuits. Parfois même la journée car elle apportait de l’ombre qui était toujours le bienvenu. C’était censé être un chemin tranquille mais cette nuit-là était loin d’être ordinaire. S’il avait encore un cœur, il l’aurait très certainement senti se serrer, il le savait car son corps réagissait à cette ombre. Il s’en méfiait, elle lui hérissait le poil. Elle lui donnait presque envie de vomir. Elle le dégoûtait, l’angoissait. Plus il s’approchait et plus ses jambes devenaient du plomb au point qu’il se retrouva incapable de faire un pas de plus. Ce visage… Cela faisait des années qu’il ne l’avait pas vu… Une bonne centaine d’années… Cette petite crinière blonde qui surplombait ce visage pâle, mettant en avant ces yeux d’un turquoise vif. Et ces vêtements… Il devait rentrer de l’hôpital, à tous les coups. Rien qu’en y pensant, l’odeur de la mort envahie le nez du Prince du casino Adelsborg. Il dût se tenir à un des murs, la main plaquée sur sa bouche pour se retenir de vider son estomac, les yeux écarquillés, il avait même l’impression d’avoir des sueurs froides. Qu’est-ce que c’était ? Etait-ce un effet secondaire de son amulette ? De l’alcool ? Etait-il en manque de sang ? Il ne comprenait pas. Ce n’était pas normal. Ce n’était pas réel. Ca ne pouvait pas l’être. Il avait enterré son passé en devenant Edel et il enterrerait ce gamin s’il le fallait pour oublier. Tout oublier.
Il se stoppa net.
Des flashs de ses meurtres revinrent. C’en était trop. Son estomac se retourna, déversant le peu de choses qui pouvait être déversé. A contre-cœur, il s’assit contre un mur, en face de celui qu’il venait de tacher. L’enfant s’approcha et s’assit près de lui, le faisant s’écarter en grimaçant.

« Qu’est-ce que tu me veux ? Pourquoi tu viens maintenant ? Je n’ai pas besoin de toi. DEGAGE !! LAISSE-MOI SEUL, BORDEL !!

Aboya-t-il. Cependant, l’enfant ne bougea pas. Il le regardait d’un air compatissant ce qui énerva davantage le gérant du casino. Edel se frotta le visage et les yeux, pourquoi ça lui arrivait… Pourquoi ?! Il se leva en titubant et s’éloigna tant bien que mal, décidé à rentrer chez lui. Il fit comme si de rien n’était puisqu’apparemment personne ne semblait remarquer la petite tête blonde qui le suivait. Il accéléra le pas, faisant de grandes enjambées, il monta les escaliers quatre par quatre jusqu’à son appartement où il s’enferma avant de faire les cent pas dans la pièce à vivre. Il tremblait, son regard était perdu… Un rien l’agaçait, l’énervait, quelque chose se tenait sur son passage ? Il le prenait et le balançait quitte à le casser. Il n’en pouvait plus, il ne voulait plus rien, il était au bout… Et alors qu’il se rendait dans sa chambre, l’enfant se tenait là, assis au bord du lit comme s’il l’attendait.
L’adulte hurla, proliféra des injures dans sa langue natale et brisa tous les bibelots qui se trouvait à sa portée. Il lui fallut une bonne heure avant de finir son carnage. Il était par terre, à bout de force, il se tenait la tête entre les mains, prêt à éclater en sanglots. Le petit garçon s’approcha et posa sa main doucement sa main sur son dos, sans la moindre crainte ni hésitation.

- Laisse-moi… Je t’ai tué pour être qui je suis… Pour ne plus souffrir… Lars, s’il te plait, va-t-en… Prends soin de papa et laisse-moi tranquille… Je t’en prie… Ne sois pas aussi stupide que je l’ai été… Ne refais pas les mêmes erreurs que moi…

Edel redressa la tête pour regarder le petit Lars, le regard attristé en repensant à son passé. Il l’enlaça et le fit se lover contre, le serrant aussi fort que possible, humant l’odeur de désinfectant et celle de savon si particulière qui avait bercé toute son enfance. Il frotta doucement sa tête contre la sienne avant d’enfouir son visage contre son cou.

- Mère… Tu sais que Mère va mourir… Ca va être dur mais tu es fort… Sois là pour papa… Sois là pour lui, il en a besoin… Il t’aime de tout son être, tu sais…

Sa gorge se noua peu à peu mais il était décidé à poursuivre, il le fallait ou en tout cas il sentait qu’il le fallait, c’était peut-être enfin le moment de parler de qui il était vraiment alors qu’il l’avait toujours caché du mieux qu’il pût.

- N’oublie jamais ton nom… N’oublie jamais d’où tu viens et qui tu es. J’ai fait… Beaucoup de choses que je regrette et je refuse de te laisser faire les mêmes erreurs… Alors… Alors écoute attentivement tout ce que je vais te raconter…

Il se mit donc à raconter ce qu’il s’était passé, il évitait de trop rentrer dans les détails et certaines choses, il faut dire que raconter presque cent dix ans de vie prend énormément de temps. C’est d’ailleurs en parlant qu’il se rendit compte de tout ce qu’il avait vécu, de sa longévité… Combien de temps parviendrait-il à tenir encore ? Cette immortalité lui sembla soudain être la pire des punitions qui pouvait lui arriver. Il l’avait su dès sa transformation alors qu’on avait fait de lui une bête assoiffée de sang, incontrôlable et monstrueuse, mais aussi lorsque tous ses proches décédèrent alors que sa vie à lui ne faisait que continuer, comme si de rien était. Il ne vieillissait pas et grâce à son créateur, il ne mourrait pas. Il craqua. Comment avait-on pu lui faire ça alors que tout ce qu’il avait souhaité dans sa vie était de mourir. Déjà quand il était enfant… Puis à son adolescence… Pire encore une fois adulte… La vie ne l’avait pas épargné et le désespoir l’avait trop souvent englouti dans une mer de pensées aussi noires qu’une marée de corbeaux.

Toute la matinée, il raconta ces vies qui n’étaient pas les siennes et le jeune Lars ne répondait rien, il restait là, dans ses bras, parfois il le regardait, souriait, pleurait en cœur avec le vieux Lars. Ce dernier se sentait plus léger au fur et à mesure de son récit, peut-être qu’il avait besoin d’être écouté sans être jugé, mais personne ne pouvait lui apporter ça. Personne à part lui-même.  
Lorsqu’il finit enfin son récit, le petit garçon prit la main de son aîné et y déposa un baiser, à son tour, l’adulte se pencha et embrassa le front chaud du garçonnet. Il soupira et finit par se lever péniblement, ses membres étant ankylosés par la position inconfortable. Il suggéra un lait chaud pour se remettre de toutes ces émotions, au moins pour le Lars âgé de sept ans. Pour lui, ce serait une pochette de sang animal, heureusement qu’il en avait en stock… Il le versa dans un mug pour que ce soit moins effrayant sans doute et retourna dans sa vaste chambre avec les deux tasses en mains. Cependant, Lars n’était plus là. Tout ce qu’il avait sous les yeux était une chambre impersonnelle complètement dévastée dont le sol était jonché de débris.

Il soupira. Il aurait dû se douter de ce qui allait se passer, mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir plus léger. Beaucoup plus léger qu’avant. Comme si sa malédiction avait été levée. Il marcha tranquillement, peu soucieux de là où il posait ses pieds, et déposa les tasses avant de se rendre dans la salle de bain. Il se plaça devant le miroir, comme si cela allait changer quelque chose alors qu’il ne pouvait même pas s’y voir, comme s’il n’existait plus – et peut-être que c’était le cas…
Il fouilla dans ses tiroirs, sortit une paire de ciseaux et sans prendre le temps de réfléchir coupa ses longs cheveux blancs auxquels il tenait tant. Il coupa, encore et encore, le bruit du ciseau le terrorisait autant qu’elle le berçait. Il coupa jusqu’à ne plus sentir ses cheveux sur sa nuque alors que quelques minutes plus tôt ils le chatouillaient derrière les cuisses. Il savait que le résultat était désastreux mais il s’en foutait. Il se foutait de tout à cet instant précis, rien ne comptait à ses yeux. Il déposa les ciseaux et caressa les pointes de sa chevelure puis sa nuque dégagée avant d’étirer un sourire satisfait.

- Adieu, Lars. »
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Edel[TA]
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Yagleadra [RR]
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Présentation:



A celle que j'étais
Pour la dixième fois aujourd’hui, Yagleadra observait sa main … Elle la tenait simplement devant elle, l’analysait sous toutes les coutures… Des griffes plus que des mains, des veines, des muscles, de la carapace, mais pas de peau … Même après tant d’années, être ce qu’elle est devenue restait une source d’inquiétude et de surprise, de découverte. Elle avait accepté ce qu’elle était devenue, mais faire cela n’éloignait pas les autres soucis. Ce corps était instable, possiblement dangereux. Elle détenait un si grand pouvoir, mais est-ce que c’était ce qu’elle désirait réellement ? Non … Le prix à payer pour pouvoir faire de telles prouesses fut bien trop grand.

En cette journée, elle n’avait eut de cesse de travailler pour HOPE, sur l’avant-poste de Nefyria … Une planète verte qu’elle considérait comme sa seconde maison désormais. La nature était luxuriante, la vie simple, bien que parfois cruelle. Une journée passée à régler les problèmes, à faire parler la chancelière qui était en elle. Malgré ses tracas, elle travaillait d’arrache-pied pour rétablir l’ordre et travailler pour le bien commun. Toute sa vie, dédiée aux autres, au bien-être de son peuple… Et désormais, au bien-être du système. Mais désormais, le soleil se couchait. Perchée au bord d’une falaise, elle profitait de ses quelques instants de répit. Elle n’était plus une dame. Elle n’était plus un pivot politique, ni un agent de HOPE … Elle était simplement cette simple femme, fixant l’horizon et le ciel.

Le ciel … Au plus l’obscurité le gagnait … Au plus il semblait brisé. Fissuré, détruit … Personne ne pourrait dire la même chose mais c’était le fardeau de Yagleadra. Peu importe le ciel sous lequel elle marche, celui-ci sera toujours brisé. Tant qu’elle sera en vie, ce ciel sera une part d’elle-même. Une blessure qui peut guérir mais jamais ne disparaîtra.

Une présence cependant la tira de sa transe. En tournant un peu la tête, elle remarqua … Une petite fille assise à ses côtés. La douleur lui avait fait passer par de nombreux délirium. De ce fait, après la surprise initiale, sursautant un peu … Yagleadra garda son calme, toutes deux assise au bord de cette falaise. La dame de chair regarda à nouveau l’horizon. Elle savait qui était cette petite fille. La peau rouge et une queue bien distinctive. Elle ignorait pourquoi elle était là ou comment, mais elle acceptait sa présence. Elle sentit sa poitrine se serrer autour de son cœur malade. Si elle avait encore des yeux, ceux-ci se rempliraient certainement de larmes. Elle était une si belle petite fille … Elle allait grandir pour être une si belle et intelligente jeune femme … Elle n’avait rien d’autre qu’un glorieux futur à vivre, mais au lieu de ça, la voilà. Détruite, écorchée, un monstre qui n’avait rien fait d’autres que faire souffrir et mourir son peuple.

« Tu es triste ? »

La chancelière hésita même à répondre pendant un moment… Avant de redresser le visage vers l’horizon. « Je ne devrais pas l’être. Je ne devrais plus l’être… Et pourtant. » Elle laissa ses mots flotter dans l’air. « Et toi ? N’as-tu pas peur de moi ? »

La petite fille, balançant les jambes dans le vide, haussa les épaules. « Je ne sais pas … Tu es triste. Si tu es triste, cela veut dire que tu ne peux pas être si méchante. Si ? »


Yagleadra pouffa un peu en secouant la tête. « C’est mon apparence qui te fait croire que j’aurais pu être méchante ? »

Elle la regarda finalement sans détour d’un regard stoïque. « Non. C’est toi. Je sais pas pourquoi … Mais je pense que tu n’aime pas …  "Toi" … »

Le sourire de la Yamogrienne s’élargit d’une manière tordue pendant une seconde. Ses mots étaient blessants mais véridiques. Elle ne pouvait que hocher la tête. Si cette petite fille était elle-même, il est naturel qu’elle ne puisse pas lui cacher grand-chose. Elle faisait de son mieux pour redresser la barre mais inévitablement, elle se haïssait pour cette erreur … La culpabilité remontait en elle, prenait possession de son corps au point de la faire trembler légèrement.

Sa voix se cassa un peu. « Je ne voulais pas vous blesser. J’espère que vous le savez… Je voulais juste… Bien faire…»

Un long silence s’installa, se forçant de ne pas craquer et s’effondrer comme elle l’avait fait tant de fois auparavant. La jeune femme, elle, finit par détacher son regard de la grande dame, l’air un peu triste elle aussi.

« … Moi aussi, je suis triste. » Elle marqua une pause, assez pour que son homologue adulte puisse reprendre son souffle dans un court sanglot. « Papa veut que j’étudie tous les jours. Il dit que je vais être celle qui va le remplacer et qu’il faut que je sois prête … Alors que les autres s’amusent. »

C’est vrai qu’elle avait toujours été formatée pour être chancelière. La digne héritière... C’était une petite fille, après tout. Elle ne devait pas savoir de quoi elle parlait … Et le plus grand drame de sa vie se résumait à ne pas pouvoir sortir jouer avec les autres. Si innocente … L’écorchée, dans un geste tendre, d’affection, se rapprocha pour délicatement prendre la petite fille dans ses quatre bras, l’entourant dans un désir de la protéger des horreurs qu’elle aurait à subir dans le futur qui était son passé, prenant une grande inspiration.

« Je sais que c’est dur… Mais ton père ne veut que ton bien. Il t’aime. Écoute… La vie va être difficile à gérer. Très difficile … Mais tu ne dois jamais abandonner. D’accord ? » Ses mots semblaient disproportionnés par rapport aux tracas de la petite fille, mais bien sur, elle, elle savait qu’il y avait des problèmes bien plus grand à venir pour elle. « Ton destin, qu’il soit grand ou horrible… Tu ne dois jamais le lâcher, car tu peux vivre tes rêves, même éveillée. »

Elle avait tant de choses à changer dans sa vie ... Pas d’amour, pas de passion, simplement les études, le travail. Elle qui rêvait de tant de choses étant jeune. Même après la grande catastrophe, après que HOPE lui ait donné une seconde chance, elle nourrissait le rêve d’apporter la paix sur les mondes en déroute, s’assurer également que ce qu’il lui ait arrivé n’arrive plus à personne …

Elle pourrait lui dire de ne pas chercher un vaccin pour cette fichue maladie … Mais comment pourrait-elle suivre son conseil ? Cette maladie tuait petit à petit les Yamogriens. Elle avait simplement planté le dernier clou dans le cercueil. Comment elle pourrait se convaincre elle-même de ne pas aider son peuple, elle, la grande chancelière ? Elle ne le pouvait pas … Mais elle pouvait peut-être la convaincre de profiter d’avantage. D’aller plus loin. De ne pas quitter ce monde avec tant de regret.

« Quand le soleil disparaîtra et que les ombres ne seront plus … Je sais que la vie continuera. Tu seras secouée. Tu seras blessée. Des moments, tu vas croire perdre la tête. Tu vas maudire le ciel au-dessus de toi… Tu es fragile… Tu vas tomber … Mais tu te relèveras toujours… Car tu es bien plus forte que tu le crois. Tu devras être forte. Tu seras forte … Jusqu’à la fin. Alors ne fait pas comme j’ai fait. Ne perds jamais espoir … »

Tout le long, elle se retenait de ne pas fondre en larmes. Elle ne savait pas si cela allait changer quoi que se soit … Pour le peut qu’elle savait, elle parlait à sa propre hallucination mais justement. Quelque part en elle … Peut-être avait-elle l’espoir que ces mots d’encouragement allaient changer quelque chose. Depuis que HOPE l’a sauvé, elle redécouvrait cette sensation qu’elle avait depuis longtemps oublier … Ce même espoir qui l’animait désormais.

La petite, cependant, toujours tout contre la grande écorchée, semblait passive et confuse… Levant subitement les yeux au ciel pour fixer celui-ci. « Moi… Je le trouve beau, le ciel. »

Yagleadra fit de même. Oui. Le ciel de Nefyria était quelque chose d’unique… Il était rempli d’étoiles plus scintillantes les unes que les autres, surtout à ce moment précis où juste un fragment du soleil était encore en vue. Et pourtant… Il restait brisé. Fissuré. Froid. Tant qu’elle sera en vie, ce ciel sera une part d’elle.

« Oui … Il est magnifique. »

Le soleil disparut pour de bon … Et avec lui, la petite fille fit de même. Il n’y avait plus personne à ses côtés. Quelle idiote, d’imaginer ce genre de choses et de se mettre dans de tels états. Et pourtant, cela semblait si réelle. Au final, elle se redressa et repartit pour la base. Au moins, ce fut un bon rappel. Elle devait suivre ses propres conseils : ne jamais perdre espoir.



[1 482 mots ]
Yagleadra [RR]
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Rhaenega [MAD]
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Madelle et prérequis :


La jeunesse est si légère, cueillons quand il est temps cette fleur passagère
A celui que j'étais
Rhaenega Hywel Orjän || Madelle
Tu avances doucement. Tu n’as pas pris de monture mais, quelle importance ? Tu n’es pas si pressé d’arriver au Temple de Séliope. Qui sait ce que te fera endurer la Déesse de la Justice lorsque tu viendras t’agenouiller devant son autel ? Les histoires racontent qu’elle demande parfois à ses fidèles de gravir les montagnes alentours, le temps qu’ils réfléchissent à leurs péchés. Et toi ? As-tu des fautes à te faire pardonner ?

Bientôt, au loin, tu aperçois une immense porte, accrochée au flanc de la montagne, taillée à même la roche. Entièrement polie, elle luit doucement sous les rayons du soleil de midi. Aucune statue, aucune dorure n’est visible à l’horizon. Seule une silhouette de petite taille se détache, ombre contrastant avec la roche pâle devant laquelle elle se tient assise. Qui est cette personne qui semble te fixer intensément ?

Alors que tu t’approches, tu es saisi par une sensation de déjà-vu. Qui est-il ? Pendant quelques minutes qui te semblent être des heures, tu avances lentement - si lentement ! -, regrettant alors ton choix d’être venu à pied. Tu l’observes, le détailles, cherches dans ta mémoire. Tu le connais. C’est un fait. Mais qui est-il ? Son visage est tenu dans l’ombre d’une capuche d’un bleu sombre, exactement comme le tien, caché sous ta cape de la même couleur. Cette similitude te fit sourire.

Bientôt, tu es à portée de voix. Faut-il le héler ? Mais … Et s’il s’agissait de la Déesse elle-même ? Ne serait-ce pas le comble de l’impolitesse que d’appeler un être divin comme on sifflerait une diligence ? Mais quelque chose te dit qu’il ne peut pas s’agir de Séliope. Non, maintenant que tu commences à percer le secret de son visage, les traits de cet individu te semblent de plus en plus familiers et, indéniablement, tu n’as pas (encore) de déesse dans ton réseau, si grand et si prestigieux soit-il.

Tu t’approches encore, avec prudence. Ennemi ou ami ? Mais alors que tu t’apprêtes à faire un pas de plus, le gardien du temple ramène sa pèlerine sur ses épaules, dévoilant ses traits. Surpris, tu t’arrêtes, pétrifié à quelques pas de lui. Il ne s’agit pas d’un homme assis, comme tu l’avais cru, mais d’un enfant, âgé d’une dizaine d’années, tout au plus. Mais pas n’importe quel enfant : il s’agit de toi.

« Bonjour. »

Sa voix est posée, dénuée de toute surprise. Il te contemple avec un calme olympien, si paisible que tu te demandes s’il est possible que ce soit vraiment toi. À cet âge-là, tu n’avais ni retenue, ni sagesse. Non, tu n’étais que peur et rancœur, battu par les autres garçons de ta tribu, rejeté pour ton physique chétif et ton incapacité à répondre aux brimades.

« Bonjour. »

Que pourrais-tu lui dire d’autre ? Mais, loin d’être vexé, l’enfant - toi - sourit de toutes ses dents. Tu baisses à ton tour la cape de lin qui camoufle ton visage et tes cornes. Le bambin les contemple, l’air ravi, puis son regard dévie vers l’arme impressionnante que tu portes au côté. Une étincelle de fierté illumine alors son regard et tu ne peux que sourire à ton tour, attendri. Alors, tu tires l’épée de métal noir et lui tend tandis que tu t’assoies face à lui. Sans hésitation aucune, il pose le plat de la lame sur ses genoux pour suivre du bout des doigts les runes gravées qui y scintillent faiblement.

Pendant de longues minutes, vous restez silencieux. Lui occupé à admirer chaque millimètre de ce qu’il est devenu, toi absorbé dans la contemplation de ce que tu étais. Que pourrais-tu lui dire ? Que pourrais-tu te dire ? Qu’avais-tu besoin de savoir, à cet âge où tu n’étais rien et où tu n’avais rien ?

« Il faut que tu gardes la foi.
– La foi en quoi ? »

Ses yeux, de la même couleur dorée que les tiens, se détachent de tes vêtements de riche facture pour te fixer intensément. Son visage est toujours calme, mais ses sourcils se sont froncés et, dans son regard flamboyant, pointe une lueur de doute. Tu souris, étonné par sa - ta - réflexion. C’est vrai après tout, la foi en quoi ? Qu’est-ce qui t’as permis d’en arriver là, de sortir de ce calvaire pour devenir un riche marchand craint et respecté ? La première réponse qui te vient à l’esprit est Simius, Déesse du Feu et de la Connaissance, mère de ton peuple. Mais a-t-elle œuvré pour toi ? A-t-elle répondu à tes prières et guidé ton chemin ? Peut-être, en effet, mais comment savoir ? Alors, avec une moue nostalgique, tu penses cet homme dont tu as été l’apprenti. Celui qui a été ton maître, celui qui t’a apprit à lire, à compter, à manier une arme ou encore à maîtriser l’art royal qu’est l’alchimie. Mais le plus important est peut-être bien ailleurs encore.

« Foi en toi. »

Le petit garçon passe une main dans ses cheveux, visiblement perdu dans ses pensées. Tu le regardes faire, tu n’es pas pressé. Tu n’essaies pas non plus de compléter ta réponse. Finalement, aurait-elle pu être plus juste ? C’est en lui qu’il devra croire pour persévérer lorsque les leçons deviendront trop dures et pour s’accrocher quand tout semblera aller contre lui. L’enfant finit par relever la tête pour plonger son regard d’or liquide dans le tien.

« Tu as cru en toi ?
– Du mieux que j’ai pu.
– Et as-tu atteint nos rêves ? »

Tu fais la moue en l’entendant utiliser le « nous ». Que c’est étrange de se retrouver ainsi face à soi-même ! Quels étaient vos rêves, à cette époque ? Devenir riche, assurément. De vaincre tous ceux qui s’étaient opposés à vous et qui vous avaient battus, humiliés et ridiculisés. Et puis de dominer le monde, évidemment. Tu ris à ce souvenir, autrefois ardent, aujourd’hui empreint d’une douce nostalgie.

« Plus ou moins. »

Ta réponse incomplète lui arrache une grimace qui te provoque un nouvel éclat de rire. Un feu si intense à l’intérieur d’une si petite créature ! Comment as-tu pu grandir sans te laisser consumer ?

« Je suis devenu maître de mon monde, c’est une belle victoire.
– Mais maître de ton monde ce n’est pas maître de tout le monde.
– Oui, c’est exact. Mais je suis beaucoup plus puissant ainsi. »

L’enfant écarquille les yeux, perdu. Comment peut-on être plus puissant en gouvernant moins ? Tu savais que le concept lui échapperait, mais tu ne regrettes pas tes paroles pour autant. C’est un point que tu aurais aimé comprendre bien plus tôt et tu es heureux de pouvoir le lui dire - te le dire ! - aujourd'hui. Comment lui expliquer ?

« Un jour, tu auras le choix entre être puissant ou être aimé.
– Et je choisirais d’être puissant !
– Non. Tu choisiras d’être aimé. Tu choisiras d’aimer et d’être aimé, de faire confiance et d’être digne de confiance et tu sais quoi ? Ca sera la plus belle décision que tu prendras dans ta vie. Elle fera de toi quelqu’un de meilleur, de plus riche et de plus puissant. Et, à ce moment-là seulement, tu auras atteint tes rêves. »

Contre toute attente, l'enfant ne proteste pas et se contente d'hocher gravement la tête. A-t-il comprit le message que tu aurais tant aimé lui faire passer ? En le regardant, ainsi concentré, tu comprends tout le chemin que tu as fait, depuis cette sombre période de ton enfance. Quelle chance tu as eut de rencontrer de belles personnes pour t’apprendre que la confiance est plus solide que la crainte ! Tu regardes ce jeune homme, ce jeune toi, avec un regard nouveau. Que serais-tu devenu si tu avais gardé cet état d’esprit vindicatif ? Alors, tu souris : aujourd’hui, tu es fier de ce que tu es devenu.

CODE BY ÐVÆLING // groover par une licorne


Rhaenega [MAD]
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Anmaru Sutoshi [HS]
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Petit Anmaru:


Retracer tout son long chemin

La pluie tambourine sur le tissus de son parapluie. Le ciel noir gronde méchamment tandis que six heures sonne. Anmaru pousse la porte d'entrée de sa maison avec un air endormi. Il avait fait le voyage très tôt dans la matinée pour avoir la journée de libre une fois rentré. Voilà maintenant un petit moment qu'il n'y était pas retourné chez ses parents. En colère, le louveteau avait refusé de les contacter pendant plus de six mois avant de revenir à la maison pour récupérer quelques affaires à lui, de vieux souvenirs et babioles qu'il avait laissé. Maintenant qu'il s'était installé à Hikari et qu'il commençait peu à peu à prendre son indépendance aussi bien financièrement que socialement, le jeune adulte de vingt ans envisageait de plus en plus à habiter dans la capitale japonaise plutôt que revenir indéfiniment dans la maison de ses parents.

Il pousse la porte et pose son manteau humide sur un crochet pour le laisser sécher le temps de récupérer les derniers cartons. Il enlève également ses chaussures et les dépose dans un coin avant d'annoncer son arrivée en toquant à la porte. C'est sa mère qui est venue lui ouvrir. Son ventre était bien rond, au grand désespoir du louveteau. Elle lui indique que ses affaires sont dans sa chambre. Sans attendre plus, l'hybride monte à l'étage, et longe le long couloir jusqu'à arriver au bout. En ouvrant la porte, il trouve un enfant recroquevillé sur son lit. Son petit corps est secoué de petits spasmes et son visage est enfoui dans ses genoux. Le jeune loup fronce les sourcils. Qui était-il ? Que faisait un enfant chez lui ? Ses cheveux étaient ivoires, comme lui. Ses oreilles pelucheuses semblaient inertes sur le haut de son crâne et sa petite queue s'était enroulé autour de ses chevilles. Dans ses bras, un Tanuki en peluche au sourire éternel pendait mollement.

L'enfant remonte la tête en sentant la présence de l'inconnu. Ses yeux sont vairons, l'un est gris perle et l'autre rouge sang. Des perles d'eau coulent sur ses joues et son petit nez est rougi. Il n'entend pas et ne sait pas encore très bien parler. Il n'a pas peur, ou même en colère de cet intrusion. C'était fréquent que ses parents envoient un domestique pour aller chercher le petit après une dispute. Ses larmes cache son visage et sa timidité lui fait baisser le regard. Alors il pointe le plus âgé du doigt avec un air interrogatif, regardant son torse, sans oser lever les yeux vers lui. Qu'est-ce qu'il était chétif. Fragile. Et si impuissant. Anmaru s'avance jusqu'à être face à lui, devant le lit. Il s'abaisse pour être à sa hauteur et sourit doucement. Attrapant un mouchoir dans sa poche, il se met à essuyer les yeux du plus petit puis ses joues rebondies. Il ne devait pas avoir plus de cinq ans. L'adulte montre ses mains et se met à signer.
"Sourire."

L'expression du plus jeune change. Un adulte qui sait parler la langue des signes ce n'était pas courant chez lui. Seuls son père et sa mère ainsi que son petit frère pouvaient communiquer parfaitement avec lui. Même sa nourrice avait encore du mal. Anmaru lui tapote le bras gentiment pour l'inciter à dialoguer avec lui.
"Qu'est-ce qu'il t'arrive bonhomme ?"

L'enfant est intimidé. Les adultes lui font peur et il ne les comprend pas toujours. Il recule contre le mur avant d'enfin se décider à répondre.
"J'en ai marre."
Reniflement.
"Maman et papa parlent. Pourquoi moi je ne peux pas entendre ce qu'ils disent ? Pourquoi les gens me regardent bizarrement quand j'ouvre la bouche. Pourquoi ils sont en colère contre moi quand je ne les regarde pas ? Je ne comprends pas."

L'ookami compatis. Son handicap l'avait souvent, trop souvent, traumatisé. Il était né avec, il n'avait jamais su ce qu'était un "bruit". Il avait toujours vécu dans un monde morne et silencieux. Il s'était toujours dit que ça handicapait les autres plus que lui-même. Et souvent il avait pensé à tout quitter. Et souvent il s'était relevé. Posant sans main sur la tête du plus jeune, il lui caresse les cheveux, entre ses deux oreilles. Il aurait voulu qu'on le console à cet époque. Mais il est maladroit, il ne sait pas trop comment s'y prendre.

"Tu verras, la vie est pleine de surprises."
Il s'immobilise un instant.
"Elle t'en fera voir de toutes les couleurs. A défaut de ne pas entendre, ressens la regarde la. Regarde le ciel, regarde les gens, regarde tout ce qu'elle peut t'offrir. Tu as ta propre façon d'entendre la vie. D'entendre même les voix de ceux que tu aimes."
Il s'arrête de nouveau quelques secondes.
"N'oublie pas d'aimer ceux qui t'entourent. Pardonne à ton papa et à ta maman. Chérit ton petit frère. Sois patient envers toi-même. Le jour viendra où sauras comment voler de tes propres ailes."

L'enfant essuie les nouvelles larmes perlant aux coins de ses yeux. Il esquisse un sourire timide et hoche la tête. C'est vrai qu'il était fort à cet âge. Il suffisait de lui caresser la tête et lui dire que tout allait bien pour qu'il retrouve le moral. Naïf. Inconscient. Innocent. Anmaru vit avec des regrets. Beaucoup de regrets. Mais aujourd'hui il a cessé de se morfondre sur ses oreilles inutiles. Il a appris à les apprivoiser.
"Ce sera un petit frère, le bébé de maman ?"
Anmaru est perplexe. Akane n'était pas encore né ? Alors il hoche la tête simplement.
"Comment tu le sais monsieur ?"
L'adulte soupire paisiblement.
"On se ressemble beaucoup toi et moi."

Il se relève et agite sa main pour saluer le jeune enfant qui le regarde partir, intrigué. Sur le seuil de la porte, l'hybride inspire profondément, observant une dernière fois le môme. Il ouvre la bouche et articule.
Sois fort, Anmaru.

L'enfant ne l'a pas entendu. Lui non plus. Il n'a pu réaliser à quel point sa phrase était prononcée parfaitement. Peut-être un miracle ? Peut-être un souhait venant du cœur qui se réalisera un jour. Refermant la porte, il descend les escaliers et salue sa mère de loin. Il aurait tant aimé que dans ce ventre se trouve son frère perdu, renaissant de nouveau. Cette utopie ne se réaliserait que dans un lointain rêve. Il ouvre son parapluie et se dirige de nouveau vers la gare. Il repense à ce qu'il vient de vivre. Attendant sur le quai, assit sur un banc, il se souvient avoir vu un adulte rentrer dans sa chambre. L'adulte lui avait caressé la tête et lui avait redonné espoir. Il n'avait jamais su qui c'était et avait toujours pensé qu'il s'agissait d'un domestique ou même d'un rêve. C'était grâce à ces paroles qu'Anmaru avait trouvé le courage pour observer le visage des gens et mieux les comprendre via leurs expressions. C'était grâce à lui s'il s'était relevé toutes les fois où il avait trébuché. Et il avait bel et bien eu un petit frère adorable. L'hybride glousse un peu. Ce devait être une simple coïncidence.

Avec tout ça il en a oublié de reprendre ses affaires. Il reviendra sans doute dans la semaine. Après tout il se l'est dit lui même. Il devait pardonner ses parents et aimer ceux qui l'entouraient.

:copyright: by Evlee
Anmaru Sutoshi [HS]
Anonymous
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Renzo Lawrence [RE]
Anonymous
L'univers de Reload:

Renzo Lawrence:

A celui que j'étais
Interforum Juillet 2019


Il y a un enfant qui avance vers moi, le dos de sa main frottant ses yeux pleins de larmes, tandis que la seconde agrippe son pull taché. A première vue, il doit avoir sept ou huit ans, pas plus. Ses cheveux auburn sont en pagaille, cherchant la bonne façon de se positionner sur sa tête, retombant un peu sur son front. Il continue de renifler et plus il avance vers moi, plus j’entends le son de ses sanglots. Autour de nous, le décor prend davantage de consistance et je réalise que nous nous trouvons dans ce qui semble être un parc. A ma gauche, il y a un terrain de basket où des jeunes se lancent le ballon avec sérieux et amusement. A ma droite se trouve le parc de jeux où quelques enfants jouent sur les balançoires et le toboggan, sous les regards de leurs parents. Mais tous ces sons sont étouffés par l’enfant devant moi qui s’est arrêté de marcher et qui m’observe. Je me souviens alors de cette journée. Je m’en souviens car cet enfant, c’est toi. C’est moi.

« Pourquoi tu pleures ? »
« J’ai perdu mon ballon… »

Je m’en souviens en effet, de ce ballon récalcitrant qui m’a échappé des mains, s’est enfui derrière un buisson et a disparu le temps que j’en fasse le tour. C’est ce que tu viens de vivre et je sais à quel point tu peux être triste. Ce ballon de basket, c’est le premier que ton père – notre père – t’a offert après que tu aies émis ton envie de jouer à ce sport.

« Je vais t’aider à le- »

Les mots se meurent rapidement dans ma bouche alors que les souvenirs me reviennent sur la suite des événements. Si la perte de ce ballon m’a beaucoup attristé, elle a aussi été la cause de ma rencontre avec le garçon qui est devenu mon meilleur ami. De mémoire, Ethan est le premier à être devenu un vrai ami. Grâce à lui, j’ai pu reprendre ma vie en main quand j’en ai eu besoin et sans lui, je ne serai pas là où j’en suis à ce jour. Je te souris et tu me regardes sans comprendre, alors je te tends la main.

« Viens Renzo, on va s’assoir là-bas. »
« Comment tu connais mon prénom ? »
« C’est un secret. »

Je te fais un clin d’œil et, après quelques secondes d’hésitation, tu prends ma main pour me suivre sur le banc où nous nous asseyons. Le plus gros de tes sanglots est passé et tu t’essuies le nez avec ta manche, ce qui a le mérite de me faire sourire. Maman n’aimait pas quand je faisais ça et elle me mettait toujours un mouchoir dans la poche pour l’éviter, ce qui ne servait jamais à rien. Mon regard se reporte sur la vie du parc autour de nous pendant que mes pensées déambulent ailleurs. Vers ce jour où j’ai perdu mon ballon, vers celui qui a suivi lorsque je suis allé demander à Ethan si je pouvais jouer avec lui parce que je n’avais plus de ballon avec lequel me défouler. Ce voisin que je ne connaissais pas encore et qui est entré dans ma vie pour ne plus en sortir. Sans lui je n’aurai pas affronté les événements déchirants du lycée comme je l’ai fait, je n’aurai pas quitté Boston pour traverser l’Atlantique et je ne l’aurai pas rencontré. Lui.

« Pourquoi tu souris ? »
« Je repense à certaines choses. »
« A quoi ? »

Mes yeux se posent sur toi et croisent ce regard rempli d’innocence. Oh Renzo, si tu savais ce par quoi tu vas passer, les épreuves que tu vas devoir affronter... Je pourrai te mettre en garde sur ce beau jeune homme, Baylen, que tu vas rencontrer au lycée, te dire de ne pas lui faire confiance, de ne pas l’aimer ni de tout lui donner comme je l’ai fait, car il va faire souffrir ton cœur avec une violence à laquelle tu ne t’attendras pas. Tu auras mal, je le sais, mais ce sera nécessaire pour la suite de ta vie.

« Au passé. Je me disais juste que la vie n’est pas facile. »
« Pourquoi ? »
« C’est comme ça. On doit affronter les choses qui nous tombent dessus sans prévenir, franchir les obstacles, pour mériter la suite. Mais tu verras, ça vaudra le coup. »

Je me tourne vers toi et remarque, sans surprise, que tu ne comprends pas vraiment tout ce que je te dis. C’est normal après tout, tu n’es encore qu’un enfant, dont le principal problème est d’avoir perdu son ballon. Je pivote vers toi et pose ma main dans tes cheveux pour les frotter avec affection.

« Tu sais Renzo, ta vie ne sera pas toujours belle. Tu vas vivre des choses qui te donneront envie de t’enfouir sous ta couette pour ne plus jamais en sortir. »

Tu penseras même à faire le geste de trop.

« Mais c’est pour la bonne cause, je t’assure. Un jour, tu rencontreras quelqu’un qui te rappellera que la vie est magnifique. Vraiment magnifique. Et plus jamais tu ne voudras que ça change. »

Parce que Stefan deviendra ta lumière et ton oxygène, sans aucun doute. Tu le détesteras, au début, avant de réaliser que sa présence à tes côtés te sera nécessaire. Il t’aidera à t’accepter, à t’aimer, à te faire aimer. Et un jour, tu te demanderas quelle pouvait être ta vie avant de le rencontrer.

« Tu vas connaître l’attachement, ce que tu penseras être de l’amour, puis la honte, la trahison et la colère. Tu perdras foi en beaucoup de choses mais ce ne sera que temporaire, je te l’assure. N’aie jamais de regrets, ça te bouffera et t’empêchera d’avancer le moment venu. Prends les choses comme elles viennent, accepte-les même si ce n’est pas facile. »

Tes grands yeux bruns, encore légèrement brillant à cause des larmes versées, m’observent avec attention. Je sais que tu enregistres ce que je dis, en partie. Je te frotte encore la tête avant de retirer ma main.

« Profite de tes parents aussi et de tes frères, quand ils seront-là, même s’ils sont casse-pieds et qu’ils te piqueront tes jouets plus tard. Ils sont ce que tu as de plus cher, ne l’oublie pas, d’accord ? »

Je pose mon index sur ton cœur en souriant. La famille c’est ce qu’il y a de plus précieux, ce sont ces gens qui te suivront jusqu’au bout du monde s’il le faut. Et ils le feront, quand tu seras tétanisé à l’idée de mettre les pieds dans un avion à cause du crash auquel tu survivras, en partie. Tu mourras dans cet accident avant de revenir à la vie. Ça non plus, ce ne sera pas facile, mais encore une fois, ça te sera nécessaire. Je me relève du banc en te regardant, après que tu aies acquiescé, toi qui viens de mon passé. Je ferme brièvement les yeux en prenant une grande inspiration. On pourrait penser que je regrette les choses qui me sont arrivées. Ma rencontre avec Baylen, le revenge porn auquel j’ai dû faire face et la honte qui m’a accablé, le crash de l’avion et le syndrome du survivant que je ressens encore aujourd’hui… Toutes ces épreuves difficiles que j’ai affrontées pour arriver là où j’en suis aujourd’hui. Je n’éprouve aucun regret, car elles m’ont permis d’être à ses côtés et c’est ce qui compte le plus pour moi.

Quand je rouvre les yeux, c’est son visage que je vois en premier. Allongé à mes côtés, Stefan dort paisiblement, la lumière du matin caressant ses traits avec douceur. Je souris et viens repousser doucement une mèche de cheveux blonds. Je suis persuadé que les événements que nous vivons dans notre vie ne se passent pas par hasard, qu’ils sont là pour une bonne raison, que chaque choix que nous faisons nous amène là où est notre place. La mienne est ici, étendu à ses côtés, à l’observer dormir au creux de mes bras. Non, pour rien au monde je ne changerai quoi que ce soit à cette vie qui est la mienne.

Car ma vie, c’est lui.

1430 mots
© Eurydyce
Renzo Lawrence [RE]
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Heinrich Nagashika
Anonymous
Heinrich Nagashika
Dim 7 Juil - 16:24
Infos:

    Un maelstrom d'émotions tourbillonnait en moi à l'instant où je sortis du restaurant. Je poussais la porte avec brusquerie et m'enfonçait dans la vie nocturne de Matsue sans un regard en arrière. Pourtant, je ne savais le chemin à suivre pour aller de l'avant.

    Dans un état second, je commençais à marcher, le cœur lourd de ne pas être à la hauteur des attentes de mon paternel. En toute honnêteté, je ne le comprenais aucunement. Était-ce par inquiétude qu'il agissait ou bien, serait-ce un besoin de contrôler l'ensemble de sa vie y compris les êtres la partageant ?

    Je connaissais son désir de me voir reprendre sa suite dans l'entreprise qu'il avait fondé. Le peu de relations que nous avions encore m'a convaincu de convenir à ses souhaits. Ainsi, je continuais l'enseignement scientifique afin de recevoir un diplôme dans le management, d'ici quelques années.
    Si Otōsan m'affectionnait tout de même un minimum, pourquoi avais-je dû batailler pour suivre le cours optionnel ? Pourquoi avait-il menacé Nao, à l'époque jusqu'à le faire disparaître de ma vie ? Pourquoi… ?

    A l'un des carrefours près du centre commercial, malgré la dérive de mes pensées, je crus entendre quelque chose. Sur le moment, je ne pris pas vraiment conscience de ce dont il s'agissait à cause des quelques véhicules circulant mais, ma curiosité fit que je revins sur mes pas.

    En regardant de plus près à l'entrée d'une rue secondaire, j'aperçus une petite bouille près d'une devanture de magasin. Accroupis à même le sol, la tête entre ses mains, le petit garçon sanglotait. Légèrement angoissé pour lui, je regardais rapidement aux alentours pour entrevoir s'il n'y avait aucun adulte le recherchant.
    N'apercevant personne, je m'approchais doucement, en me courbant pour ne pas l'effaroucher avec ma grandeur. J'attendis une seconde, attentif à sa réaction. Il n'eut aucun mouvement de recul, je m'asseyais en conséquence sur la marche à côté de lui.
    Il releva la tête et nos prunelles se croisèrent. Mon cœur en rata un battement !
    Okāsan avait une photo de moi, plus ou moins au même âge que ce petit gars, si je prenais en compte ma croissance. Je l'avais sans le vouloir en tête et eus l'impression qu'il me ressemblait beaucoup : Cheveux noirs et courts, les yeux bleu clair rempli de peine, les traits de visage plus fins que les standards japonais le recommandaient. Ma mère l'aurait défini comme "un minois attendrissant".

    Mes lèvres esquissèrent un sourire tendre à son évocation alors que j'observais la rue de mon regard azur. Ma posture et mon silence amenèrent peut-être à une forme d'apaisement car, je sentis une petite main moite m'agripper le bras.
    Inconsciemment, je reproduisis quelques gestes de mes parents lorsque, dans mon enfance, j'avais moi-même exprimé un gros chagrin par des sanglots n'y parvenant pas avec les mots. Je lui tapotais la tête et dans un silence relatif de par les bruits environnants, j'espérais parvenir à l'aider tout de même en étant présent pour lui…

    Quelques minutes s'écoulèrent.
    De sa voix fluette de petit garçon de six ans, entrecoupé des restes de ses pleurs, il m'expliqua alors que son grand-frère dont il était bien proche, déménageait pour aller vivre avec sa nouvelle épouse.

    Je clignais des yeux et en un sens, je saisissais ce qu'il pouvait endurer face à ce changement dans sa vie de petit garçon. Plus ou moins à son âge, j'apercevais les prémices de l'évolution d'Otōsan. Il commençait déjà, à l'époque, de rentrer un peu plus tard qu'à l'ordinaire. Puis, il oubliait de prévenir qu'il ne serait pas présent pour un dîner…

    Sans le vouloir, je transmis à ce petit garçon aux similitudes troublantes avec le petit garçon que j'étais ce que j'avais toujours voulu entendre à son âge :

    "Tu sais, les adultes sont occupés. Ils doivent travailler, ils doivent s'occuper de leur maison, de leur voiture et répondre toujours aux demandes des grands chefs.
    Des fois, ils oublient des choses importantes mais, ils aiment toujours leurs proches.
    Je suis certain que ton grand frère t'aime beaucoup, il a oublié de s'amuser. Comme tu es encore petit et tu n'as pas encore à t'occuper comme un adulte, tu peux le lui rappeler. Si tu lui expliques, je suis sûr qu'il viendrait te voir plus souvent pour jouer avec toi…"


    Il ne semblait pas tout à fait convaincu, cependant, ses larmes s'étaient taries et me contait comment son grand-frère était.

    Je ne sus combien de temps nous passâmes ensemble mais, après un certain temps, nous entendîmes deux voix paniquées, bien distinctes.

    Je me relevais en rassurant le petit d'une main sur son épaule puis, je fis signe au couple. Je présumais ne pas m'être trompé car une lueur de soulagement traversa le regard du jeune homme. J'eus le sentiment qu'il se jetait littéralement sur l'enfant, le serrant fort contre lui. D'une courbette, je saluais la belle femme à ses côtés, les yeux humides sans doute d'avoir imaginé le pire.

    Après un court entretien, nous nous séparâmes et je repris le chemin de la maison. Étrangement, je me sentais plus léger comme si je m'étais rassuré moi-même et tranquillisé l'enfant encore en moi…
Heinrich Nagashika
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Dragos C. Bessaraba [OT]
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Spoiler:


À celui que j'étais

1447 mots

Présent par le corps seulement, comme tant d'autres fois, tu marches à travers les allées du cimetière. Cette nuit, le ciel est dégagé, noir, et vous inonde des rayons de la lune pleine.

Les loups sont de sortie.

.Avec les siècles qui ont passé, tu aurais pu te lasser, te faire à cette éternité d'errance, et de plaisir sans joie, désormais troqué pour une sobriété monastique sans vraiment plus de bonheur. Pourtant, il y a quelque chose dont tu ne parviens pas à te défaire, malgré le temps.

Tu as beaucoup de regrets.

Tout ce qu'un homme peut avoir comme remord dans son existence, mais proportionnelle à ta propre vie. Des regrets que tu portes à bout de bras, qui pèsent, sans que tu ne parviennes à t'en défaire.

Ça tourne.

Inlassablement, comme une ritournelle entêtante et vertigineuse. Tu te rends ivre de tout, espère tout, tout pour réparer les erreurs que tu as pu commettre avec ta famille si loin dans tes songes, tes amis morts à tes côtés, à la guerre, avec pour unique linceul l'honneur et la gloire d'une nation disparue.

Ils sont morts.

Morts, et enterrés là où toi-même tu ne saurais les retrouver, probablement perdus, et assurément oubliés de tous. Es-tu le seul à penser à eux, sur cette Terre ? Où sont vos descendants, ces hommes et ces femmes avec votre sang dans les veines ?

Es-tu simplement seul...?

Un cri, aiguë, de terreur te fait surgir de tes pensées, ensuqué par des lamentations interrompues. Ton regard grisonnant cherche ce qui cloche, hagard, les cris devenus des pleurs. Un vent léger se lève, et porte à tes narines des effluves chatoyantes et délectables.

Un humain.

Jeune au son de sa voix, en bonne santé selon ton instinct qui, celui-ci, te guide, aidé par ton odorat et ton ouïe. Recroquevillé derrière une stèle, un enfant, effectivement très jeune, est assis par terre, les genoux repliés contre lui, les mains devant ses yeux.

Un libre ?

Probablement qu'il s'est rendu compte d'une présence étrangère, car le petit humain lève subitement la tête, en posant ses pupilles sur toi, dont les iris sont tout aussi grises que les tiennes. Tu ne tilt pas , et fait un pas pour te rapprocher de lui.

Un garçon.

Avec des vêtements peu communs pour cette époque de l'année... ni même cette époque tout court. Des étoffes luxueuses, précieuses, qui valent une fortune, propre à la noblesse d'un temps qui t'est familier.

Tu reconnais ces vêtements.

Mais tu n'oses pas te l'avouer ; si tu as encore la toile de ce peintre qui a esquissé ton portrait il y a un millénaire de cela, la tenue que tu portais ce jour, elle, n'est plus en ta possession. Or, tu pourrais jurer qu'elle est là, sous tes yeux, habillant un libre.

Tu tends une main.

Pour toucher ce que tu arrives difficilement à concevoir, confirmer qu'il ne s'agit pas d'un rêve, ou d'une hallucination, mais bien d'un miracle ; un morceau, en parfait état, de ton passé revient à toi, te rapproche un peu plus de ce cocon que tu cherches à te construire.

Ta main striée de cicatrice lui fait peur.

Il hurle encore, la voix chevrotante, de ne pas approcher, dans des accents lointains, roulants, qui sonnent magnifiquement bien à tes oreilles ; ce n'est pas du roumain comme il est parlé aujourd'hui.

C'est le tien.

Ta langue natale, moyenâgeuse, que tu chéris et t'obstines à garder bien vivace dans ton esprit, pour ne pas l'oublier. Une émotion sans pareille te submerge, fait faillir tes jambes tremblantes ; tu t'agenouilles devant cet être au visage inondé de larmes.

Il a un mouvement de recul.

Un enfant aux cheveux hirsutes, d'un noir intense, au regard clair. Sa veste est faite d'un velours noir, cousu et brodé au fil d'or, dont l'encolure laisse apparaître un pendent autour du cou frêle ; un écu parti mi-coupé fascé d'or et de sinople de huit pièces.

- Besarab... ?

Ce simple nom qui t'échappe fait réagir l'enfant mystérieux, qui hausse les sourcils de surprise, et te conforte dans ton idée ; il s'agit bien là des armoiries de la dynastie de ta famille. Mais que signifie tout cela... ?

-… Dragos...?

Tu le murmures bas, tout bas, ta langue roulant avec plaisir chaque lettre, de peur de dire une bêtise, prêt à rougir de ta naïveté. Ton bon sens ne veut pas y croire, ton cœur, même mort, sent qu'il n'y a pas de doute. Si bien que, lorsque l'enfant acquiesce, tout s’effondre.

Une chape de plomb.

Les traits de ton visage s'affaissent, les larmes te montent vite, et rapidement, elles glacent ta peau déjà froide et ta chair morte. Les sanglots t'étranglent, le désarroi qui t'assaille étreigne ton cœur d'une souffrance que rarement tu as connue.

- Je suis désolé...

Balbutié dans votre langue, la tête basse, tu n'oses pas affronter le regard de cet enfant encore innocent, vieux d'à peine une décennie si ce n'est moins. Et de toi, sa promesse d'un futur chaotique,  sombre et désordonné, tu sais bien qu'aucune excuse ne pourrait pardonner tout tes tort.

Ni les faire oublier.

Une petite main, douce, chaude, se pose contre chacune de tes joues ruisselantes, et les essuies en vain. Ton propre contact t'apporte un peu de réconfort, et apaise ton corps des soubresauts qui le secoue.

Pourquoi es-tu triste, qu'il te demande.

Il ne peut pas imaginer ce qui l'attend, dans les quelques années qui vont arriver... tu sais qu'à cet, âge, tu rêvais de partir à la guerre, pour défendre les intérêts de ta famille, sans savoir que ton cercueil en reviendrait vide.

- Il y a beaucoup de choses que je voudrais te dire...

Ou demander... comme de ne pas partir à Posada, ou bien d'éviter de se mettre à la place que tu tenais dans les rangs, même si cela serait vain ; votre mort est peut-être une fatalité à laquelle vous ne pourrez pas échapper.

Mais quant à Elle...

Mourir oui, mais véritablement. Que votre cœur s'arrête pour de bon, que votre âme ne se perde pas, ou ne se retrouve pas coincée dans un corps mort qui pourrira lentement, à cause de la perversion et du Mal.

-  Chéri chaque moment que tu passeras avec notre mère. Obéis à notre père, ces paroles sont sages. Étudie moins, et prend plus de temps pour profiter de ta jeunesse.

Tu lui sers ces suppliques déguisées en conseils, alors que tu relèves tes prunelles toujours noyées de larmes, doucement, vers les siennes inquisitrices, comme un pêcheur implorant la miséricorde de son Dieu.

- Considère chaque femme qui t'aimera, n'abandonne pas tes enfants, et...

Qu'il ne les laisse pas seuls, à la misère et aux épidémies de l'époque, sans savoir ce qu'ils sont advenus ; mort de faim, de maladie, de vieillesse ? Tes amantes mortes en couches, et votre progéniture orpheline, vouée à elle-même ?

Si la foudre pouvait s'abattre sur toi...

Tu poses tes mains au sol dans la terre, y enfoncent tes doigts. Tu te sens suffoquer, mais tu ne perds pas connaissance, parce que tu ne respires pas. Ton estomac se tord, mais tu ne vomis pas ; ça reste en toi, ça s'accroche à tes organes.

Tu pourrais le tuer.

La révélation te coupe net ; oui, il est là, devant tes yeux, faible et sans défense. Il ne suffirait que d'un petit mouvement sec pour lui briser la nuque, d'un geste rapide de la main pour lui arracher le cœur, mordre dans sa gorge pour lui arracher la jugulaire...

Il sera préservé.

Éternellement lové dans son innocence juvénile. Tu tends une main pour attraper l'enfant, résolu à abréger tes souffrances, à la lui épargner en retour, et tes canines s'allongent sous l'anticipation d'une libération attendue.

Et Fye ?

Tu te stoppes ; s'il meurt, il ne rencontrera jamais l'humain. Il ne pourra jamais vivre cette indescriptible sensation qu'il lui procure lorsqu'il le voit, entend sa voix, touche son corps, ou sent son odeur... il faudrait y renoncer à cela... ?

Tu serres les dents.

Hésitant, c'est ce que tu es. Tu ne te sens pas capable de l'oublier, mais tu ne saurais dire pourquoi. Tu ne parviens pas à mettre un mot sur l'étrange sentiment qui t'habite à la simple pensée de l'esclave.

Tu ne connais pas sa signification.

Il te donne l'illusion que ton cœur bat, un peu trop vite, même, et que tu vis pour de vrai, comme avant. Il s'évertue à faire ressortir le pire de toi, sans te craindre, comme ça n'était jamais arrivé venant d'un être humain.

- Non...

Et là, devant cet enfant que tu étais, qui lui est à mille lieues de se douter de ce qui l'attend, tu te sens égoïste, jaloux de devoir partager Fye, et à la fois heureux de le lui faire découvrir

- Ne change rien.

Ne touche pas au passé ; tout n'est peut-être pas à jeter.

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Dragos C. Bessaraba [OT]
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Priam [Valoran Battlefron
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Priam [Valoran Battlefron
Dim 7 Juil - 17:13
Le soleil était écrasant et la chaleur insoutenable, j'étais pourtant assis à l'ombre d'une ruine pour me rafraichir, attendant que la température baisse. C'était l'heure qui voulait ça, c'était les heures les plus chaudes du désert de Shurima, j'étais encore à quelques heures de la capitale qui ne semblait pourtant pas se rapprocher depuis que j'étais partis...
J'appréhendais le fait d'arriver, mais surtout ce que j'allais faire après être arrivé. Ce ne serait qu'une étape de mon voyage, même si elle allait sûrement être une longue étape si je pouvais trouver cette personne possédant les même pouvoirs que moi. Après il me faudrait continuer un peu plus loin et là ce serait vraiment le moment le plus délicat et angoissant de mon voyage. Un véritable tournant dans ma vie. Je me demandais si ça n'était pas pour ça que je n'allais pas si vite, est-ce qu'inconsciemment je freinais des quatre fers par peur de ce que j'allais découvrir au bout du voyage ? De comment j'allais être reçu par celui que je pensais être mon père ? C'était possible, ne pas savoir ce qui m'attendais je n'aimais pas vraiment ça. J'avais peur d'être déçu, de décevoir aussi... Peut-être que je devrais faire demi-tour, repartir vers chez moi malgré toute la distance que j'avais parcouru jusque lors.
Ma tête devenait lourde, mon souffle aussi brûlant que les volutes du désert de Runeterra. Je buvais une gorgée d'eau et fermais les yeux, juste quelques secondes, le temps de me reprendre. Je sentais déjà l'air devenir plus léger.

"Qui es-tu ?"

J'ouvrais de nouveau mes yeux à cette voix enfantine. Autour de moi, une grande pièce, couverte de bois, avec plusieurs lits alignés. Je reconnaissais le dortoir de l'orphelinat. Un enfant me regardait. Plutôt fin, des cheveux noirs aux reflets brun, légèrement bouclés, les yeux gris-bleu, les tâches de rousseur, les traits tout sauf ioniens : je me reconnaissais bien vite. Mais à l'inverse je ne semblais pas me reconnaitre, enfin, mon moi enfant. En même temps, je n'aurais jamais cru mesurer plus de deux mètres, devenir musclé. Mes tâches de rousseur avaient aussi un peu passées, je m'en rendais compte en me revoyant, elles étaient plus marquées. Enfin, j'étais aussi plus pâle enfant.

-Bonjour. Je suis... Personne d'important, je suis juste de passage...

"Tu fais quoi ?"

J'étais toujours posé sur le sol, une jambe tendue, l'autre repliée vers moi. Je ressentais de légers tremblements dans le bâtiment. Je voyais l'air inquiet du Priam enfant même s'il le cachait aussi bien que je savais le faire. J'en déduisais rapidement que je devais être à l'époque où mes pouvoirs venaient de se manifester : j'avais déchiré le sol dans le jardin d'une fissure immense, effrayés des enfants, inquiété les adultes, et je m'étais terré là où il n'y avait personne de peur de perdre le contrôle. En intérieur quand tout le monde était dehors, et inversement.
Je m'adressais un léger sourire, tendre.

-Je prenais le temps de souffler, de réfléchir un peu tranquillement et toi ? Que fais-tu tout seul ici ?

"J'attends..."

Je prenais un air interrogatif en regardant mon jeune interlocuteur.

-Qu'est-ce que tu attends, un ami ?

"Demain des gens vont venir pour m'emmener au temple Shojin. Parce que j'ai des pouvoirs et que c'est dangereux..."

J'avais vu juste, j'étais en face de l'enfant que j'étais quand j'avais un peu plus de neuf ans. Si la magie coulait naturellement sur ma terre natale, même en Ionia les mages étaient rares et le fait que j'en sois un avait nécessité qu'on m'apprenne à me servir de mon don. Ça avait été une période angoissante pour moi, surtout le fait de devoir partir loin de tout ce qui avait été ma vie jusqu'à présent. Loin de Cassia -ma figure maternelle-, de Tylle -mon frère-, mes autres frères et sœurs de l'orphelinat, l'orphelinat en lui même, mon village... Bref, tout mes repères.

-C'est un assez grand changement en effet. Tu as peur ?

Je me voyais secouer la tête négativement en prenant l'air le plus assuré que je pouvais. Pourtant les tremblements qui secouaient doucement le bâtiment ne s'arrêtaient pas, preuve de mon anxiété. Je me posais lentement en tailleur, gardant mon sourire.

-Tu sais, ne pas dire que tu as peur ne la fera pas disparaître. Au contraire, elle grandira un peu plus chaque jour et ça ne sera pas bon, pour toi comme pour les autres.

L'enfant que j'étais baissa les yeux, silencieux. Ses petites mains se tordaient, je devais l'avoir prit comme un reproche. J'approchais ma main et la posais sur ma jeune épaule, m'entrainant contre moi. L'enfant écarquilla les yeux, mais se laissa faire. Je le serrais contre moi.

-Ça va aller, Priam.

Mon jeune moi eut un air surpris en m’entendant l'appeler par mon prénom. C'est vrai que je ne me l'avais pas dit, mais c'était moi. Je passais ma main dans son dos, le frottant.

-Tu vas avoir du mal au début je ne te le cache pas et ça va continuer à te faire peur un moment avant que tu ne te rendes compte que ce changement n'est pas aussi effrayant que ce que tu imagine. Oui tu ne seras plus vraiment chez toi, et ceux que tu aime ne seront pas là, mais ça va devenir une seconde maison. Ils vont être gentils, patients et à l'écoute, ils sont là pour t'aider. Ils ne seront pas tous très gentils, il y aura quelques élèves jaloux ou moqueurs, mais rien de bien grave au final, c'est juste la vie.

Je pensais surtout à Rhalun pour ne pas le citer. Mais nous avions fini par devenir amis et je ne regrettais pas ses moqueries qui m'avaient poussées à donner le meilleur de moi même.

-Tu auras un moment où tu penseras que jamais tu ne reviendras ici, que tu ne reverras pas ceux que tu aimes, que tu n'y arriveras pas. N'abandonne pas, tu les reverras, et tu les surprendras d'autant plus que tu reviendras grandis de tout ça. Littéralement. Il va falloir que tu apprennes à te confier, à ne pas mettre tes émotions en bouteille, à te faire confiance. Et tu vas voir, le meilleur est encore à venir !

Je commençais à m'emballer un peu, repensant à tout ce que j'avais traversé après avoir fini mon entraînement au monastère. Je le détachais de moi avec un large sourire.

-Tu vas découvrir des choses incroyables, tu vas pouvoir rencontrer des gens encore plus incroyables ! Tu vas voyager dans pleins d'endroits différents ! Tout ça grâce à ces pouvoirs, grâce à la maîtrise que tu vas gagner ! Oh ! Aussi...

Je pris un air sérieux qui tranchais avec le sourire que je gardais.

-Lors de ta troisième nuit au monastère, regarde sous les draps avant de te coucher, tu trouveras des œufs cachés. Je ne devrais pas te conseiller de faire ça, mais lance les sur Rhalun, ce sera lui qui les aura caché là.

"Comment tu sais ça ? C'est qui Rhalun ? Et-"

-Priam ?! C'est l'heure de manger, descend aider s'il te plait.

Je tournais la tête vers la porte comme le moi enfant en entendant la voix de Cassia. Elle était plus claire que celle de mon époque, c'était étrange à entendre et terriblement nostalgique... Je me levais.

-Tu sais bien qu'il vaut mieux ne pas la voir fâchée. Allons y !

J'étais impatient de voir Cassia plus jeune, de revoir son visage avec moins de rides, des cheveux plus sombres. Est-ce qu'elle me reconnaitrait ? Je n'avais pas réussis moi même après tout. En passant la porte j'ouvris les yeux sur le sable presque blanc du désert.

Ma bouche était de nouveau sèche, mon moi enfant disparu, je n'étais pas debout mais assit sur le sable dos à la ruine. La chaleur déformait ce que je voyais au loin. Un visage apparu dans mon champ de vision, me faisant sursauter. Je ne m'y étais pas attendu. C'était un nomade, qui s'inquiéta de mon état et me tendit une gourde pleine d'eau pour que je boive. Il faisait encore très chaud. Je bus un peu, le remerciant. Il m'indiqua se rendre à la capitale avec sa caravane qui attendait à quelques mètres et me proposa de m'y emmener. Selon lui je ne devais pas rester dans le désert, ce serait dangereux pour moi. il avait raison. Je déglutis. Y aller avec lui me ferais arriver plus vite...
Je hochais doucement la tête pour accepter.
Il était temps de suivre mes propres conseils et d'oser aller de l'avant.
Priam [Valoran Battlefron
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Stephen [UtM]
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- Monsieur ? Ça va ?

Ho putain… J’ouvris les yeux doucement. C’était quoi ce putain de délire ? J’me souvenais d’un coup derrière la tête. D’ailleurs, il était où ce connard ?! D’un bon je me relevai pour observer les alentours.

- C’est quoi ce bordel ? Sifflai-je.

Si y a bien un truc que j’pourrais reconnaître entre mille, c’était bien ça : Manchester. Sérieux les mecs. Y a quelques minutes j’me trouvais à la Nouvelle-Orléans, et maintenant, voilà que j’étais à Manchester ? En plein milieu de cette putain d’Angleterre ? Sérieusement ?!

- Maman n’aime pas ce mot. Elle dit que Dieu va nous punir si on le dit.

Cette voix… Lentement, je tournai la tête vers la voix. C’était quoi ce PUTAIN de DELIRE de mes couilles ? Teintés de rouge, j’observai l’enfant qui se trouvait à mes côtés. Y avait un problème là. J’sais pas c’que foutait le gros barbu là-haut mais il s’amusait bien ce salopard.
Y avait un truc qui allait pas, un truc qui allait pas du tout. Le gamin, là, j’le connaissais et un peu trop. Et allez pas imaginer des conneries p’tain. Nan. Mais. Le gamin là. C’était moi. Genre le moi d’avant. Au vu des fringues et de la gueule, j’lui donnais sept ans.

- On est en quelle année ?
- 1953. Vous êtes sûr que ça va ? Bon, il en avait huit, j’étais pas loin.
- Tu t’appelles comment ?
- Stephen Scott, Monsieur. Mais maman me dit de ne pas parler aux inconnus...
- Où est ton père ?
- Il est mort, Monsieur. Mais maman n’est pas loin et…
- John ? Il grimaça.

Putain. Pas de doutes possibles. C’était lui. Enfin moi. Enfin nous. Je plissai doucement les yeux pour tenter de comprendre ce qu’il se passait. 1953. Qu’est ce que je branlais en 1953 ? Je fronçai alors les sourcils. J’me souvenais de pas grand-chose de cette époque-là. Mais une chose en particulier m’avait frappé, et j’devais avoir un âge proche du sien, heu. Du mien. Bref. Doucement, je me levai alors. Est-ce que fallait que j’lui parle ? Est-ce qu’il fallait que j’me casse genre comme ça pour prendre le premier avion et retourner aux Etats-Unis ? Est-ce que y avait au moins des avions pour la Nouvelle-Orléans à c’t’époque p’tain ? Barf. Au pire y aurait le bateau. Une croisière tranquillou, nickel. Il avait coulé en quelle année le Titanic déjà ?
J’me retournai vers le gosse. Ouais. Nan. J’avais quelques trucs à lui dire quand même à ce foutu gosse. J’allais pas refaire mon histoire, t’façon j’allais devenir trop con pour m’écouter moi-même, mais y avait deux trois erreurs que j’aurais bien aimé rattrapé, alors… Pourquoi pas essayer ? T’façons j’étais coincé ici alors… Perdre une minute ou une heure, ça changeait pas grand-chose.

- On est quel jour ?
- Le quatorze novembre, Monsieur. Vous voulez qu’on aille voir maman et un médecin ?

Le quatorze novembre… ça allait arriver. La seule chose dont j’me souvenais de mon enfance allait arriver le lendemain. La source de ma putain de phobie du feu. Rapidement, me passa à l’esprit un truc sur l’espace-temps ou j’savais pas trop quoi, j’me demandais du coup si le fait de changer un truc ici risquait pas de me faire disparaître ou j’savais pas trop. Allyson serait bien emmerdée avec les jumeaux si ça arrivait. Bah. On verrait bien. T’façons qu’est ce que je pouvais faire enfin ne pas faire ?

- Bon. Gamin.

Qu’est ce que j’pouvais dire bordel ? « J’suis ton toi du futur, d’ailleurs tu t’es transformé en vampire, mais cool, c’est sympa, puis écoute bien ta mère et rate pas son enterrement, tu t’en voudras sinon, mais t’inquiète elle mourra que dans un peu plus de dix ans, t’as l’temps » ? Ca le faisait pas des masses quand même.

- Stephen John Scott soufflai-je en grimaçant moi-même. Putain que j’aimais pas le prénom de John. Tu fais quoi ce soir ?
- Heu…

Je me rendis compte du côté un peu pédophile de ma demande. Secouant la tête, je sortis une clope que je glissai entre mes lèvres. Fallait que j’trouve une meilleure approche que ça

- Mon… Monsieur ?

J’arquai un sourcil.

- Est-ce que je peux … ?

Ha. Ouais. J’avais toujours eu envie de commencer la clope à cet âge-là, c’est d’ailleurs ça qui m’avait conduit à provoquer l’incendie du lendemain, alors que j’m’étais échappé avec deux copains pour tester les cigarettes d’un des grands frères de ces derniers. Ce passé du futur commençait sérieusement à me taper sur le système. Dans mon plus grand manque de responsabilité, je lui tendis une autre de mes clopes pour la lui allumer.

- T’verras, un jour c’est le truc qui te fera l’plus de bien. Ça, et le whisky au rhum. Ha et oublie pas les capotes, ça t’causera des problèmes dans quatre-vingt ans.

J’pensais rapidement aux jumeaux, nés d’un oubli de capote alors que leur mère et moi étions démontés. Ally allait m’en vouloir si elle savait qu’j’avais conseillé ça à mon moi d’avant. M’enfin il aurait le temps d’oublier.

- Mais… Vous êtes qui ?


Mmh. J’oubliais que j’parlais à un gosse de huit ans qui savait pas qui j’étais. En quelques secondes, j’venais de lui parler de clopes, d’alcool et de sexe. Et j’étais père. Un père visiblement très responsable. Manquait que la drogue et j’aurais fait le tour de ma vie.

- J’suis un genre de voyant, genre Madame Irma en mec quoi.

Il arqua un sourcil. J’étais visiblement pas super convaincant. D’un côté je ressemblais plus à un camé paumé qu’à un devin.

- Mais du coup… Vous savez quand je mourrais ?

J’étais si fataliste à cette époque ? Bah putain.

- Heu. Nan. Enfin t’en prends au moins pour quatre vingt ans, t’as l’temps de voir venir. Bref. Demain, va pas avec tes copains. Ecoute ta mère et reste dormir.
- Pourquoi ?

Ouais, pourquoi il… Je ferais ça ? Y avait aucune raison d’écouter un vieux con comme moi ? D’autant que là, j’devais pas avoir l’air plus jeune que sa… ma mère. D’ailleurs, p’tet que je pourrais aller la voir. Une dernière fois au moins. Bref. Plus tard.

- Parce que… t’as déjà testé la clope, t’as plus besoin de le faire.
- Mais…
- Ferme la deux secondes et écoute. Tu vas rester tranquille chez toi. Et dans 9 ans tu rejoindras pas surtout pas ce groupe de Hippie. C’est dans long mais rappelle t’en. Par contre j’te conseille la beuh, ça te fera pas de mal, à l’avenir. Ha et si tu veux aller à Woodstock, oublie pas de commander des billets d’avion bien à l’avance.

Le gamin m’observait avec des yeux ronds comme des billes. Ouais. Bon. C’que je disais ne devait avoir aucun sens pour lui, mais au moins, ça en avait pour moi.

- Ok. Bon. Tu restes chez toi demain, ça sera pas mal. Où est ta mère ?
- … A la maison mais…
- Rentre pas trop tard, elle aime pas ça.

Sans attendre une autre réponse, je fis volte face, direction la maison de mon enfance. Si j’pouvais voir ma mère une dernière fois, pour m’excuser d’avoir été trop défoncé pour me rendre compte de sa mort, p’tet que ça m’aiderait à m’sentir moins coupable.

- Relève toi abruti !

Ma tête me brula soudainement alors que le noir, à nouveau, se faisait et que mon ventre me lançait. J’ouvris les yeux. Il faisait nuit. J’me trouvais dans un parc, pas loin du Vieux Carré. Putain. Ce salopard venait de me foutre un coup de pied dans l’estomac. Il m’avait ramené avant que j’puisse voir ma mère. Il allait me le payer ! D’un mouvement, je me relevai.

- T’aurais pu attendre que j’lui dise au revoir CONNARD !
Stephen [UtM]
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Spoiler:


C'était un long voyage, alors. Une longue chute.

Et lorsque tu te hisses hors du lac, le pas lent, tu observes le Royaume autour. Une tempête de cendre qui s'étirent en volutes de fumée. Un blizzard de papier brûlé gonflé par les vents. Quelque chose gronde. Au dedans. Au dehors. Le sang qui pulse, les veines qui bouillonnent. Le crachin sauvage qui se répand, le premier éclair qui transperce le ciel. Tes bras se lèvent, ondulants, et s'abattent de concert avec le tonnerre. D'un bond, tu arraches tes chevilles hors de l'eau, soulevée par le vent, par l'ivresse, par la folie, par la vie.

Tu es en vie, Mélusine.
Tu es en vie et cette force fait mugir le Royaume, des épineux abysses aux pics majestueux. La terre affamée s'abreuve de pluie. Et tes pas te propulsent, tracent dans la boue la course de deux comètes qui se confondent en arcs de cercle. La lumière s'arrache du ciel pour s'imprimer sous les paupières, et tout le reste est flou. Le temps aussi, de longues minutes durant -ou était-ce des heures?- à s'écouler par flux sans constance, s'échappant du sablier brisé depuis longtemps. Rien n'aurait pu te sortir de ta danse désarticulée. Sauf peut-être, cet éclat sur la berge. Un pétale enfuit et recraché par l'eau. Il brille d'une lueur étrange, celle qui absorbe la lumière et la vie, celle que l'on veut repousser au loin. Celle qui a été noyée, il y a longtemps. Noyée, brûlée, écorchée. Une fois comme mille fois. Eventrée, égorgée, poignardée. Qui s'occupait des morts pour ne pas voir la sienne.

Tu tombes à genoux face au cadavre noir et calciné de l'Enfant Reine.

Au fond de sa gorge brille un magnolia. Et le bruissement feutré de ta main touchant sa joue est semblable au frisson des arbres d'hiver. Quand mille feuilles mortes semblables se frôlent dans la bise et frissonnent à l'unisson, comme des doigts dans le froid. Seppuku du ciel.  Tu sais qu'elle sera la dernière, comme tu as toujours su que les enfants qui hurlent en toi et que tu recraches à l'encre ne sont que les reflets éthérés et désaturés de toi-même. Ils se sont tus, sereins sous la surface, loin où on ne peut les apercevoir flotter qu'en plissant les yeux.

Elle gémit. Observes ta défunte petite Majesté.
Ecoute la longue plainte que tu pousses depuis ta naissance.

C'est ton petit corps d'enfant que tu dois embaumer, Mélusine. Je suis morte. Tu soulèves entre tes bras ce vertige avant qu'il ne se brise. Je suis morte, et j'ai revécu. L'orage s'est tu, la pluie crépite. Concentrée, tes gestes tendres arrangent les cheveux, les mains. Car la vie d'alors m'a dit qu'elle m'aimait encore. Les petits poing restent bien fermés, mais tu n'es pas surprise lorsque la poigne se détend pour se poser sur son torse. Une graine tombe. Voila des années que tu n'en avais pas vue. Mais tes yeux ne cessent de contempler ton propre visage de charbon. Les échos de cette pointe longue et horizontale, fauchent ton regard, qui tombe ébloui dans ce soleil mort. Et la lumière se défracte en petits cils que piquent les angles de tes larmes.

« Tu es comme le papier qu'un enfant -absent- gondolerait d'isolement. Et cet enfant -absent- que l'on a jamais dessiné, au dos de ton être te rend noire du sang que tu n'as pas. Tu aurais aimé le voir grandir, ce petit être au creux de la reine mère. Tu t'es acharnée à l'abreuver de ton amour, décharnée à t'interdir la pluie. Sans repos. Sans relâche. »


Tu la portes, le pas souple vers le lac.

« Ton Royaume bâti de veines amères au tracé lacrymogène, au chagrin aveugle et au deuil sourd. Une à une je les viderai de leur venin, je te mettrai droite comme une monarque solide qui conquiert le ciel. Et nos pieds en pointes sur les cimes écriveront en braille les zéniths. Alors, nous nous y baignerons à la lueur de nos prunelles. »


Et tu déposes le petit corps dans la barque.

« Mélusine. Mélusine. Je m'occupe de toi. Par l'humble intention de t'aimer solitaire et sans relâche, je porterai ton nom et ton corps au repos des morts. Plus blanche que le col de Fuji. Plus dure que les crêtes des sommets. Plus douce que neige qui aplanit les angles. Plus terrible que la bise hivernale sur les monts. »


Un baiser sur son front. Sur ses yeux fermés.

« Je t'ai vu si longtemps danser une danse dont le sens se perd, à la chorégraphie profonde, à la force incisive qui ne fait que te saisir. Qui n'a de cesse de te blesser. Où tout se répète. Une danse creuse qui vient de rien, qui ne succède à rien. Chaque mouvement est une invention de ton esprit malade qu'il oublie aussitôt. Une invention superbe et fugace, une vision que tu rêves mille fois. Que tu sublimes mille fois. La danse viscérale de ta déférence. »


Chut, chut, tu peux te reposer.
Tu as fini de t'user.


« Tout va par flux et vagues-à-l'âme, et pourtant, jamais je n'ai connu une aussi grande constance. Avec toi tomberont ces lubies vengeresses, ces faux-semblants et élans de détresse. Médiocre étendard d'une fierté que toi-même tu as tu. Je m'indigne contre une cause décousue lorsque tu perds l'audace des détenus. Tenus. En laisse. En cage. On a tué ta têtue fierté maintenant que tu n'as plus rien à exiger, ni même à refuser. Ton espoir n'est plus qu'un reflet dans une eau morte, la parole n'a plus d'escorte. Toi, piètre dame qu'on condamne à être quidam. Et jusqu'au bout je peinerai à te refleurir, pour chasser cette pesante réalité : le néant. Tu es néantisé. Dois-tu abdiquer ? Déposer armes et méfaits ? Laisser à mes pieds tes prières ?
Situation abjecte, odieuse demande, pernicieuse requête. Tu t'es tranchée la voix car il n'y a pire geôle que celle ci, te laisser prisonnière d'un rôle. Celui que ton ego a dressé, vouloir être la mère. Lorsque le feu s'est étendu sur tes terres, il a fondu les clous du cercueil de la mémoire. Et tu es ce filet d'air, ce dernier murmure, ce sanglot étranglé qui s'en est échappé. »


La main posée sur le bois n'ose pas pousser.

« Et je resterai malgré tout derrière ce rideau de mots, déterminée à ne pas laisser l'habitude te transformer en désuétude. Il serait éminemment injuste de ne pas te rendre l'attention et l'amour que tu as attisé. »


Un frémissement de muscle, le geste que seules tes prunelles pluie peuvent poursuivre.

« Sois le poème que tu n'as jamais écrit. Sois sans peine car d'un souffle au cœur je te le murmure. A toujours, mon amour. »


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Firmino da Morgloria (LS)
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Firmino da Morgloria (LS)
Dim 7 Juil - 17:55
Bonjour à tous. Je me présente, Firmino da Morgloria, champion de la Sérénissime pour cette épreuve. Notre univers est basé tout simplement sur la Venise du XVe siècle. Mon personnage est fils d'un richissime vicomte vénitien, qui a passé des années à faire des coups pendables en Méditerranée, comme un peu de piraterie, avant de revenir au pays pour hériter du château et titre d'un oncle décédé sans enfant en Aragon. Il s'est ensuite marié à une ravissante comtesse vénitienne. On peut donc dire qu'il a plutôt pas mal réussi son coup. Voici sa bouille pour ceux qui voudraient la voir:


Épreuve 5 ;;  A celui que j'étais 57bg

C'est parti !


Je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui, je me paie un gros mal de tête. J'ai pourtant pas touché à la grappa que j'ai dans ma cabine. Surtout que c'est la grappa que fabrique mon cher père à la distillerie de San Erasmo, sur les rivages de la lagune. La fameuse Cuvée Spéciale de San Erasmo, alias la boisson du démon ! La dernière fois que j'en ai bu, je suis resté aveugle pendant cinq bonnes minutes, en étant incapable d'articuler un mot, parce qu'elle m'avait endormi la langue. Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a encore des gens qui veulent acheter de ce breuvage sorti tout droit des enfers. Mais là, promis juré, j'en ai pas bu une seule goutte !

Alors, pourquoi est-ce que j'ai mal à la tête comme ça ? Bonne question, mais c'est pas la seule. Pourquoi est-ce que je me vois tout gamin en face de moi ? Je le reconnais ce marmot. C'était moi ! Quand j'avais euh... 8 ans ? 9 ans tout au plus... C'est vrai que quand j'étais petit, hé ben j'étais pas grand. D'après mon cher frère Onesimo IV, j'étais déjà un abruti, et comme nous le savons tous, c'est celui qui dit qui l'est !

C'est fou ça... Déjà petit, je pouvais pas le blairer le blondinet qui me sert de frangin, mais avec le temps, ça ne s'est juste pas amélioré. Comme quoi, les premières impressions sont souvent les bonnes. Mais pourquoi je me vois quand j'avais huit ans ? C'est curieux ça. Je me regarde, et mon autre moi, ce mini-moi, me regarde. Petit brun, les yeux bleus, pas encore de barbe. Mais je me reconnais bien, c'est bien moi !

Mais j'y pense... C'est l'occasion où jamais de me donner plein de bons conseils pour l'avenir ! Puisque j'ai toute l'attention de mon alter ego gamin, je vais lui dire tout ce qu'il faut faire et ne surtout pas faire. Je lui mets une pichenette sur le font et je m'accroupis pour me parler les yeux dans les yeux.

"Bon, écoute-moi bien gamin. Tu sais qui je suis ? 

Oui, t'es moi, mais en plus grand, et en plus moche.

Ta gueule p'tit con, c'est pas ce que je te demande. Alors t'ouvres bien tes écoutilles, et tu écoutes, parce que ce que je vais te dire est important. Pigé ? 

D'accord. Mais t'es quand même moche et plein de poils.

Je t'en pose des questions moi ? La ferme et écoute ! Bon, tu veux devenir marin si je me souviens bien ? 

Ouais ! Je deviendrai le plus grand pirate de la Mer Méditerranée ! Et j'amasserai plein de pognon !


Alors justement... Tu deviendras capitaine, mais dans la marine de guerre vénitienne.

C'est pas des pirates ça ! C'est nul !

Non c'est très bien ! Comme ça, tu pourras piller plein de navires en haute mer ni vu ni connu je t'embrouille pendant des années, et personne ne comprendra rien. Pendant ce temps, tu mettras le pognon en sûreté sur ta base dans le Duché de Naxos, sur une île des Cyclades.


Y en aura beaucoup du pognon ?

Ouais, du genre beaucoup beaucoup. Alors t'oublies pas, tu signes d'abord dans la marine, et ensuite avec ton équipage de repris de justice, tu feras ta petite magouille tranquille dans l'Est de la Méditerranée sans te faire prendre. Et surtout, tu tapes bien sur les navires barbaresques, mamelouks et ottomans, parce que c'est eux qui ont le plus de pognon à bord. N'oublies jamais de buter tous les témoins.


D'accord. Et t'es célèbre ? 


Non. Un pirate célèbre, c'est un pirate mort qui finit au bout d'une corde. Moi, on m'appelait Firmino le Dingue. Parce que j'étais vraiment très méchant.

T'es méchant ? Toi ?

Euh, oui et non. Il faut que je t'explique un petit quelque chose. On va avoir un problème. Quand tu te seras engagé et que tu auras ton premier commandement sur une galère, tu vas te rendre compte que tu souffres d'une forme très aiguë du mal de mer. C'est ce qui te rendras vraiment très méchant, et complètement dingo. 

Sans déconner ? T'es malade en mer ? Mais t'es nul !

Rectification p'tit con: ON est malade en mer. Alors chut. Qu'est-ce que j'oubliais moi ? 


Le pognon. 

Ah oui le pognon ! Tu vas amasser un gros trésor de guerre que tu vas planquer sur ton caillou en Mer Egée. Mais le jour où tu vas enlever la fille d'un pacha ottoman lors d'un abordage pour la ramener et demander une rançon, charge tout à bord, car les enturbannés vont venir tout cramer ! Mais t'auras de la chance, ils seront trop occupés à piller le village pour venir te chercher dans le fort d'où tu partiras en galère.


T'as vraiment fait ça ?

Ouais, même que j'ai tout fait péter en partant. J'ai pulvérisé le fort avec des tonneaux de poudre, et je suis rentré à Venise.

Et tu t'es pas fait engueuler ? 

Ah si, ça l'Amirauté elle a sacrément gueulé. Du coup j'ai été démobilisé et renvoyé à la vie civile.

Gros nul !

Ta bouche morveux ! J'ai ramené tout le pognon de 5 ans de piraterie avec moi dans la cale de ma galère. Alors respecte un peu ton moi du futur, tu veux ?

Et t'as fait quoi après alors ? Tu l'as dépensé le pognon ?

Ca va pas non ?! Je l'ai gardé sur mon navire, et pendant que je cherchais une planque à Venise, j'ai rencontré ma femme.

Quoi t'es marié ? C'est nul les filles !


Alors attends... Je t'explique. Tu vas être marié à une vicomtesse vénitienne. C'est une grande blonde aux yeux bleus, avec tout ce qu'il faut, là où il faut. C'est pas de la pécore bas de gamme, et en plus, on ne s'ennuie pas au lit. Héhéhé !

Berk, t'es dégueulasse ! Du coup, t'es marié à une noble, et toi tu l'es pas. t'es vraiment trop nul toi !


Ta gueule p'tit con ! Suite au coup à Naxos avec la base qui a pété, y a Tonton Cristobal, un frangin de grand-père, qui va casser sa pipe sans enfant. Et devine un peu à qui il va refiler ses titres et ses terres en Aragon parce que lui non plus il aimait pas les Turcs ? Hein, allez devine un peu ?


Nous ?

Hé ouais ! Donc on a du pognon, une femme très jolie, des terres, et un titre de comte en Aragon. Alors que cet ahuri d'Onesimo IV ne sera que vicomte en Istrie.

Oooooh ouah ! Et il va faire la gueule ?


Je sais pas mais j'ai pas fini ! Y a plus important.

Plus important que faire rager mon frère ? T'es sérieux là ? 

Ouais t'as raison. Bon alors on va dire aussi important. Un jour, à la fin de l'année 1478, la peste va arriver à Venise.

Ca pue du cul ça.

Ouais, mais on s'en fout, nous on sera en Aragon. Quand on va te demander de revenir à Venise pour évacuer toute la famille vers le domaine familial en Istrie, méfies-toi ! Tu vois qui c'est Tonton Bartolomeo ?

Celui a pris un éclat de boulet de canon dans la tête à Milan et qui est complètement zinzin ?


Oui ! c'est ce vieux chabraque ! Alors quand tu voudras partir, méfies-toi de lui ! Il aura planqué sa collection de boulets de canon dans la cale du navire, et ça va le déséquilibrer au milieu du bassin de l'Arsenal. Donc avant de partir, fouille les cales, et vide les boulets de canon avant d'appareiller. Sinon, l'Oncle Bartolomeo te pétera en plus le pied avec un boulet quand il se battra avec notre père et Tonton Catello parce qu'il veut pas abandonner sa collection qui menace de faire couler le navire.

Le gros de Viterbe ? Tu t'es fait péter le pied avec un boulet ?

Ouais, un mois sans pouvoir poser le pied par terre après ça. Donc si possible, souviens-t-en, ça évitera d'avoir l'air con pendant un mois.

T'as vraiment un problème avec les boulets de canons toi.

Pourquoi tu dis ça ? 


T'as pas mal à la tête ?

Si beaucoup, pourquoi ?

Parce que tu passais dans la cale et tu as glissé en marchant sur un boulet de canon qui traînait. C'est pour ça que tu me vois. C'est l'heure de se réveiller."

Je rouvre alors les yeux. Je suis sur le sol dans la cale, les bras en croix, et j'ai la moitié de l'équipage autour qui me regarde bizarre en agitant des torchons devant moi pour me ventiler.
Hum... Je me relève dignement, je m'époussette, et je me dirige vers le pont supérieur l'air de rien.

"Ben quoi ? Ca vous arrive jamais de vouloir faire une petite sieste ?"
Firmino da Morgloria (LS)
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Hécate (Hastérion)
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Bonjour ! Je participe au nom d'Hastérion, voici quelques infos avant de débuter la lecture 'u'
Infos:

Le sang battant à ses tempes lui faisait douloureusement tourner la tête. S'appuyant sur sa lance, boitillant à la manière d'une estropiée, Hécate s'écartait à grand peine de la scène qui avait vu se jouer un bien laborieux affrontement. Elle avait souffert, la belle, mais ne s'était pas rendue. Les nerfs à vif, les muscles tendus, elle avait tenu bon face à un adversaire acharné qui avait péri sous les assauts répétés de sa lame et de sa rage. Nul ne la ferait tomber, de ça au moins, elle était certaine. Mais le combat n'avait pas été sans conséquences et les spores relâchés par le monstre végétal durant sa chute avaient été inhalés par la vagabonde.
Parfum fatal, enivrant mais terriblement dangereux. Il avait joué sur ses sens, perturbé son équilibre et pourtant, pas une fois elle n'avait songé à s'arrêter. Elle ne pouvait se le permettre, une pause signifierait sa mort, c'était ce que les restes de sa conscience hurlaient à lui en fendre le crâne.
Ainsi s'était-elle faite violence, forçant son corps meurtri à avancer un pas à la fois et ce, même lorsqu'un épais brouillard, typique des bois de Nimus, l'enveloppa. L'humidité imprégna ses vêtements, colla des mèches de cheveux à son front fiévreux, mais elle ne stoppa pas sa marche. Du moins pas avant de n'entendre des rires d'enfants l'encercler de toute part.
Alors elle se figea, l'âme errante, son corps se paralysa autant de crainte que de surprise. Un enfant ? En des terres si inhospitalières ? Impossible. Mais ses sens étaient devenus facétieux et elle les força à se plier à sa volonté. Elle devait savoir.
Alors, comme par un miracle bien cruel, le brouillard épais sembla se diviser devant elle, ouvrant un passage vers un jardin qui ne lui était que trop familier : le domaine Bellefoy.

La scène qui se jouait devant elle, bien loin de la sauvagerie du combat d'un peu plus tôt, lui arracha pourtant le plus profond des frissons de dégoût. L'enfant qui jouait devant elle n'était autre que Rose, le petit bourgeon de fleur qu'elle avait un jour été. L'innocence même, poupée de porcelaine aux joues rondes et rebondies, bien loin du spectre pâle et crasseux qu'elle était devenue.
Un grondement roula le long de sa gorge pour mourir sur ses lèvres écorchées lorsque la petite leva vers elle un regard pur.

-Salutations Mademoiselle !

La voix cristalline ricocha sur le froid qui avait soudainement étreint la jeune femme. Le feulement rauque sur le bout de la langue, le regard ardent, tout en elle hurlait à l'affront en posant les yeux sur ce modèle pureté. Ses doigts se crispèrent sur le manche de bois de son arme et si elle avait pu se maintenir sans son appui, nul doute qu'elle l'aurait balancé devant elle pour faire fuir ce fantôme du passé. Pourtant, la petite idiote s'avança vers elle, la bouche en cœur et le regard pétillant de vie.

-Que vos plaies m'ont l'air pénible... Oh ! Je vous en prie, venez donc vous reposer chez nous !

Bonté, générosité, bienveillance.
Les mains rosées de l'enfant s'approchèrent des doigts pâles et osseux de son aînée pour tenter de s'en saisir. Un revers du bras l'en dissuada.

-Arrière vermine !

Gronda t-elle d'une voix déchirée par la rage.
L'incompréhension déforma un instant l'expression de la gamine, son joli visage rond sembla alors moins attrayant aux yeux d'Hécate et en un éclair, elle se rappela ce qui l'attendait, ce qui les attendait.

-Je vous en prie-

Le coup partit de lui même. Furieuse, vive, sans pitié, la claque renversa l'enfant comme un fétu de paille. Elle chuta lourdement et releva un regard humide sur la femme qui se tenait, inquisitrice, au dessus d'elle.

-Assez !

Elle hurla, encore et encore. Elle hurla à s'en déchirer les cordes vocales, à réveiller le sommeil des morts et à perturber le repos des dieux. Elle hurla alors qu'elle s'acharna sur ce spectre du passé. Elle hurla alors qu'elle arrachait les pétales de la petite Rose.

Alors ce fut en larmes qu'Hécate s'apaisa et une longue plainte roula de son cœur jusqu'à éclore sur ses lèvres meurtries. Le petit corps roué de coups reposait entre ses bras et remuait au rythme de ses sanglots. Rose et Hécate pleurèrent, longtemps, sur ce Destin qui leur avait tout pris. Elles pleurèrent sur la violence qui avait marqué leur quotidien jusqu'à en faire leur seul moyen de communiquer. Elles pleurèrent sur cette innocence, cette joie de vivre qui jamais ne leur serait rendue.
Doucement, d'un geste presque maternelle, la vagabonde resserra sa prise sur le petit corps qui reposait tout contre elle. Il lui semblait, si frêle, si fragile, si prompt à se briser au moindre choc. Ce fut presque tendrement qu'elle écarta quelques mèches du front rougi de l'enfant. Et puis elle l'enlaça et elle serra. Encore, et encore un peu. Elle sentit un sursaut d'espoir se débattre contre elle. Rose lutta un instant, un bref instant qui fit vaciller Hécate dans sa résolution.

-C'est mieux ainsi...

Avait-elle murmuré d'une voix rauque.

-C'est mieux pour nous...

Et la lutte avait cessé. Et la douleur cessa également.

Le brouillard se dissipa alors pour de bon, dévoilant un corps meurtri recroquevillé sur lui même. Les miracles n'existaient pas. Un rictus mauvais étira les lèvres sombres d'Hécate. Elle n'aurait pas du y croire. Ses sens et son esprit avaient été trompés, elle avait accepté l'illusion comme une solution mais rien n'avait été réel..
Pourtant, s'il lui était donné de réaliser ce souhait... Oh oui, elle le ferait.

Un rire amer éclata alors, remuant la carcasse blafarde qu'elle traînait avec elle depuis bien trop longtemps déjà lui semblait-il.
Hécate (Hastérion)
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Stilgar [ES]
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Résumé:




     Il pleuvait sur l’Esquisse.
     Pataugeant dans la boue, grelottant, trempée jusqu’aux os, tenant avec fermeté le manche de son arme, une petite fille progressait dans des plaines sombres. Sa vue était limitée par les hautes herbes, son endurance sapée par le froid, la faim, la difficulté qu’il y avait à mettre un pas devant l’autre, à devoir faire de grandes enjambées, sortir ses bottes de la fange, et devoir les replonger.
     C’était Crevette. Perdue, épuisée, mais pour qui l’échec n’était pas envisageable. Son corps allait par contre très vite dire l’inverse. Il lui fallait trouver un abri.

     Un bruit autre que ceux de l’eau, de la terre, du vent, des herbes et de ses claquements de dents attira son attention. On pleurait. Quelle idée, de rajouter encore plus de flotte. Ç’aurait d’ailleurs été, à la virgule près, ce que Crevette aurait balancé, sur un ton acerbe, à qui geignait ainsi, si ladite personne avait été ce qu’elle aurait crû qu’elle fût ; un gamin quelconque.
     Or il s’agissait d’un adulte d’un bon mètre quatre-vingt, musculeux, au visage buriné et couturé de cicatrices. Il ne pleurait pas vraiment, d’ailleurs. Il se contentait d’en reproduire vaguement le son, comme s’il avait perdu ses glandes lacrymales à la guerre.
     La stupéfaction de Crevette en voyant quelqu’un ayant ce physique dans cette position humiliante ne dura pas. Elle avait mieux à faire que s’étonner.
     « Oh, toi ? Tu peux marcher ?
     – Hein… Oh… Oui… Comment tu t’appelles ?
     – Pas le temps pour les salamalecs. Debout, il faut qu’on dégage d’ici, ou on va tous les deux crever de froid.
     – Je veux pas, j’ai froid, je veux ma maman… »
     Là, par contre.
     « Qu’est-ce que putain de quoi ?
     – Hé… Dis pas de gros mots comme ça… »
     Les facéties habituelles de l’Esquisse. Crevette était un adulte dans un corps d’enfant, elle se trouvait avec un enfant dans un corps d’adulte, l’ironie de tout ceci la rendait malade. Ce n’était pas le plus étonnant qu’elle ait pu voir, mais il y avait quelque chose, chez ce gamin, comme une proximité, une étrangeté familière.
     Toutefois, réussir à passer la nuit était sensiblement plus important que de se poser des questions existentielles.
     « Si tu veux pas clamser ici, lève ton derche, il faut qu’on se casse et au plus vite.
     – Veux pas.
     – Tu te foutrais pas un peu de ma gueule, là, des fois ?
     – Veux pas j’ai dit ! T’es méchanteuh ! »
     Si voir un gamin sur qui on hurle est déjà pitoyable en soi, alors quand c’est sur adulte dans des habits militaires, rasé de près et ayant une voix basse profonde, c’est encore pire.
     « Pas de problèmes. Je te laisse là, à crever tout seul, et je me casse manger un bout. Ça te va ? Ou alors tu me suis. »
     Après quelques autres tentatives de persuasion moins subtiles et plus énervées plus tard, le faux adulte accepta de se relever. Il devait faire un mètre quatre-vingt-dix, facile.
     « Hé bien mon couillon. Tiens, rends-toi utile, bouge pas. »
     Crevette grimpa à l’arbre, et sauta sur le dos de son compagnon, puis se hissa jusqu’à être assise sur ses épaules.
     « Héééé, pourquoi c’est moi qui te portes ?
     – Ça t’arrive de réfléchir, gamin ? Tu crois que c’est moi qui vais te porter, peut-être ? Les grandes personnes portent les petites, nan ? »
     Logique implacable, que tout enfant pouvait comprendre, en ayant déjà usé et abusé.

     Les grandes jambes de l’adulte, la hauteur permettant à Crevette de voir au-dessus des herbes, et la protection sommaire contre la pluie que celle-ci offrait aux deux avec sa cape rendaient la progression bien plus aisée. Assez pour que l’enfant se mette à bavasser.
     « Comment tu t’appelles ?
     – Encore avec ça ? Crevette.
     – D’accord. Moi je sais pas.
     – Quoi, tu sais pas ?
     – J’ai oublié.
     – Ah ben, c’est pratique, ça.
     – Mais il y a un truc dont je me souviens…
     – J’en suis passionnée d’avance.
     – Je suis toi. »
     Crevette relâcha sa garde un instant, pour réorienter sa concentration vers ce qu’il racontait.
     « Je sais que je suis une petite fille, et tu es une grande personne, même si ça ne se voit pas. Et tu ressembles à une petite fille, et moi à un grand. On a dû être inversés. »
     L’esprit des enfants a ceci de merveilleux qu’il peut appréhender l’incohérence extrême de l’Esquisse, vu qu’il a assez peu de préjugés, et une logique primaire – pour ne pas dire défaillante –, ce qui la met au diapason avec celle de cet univers. Il est vrai que Crevette avait reconnu quelque chose d’étrangement familier, dans le corps de sa compagnonne. Son esprit étant bien trop pratique pour se poser des questions profondes, elle ne tenta pas de discuter la théorie de l’enfant.
     « Ouais. Possible. T’es pas fatiguée ?
     – Non, ça va.
     – Moi oui. Tiens-moi bien, touche pas à mon sabre, et réveille-moi au moindre truc. Il faut qu’on continue à avancer.
     – D’acc, petite crevette. »

     Elle fut réveillée par une petite tape sur la tête, et un chuchotement.
     « Crevette… Crevette, il fait tout noir, j’ai peur… »
     Effectivement. La nuit était tombée comme elle le fait dans l’Esquisse ; sans prévenir, subitement. La luminosité n’était déjà pas excellente, mais maintenant on peinait à repérer où on mettait les pieds. 
     « Oh, quoi… T’as peur du noir ?
     – Oui…
     – Alors ferme ta gueule et ouvre tes esgourdes, parce que t’as bien raison d’avoir peur. Il doit y avoir des tas de saloperies à nos traces qui veulent nous bouffer, et là, c’est pour elles le moment idéal. Continue à avancer, en silence. »
     On s’en doute, déjà que la petite fille hors de son corps n’était pas rassurée, cela ne fit rien pour arranger son cas. Ne pouvant pas s’en empêcher, pour tâcher de se donner du courage, elle chanta, ou plutôt, meumeuma un air de comptine quelconque, au rythme simpliste.
     « Quand je t’ordonne de la boucler, c’est quoi, quel mot que tu comprends pas ?
     – J’reçois pas d’ordres d’une p’tite fille.
     – Que. C’est toi-même qui… Oh et puis merde. »
     Crevette avait en effet oublié qu’un enfant pouvait tirer deux conclusions diamétralement opposées sans que cela ne le gêne outre mesure.
     « Si tu m’laisses pas chanter, tu descends.
     – Ça va, ça va, j’ai capté. Tu vas nous faire tuer. »
     Ce serait oublier que l’Esquisse a sa volonté propre. Dans ces marais vivent en effet des Objets assez particuliers – en existe-t-il qui ne le sont pas, me demanderez-vous – ; les lumigots, qui sont des escargots à l’oreille musicale, et luisent vivement quand on joue en leur présence.
     Le premier avantage, c’est que la petite fille émerveillée par ce spectacle tremblait moins de peur, assurant ainsi un meilleur confort à Crevette. Le second, c’est qu’on évitait ainsi bien des pièges du terrain marécageux.
     « Cet univers se ligue pour te donner raison, il semblerait. Bah, c’était déjà pas mon jour. Sors-nous d’ici, j’ai la dalle. T’as faim ?
     – Oui. Je veux une glace.
     – Tu grelottes de froid et tu veux une glace. T’es complètement à jeter, ma pauvre. »
     Et c’est dans une ambiance comme celle-ci qu’elles sortirent du marais. Pour arriver, comme de bien entendu, dans un désert où soufflait un vent chaud et sec, et où des cactus au cuir rosé, les porcs-qui-piquent, se déplaçaient en meute sur les dunes ocres.

     On retrouve donc Crevette et la fillette qui n’en est pas une autour d’un feu de camp, le cul dans le sable, à essayer de sécher un peu, de ne pas chopper la crève, et de faire cuire des aliments que la première trimballait dans son sac. Il était temps pour une petite mise au point.
     « Maintenant qu’on est tranquilles. Comme t’as visiblement des idées géniales, gamine, tu proposerais quoi pour qu’on retrouve nos corps respectifs ?
     – J’ai pas envie.
     – Répète pour voir ?
     – J’veux rester une grande personne.
     – Que t’es chiante. T’façons, c’est pas comme s’il existait un moyen. Enfin, si, mais un peu trop extrême. »
     Crevette voulait signifier par là qu’elles pourraient toujours se jeter dans une Tempête de changement, un événement météorologique fréquent, qui augmentait drastiquement l’aléatoire sur les régions qu’il traversait. Quand on n’a plus aucun espoir, et que sa situation ne peut pas s’améliorer, ça ne coûte rien de s’y jeter… Mais Crevette avait appris à supporter son propre corps. À être une petite fille, se faufiler partout, manier son sabre à deux mains. Étant amnésique, son expérience était courte, mais intense, et précieuse. À quoi bon résister à l’absurdité de l’Esquisse, quand elle se présentait à vous ? Crevette n’était certes pas philosophe, mais rencontrer cette petite fille qui n’en était pas une – et roupillait à ses côtés – lui avait fait comprendre quelque chose. Peut-être servirait-elle d’autre chose que de monture.
     Peut-être.
Stilgar [ES]
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Linia Ròng[Irydae]
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Présentation rapide:

Le sang. C'est con, mais c'est la première chose qui me vint à l'esprit. Peut-être est-ce l'ambiance du lieu ? Les rues du Verso voient souvent le sang de ses habitants couler. Ou bien le rouge carmin qui se trouvait sur certains murs ? Disons-le aussi, ça pourrait bien être le fait que je sens le goût ferreux habituel du sang, sur ma langue. Encore étourdis, j'avais été frappée par surprise. Un homme frêle, qui nous doit de l'argent, me força à courir. Et là, au détour d'une rue, une planche de bois en pleine gueule. Ce n'est jamais agréable. Tombant sur le cul, le dos contre le mur d'à côté, je vois passer rapidement deux formes. Mes sous-fifres, si on peut dire ça, qui vont tenter de le rattraper. Je sens qu'un filet continu coule de ma tempe droite sur mon visage jusqu'au menton et tombe en petite goutte sur le sol. Je regarde alors ces dernières : ploc, ploc, ploc... Je déteste être sonnée. Personne n'aime ça diriez vous, mais y a des masos, surtout ici.

Soudainement, je vois une pomme rouler entre mes jambes. Intriguée, je la saisis, la tourne dans tous les sens, puis relève la tête. Une petite fille, à l'air similaire de ce que j'ai dû être vers mes plus jeunes années. Voilà que j'hallucine maintenant, sans avoir besoin de drogue ou d'alcool. Je vais sûrement passer voir "maman" ensuite, pour m'assurer que tout va bien chez moi... Je tourne à nouveau mon regard sur elle, moi enfin nous...


Je regarde cette dame au sol, le sang coulant de son visage. J'en ai déjà vu des gens qui ont bobo. Alors je lui lance une pomme. Les gens, ils aiment toujours les pommes. Elle la ramasse et semble contente, alors je suis contente aussi et je souris. Mais je n'aime pas trop qu'on me regarde ou qu'on me remarque tout simplement. Alors je vais m’éclipser comme si de rien était... Outch ! Je percute quelque chose et je tombe, sur les fesses, contre le mur, à côté de la dame qui saigne. Elle a tourner son regarde vers moi après avoir eut l'air absente. Je frotte mon bras, gênée, et je tends la main.

-" Je... m'appelle Linia... À ce qui paraît ma maman portait le nom "Ròng", mais je ne l'ai jamais connu. Mais j'ai quand même une maman hein ! Et elle est jolie, intelligente et gentille d'abord ! Elle pourrait vous soigner... vous avez bobo ? Vous vous êtes cognées ? Vous êtes pas très adroites ? " Dis-je, finissant par plaquer mes mains sur ma bouche, d'une car je dis trop de mots, de deux, car il faut jamais dire aux gens qu'ils ne sont pas très quelque chose...


Je hausse un sourcil en la regardant se retrouver dans la même position que moi. Le fait que ce gros tas, qui se dit être humain, mais dont je soupçonne la nature de porc caché sous des vêtements, se retourne et cherche de son regard globuleux ce qui lui a cogné le dos, me fait douter. Mais bon, je ne connais qu'une seule Linia Ròng, et c'est moi. Peut-être que j'invente juste ses paroles. Elle ne semble en tout cas pas remarquer que l'on porte le même collier. Les enfants... je me souvenais être plus maline que ça. Pas bien débrouillarde et très timide certes, mais capable de rapidement analyser une situation.

-" Il ne faut jamais donner son nom aux inconnus. Imagine qu'on te veuille du mal après, hein ? C'est plus facile pour te retrouver. En tout cas, si moi je ne suis pas adroite, toi t'es pas futée, je me trompe ? C'est toi qui jettes des pommes aux gens ? Pourquoi tu fais ça ? " S'il m'arrivait de donner des pommes aux gens, ce n'était que dans le dispensaire, dont je ne sortais jamais avant d'en partir et de devenir petit à petit ce que je suis. Première incohérence.


Elle sort une cigarette. Je n'aime pas ces bonbons d'adultes qui fume, ça brûle quand on touche le bout et maman n'aime pas voir les gens en aspirer. -" Chui très intelligente d'abord, maman, elle me le dit tout le temps. Si vous êtes pas contente, c'est pas la peine de vous en prendre à moi... je suis juste... polissée ! Et puis c'est pas moi qui saigne. " Je gonfle mes joues et croise mes bras pour montrer que je boude. J'aime pas qu'on dise que je suis bête alors que c'est pas vrai.

Elle ne répond pas, se contentant de me lancer un regard qui ressemble à celui qu'on les grands quand ils se moquent des autres, mais qui disent derrière que c'est pas de la moquerie. Les grands sont toujours compliqués de toute façon. Elle aspire son bout de papier et souffle de la fumée blanche vers le plafond...

-"J'aimerais tellement voire le ciel un jour
et rire avec les oiseaux qui marche sur le vent... "

Je me tourne vers elle en même temps. Elle a dit la même phrase que moi au même moment. Une hallucination, c'est sûre. Je me mets à rire, et elle gonfle de nouveau ses joues. Je faisais souvent ça petite pour montrer quand j'étais en colère. Les gens habitués aux dispensaires m'appelaient "Joues de Baudruche". Je tire encore une grande bouffée de cette mode de la cigarette, et recrache vers le ciel. Polissée... une erreur de langage, mais nous sommes effectivement un être qui ne demande qu'à être poli... amusant.

-" Peut-être qu'un jour, nous verrons le ciel. Peut-être qu'on y volera comme les oiseaux. Peut-être même qu'on fera ça le même jour, toutes les deux. Mais volé, voir le monde, le ciel, c'est un rêve qui demande de partir loin de la maison. Loin de maman, tu en as conscience ? Tu penses que tu ne pleureras pas d'être loin d'elle, de ne pas pouvoir te blottir dans ses bras la nuit, comme chaque soir ?"


En plus, elle me prend pour un bébé alors que je suis une grande fille. Je sais qu'il faudra que je parte loin de maman au début, et alors ? Maman elle m'aimera quand même, et rien ne m'empêchera ensuite de l'emmener voir le ciel aussi ! Et puis pourquoi elle veut qu'on voit le ciel le même jour ? Elle connaît maman ? Car elle sait qu'elle me prend dans ses bras chaque nuit pour faire dodo car j'aime bien.

-" Je suis une grande d'abord ! J'ai au moins comme ça ! " Et je lève tous mes doigts de la main gauche pour lui montrer, espérant lui couper le souffle. " Et puis je sais que maman devra se passer de moi quelque temps, elle sera sûrement triste. Mais après, j'irais l'emmener et elle verra le ciel et sentira le vent elle aussi ! Et puis on pourra de nouveau dormir l'une contre l'autre, mais sous les ampoules du ciel ! Mais... dis... tu connais ma maman ? Tu sembles vachement bien savoir. "


J'avais presque oublié que c'est Amélia qui m'a apprit à compter. Et si j'ai cinq ans, ça signifie que dans deux ans, on va m'arracher de force au dispensaire, que je vais devoir fuir avec May pour éviter l'orphelinat. Je la regarde se lever. Si c'est une hallucination, qu'ai-je à y perdre ? Elle ramasse son panier de pomme tandis que je croque dans la mienne. Puis, je lui dis calmement.

-" Ta maman, c'est Miss Duguay, je la connaît bien. C'est pour ça que je vais te donner un conseil encore. Être gentille, c'est un luxe. Merci pour la pomme, mais si cette pomme, c'est ta gentillesse, imagine que tu la donnes alors que tu n'en a qu'une, et que derrière la personne ne te donne pas la sienne ? Que manges-tu ? Tu ne pourras être gentille qu'avec les gens sûres, comme des filles qui deviendraient en quelques sortes tes grandes sœurs ou avec ta maman. Les autres, si tu veux être gentille avec eux, il faudra être la plus riche, la plus forte. Compris ? Bien. Allez file, avant de te faire gronder."

Et je la regarde disparaître dans la foule. Drôle d'hallucination... Je fini doucement ma pomme et me relève. Ce n'est pas bien de manipuler une enfant, mais est-ce que j'ai fait des choses bien ? Et puis, j'ai un fumier à massacrer. Introspection fini.


Une fois arrivé au dispensaire, je pose le panier pour maman et file la voir.
-" Maman ! J'ai croisé une dame étrange qui te connaît. Elle m'a dit..."
Linia Ròng[Irydae]
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Djerin Raskae [NRP]
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Djerin Raskae [NRP]
Dim 7 Juil - 19:32
Djana:

Djana sirotait un verre. Accoudée au bord de la piscine qui lui servait de baignoire, elle divaguait légèrement dans son euphorie éthylique. Elle tendit un tentacule pour saisir la bouteille et se resservir un verre. Constatant l'état particulièrement vide du contenant susnommé, elle la bazarda rageusement dans un coin, auprès des débris des cinq précédentes. Elle en prit une autre dans la caisse. Heureusement qu'elle avait prévu le coup. Nonobstant désormais l'usage du verre, elle vida d'un trait plus de la moitié de la bouteille et sentit une vague nausée l'envahir. Faute de WC fonctionnels dans ses quartiers (fichu Shee, il aurait pu réparer ça plus tôt!), elle tituba vers la salle de bain de l'équipage. Vu qu'elle était seule dans le vaisseau, elle ne se préoccupa pas d'enfiler un vêtement ou de sécher. L'esprit encore assez clair pour éviter la bibliothèque dans son état humide, elle poussa la porte d'une cabine de WC pour y vider ses boyaux dans un bruit aussi appétissant qu'un calamar rendant cinq litre de boisson alcoolisée dans un espace confiné de faïence.

Une fois son esprit et les hurlements rageurs de son estomac calmés, elle se redressa, montant sur ses tentacules pour se grandir comme elle le faisait tout le temps. C'est à ce moment qu'elle sursauta en voyant son reflet. Comme elle avait banni les miroir de tout le reste du vaisseau, et qu'elle ne venait presque jamais dans cette section, elle mit un peu plus de temps que la moyenne a identifier la personne qui lui faisait face. Elle-même. Par réflexe défensif, sa peau multicolore passait par toutes les teintes de l'arc en ciel, par vagues. Elle se calma dès qu'elle se fut reconnue. Quelle ironie, effrayée comme une gamine par le monstre dans le placard... Si ce n'est que quand elle était gamine le monstre était hors du placard justement. S'observant quelques secondes, elle caressa la cicatrice sur le bas de son ventre. Le médecin qui l'avait ouverte pour l'examiner et qui lui avait appris pour sa stérilité avait pas fait dans la dentelle. Bah, tant mieux au fond. Elle détestait les gosses.

-Hé bien.... Si j'avais su qu'en grandissant je deviendrais une pimbêche qui a peur de son ombre, j'aurais sauté sous un speeder.

La voix enfantine qui avait déclarée ça venait d'une version miniature de la femme qui se tenait debout au milieu de la pièce. Maigre, presque décharnée, habillée d'un jupon de tentacules entremêlés en tout et pour tout, elle observait de son regard venimeux son interlocutrice. Djana se redressa de plus belle pour faire face à cette intruse.

-Plait-il ? Puis-je savoir en quel honneur une gamine dans ton genre se permet de s'introduire sur mon vaisseau et m'insulter au passage ?

La gamine retroussa son petit nez en trompette d'un air moqueur.

-Ton vaisseau ? Tu peux dire notre du coup... Puisque je suis toi. Ou tu es moi... Difficile à déterminer qui est prioritaire à ce sujet.

Elle déambula quelques secondes dans la pièce, s'admirant dans les miroirs telle une princesse, faisant miroiter ses couleurs là ou Djana restait dans des ton ternes et froids. La petite esquissa un pas de danse en jouant sur les ondulations.

-Je dois admettre que je ne suis pas trop déçue. Certes je suis visiblement devenue une chochotte, mais au moins j'ai les moyens d'acheter un vaisseau assez grand pour ce genre de miroirs... Je suis belle, non ?

La petite fille cligna des yeux dans la direction de Djana d'un air innocent, ajustant ses couleurs à celles de la capitaine. Alors qu'elle observait la petite qu'elle avait été, le seul son brisant le silence étant celui du ventilateur de l'aération de la pièce, c'était avant que sa propre image la rende malade, avant que les flashs la fassent vomir, avant que...

-Ouais. C'est vrai que tu es belle. Mais on sais toutes les deux que tu le dis juste pour m'amadouer. C'est ce que tu fais encore tout les jours, pas vrai ? Mendier en comptant sur les yeux doux que tu fais aux gens...

La gamine se rembrunit, ses couleurs perdant de leur éclat.

-Ouais ben on fait ce qu'on peut hein ! J'ai pas encore un vaisseau à moi et des jambes aussi longue que toi... Merde quoi, tu ressemble à notre mère...

-J'ai oublié ce à quoi ressemblait notre mère, répondit Djana dans un sifflement.

La petite fille accusa le coup en soupirant et repris la conversation comme si rien n'était arrivé.

-J'ai faim. Tu voudrais pas me filer un truc à bouffer ? Histoire de me donner deux trois conseils pour pas finir exactement comme toi. Genre comment m'épargner de devenir une pétocharde. T'as des tueurs derrière toi ?

Djana secoua la tête et se dirigea vers sa cuisine, arrangeant ses tentacules en jupe comme la gamine par un faux soucis de pudeur. Peut-on vraiment être pudique envers soi-même ? Elle-même affamée elle sortit de la réserve des brochettes de viande, se rappelant que gamine c'était un plat sur lequel elle avait bavé des heures en tentant d'ignorer la douloureuse faim qui avait provoqué ces cotes saillantes et ses hanches maigres. Les yeux de la petite se mirent à briller, et l'espace d'un instant elle redevint l'enfant qu'elle aurait toujours du être. L'espace d'un instant, le cœur de pierre de Djana fondit et elle regretta de ne pas pouvoir avoir d'enfant. Elle se permit un léger sourire. Puis l'instant passa. Et les deux reprirent contrôle de leurs émotions, de leurs expressions. On ne montre pas ce qu'on ressent quand on veut survivre.

-Des conseils tu disais ? J'en ai quelques uns je suppose. Genre, d'ici quelques mois, tu devrais rencontrer un mec qui va te proposer un job. Il est pas le plus méchant du monde. Il s'appelle Kaendrick. Tu peux lui faire confiance. Au moins quelques années. Te laisse jamais marcher sur les pieds, tu avancera un peu plus dans la vie. Apprend à te battre pour de bon. Mais c'est des choses que j'ai déjà fait.

La petite eut un sourire énigmatique en mâchouillant sa viande épicée. Elle semblait chercher une information précise. Djana haussa un sourcil à son encontre pour comprendre ce qu'elle voulait.

-Et... Pour... Les garçons ?

Elle semblait hésitante. Elle avait déjà souffert du regard de tout ses pères potentiels, de ce qu'avait subit sa mère. Elle espérait que l'amour était quelque chose de réel. Djana n'avait pas envie de lui briser le cœur. Pas si tôt.

-Eh bien.... Tu va en rencontrer quelques uns. Certains bien, d'autre un peu moins... Moi en ce moment j'ai Shee, un Shreek. Il est pas mal du tout. Un peu volage, mais c'est normal pour un piaf.

Elle échangèrent un petit rire et soudain Djana se raidit. Si. Il y avait quelque chose qu'elle devait absolument lui dire. Quelque chose d'important. De vital même.

-Il y  aussi.... Retiens bien, parce qu'il faudra faire très attention. Un jour, dans un bar sur manooine tu va rencontrer un humain. Un gars du nom de Thanael.

Les yeux de la petite se mirent à briller de plus belle. Elle croyait sûrement que le Thanael en question était le prince charmant. Elle devait vite la faire déchanter.

-Quand tu le rencontrera, quoi qu'il arrive...

Il y eut soudain un bruissement strident, un éclair lumineux suivit d'un POP sonore. La petite avait disparu. Elle était retournée à son époque, dans son plan spatial... Ailleurs.

-Ne le laisse surtout pas te faire ce qu'il m'a fait...

Sa voix se brisa sur les derniers mots. La seule chose vraiment importante qu'elle aurait pu dire à la petite. A elle même. La sauver de cette humiliation, de cette souffrance. De cette semaine d'horreur qui avait marqué sa vie au fer rouge alors qu'elle possédait encore de l'innocence. Elle aurait pu la protéger de ça. Et elle avait échoué. Une larme unique coula sur sa joue et elle la chassa d'un geste rageur alors qu'une voix retentissait derrière la porte.

-Capitaine ?

-Va voir ailleurs Shee. Je cuisine et je veux être tranquille ! Je n'ai besoin de personne, merci !

Et j'ai besoin de rester seule.
Djerin Raskae [NRP]
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Yulian Kristianov [KHS]
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Inspiration... Expiration... Yulian ouvrit alors les yeux et contempla le somptueux ballet sous lui. Une rivière faisait son bout de chemin sans se soucier de la douleur autour d'elle. Le jeune homme allait il réussir à mettre fin à ses jours ? Il n'en était pas sûr en prenant en compte la hauteur et la profondeur. Mais la douleur était forte, trop forte, il voulait la faire taire, ne serait-ce qu'un instant... Alors, il ferma de nouveau les yeux et laissa son corps basculer dans le vide dans un silence des plus absolu. Personne pour le voir. Personne pour le regretter.

Mais à aucun moment, il ne sentit l'impact. Le jeune homme se releva et son coeur commença à battre la chamade. Yulian regarda autour de lui, il était revenu en Russie... Là où il avait grandi. Ses jambes tremblèrent et menacèrent de céder sous son poids. Il s'appuya contre le mur d'une maison et inspira doucement, tentant de calmer son rythme cardiaque effréné. Mais il n'avait pas le temps de s'attarder sur celui-ci, il se dépêcha de rejoindre le parc où il jouait avec son frère jumeau lorsqu'ils étaient enfants. Et les larmes gagnèrent ses yeux en voyant deux petites têtes blondes qu'il reconnaissait que trop bien. Lui et... Demyan... Son frère décédé des années plus tard par sa faute... En tremblant, Yulian positionna sa capuche pour camoufler au mieux sa chevelure et sa ressemblance avec les petits.

Il voulait voir son frère, le serrer une nouvelle fois dans ses bras, sentir son cœur battre… Un premier pas dans leur direction, un deuxième. Son rythme s’accélère, il court presque pour réduire la distance mais lorsqu’il atteignit le portillon du parc, Demyan partit dans le sens opposé. Le cœur de Yulian se brisa à nouveau, ne pourrait-il donc jamais s’approcher à nouveau de lui ? Ne pouvait-il pas le serrer dans ses bras, implorer son pardon, pleurer sa perte, hurler son désespoir ? Mais il restait encore quelqu’un dans ce parc, lui, en version de poche. La version de poche remarqua sa présence et la façon dont il fixait la silhouette de son frère qui s’éloignait au loin.

« Vous êtes un pédophile ? Jvous préviens, vous le touchez, je vous éclate les dents. »

Le jeune homme se tourna doucement vers lui-même. Qu’est-ce qu’il était stupide quand il était gosse. Comment pouvait-il ainsi parler à un inconnu dont il ne connaissait rien ? Et surtout qui pouvait s’avérer dangereux. Mais ce qui le touchait surtout était la façon dont il protégeait son jumeau… S’il savait que ce serait lui-même qui causerait l’accident et la mort de son frère. Le plus grand porta la main à son cœur et le sentit battre fort, trop fort, démontrant son attitude perturbée. Il devait empêcher ce drame, il le pouvait non ? Il devait le prévenir, absolument. Ainsi, sa propre vie et celle de son frère ne seront pas gâchées. Ils pourraient vivre et s’épanouir ensemble.

Yulian approcha brusquement vers le plus jeune et l’agrippa par les épaules tout en le secouant légèrement au début puis de plus en plus fort.

« Ecoute moi bien ! Tu ne dois pas monter sur le toit ! Tu vas tuer ton frère, tu m’entends ?! NE LE FAIS PAS ! »

« Mais lâchez-moi ! Vous êtes complètement dingue ! »

Yulian sentit son cœur se briser. Comment pouvait il demander à ce petit garçon de croire en ses paroles ? Comment pouvait-il lui faire comprendre qu’il allait tuer son frère et qu’il en souffrirait toute sa vie ? Il était si jeune, si innocent et il voulait tant protéger son frère que le fait de penser qu’il pouvait le tuer était impossible. C’était fou, il le savait et après tout, ce n’était qu’un rêve. Il ne pouvait pas remonter ainsi le temps. Si seulement… Si seulement la chute avait pu faire taire cette souffrance au lieu de la rendre encore plus insupportable.

Alors, il fit la seule chose qu’il pouvait faire en cet instant, laisser sa douleur sortir. Alors, même s’il était fier, il laissa les larmes couler de nouveau sur son visage. Il laissa les sanglots qui l’étouffaient sortir. Pour une fois, il laissa tout simplement sa peine s'évacuer et apaiser son cœur bien trop lourd. Il entoura son corps d’enfant entre ses bras et se laissa tomber à genoux, pleurant au creux du cou de lui enfant tandis que ce dernier ne pouvait rien faire, incapable de comprendre cet adulte bien trop bizarre qui lui ressemblait. Mais bon, lui, il était bien plus beau que cet adulte chouinant comme un bébé et complètement fou à lier. Mais il se contenta d’attendre que les sanglots de l’ainé se calment avant de prendre la parole.

« Je ne comprends pas où vous voulez en venir. Mais je protégerai Demyan, c’est moi le plus grand ! »

L’ainé repoussa doucement le plus jeune et se redressa, essuyant maladroitement ses larmes. Il ne pouvait pas briser cet enfant, il le serait bien assez plus tard. Et après tout, ce n’était qu’un rêve, non...? Il ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas le croire. Alors, la seule chose qu’il allait pouvoir faire, c’était de le préparer un maximum pour la suite, essayer de changer ne serait ce qu’un peu la situation pour que la douleur soit moins grande, pour que sa culpabilité baisse.

« Ecoute moi petit… Profite de ton frère, profite de tes parents. Le bonheur est si fort mais tellement éphémère. Protège Demyan de tout ce qui peut arriver, tu es tout pour lui et il est tout pour toi. Alors, ne fais pas des choses stupides. Pense avant de réfléchir. S’il te plait, pense à tes parents, ne les rends pas malheureux. »

« Je pense à eux ! »

« Pas assez mais plus tard tu comprendras. Profite de ton enfance, de ton entourage. Profite avant que le temps vienne tout te reprendre. Tu dois vivre sans crainte, vivre sans te soucier du futur car tout peut s’arrêter du jour au lendemain. »

« Je ne pense pas tout comprendre… Vous êtes bizarre. »

« Crois-moi, c’est tout. La vie est semée d’embûches, tu trébucheras, tu tomberas plein de fois et tu ne voudras pas attraper les mains qui tentent de t’épargner ou de ralentir ta chute mais tu dois les agripper au vol au contraire. Ton entourage cherche à t’aider, tu n’as pas à tout affronter seul, tu n’y arriveras pas. »

Il ne pouvait plus se sauver, alors peut-être qu’il pourrait préserver et sauver ce petit lui. On lui avait tellement répété ces mots qu’il les connaissait par cœur. Il devait maintenant les transmettre pour que la future douleur soit moins forte, moins insupportable. Pour que lui puisse se relever alors que lui-même ne pouvait plus le faire. Si sa cause à lui était perdu, peut-être venait-il de sauver ce petit ?

Le plus âgé tourna le dos au plus petit avant de commencer à partir.

« Maintenant, je vais partir et te laisser y réfléchir. »

« Attendez ! Qui êtes-vous ? »

« Un messager on va dire. »

Ledit messager suivit le chemin que Demyan avait prit quelques instants plus tôt et il le vit alors, caché, tout près de l’endroit où les deux Yulian venaient d’échanger leur discussion. Yulian se retourna afin de chercher du regard le petit lui mais celui-ci avait disparu. Demyan se releva et se planta face à lui, il se mit alors sur la pointe des pieds et rabattu la capuche en arrière.

« Je vous ai entendu. »

« Demyan ! Je ne voulais pas… »

« Maintenant, tu peux vraiment te vanter d’être le plus grand des deux ! »

« Ce n’est pas drôle idiot ! »

« Je sais… Mais ce n’est pas drôle de te voir dans cet état. Tu sais, si je meurs, je sais que ce ne sera pas de ta faute… Yulian. Tu es mon frère, je t'aime. Et je veux que tu sois heureux… S’il te plait, si je ne peux pas vivre ma vie très longtemps. Vis ta vie pour moi ! »

Les larmes coulèrent alors de concert sur les joues des deux jumeaux aux âges maintenant si différents.

« Je t’en prie ! Ne gâche pas ta vie pour moi ! Au contraire, je veux que tu vives ! JE VEUX QUE TU VIVES ! »

Yulian ouvrit alors les yeux en sentant l’impact et l’eau glacé qui lui tétanisait les membres. Il remonta à la surface et se débattit pour rejoindre le rivage, le visage ruisselant d'eau et de larmes, les mots de Demyan lui marquant l’esprit.

JE VEUX VIVRE !!

« Et je veille sur toi grand frère...»
Yulian Kristianov [KHS]
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Ardashnir (PKMN Ekoe)
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Résumé:




Epreuve n°5 – A celui que j'étaisft. L'Interforum

Ardashnir n'aurait jamais pensé que cette escapade hors des sentiers battus pourrait renfermer une telle surprise.

Afelan, son Statitik, appréciait particulièrement se trouver au contact de la vie sauvage. Et puisque le duo n'était pas dans un esprit d'entraînement, l'érudit avait décidé d'offrir l'opportunité d'une ballade à son compagnon, pour se faire pardonner d'une certaine manière. Ashar avait conscience qu'il n'était pas un dresseur exemplaire, à avoir négligé ainsi une partie de l'éducation de son monstre de poche. Alors le corbeau tentait de se rattraper avec cette petite attention, au plus grand plaisir de la tique hirsute.

Ils passèrent plus d'une heure à rencontrer des Pokémon sauvages, jusqu'à tomber sur un Métamorph assez apathique. L'être de gelée rose semblait avoir une grande mémoire visuelle, capable de reproduire physiquement plusieurs espèces différentes. Mais ce qui était surprenant, c'était sa faculté à imiter le corps humain.

Des enfants, filles ou garçons. Toujours avec de petits cris joyeux, la bête informe passa par une demi-douzaine d'apparences et d'identités. Afelan était plus que ravi de pouvoir grimper sur un autre corps que celui de son maître, et Ardashnir était assez admiratif devant les reproductions quelconques. Nul doute que le Métamorph devait être un ancien Pokémon domestique qui avait été relâché dans la nature, vu son talent.

La curieuse scène prit subitement fin lorsque l'organisme changeur de forme adapta un physique similaire, bien que beaucoup plus jeune, à celui de l'humain qui se dressait devant lui. Artreos se retrouva donc face à une version miniature de lui-même, ce qui était plus que déstabilisant.

L'enfant affichait un air assez déconnecté, en penchant légèrement la tête sur le coté. L'usurpateur n'avait pas l'air spécialement vif, surtout en station immobile. Les vêtements étaient un peu trop grands, les manches débordaient dans le vide sans que cela ne gêne son propriétaire. En tout et pour tout, le Métamorph était le portrait craché d'une personne que l'historien connaissait bien. Seuls ses yeux en point prouvaient qu'il ne s'agissait pas de Ardashnir Artreos d'il y a des années.

Un froncement de sourcils vint immédiatement agrémenter le visage du plus vieux. Son compagnon Statitik était toujours occupé à parcourir de long en large le Pokémon sauvage, avant de se décider à s'installer dans la capuche du jeune garçon. Afelan n'était pas spécialement perturbé par le changement d'apparence. Pire, il semblait l'accepter sans aucun problème. Ce qui n'était pas le cas pour le trentenaire à quelques pas de là.

Ashar secoua la tête, ressentant malgré lui presque de l'offense face à la dernière transformation du Métamorph. Il serrait les dents pour garder son calme.

« Pourquoi as-tu fait cela ? »

A la vocalise inédite, le jeune doppelgänger quitta son état de stupeur pour pousser une exclamation certainement satisfaite. Bien sûr, l'ancien professeur savait qu'il n'obtiendrait aucune réponse de la part du Pokémon. Mais le choc de se revoir vingts ans plus jeune l'avait poussé à faire quelque chose de stupide.

Artreos Enfant se dirigea alors vers son homologue dans l'espoir d'initier un contact physique, mais l'autre recula de deux pas, presque avec peur. L'effet fut immédiat, le Métamorph se stoppa docilement, l'expression toujours redevenue neutre, attendant de recevoir un signe d'acceptation de la part de son aîné. Cette perspective créa lentement une boule au ventre pour le véritable humain.

Qu'était-il censé faire ? L'usurpateur semblait contenté de sa nouvelle identité et n'allait probablement pas changer avant un moment. C'était à l'humain d'agir, mais pour faire quoi ?

Ashar se doutait bien que le Métamorph n'avait pas voulu le blesser, cherchant certainement au contraire à lui faire plaisir. Mais se revoir plus jeune ravivait inéluctablement des doutes que l'historien échouait lamentablement à réprimer. Son incapacité à contrôler son esprit qui dérivait librement dans les affres du passé lui faisait honte. Et que restait-il à faire dans ce silence pesant ?

… Parler. Ce qu'il savait le mieux. Ce qu'il faisait le mieux et ce qu'il aimait le plus. Ce qui définissait Ardashnir. Oui, c'était sa voie. Sa voix.

Et finalement, la tension retombait petit à petit au fur et à mesure que l'action progressait.

« Excuse ma réaction disproportionnée, je n'ai pas vraiment l'habitude du contact humain. Même si dans ton cas, tu ne restes qu'un petit Pokémon. » Le tact n'avait jamais été le fort de l'érudit, même s'il n'avait pas l'air de risquer grand-chose face à son interlocuteur.

« C'est un choix assez pertinent que voilà, et je devrais normalement m'en sentir flatté. » L'historien baissa alors les yeux au sol avec un maigre sourire. Il avait été injuste avec ce Métamorph.

« Mais le contraire se rapproche malheureusement plus de la vérité, j'en ai bien peur. » Il croisa à nouveau les yeux inexpressifs du doppelgänger, avec un souffle nouveau retrouvé. Quelque chose pesait sur le coeur de l'historien, et il comptait bien se libérer de ce fardeau, tout en réfléchissant à voix haute et faisant les cents pas.

« Vois-tu, je n'ai pas eu une enfance très heureuse. Oh, bien sûr, j'étais satisfait à l'époque. J'étais un peu comme toi, pour ainsi dire. Doux et docile. Je ne cherchais qu'à rendre mes parents fiers de moi en étant un élève modèle. Quitte à renoncer à mes convictions profondes. Ils avaient réussi à me formater sans que je n'en prenne conscience une seule seconde. » Etrangement, Ashar ressentait un certain détachement en évoquant son passé. Peut-être parce que personne ne le pressait de se justifier pour une fois. Son interlocuteur se posait uniquement en oreille bienveillante. Alors le jeune homme continua.

« Façonné pour devenir l'espoir d'une retraite confortable, j'étais traité convenablement en tant que leur fils. Mais avec du recul, je me rends compte que l'on m'a privé depuis ma prime enfance d'une affection familiale. Une tare que je crains me traîner encore aujourd'hui. »

C'est vrai. Artreos n'était pas fort dans le domaine social. Et il fallait croire que parler à soi-même plus jeune, même s'il s'agissait d'une illusion, était beaucoup plus facile que de parler à l'un de ses pairs. En quelque sorte, il s'agissait d'une discussion intérieure, une discussion qui se déroulait sur le plan de l'âme autant que le plan extérieur.

« J'étais enseignant dans une autre vie. J'avais des contacts amicaux, des collègues sur qui compter et des élèves à qui prodiguer ma passion. Mais un fameux incident arriva, le coup d'une rumeur mal fondée, mais que je soupçonne de fortement s'approcher du complot. On m'a sciemment évincé de l'académie où je travaillais. Je n'en ai pas les preuves concrètes, mais j'en ai la conviction, et c'est la leçon la plus importante que j'ai pu apprendre de ma vie. »

Plus l'historien soliloquait, plus son sourire se faisait sincère. Il n'était pas en train de convaincre au Métamorph de ce qu'il était capable d'achever. Il était en train de se convaincre lui-même.

« J'ai compris avec le temps que les regrets et les remords n'ont plus lieu d'exister à partir du moment où l'on a volonté de réparer ses erreurs. Mes parents m'avaient peut-être orientés vers une voie qui ne me convenait pas entièrement, mais j'ai pu y découvrir beaucoup de choses intéressantes qui m'ont propulsé là où je suis aujourd'hui. Je peux pleinement vivre mon rêve d'enfance parce que j'ai su relever la tête au plus mal. J'ai su ouvrir ma réflexion au moment où tout semblait s'écrouler autour. On peut toujours trouver une issue à nos malheurs si nous nous en donnons les moyens et l'espoir. Et je ne suis pas peu fier d'avoir assimilé cette notion par l'expérience, malgré l'incertitude et la crainte. »

Ardashnir marqua une pause, le temps de reprendre contenance. C'était comme disposer un cours à une classe, il avait l'habitude à présent des longs monologues et du silence lui répondant.

Afelan choisit cet instant pour émerger de la capuche du Métamorph, prêt à repartir sur son propriétaire premier. L'érudit tendit alors la main pour réceptionner le Statitik, avant d'aller vaguement ébouriffer le cuir chevelu de son jeune sosie. Un acte tout à fait inédit pour le véritable humain, qui se surprenait de plus en plus.

« Evidemment, tu n'es qu'un simple Pokémon. Je ne m'attends pas à ce que tu absorbes le sens de mes paroles. Mais je peux t'assurer que tu constitues une audience formidable, et pour cela je te remercie. Je crois que j'avais réellement besoin de parler de la sorte à quelqu'un. »

Ashar s'écarta sous le regard curieux du Pokémon, qui retrouva sa forme originale peu de temps après. Apparemment, le spectacle avait bien plu au Pokémon, et l'éloquence de l'érudit fit mouche. Un grand sourire venait alors gracier ses lèvres.

« Deviens ce que tu es. N'abandonne jamais. Tu pourras toujours t'en sortir. »

[1 452 mots]

Ardashnir (PKMN Ekoe)
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Dragon [DT]
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Explications:


Le silence religieux de la salle de méditation te permet de faire le vide au sein de ton esprit. Il est tard, la Lune éclaire le ciel de ses rayons scintillants. Assis en tailleur au milieu de cette immense pièce, une baguette d’encens à la fragrance amer brûle à tes côtés. Ce soir, tu n’as pas emporté de rapports sous le bras. Tu as quitté le palais les mains vides, la tête lourde. Les derniers événements aux Enfers ne sont pas déroulés comme prévus, et la présence de ta seconde à tes côtés se révèle de plus en plus nuisible à ton travail. Tu soupires ; un de ces longs soupirs interminables qui te caractérise. Cette nuit, tu vas lire, seulement lire. Pas de réflexions intenses et stratégiques, pas de débats intérieurs endiablés pour savoir si une option est meilleurs qu’une autre. Juste de la lecture, pour reposer la machine qui sommeille en toi. De temps en temps, même le Dragon a besoin d’un peu de solitude et de repos, pour mieux repartir au front.

Soudain, un fin courant d’air vient lécher ton échine, et des frissons mystérieux balaient ta nuque. Tu rouvres un œil, surpris par cette pointe de fraîcheur en plein milieu de l’été. C’est alors que tu l’aperçois. D’abord une ombre informe, se mouvant le long des murs et du sol pour s’approcher de toi. Puis l’imperceptible prend racine, modélise une silhouette gracile, immobile. Les tracés de la sculpture obscure se précisent, pour affiner des contours familiers. Le croquis s’orne de détails, et une personne aux nuances grisées se trace.

Pendant un moment, tu restes abasourdis. Une sensation étrange mue ton cœur de glace. On dirait...toi. Ce visage aux allures puériles te rappelle un petit toi, à une époque où tu n’étais encore qu’un petit garçon naïf du monde et de sa cruauté. Dragonneau choyé par sa famille et aux yeux éclatant de vie. Aujourd’hui, sous ta carapace insensible, ce petit enfant que tu étais est mort. Le revoir ainsi, dans une position identique à la tienne, tel un miroir cathodique de ton être, ne te laisse pas indemne. C’est comme revoir un fantôme.

- Tu es moi n’est-ce pas ?

Le petit bonhomme s’est exprimé. Tes prunelles agate perçantes sonde ce-dernier. Son visage est si expressif, qu’est-il arrivé ? Sa voix une octave supérieure à la tienne trahit un sentiment de respect. Le petit semble si admiratif. Il observe ton bras tatoué les yeux plein d’étoiles, comme absorbé par les courbes de la créature d’encre s’enroulant autour de ton membre supérieur.

- Je suis toi. Deux-cent-quarante trois ans après toi.

A sept ans, les enfants ont le cerveau plein d’histoires, ils ne pensent qu’au jeu, au dernier tour malicieux qu’ils pourraient réaliser ou bien encore à s’instruire pour satisfaire leur insatiable curiosité. N’est-ce pas ? Tu te souviens bien de ce que contenait ton encéphale en ces temps anciens. Des rêves, des peurs, des désirs, tout un arsenal émotionnel qui te fait défaut à présent. Le monde t’a changé Dragon, tu ne pourrais le nier plus longtemps.

Un silence pesant s’installe. Tu observes le petit être compter sur ses doigts minutieusement. Il est vrai que les nombres composés ne sont pas encore à sa portée. La nudité de ses bras fins dépasse de son pyjama orange en lin bien trop grand. Ses iris dorées brillent de milles feux.

- Un jour, tu seras Roi.

Roi ? Le petit bonhomme se gratte la tête, incompréhensif, bouche grande ouverte. Comment un démon de classe moyenne tel que lui, sans force, ni esprit, pourrait devenir un grand souverain ? Où sont ses armées, ses munitions, ses institutions ? La stratégie, la politique, l’économie, des matières abjectes et inconnues encore de ce petit être si loin de la réalité. Tu ne sais pas trop pourquoi tu as tenu à lui avouer son futur. Mais il te semblait nécessaire de lui faire part de cette part de ton présent.

- Je ne veux pas être Roi. Pourquoi je le serais ?

Non, tu ne voulais pas être Roi à cette époque. A vrai dire, tu ne voulais pas grand chose, tu ne savais pas bien ce que tu souhaitais devenir. On t’avait bassiné de devenir, on te proposait une route toute tracée à travers la hiérarchie, mais toi, ce n’était pas ton but. Tout petit déjà, tu refusais d’être mis dans un moule pour coller à la masse. Tu réponds du tac au tac, d’une voix caverneuse mais pédagogue.

- Tu seras Roi, pour changer ce monde qui te révulses. Pour changer tes pairs que tu ne comprends pas, et en finir avec les inégalités qui pullulent là d’où tu viens. Tu vas vivre de grandes aventures, tu vas beaucoup voyager. Et tu apprendras à travers tes expériences que tes rêves ne collent pas avec la réalité.

Parce que tout ne tourne pas toujours rond. Dans la vie, il faut parfois faire des choix qui nous semblent déraisonnables ou qui ne nous conviennent pas, pour le bien de tous, et pour son propre bien être. Seulement, seul un adulte mature peut comprendre le sens d’un sacrifice. Et, il faut de lourdes épaules pour supporter le poids de responsabilités qui nous dépassent.

- Mais, moi je veux juste être un grand soldat. Tu es un grand soldat toi ?

Ton expression se referme plus encore qu’elle ne peut l’être au quotidien. Tu ressembles à une vieille plaque de roche, imperméable. A force des années, et des responsabilités qui incombent à ta position, tu avais oublié. C’est vrai après tout, petit tu ne voulais qu’être grand combattant, couvert d’honneur, comme le veulent souvent les petit garçons. Aujourd’hui regarde toi, tu ne combats presque plus, ta lame se rouille à force de traîner dans son fourreau. Toi, le Dragon militaire, tu ne foules plus tellement le terrain des escarmouches. Tu continues certes à imaginer des stratégies, mais tu perds de vue l’excitation guerrière qui te faisait avancer. Peut-être est-ce pour cette raison que tu sembles faire du sur-place ?

- J’ai été un grand soldat. Aujourd’hui j’en dirige des milliers. Ce n’est pas exactement la même chose, mais c’est assez intéressant.

La petite ombre grisâtre baille. Il est si tard, à cette heure tu dormais normalement déjà, à moins que des cauchemars terribles ne t’extirpent de ton sommeil pour te jouer des mauvais tours. Peut-être est-ce pour cette raison que ton petit toi est debout, alors que minuit est derrière vous. C’est étrange, toi le grand animal insensible, sentirais presque l’envie d’ébouriffer sa petite chevelure brune. Entre les mains du petit toi, tu peux désormais entrevoir une peluche aux allures familières. Ton doudou porte bonheur, que tu gardais avec toi pour les nuits d’insomnies. Voyant que l’observe avec intérêt, le petit garçon le tend vers toi.

- Tiens, prends le. Moi je suis un grand maintenant, je n’ai plus peur des cauchemars.

Récupérant précieusement dans tes mains cet objet, tu le regarde sous toutes les coutures. Il est exactement le même que dans tes souvenirs. Un fin dragon noir aux yeux d’or et aux moustaches d’argent, déployant des ailes de charbon et des griffes d’ivoire. Une petite création achetée sur le marché noir par ton père, et qu’il avait glissé dans ton lit alors que tu dormais. Dire que tu l’avais perdu un jour, tu ne sais plus trop où, quand et comment. Le posant entre tes jambes, tu n’as pas le temps de réagir qu’un fin filet de vent emporte la silhouette en cendres d’ombre.

Tu ne devrais pas perdre de vue tes objectifs Dragon, et ce pourquoi tu es devenu Roi. Tu es un puissant démon en Enfers, et tu as entre tes mains le pouvoir nécessaire pour changer ce monde. Alors ne le gaspille pas pour des personnes qui n’en valent pas la peine. Concentre toi sur tes buts, évite à tout prix ces êtres qui se croient supérieurs, et ne cherche pas à briser leur fierté. En toi vit un animal qui ne demande qu’à se réveiller, et à chasser, combattre, briser les règles. Alors dégaine ton sabre, et fais bouger le monde !
Dragon [DT]
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Invité
Maxwell Kincaid[BN]
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Maxwell Kincaid[BN]
Dim 7 Juil - 22:38


Tous les ans, depuis plus de dix années, entre le 15 et le 16 février, Maxwell effectuait le même pèlerinage vers le cimetière de GreenWood à l’Ouest de Brooklyn… Le trajet était long, et il lui était pénible…  Qu’aller t’-il chercher là-bas ? La bonne conscience d’un fils qui honore la mémoire d’un parent disparu ? Non. Ce n’était rien d’aussi rationnel, c’était quelque chose d’instinctif et de très primaire qui l’amenait sur la tombe d’un père qui maintenant lui semblait inconnu…

Greenwood était un endroit superbe. La famille Kincaid avait acheté une concession il y a bien longtemps … S’il n’y avait pas eu d’accroche son père aurait dû se faire enterrer dans un carré réservé aux policiers de la ville, mais l’enquête des affaires internes en avait décidé autrement en le désignant comme un traître et en salissant sa mémoire.
Greenwood portait bien son nom… C’était extraordinairement vert pour un monstre urbain comme New-York. Ici l’entretien se faisait au minimum, ce qui lui donnait une apparence presque sauvage. Quand Maxwell y venait, les lieux, comme le reste de la ville, avait revêtu son léger manteau blanc de neige et de glace…  On y respirait un calme et une plénitude inattendu, surtout en hiver, la saison éloigné les touristes amateurs de selfies.
Il aimait plus que tout cette sensation d’être hors du temps. Rien ne changeait ici, c’étaient les mêmes pierres, les mêmes arbres, la même allée, toujours semblables à ce qu’ils avaient pu être l’année précédente.
Quand il venait, il prenait un jour de congé pour passer les grilles au moment de l’ouverture. Il n’y avait à ces heures matinales que quelques personnes âgées qui venaient, fidèles, s’occuper des sépultures de leurs défunts.  
Il ne se rendait jamais directement sur la tombe de son père et aimait déambuler dans les allées glacées et embrumées du cimetière.

Soudain le croassement d’une corneille déchira le silence, Max leva la tête pour observer la silhouette de ce funeste oiseau traverser le ciel…

« Pardon monsieur je me suis perdu, vous pouvez m’aider à retrouver mon papa ? »
Le regard de Maxwell plongea alors sur un petit garçon qui s’était accrocher à la manche de son manteau. Il était emmitouflé dans une doudoune bleu, un bonnet rouge enfoncé sur la tête, une écharpe et des gants de la même couleur complétant sa tenue.  Et il n’arrivait pas y croire… C’était lui ! Lui quand il devait avoir 7 ou 8 ans … Cette bouille aux joues pleines, aux grands yeux innocents, c’était vraiment lui enfant ! Max le dévisageait avec tant d’insistance que le pauvre petit bonhomme en devint cramoisie… lui aussi avait été un enfant timide…

« J’ai quelque chose de bizarre Monsieur ? Je ne voulais pas vous embêter, mais J’avais peur tout seul alors … Je… Je.. »
Il avait l’air absolument gêné, angoissé et de grosses larmes menaçaient de couler à tout moment le long ses joues rebondies…
Maxwell comprit qu’il ne pouvait pas rester muet plus longtemps et lui ébouriffa gentiment les cheveux avant de s’accroupir afin d’avoir le visage à la même hauteur que le petit garçon.
« Non, ne t’inquiètes pas. Tu n’as rien de bizarre mon grand ! Moi c’est Maxwell, et toi est-ce que je peux savoir ton nom ? »  Le visage du petit s’illumina et il écarquilla les yeux, exprimant autant de joie que de surprise.
« OOOh ! Moi aussi je m’appelle Maxwell !!!! Mais tout le monde m’appelle Max.  Toi aussi on t’appelle comme ça ? Je suis trop content c’est la première que je rencontre une grande personne qui s’appelle comme moi ! »  Il parlait très fort, avec sa voix stridente d’enfant…
Quel était ce sortilège ? On lui jouait une fois de plus un mauvais tour ?  Non c’était une coïncidence, cela arrive de se retrouver dans les traits d’un enfant et puis Maxwell n’était pas non plus un prénom aussi rare que ça. Max se releva et attrapa doucement la main du petit pour ne pas l’effrayer. «Ahaha oui moi aussi on m’appelle Max. On va avancer de ce côté il y a une sortie, avec un poste de contrôle. Le gardien pourra appeler ta papa depuis cet endroit. Est-ce que ça te va ? »   Le petit hocha la tête s’accrochant fermement à lui et ils commencèrent leur long chemin.
C’était vraiment troublant… Ce petit, c’était son portrait craché, tant physiquement que psychologiquement. Il avait du mal à croire qu’il avait été aussi candide et innocent. Il y avait dans le regard de ce petit bonhomme quelque chose d’insouciant et de confiant qu’il jalousait.
« Toi tu venais voir qui ici ? Avec papa on est venu voir Grand-pépé. Je sais qu’il est parti au ciel et que je ne vais pas vraiment le voir tu sais ! Je suis pas bête… Mais je suis quand même content de lui dire coucou, parce qu’en plus j’ai été pris dans l’équipe de baseball de mon école. Il va être fier ! »  
Un petite pipelette…
L’équipe de baseball, lui aussi il avait commencé à cet âge …  
C’était son père qui avait fier de lui ce jour-là. Il s’était beaucoup entraîné avec ses copains pour y être intégré. Il avait très vite compris que le sport était important chez les hommes de la famille Kincaid et lui aussi devait trouver celui où il s’illustrerai et ce fut le baseball.
« Je viens rendre visite à mon père… »  Il n’aurait jamais pensé prononcer cette phrase à voix haute.
Il sentit la main du petit Max serrer la sienne avec toute la force que peut avoir un enfant de son âge.
« T’as perdu ton papa ? C’est trop triste… Moi je pleurerai tout le temps. Tu sais mon papa il est policier. Il  arrête les gangsters ! Alors c’est dangereux. Mais c’est un gentil… Mais toi t’as pas l’air heureux d’aller voir ton papa … »  Alors qu’il continuait leur chemin dans la brume, il le fixait de ses grands yeux bordés d’une épaisse rangé de cils. Maxwell lui ébouriffa une fois de plus les cheveux. Il vivait dans un monde si simple… D’un côté les méchants et de l’autre les gentils, mais la réalité était toute autre… Depuis la mort de son père et les révélations des services internes Maxwell ne savait plus ce qu’il éprouvait pour cet homme devenu un illustre inconnu. Lui qui avait vécu toute son enfance dans son adoration, avait vu son monde s’écrouler avec son décès. Même si aujourd’hui il menait l’enquête pour comprendre le fin mot de l’histoire, il ne savait pas s’il l’aimait encore…
« Mon papa je ne sais pas si c’est un homme bien comme le tien… Il a peut-être fait d’énormes bêtises et je ne sais si je pourrais le pardonner… »
Le petit poussa un soupir d’exaspération et de mécontentement.
« Ohlalala… Les grands vous êtes compliqués… Moi aussi je fais des grosses bêtises et mon papa et ma maman m’aiment toujours… Pourquoi tu ne peux pas aimer ton papa même s’il a fait des bêtises. Il était gentil avec toi non ? »

Cette question saisi Maxwell, c’était quelque chose qu’il n’avait jamais pensait trop engoncé dans ses principes moraux … Ne pas forcément accepter, pardonner, mais toujours l’aimer qu’importe la vérité… Oui, même s’il avait été un ripou, il était venu à chacun de ses matchs, s’était occupé de lui malade, lui avait appris à faire du vélo etc… Il avait été un bon père, c’était la seule certitude qu’il avait. Les enfants étaient parfois bien plus sages que les adultes.
« Oui c’est vrai… Tu as peut-être raison ».

Ils continuèrent encore quelques minutes leur périple dans Greenwood, l’allé devenant étrangement familière à Maxwell.
De nouveau une corneille laissa entendre son cri, la matinée était bien avancée mais la brume était de plus en plus épaisse. Maxwell serra un peu plus fort la main du petit alors qu’il levait le regard observant l’étrange animal se poser sur la cime d’un très grand arbre…
Soudain, la brume disparue et il ne senti plus la main du petit … Envolé, évaporé, ou-était-il passé ?
D’ailleurs il ne savait plus dans quel secteur du cimetière il était. Max était comme sonné. Il regarda de droite à gauche complétement désorienté. Il se calma légèrement bien que toujours désorienté… Il effectua un demi-tour, il y avait une stéle devant lui :

‘ James Kincaid : 1970-2016 ‘

Les larmes lui montèrent aux yeux :

« Papa ! »

Maxwell Kincaid[BN]
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