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Aroha Kahanui

Aroha Kahanui
"La Terre ne nous appartient pas, nous appartenons à la Terre"
Informations générales

Nom :Kahanui
Prénom.s :Aroha
Âge :38 ans, né le 05 juin 2073
Genre :Masculin
Origines : Polynésie française
Activité :Laborantin - président-directeur général des laboratoires "Amazone", spécialisés dans les dispositifs médicaux du domaine de la procréation (préservatifs, tests de grossesses, tests d’ovulations et contraceptifs d’urgence)
Sexualité :Toujours raisonnablement protégée ("L’amazone", il n'y a que ça de vrai)
Avatar :Jason Momoa (fanart de AStoKo sur deviantart, retouché par mes soins)
Réglement : -
CheminEst toujours plus beau en votre compagnie
Autre :N'oubliez pas le recyclage !
Prénom.s :Aroha
Âge :38 ans, né le 05 juin 2073
Genre :Masculin
Origines : Polynésie française
Activité :Laborantin - président-directeur général des laboratoires "Amazone", spécialisés dans les dispositifs médicaux du domaine de la procréation (préservatifs, tests de grossesses, tests d’ovulations et contraceptifs d’urgence)
Sexualité :Toujours raisonnablement protégée ("L’amazone", il n'y a que ça de vrai)
Avatar :Jason Momoa (fanart de AStoKo sur deviantart, retouché par mes soins)
Réglement : -
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Autre :N'oubliez pas le recyclage !
Histoire
Il était enfant de l’Amour, il était enfant de la Liberté.
Sa mère, métisse japonaise et polynésienne, avait fui son veuvage pour retrouver sa lointaine famille. Découvrir ses origines, comprendre l’histoire des siens. Savoir un peu ce qu’était le monde, hors des frontières si étroites du Japon, loin de l’Incontestable qui depuis trop longtemps l’accablait. S’épanouir sous le chaud soleil du pacifique, guidant ses pas éreintés jusqu’à la douce Polynésie française, terre de ses ancêtres. Jusqu’à ses nombreuses îles, jusqu’au bleu de ses eaux, jusqu’à ses archipels luxurieux. Elle y avait rencontré Poetai et, bien vite, le charme avait opéré. Affection vacillante, union incertaine. Mais ils y avaient cru, malgré la puce source de tant d’anxiété, malgré le temps qui passait en trainant derrière lui trop d’incertitudes. Ils y avaient cru si fort qu’un enfant était né, un enfant prénommé Aroha. Un enfant qui avait très tôt appris à courir dans les vagues, à fouler de ses pieds nus le sable chaud. Un enfant joyeux, rieur, heureux. Un enfant qui avait comme tant d’autres brisé des vitres, cassé des jouets, sauté dans les flaques. Qui s’était battu, qui s’était moqué. Qui avait été battu, qui avait été moqué. Qui avait appris la vie sans souci, se moquant de l’état de ses pantalons souillés de boue, ignorant les coupures sur ses genoux. Un enfant entre deux mondes, alors que s’opposait dans sa vie modernité et racines traditionnelles.
Très tôt, il avait aimé grimper aux arbres, aimé l’odeur de l’humus humide, aimé l’argent des feuilles émeraude dans lequel jouaient les rayons du grand astre solaire. Très tôt, il avait appris à respecter les autres, à respecter le monde, à se respecter lui-même. Avait compris qu’une vie était une vie, qu’un cœur battant méritait le même intérêt qu’un autre. Avait fait fi de la forme, de la couleur, des goûts pour ne s’intéresser qu’au plus important : tout être souffrait, tout être méritait sa pitié. Et puisque les humains en avaient tant à offrir à leurs semblables et si peu aux autres créatures qu’ils massacraient sans regrets, sans remords, alors lui en prendrait soin. Alors lui se battrait pour ceux qui disparaissaient dans l’indifférence totale de ses pairs. Il se souviendrait toujours de ce jour où, âgé de sept ans, ses pas l’avaient trainé sur une plage isolée. L’avaient fait rencontrer quelques hommes fort occupés, penchés par-dessus les tortues encore frémissantes qui agonisaient sur le sable humide. Visages concentrés, voix traînantes. Sans émotions, sans culpabilité. Il se souviendrait des crissements du couteau écorchant la carapace, du craquement des os autant du bruit spongieux de la chair découpée. Il se souviendrait de son incompréhension, de la souillure ressentie dans son âme. Comme si le sang versé venait inonder son esprit, coulant dans son corps, l’imprégnant au plus profond de lui. Un marquage indélébile, une encre ineffaçable, une trace plus prégnante que les tatouages qui plus tard orneraient sa peau. Tout cela pour… manger. Non pas pour se nourrir, non pas pour survivre. Non. Pour le plaisir de manger. Déguster quelques minutes cette viande coûteuse vouée à être exposée sur quelques marchés illégaux, ici ou sur un autre continent. Il se souviendrait de son cri étranglé, de la colère glacée envahissant ses membres, de la peur battante résonnant dans son crâne. Il se souviendrait des regards étonnés levés vers lui, de l’anxiété dans leurs yeux, de leur hésitation alors que leur conflit interne se traduisait nettement : « Doit-on partir ? Rester ? Et si d’autres l’entendaient ? ». Ils avaient fui, finalement. Emportant avec eux une partie de leurs sinistres trophées, délaissant sur la poudre d’or les animaux mutilés, qu’ils fussent vivants ou morts. Et lui, Aroha, avait couru. Couru jusqu’à ces corps amputés, couru dans ce sable rougit, couru dans les ordures que l’eau ramenait au rivage. Avait, tant bien que mal, tenté de soigner de son mieux les pauvres victimes, rendu à l’océan la chanceuse encore entière. Parents prévenus et son père était arrivé avec quelques amis, travaillant dans l’urgence, emportant jusqu’à des soigneurs déjà débordés les reptiles ensanglantés. Ils moururent dans la nuit.
Dès lors, il n’y eut pour Ahora qu’un combat. Celui contre cette horreur qu’il ne comprenait pas, celui qui l’avait fait délaisser viande et poisson dès son retour chez lui, celui qui avait peuplé de couteaux meurtriers ses rêves d’enfants. Pourquoi ? Comment ? Une vie pour quelques pièces, une existence volée pour un éphémère et cruel plaisir. Les enfants qui contemplaient en souriant, derrière les vitres souillées de leurs doigts crasseux, la belle orque qui se mourait en chantant. Les adultes qui pour quelques spectacles troquaient singes et panthères contre d’immondes billets. Tous ces yeux avides de rencontres inédites, tous ces yeux vides de sentiments. Ils ignoraient les cris muets, ils se détournaient face aux larmes accusatrices. Parce que leurs tristes victimes n’avaient pas le même langage, ils souillaient la terre de leur sang. Parce que leurs tristes victimes n’avaient pas la même forme, ils refermaient sur leurs cous de froides et lugubres chaînes. Parce que leurs tristes victimes n’étaient pas humaines, ils les muraient derrière de hauts murs gris ou de jolis barreaux d’or fin. Déforestation, épuisement des sols, pollution des eaux. Fonte des glaces, réchauffement des océans, terres incendiées. C’était donc cela, faire preuve d’humanité ? Et c’était lui que l’on disait fou ? Quels absurdes principes régissaient donc ce monde cruel pour que l’être aimant ne soit vu que comme néfaste, pour que la violence soit si vite adoptée ? « Tu vas trop loin », disaient-ils. « Il est complètement cinglé », murmuraient-ils. Ils colmataient les brèches béantes de leur logique par quelques critiques acerbes, détournaient les yeux de leur culpabilité en évoquant son instabilité. Qu’il aurait aimé n’être que dément. Qu’il aurait aimé que tout ne sorte que de son imagination. Qu’il aurait aimé n’être qu’un pauvre hère enfermé dans une blanche pièce capitonnée, susurrant aux murs ses cauchemars, chuchotant dans sa camisole combien les ténèbres se cachaient dans la lumière. Peut-être l’était-il, après tout ? La réalité qu’il percevait était-elle vraiment la réalité, ou plutôt sa réalité ? Au fond, quelle importance ; dans ce monde comme dans un autre, il se battrait avec la même vigueur, avec la même sauvagerie, que les obstacles fussent réels ou fictifs.
Il n’en était pas moins sérieux, pourtant. Sans être studieux, il demeurait bon élève, attentif à ses professeurs, respectueux de ses camarades. Faisait la fierté de ses parents autant qu’il les inquiétait par sa fougue ; ou plutôt, de ses parents, puis de son père seulement. Car ce n’avait pas été la puce, qui avait séparé le couple toujours heureux, toujours amoureux. Non. C’avait été une chute, rapide, violente, inattendue. Stupide, si stupide... Une barrière mal scellée, une sécurité bâclée et cette ingénieure du bâtiment, pourtant toujours prudente, avait en une fraction de seconde glissé pour achever sa chute précipitée sur le sol poussiéreux du chantier en cours. Elle était morte sur le coup, sans souffrir, sans pleurer. Eux, en revanche, avaient souffert, avaient pleuré. Conjoint endeuillé, fils éploré. La mort avait fauché trop rapidement pour que leurs cœurs n’aient pu seulement se préparer à tel choc, et soudainement leur vie tranquille avait semblé insupportable. Douloureusement insipide. Il y manquait son sourire, sa voix, son regard. La chaleur de sa tendresse, l’écho de ses colères, la beauté de son rire. Son père avait profondément changé depuis cet accident, comme si son âme s’était brisée en même temps que le crâne de sa tendre aimée. Aroha, du haut de ses quinze ans, avait quant à lui d’autant plus plongé dans ses passions et, soutenu de ses amis, surmonté – difficilement – son deuil jusqu’à ce que la vie reprenne peu à peu son cours normal. Ainsi, le temps avait passé, recouvrant ses chagrins, pansant ses plaies, mais sans jamais changer ses convictions. Bien au contraire. Chaque jour, elles se faisaient plus ardentes, plus passionnées, plus profondes. Il avait distribué des tracts, puis aidé à quelques discours en public. Avait finalement offert ses bras afin d’installer quelques barricades, avait finalement tranché des clôtures pour s’infiltrer dans quelques sociétés pollueuses, avait finalement connu la garde-à-vue et les procès expéditifs, avait finalement échappé à la Justice trop débordée pour s’intéresser vraiment aux quelques remous que ce jeune idéologiste provoquait avec ses camarades. Son futur, il ne le rêvait qu’au travers de la protection de l’environnement.
Farouchement décidé à poursuivre des études de pharmacologie, il s’était donné du mal pour apprendre et comprendre les sciences dures, avec la ferme intention de s’intéresser, dès sa possession des connaissances suffisantes, à un problème d’envergure : la surpopulation humaine. Ce qu’il fit dès son entrée dans le supérieur. Puisque l’être humain copulait à tout va et que même dans ses plaisirs les plus intimes il polluait démesurément, Aroha se mit en tête de concevoir un préservatif biodégradable et écologique. L’abstinence semblant hors de la portée du plus grand monde, il s’associa à une collègue biologiste afin de trouver comment concilier ces deux impératifs et pallier ainsi cette démographie catastrophique tout en limitant les déchets contraceptifs.
Et pendant qu’eux cherchaient, le reste de la population proliférait, sans honte, sans gêne, parfois même était forcée de procréer. Lui, peut-être, serait un jour de ceux-là. Avec cette puce qui le contrôlerait, qui l’esclavagiserait. Qui, il le savait, le surveillait déjà, alors que ses seize ans étaient passés depuis longtemps. Comme s’il était japonais, lui qui n’avait jamais posé le pied sur le sol nippon, lui qui ne parlait la langue que parce que ses parents avaient tenu à la lui enseigner afin de parer à tout mariage. Tout cela l’horripilait mais, plus que tout, cette idée seule le dégoûtait. Il voulait aimer et être aimé librement, sans absurde devoir à accomplir auprès d’une personne qu’il ne connaissait pas. Aimer comme il l’aimait, elle.
Elle. Elle était belle, elle était drôle, elle était libre. Sauvage comme un majestueux aigle indomptable, farouche tel le noble tigre inapprochable. Elle se jouait de l’ordre établi avec une déconcertante facilité, brûlait de ses sourires chacun des noirs regards des policiers, chantait ses envies et riait des interdits. Elle était un vent d’été tenace, une rafraichissante tempête hivernale. Elle était belle, parce qu’elle était libre. Et il l’aimait ; parce qu’elle était belle, parce qu’elle était libre. C’était venu, tout naturellement, alors qu’en chœur ils scandaient quelques slogans, alors qu’en courant ils fuyaient les lacrymogènes, alors qu’en chantant ils trinquaient à leur jeunesse. Ils avaient uni leurs mains, joins leurs cœurs. Sachant déjà qu’un jour peut-être une simple machine pourrait briser leur amour, empêcher leurs étreintes. S’en moquant, parce qu’il fallait vivre le présent pour sauver le futur. Parce qu’il n’y avait pour eux pas de place à la peur des lendemains, parce qu’ils refusaient de laisser à d’obscures pouvoirs étrangers la mainmise sur leur relation. Côte à côte, rêve contre rêve, ils avaient avancé dans les années, se soutenant, s’épaulant, dans ce pays ou dans un autre.
Puis le temps était venu effriter leur complicité, les disputes avaient émaillé la tendresse qui les unissait. Pris dans son travail, perdu entre la recherche de financements et d’appuis divers, Aro avait passé nombre de ses nuits au laboratoire tandis que sa compagne réchauffait vainement les draps. Et lorsqu’enfin la réussite avait commencé à paver le chemin de son futur, le laborantin avait vu s’éloigner sa dulcinée… alors même que « L’amazone » trouvait peu à peu sa place sur les marchés – français, puis australien et étatsunien – de la contraception. A peine s’il avait eu le temps de tester son propre produit, quelle ironie… Alors il avait, encore une fois, noyé son chagrin dans ses passions, avait repris ses luttes et ses combats avec ardeur. Dénoncé le trafic de sable et ses nombreuses conséquences écologiques comme sociétales, appelé à boycotter quelques multinationales noircissant les cours d’eau agonisant, n’hésitant jamais à prendre position publiquement, envers et contre tout, qu’important son nouveau statut de chef d’entreprise. Les réseaux sociaux étaient d’importants outils de propagande et il s’en servait sans hésiter alors que son laboratoire et leur produit phare – un préservatif entièrement biodégradable conçu de façon parfaitement écologique – travaillait désormais avec acharnement à la conception de pilules contraceptives sans effets secondaires.
Deux mille cent sept. Il avait reçu une lettre. Rose. Parce qu’il y avait été préparé, il savait déjà ce qu’elle contenait. L’avait survolée brièvement puis jetée sans hésiter ; au recyclage, bien sûr. Quel incompétent du gouvernement nippon avait donc eu l’idée d’utiliser, en ce vingt-deuxième siècle, du papier ? Certes, les courriels aussi étaient polluants, mais eux n’avaient pas besoin d’un transport par bateau ou avion afin d’être acheminés jusqu’à leur destinataire ; lequel préférait d’ailleurs ne jamais rien recevoir. Moins d’une semaine – trop courte pour convenablement préparer son départ et ses implications – était donc passée avant qu’il n’arrive dans ce pays honni dont il savait si peu. Ce nouveau pays qui devenait son pays. Simple principe de montrer son désaccord envers cette règle idiote et cette violation outrageuse de sa liberté, il avait manqué laisser la milice l’entrainer de force jusqu’à la cellule mais, parce qu’il avait un déménagement à organiser et des dispositions professionnelles à prendre, il s’était finalement résigné à œuvrer de son plein gré… pour cette fois.
Deux mille cent sept. Il avait rencontré sa première épouse. Megumi. Megumi Kahanui, depuis une semaine. Quarante-sept ans, ancienne mère porteuse, pro Incontestable. Nouvelle ironie du destin. Cette machine, cette stupide machine, avait-elle vraiment cru qu’imposer à deux opposés une telle relation pouvait véritablement marcher ?
Sans surprise, ils ne s’étaient jamais entendus, alors qu’il n’avait aucune affection pour cet être lobotomisé clamant combien le système en place était nécessaire à la survie du peuple japonais. Alors qu’elle regardait avec dégoût sa peau halée, grimaçait chaque fois qu’elle percevait son accent prononcé. Après trois mois de mariage, ils s’étaient entredéchirés après que le laborantin eut rejoint la marche des Incontrôlables. Retrouvé la violence, les cris, les coups, les fumées et le sang. C’avait été pire, pourtant, que tout ce qu’il avait connu ; et qu’elles avaient semblé loin, les manifestations de sa jeunesse, aussi violentes aient-elles parfois pu être. C’était ici bien différent ; tant de rancœur accumulée en ces êtres pourchassant leur liberté que la rue soudain était devenue champ de guerre. Explosions. Comment le feu pouvait-il espérer dévorer le pouvoir en place ? Comment de paisibles citoyens pouvaient préparer de tels attentats ? Risquer des vies d’innocents ? Non, il n’avait pu cautionner d’aller si loin, de se risquer à de telles extrémités. Le reste, en revanche… Aroha l’avait accepté, approuvé même. Cet appel à la désobéissance, c’était un sursaut de conscience des japonais. Et la rage excusait presque tout. Il fallait réveiller le monde, secouer chacun de ces êtres trop dociles, pointer du doigt combien il était bon de prendre en main son destin.
Puis la nuit s’était achevée, et avec elle cette révolte trop vite étouffée. La cellule. Megumi, qui le dévisageait d’un œil accusateur. Le baiser à accomplir. Puis reprendre sa vie trop tranquille, entre futiles obligations, travail continu, réunions d’associations environnementales, alors qu’il ne brûlait que de voir recommencer cette rébellion pleine de promesses ; mais, cette fois, un peu plus apaisée. Après tout, ce devait être possible, non ? De raviver la flamme de la révolte, de la dompter pour que le calme règne, de n’allumer que la bougie éclairant leurs futurs plutôt que l’incendie ravageur. Il y croyait ; du moins, il voulait y croire. Mais Shukumei était passé et avait dévasté une partie du pays, emportant dans ses eaux troubles ses espoirs d’un avenir prometteur.
Machine folle, Nature folle. Population folle. Le monde entier se détraquait sous ses yeux affligés. Serait-il seulement possible de réparer la matrice délirante de cet univers disloqué ? Appartement détruit, épouse amputée d’une jambe. Lui, en revanche, s’en tirait fort bien, pour l’excellente raison qu’il était alors en déplacement professionnel à cet instant. Avait malgré tout appris la mort d’un ami proche comme de plusieurs collègues. Il avait fermé les yeux, empli de fureur, empli de douleur. Vomi son mépris pour la politique natale du Japon et les conséquences de la surpopulation humaine sur les réseaux sociaux, avant de rentrer dans ce pays maudit des dieux comme des mortels. Et découvert – comme si un mariage ne suffisait pas – qu’un second couple avait été greffé au sien. L’Incontestable déraillait. Et eux n’avaient, pauvres et tristes esclaves du système, d’autre choix que d’obéir pour ne pas risquer de périr. Cela avait duré peu de temps, certes, puisque rapidement la situation était revenue à la normale ; pourtant ce ménage à quatre l’avait profondément ébranlé. Embrasser, chaque jour, non pas une étrangère mais trois ; et Megumi handicapée qui, malgré leur mésentente, se raccrochait à lui avec désespoir, ivre du besoin d’aide et de soutien dans ce quotidien bouleversé. Au moins cette tragédie leur offrit-elle de recoller quelques lambeaux de leur couple déchiré, jusqu’à ce que, comme une excuse silencieuse, l’Incontestable ne prononce un an plus tard leur divorce.
Ce fut donc très fraîchement divorcé qu’Aroha participa à la commémoration de Shukumei, aussi chagrin de se souvenir des nombreux disparus que soulagé qu’ait pris fin ce cauchemar marital. Sans difficulté, il reprit ses habitudes de célibataire, gérant avec soin ses produits pharmaceutiques, raillant les politiques polluantes et les lobbys surpuissants – et si le Japon n’était guère la Terre Promise pour le développement économique de son laboratoire, France et Australie accueillaient toujours avec enthousiasme sa gamme particulière sur leurs marchés. Les choses semblaient enfin s’apaiser, un peu.
Puis vint l’été deux-mille-cent-onze et, avec lui, de nouveaux morts, de nouvelles victimes. Epidémie mystérieuse, mortalité soudaine. Puis, après quelques mois, de nouveaux morts. Faux, cette fois. Des morts, mais vivants. Quelques élus qui, semblait-il, qui avaient eu la chance immense d’avoir disparu des radars du gouvernement nippon. De pouvoir fuir, disparaître. Il les avait enviés, beaucoup même. Avait rêvé d’à son tour se glisser dans un bateau, s’éloigner au plus vite de cette dictature qui l’avait enrôlé de force dans ses rangs. Alors, à défaut de pouvoir le faire, il avait sans hésiter aidé quiconque en avait besoin, qu’il s’agisse de collègues ou d’inconnus, même les plus timides, même les plus empotés. Quiconque démontrait son courage par la fuite loin de cette prison sans barreaux méritait amplement son soutien comme son respect.
Et il espère toujours en silence avoir un jour cette chance, à son tour, de pouvoir s’envoler bien loin de ces contrées oppressives, quels qu’en soient les risques, quels qu’en soit le prix. Juste échapper à un nouveau mariage que, déjà, il sait qu’il rejettera. Retrouver, surtout, sa trop lointaine liberté, dont l’écho résonne encore dans son âme, dont le murmure vient d’au-delà l’océan bleu.
Sa mère, métisse japonaise et polynésienne, avait fui son veuvage pour retrouver sa lointaine famille. Découvrir ses origines, comprendre l’histoire des siens. Savoir un peu ce qu’était le monde, hors des frontières si étroites du Japon, loin de l’Incontestable qui depuis trop longtemps l’accablait. S’épanouir sous le chaud soleil du pacifique, guidant ses pas éreintés jusqu’à la douce Polynésie française, terre de ses ancêtres. Jusqu’à ses nombreuses îles, jusqu’au bleu de ses eaux, jusqu’à ses archipels luxurieux. Elle y avait rencontré Poetai et, bien vite, le charme avait opéré. Affection vacillante, union incertaine. Mais ils y avaient cru, malgré la puce source de tant d’anxiété, malgré le temps qui passait en trainant derrière lui trop d’incertitudes. Ils y avaient cru si fort qu’un enfant était né, un enfant prénommé Aroha. Un enfant qui avait très tôt appris à courir dans les vagues, à fouler de ses pieds nus le sable chaud. Un enfant joyeux, rieur, heureux. Un enfant qui avait comme tant d’autres brisé des vitres, cassé des jouets, sauté dans les flaques. Qui s’était battu, qui s’était moqué. Qui avait été battu, qui avait été moqué. Qui avait appris la vie sans souci, se moquant de l’état de ses pantalons souillés de boue, ignorant les coupures sur ses genoux. Un enfant entre deux mondes, alors que s’opposait dans sa vie modernité et racines traditionnelles.
Très tôt, il avait aimé grimper aux arbres, aimé l’odeur de l’humus humide, aimé l’argent des feuilles émeraude dans lequel jouaient les rayons du grand astre solaire. Très tôt, il avait appris à respecter les autres, à respecter le monde, à se respecter lui-même. Avait compris qu’une vie était une vie, qu’un cœur battant méritait le même intérêt qu’un autre. Avait fait fi de la forme, de la couleur, des goûts pour ne s’intéresser qu’au plus important : tout être souffrait, tout être méritait sa pitié. Et puisque les humains en avaient tant à offrir à leurs semblables et si peu aux autres créatures qu’ils massacraient sans regrets, sans remords, alors lui en prendrait soin. Alors lui se battrait pour ceux qui disparaissaient dans l’indifférence totale de ses pairs. Il se souviendrait toujours de ce jour où, âgé de sept ans, ses pas l’avaient trainé sur une plage isolée. L’avaient fait rencontrer quelques hommes fort occupés, penchés par-dessus les tortues encore frémissantes qui agonisaient sur le sable humide. Visages concentrés, voix traînantes. Sans émotions, sans culpabilité. Il se souviendrait des crissements du couteau écorchant la carapace, du craquement des os autant du bruit spongieux de la chair découpée. Il se souviendrait de son incompréhension, de la souillure ressentie dans son âme. Comme si le sang versé venait inonder son esprit, coulant dans son corps, l’imprégnant au plus profond de lui. Un marquage indélébile, une encre ineffaçable, une trace plus prégnante que les tatouages qui plus tard orneraient sa peau. Tout cela pour… manger. Non pas pour se nourrir, non pas pour survivre. Non. Pour le plaisir de manger. Déguster quelques minutes cette viande coûteuse vouée à être exposée sur quelques marchés illégaux, ici ou sur un autre continent. Il se souviendrait de son cri étranglé, de la colère glacée envahissant ses membres, de la peur battante résonnant dans son crâne. Il se souviendrait des regards étonnés levés vers lui, de l’anxiété dans leurs yeux, de leur hésitation alors que leur conflit interne se traduisait nettement : « Doit-on partir ? Rester ? Et si d’autres l’entendaient ? ». Ils avaient fui, finalement. Emportant avec eux une partie de leurs sinistres trophées, délaissant sur la poudre d’or les animaux mutilés, qu’ils fussent vivants ou morts. Et lui, Aroha, avait couru. Couru jusqu’à ces corps amputés, couru dans ce sable rougit, couru dans les ordures que l’eau ramenait au rivage. Avait, tant bien que mal, tenté de soigner de son mieux les pauvres victimes, rendu à l’océan la chanceuse encore entière. Parents prévenus et son père était arrivé avec quelques amis, travaillant dans l’urgence, emportant jusqu’à des soigneurs déjà débordés les reptiles ensanglantés. Ils moururent dans la nuit.
Dès lors, il n’y eut pour Ahora qu’un combat. Celui contre cette horreur qu’il ne comprenait pas, celui qui l’avait fait délaisser viande et poisson dès son retour chez lui, celui qui avait peuplé de couteaux meurtriers ses rêves d’enfants. Pourquoi ? Comment ? Une vie pour quelques pièces, une existence volée pour un éphémère et cruel plaisir. Les enfants qui contemplaient en souriant, derrière les vitres souillées de leurs doigts crasseux, la belle orque qui se mourait en chantant. Les adultes qui pour quelques spectacles troquaient singes et panthères contre d’immondes billets. Tous ces yeux avides de rencontres inédites, tous ces yeux vides de sentiments. Ils ignoraient les cris muets, ils se détournaient face aux larmes accusatrices. Parce que leurs tristes victimes n’avaient pas le même langage, ils souillaient la terre de leur sang. Parce que leurs tristes victimes n’avaient pas la même forme, ils refermaient sur leurs cous de froides et lugubres chaînes. Parce que leurs tristes victimes n’étaient pas humaines, ils les muraient derrière de hauts murs gris ou de jolis barreaux d’or fin. Déforestation, épuisement des sols, pollution des eaux. Fonte des glaces, réchauffement des océans, terres incendiées. C’était donc cela, faire preuve d’humanité ? Et c’était lui que l’on disait fou ? Quels absurdes principes régissaient donc ce monde cruel pour que l’être aimant ne soit vu que comme néfaste, pour que la violence soit si vite adoptée ? « Tu vas trop loin », disaient-ils. « Il est complètement cinglé », murmuraient-ils. Ils colmataient les brèches béantes de leur logique par quelques critiques acerbes, détournaient les yeux de leur culpabilité en évoquant son instabilité. Qu’il aurait aimé n’être que dément. Qu’il aurait aimé que tout ne sorte que de son imagination. Qu’il aurait aimé n’être qu’un pauvre hère enfermé dans une blanche pièce capitonnée, susurrant aux murs ses cauchemars, chuchotant dans sa camisole combien les ténèbres se cachaient dans la lumière. Peut-être l’était-il, après tout ? La réalité qu’il percevait était-elle vraiment la réalité, ou plutôt sa réalité ? Au fond, quelle importance ; dans ce monde comme dans un autre, il se battrait avec la même vigueur, avec la même sauvagerie, que les obstacles fussent réels ou fictifs.
Il n’en était pas moins sérieux, pourtant. Sans être studieux, il demeurait bon élève, attentif à ses professeurs, respectueux de ses camarades. Faisait la fierté de ses parents autant qu’il les inquiétait par sa fougue ; ou plutôt, de ses parents, puis de son père seulement. Car ce n’avait pas été la puce, qui avait séparé le couple toujours heureux, toujours amoureux. Non. C’avait été une chute, rapide, violente, inattendue. Stupide, si stupide... Une barrière mal scellée, une sécurité bâclée et cette ingénieure du bâtiment, pourtant toujours prudente, avait en une fraction de seconde glissé pour achever sa chute précipitée sur le sol poussiéreux du chantier en cours. Elle était morte sur le coup, sans souffrir, sans pleurer. Eux, en revanche, avaient souffert, avaient pleuré. Conjoint endeuillé, fils éploré. La mort avait fauché trop rapidement pour que leurs cœurs n’aient pu seulement se préparer à tel choc, et soudainement leur vie tranquille avait semblé insupportable. Douloureusement insipide. Il y manquait son sourire, sa voix, son regard. La chaleur de sa tendresse, l’écho de ses colères, la beauté de son rire. Son père avait profondément changé depuis cet accident, comme si son âme s’était brisée en même temps que le crâne de sa tendre aimée. Aroha, du haut de ses quinze ans, avait quant à lui d’autant plus plongé dans ses passions et, soutenu de ses amis, surmonté – difficilement – son deuil jusqu’à ce que la vie reprenne peu à peu son cours normal. Ainsi, le temps avait passé, recouvrant ses chagrins, pansant ses plaies, mais sans jamais changer ses convictions. Bien au contraire. Chaque jour, elles se faisaient plus ardentes, plus passionnées, plus profondes. Il avait distribué des tracts, puis aidé à quelques discours en public. Avait finalement offert ses bras afin d’installer quelques barricades, avait finalement tranché des clôtures pour s’infiltrer dans quelques sociétés pollueuses, avait finalement connu la garde-à-vue et les procès expéditifs, avait finalement échappé à la Justice trop débordée pour s’intéresser vraiment aux quelques remous que ce jeune idéologiste provoquait avec ses camarades. Son futur, il ne le rêvait qu’au travers de la protection de l’environnement.
Farouchement décidé à poursuivre des études de pharmacologie, il s’était donné du mal pour apprendre et comprendre les sciences dures, avec la ferme intention de s’intéresser, dès sa possession des connaissances suffisantes, à un problème d’envergure : la surpopulation humaine. Ce qu’il fit dès son entrée dans le supérieur. Puisque l’être humain copulait à tout va et que même dans ses plaisirs les plus intimes il polluait démesurément, Aroha se mit en tête de concevoir un préservatif biodégradable et écologique. L’abstinence semblant hors de la portée du plus grand monde, il s’associa à une collègue biologiste afin de trouver comment concilier ces deux impératifs et pallier ainsi cette démographie catastrophique tout en limitant les déchets contraceptifs.
Et pendant qu’eux cherchaient, le reste de la population proliférait, sans honte, sans gêne, parfois même était forcée de procréer. Lui, peut-être, serait un jour de ceux-là. Avec cette puce qui le contrôlerait, qui l’esclavagiserait. Qui, il le savait, le surveillait déjà, alors que ses seize ans étaient passés depuis longtemps. Comme s’il était japonais, lui qui n’avait jamais posé le pied sur le sol nippon, lui qui ne parlait la langue que parce que ses parents avaient tenu à la lui enseigner afin de parer à tout mariage. Tout cela l’horripilait mais, plus que tout, cette idée seule le dégoûtait. Il voulait aimer et être aimé librement, sans absurde devoir à accomplir auprès d’une personne qu’il ne connaissait pas. Aimer comme il l’aimait, elle.
Elle. Elle était belle, elle était drôle, elle était libre. Sauvage comme un majestueux aigle indomptable, farouche tel le noble tigre inapprochable. Elle se jouait de l’ordre établi avec une déconcertante facilité, brûlait de ses sourires chacun des noirs regards des policiers, chantait ses envies et riait des interdits. Elle était un vent d’été tenace, une rafraichissante tempête hivernale. Elle était belle, parce qu’elle était libre. Et il l’aimait ; parce qu’elle était belle, parce qu’elle était libre. C’était venu, tout naturellement, alors qu’en chœur ils scandaient quelques slogans, alors qu’en courant ils fuyaient les lacrymogènes, alors qu’en chantant ils trinquaient à leur jeunesse. Ils avaient uni leurs mains, joins leurs cœurs. Sachant déjà qu’un jour peut-être une simple machine pourrait briser leur amour, empêcher leurs étreintes. S’en moquant, parce qu’il fallait vivre le présent pour sauver le futur. Parce qu’il n’y avait pour eux pas de place à la peur des lendemains, parce qu’ils refusaient de laisser à d’obscures pouvoirs étrangers la mainmise sur leur relation. Côte à côte, rêve contre rêve, ils avaient avancé dans les années, se soutenant, s’épaulant, dans ce pays ou dans un autre.
Puis le temps était venu effriter leur complicité, les disputes avaient émaillé la tendresse qui les unissait. Pris dans son travail, perdu entre la recherche de financements et d’appuis divers, Aro avait passé nombre de ses nuits au laboratoire tandis que sa compagne réchauffait vainement les draps. Et lorsqu’enfin la réussite avait commencé à paver le chemin de son futur, le laborantin avait vu s’éloigner sa dulcinée… alors même que « L’amazone » trouvait peu à peu sa place sur les marchés – français, puis australien et étatsunien – de la contraception. A peine s’il avait eu le temps de tester son propre produit, quelle ironie… Alors il avait, encore une fois, noyé son chagrin dans ses passions, avait repris ses luttes et ses combats avec ardeur. Dénoncé le trafic de sable et ses nombreuses conséquences écologiques comme sociétales, appelé à boycotter quelques multinationales noircissant les cours d’eau agonisant, n’hésitant jamais à prendre position publiquement, envers et contre tout, qu’important son nouveau statut de chef d’entreprise. Les réseaux sociaux étaient d’importants outils de propagande et il s’en servait sans hésiter alors que son laboratoire et leur produit phare – un préservatif entièrement biodégradable conçu de façon parfaitement écologique – travaillait désormais avec acharnement à la conception de pilules contraceptives sans effets secondaires.
Deux mille cent sept. Il avait reçu une lettre. Rose. Parce qu’il y avait été préparé, il savait déjà ce qu’elle contenait. L’avait survolée brièvement puis jetée sans hésiter ; au recyclage, bien sûr. Quel incompétent du gouvernement nippon avait donc eu l’idée d’utiliser, en ce vingt-deuxième siècle, du papier ? Certes, les courriels aussi étaient polluants, mais eux n’avaient pas besoin d’un transport par bateau ou avion afin d’être acheminés jusqu’à leur destinataire ; lequel préférait d’ailleurs ne jamais rien recevoir. Moins d’une semaine – trop courte pour convenablement préparer son départ et ses implications – était donc passée avant qu’il n’arrive dans ce pays honni dont il savait si peu. Ce nouveau pays qui devenait son pays. Simple principe de montrer son désaccord envers cette règle idiote et cette violation outrageuse de sa liberté, il avait manqué laisser la milice l’entrainer de force jusqu’à la cellule mais, parce qu’il avait un déménagement à organiser et des dispositions professionnelles à prendre, il s’était finalement résigné à œuvrer de son plein gré… pour cette fois.
Deux mille cent sept. Il avait rencontré sa première épouse. Megumi. Megumi Kahanui, depuis une semaine. Quarante-sept ans, ancienne mère porteuse, pro Incontestable. Nouvelle ironie du destin. Cette machine, cette stupide machine, avait-elle vraiment cru qu’imposer à deux opposés une telle relation pouvait véritablement marcher ?
Sans surprise, ils ne s’étaient jamais entendus, alors qu’il n’avait aucune affection pour cet être lobotomisé clamant combien le système en place était nécessaire à la survie du peuple japonais. Alors qu’elle regardait avec dégoût sa peau halée, grimaçait chaque fois qu’elle percevait son accent prononcé. Après trois mois de mariage, ils s’étaient entredéchirés après que le laborantin eut rejoint la marche des Incontrôlables. Retrouvé la violence, les cris, les coups, les fumées et le sang. C’avait été pire, pourtant, que tout ce qu’il avait connu ; et qu’elles avaient semblé loin, les manifestations de sa jeunesse, aussi violentes aient-elles parfois pu être. C’était ici bien différent ; tant de rancœur accumulée en ces êtres pourchassant leur liberté que la rue soudain était devenue champ de guerre. Explosions. Comment le feu pouvait-il espérer dévorer le pouvoir en place ? Comment de paisibles citoyens pouvaient préparer de tels attentats ? Risquer des vies d’innocents ? Non, il n’avait pu cautionner d’aller si loin, de se risquer à de telles extrémités. Le reste, en revanche… Aroha l’avait accepté, approuvé même. Cet appel à la désobéissance, c’était un sursaut de conscience des japonais. Et la rage excusait presque tout. Il fallait réveiller le monde, secouer chacun de ces êtres trop dociles, pointer du doigt combien il était bon de prendre en main son destin.
Puis la nuit s’était achevée, et avec elle cette révolte trop vite étouffée. La cellule. Megumi, qui le dévisageait d’un œil accusateur. Le baiser à accomplir. Puis reprendre sa vie trop tranquille, entre futiles obligations, travail continu, réunions d’associations environnementales, alors qu’il ne brûlait que de voir recommencer cette rébellion pleine de promesses ; mais, cette fois, un peu plus apaisée. Après tout, ce devait être possible, non ? De raviver la flamme de la révolte, de la dompter pour que le calme règne, de n’allumer que la bougie éclairant leurs futurs plutôt que l’incendie ravageur. Il y croyait ; du moins, il voulait y croire. Mais Shukumei était passé et avait dévasté une partie du pays, emportant dans ses eaux troubles ses espoirs d’un avenir prometteur.
Machine folle, Nature folle. Population folle. Le monde entier se détraquait sous ses yeux affligés. Serait-il seulement possible de réparer la matrice délirante de cet univers disloqué ? Appartement détruit, épouse amputée d’une jambe. Lui, en revanche, s’en tirait fort bien, pour l’excellente raison qu’il était alors en déplacement professionnel à cet instant. Avait malgré tout appris la mort d’un ami proche comme de plusieurs collègues. Il avait fermé les yeux, empli de fureur, empli de douleur. Vomi son mépris pour la politique natale du Japon et les conséquences de la surpopulation humaine sur les réseaux sociaux, avant de rentrer dans ce pays maudit des dieux comme des mortels. Et découvert – comme si un mariage ne suffisait pas – qu’un second couple avait été greffé au sien. L’Incontestable déraillait. Et eux n’avaient, pauvres et tristes esclaves du système, d’autre choix que d’obéir pour ne pas risquer de périr. Cela avait duré peu de temps, certes, puisque rapidement la situation était revenue à la normale ; pourtant ce ménage à quatre l’avait profondément ébranlé. Embrasser, chaque jour, non pas une étrangère mais trois ; et Megumi handicapée qui, malgré leur mésentente, se raccrochait à lui avec désespoir, ivre du besoin d’aide et de soutien dans ce quotidien bouleversé. Au moins cette tragédie leur offrit-elle de recoller quelques lambeaux de leur couple déchiré, jusqu’à ce que, comme une excuse silencieuse, l’Incontestable ne prononce un an plus tard leur divorce.
Ce fut donc très fraîchement divorcé qu’Aroha participa à la commémoration de Shukumei, aussi chagrin de se souvenir des nombreux disparus que soulagé qu’ait pris fin ce cauchemar marital. Sans difficulté, il reprit ses habitudes de célibataire, gérant avec soin ses produits pharmaceutiques, raillant les politiques polluantes et les lobbys surpuissants – et si le Japon n’était guère la Terre Promise pour le développement économique de son laboratoire, France et Australie accueillaient toujours avec enthousiasme sa gamme particulière sur leurs marchés. Les choses semblaient enfin s’apaiser, un peu.
Puis vint l’été deux-mille-cent-onze et, avec lui, de nouveaux morts, de nouvelles victimes. Epidémie mystérieuse, mortalité soudaine. Puis, après quelques mois, de nouveaux morts. Faux, cette fois. Des morts, mais vivants. Quelques élus qui, semblait-il, qui avaient eu la chance immense d’avoir disparu des radars du gouvernement nippon. De pouvoir fuir, disparaître. Il les avait enviés, beaucoup même. Avait rêvé d’à son tour se glisser dans un bateau, s’éloigner au plus vite de cette dictature qui l’avait enrôlé de force dans ses rangs. Alors, à défaut de pouvoir le faire, il avait sans hésiter aidé quiconque en avait besoin, qu’il s’agisse de collègues ou d’inconnus, même les plus timides, même les plus empotés. Quiconque démontrait son courage par la fuite loin de cette prison sans barreaux méritait amplement son soutien comme son respect.
Et il espère toujours en silence avoir un jour cette chance, à son tour, de pouvoir s’envoler bien loin de ces contrées oppressives, quels qu’en soient les risques, quels qu’en soit le prix. Juste échapper à un nouveau mariage que, déjà, il sait qu’il rejettera. Retrouver, surtout, sa trop lointaine liberté, dont l’écho résonne encore dans son âme, dont le murmure vient d’au-delà l’océan bleu.
Physique

Un roc, massif, sombre, impressionnant. Imposant et effrayant. Une montagne sauvage et conquérante d’un mètre quatre-vingt-onze pour quatre-vingt-quinze kilogrammes, capturant l’attention, saisissant les regards. Musculature saillante, épaules larges, squelette épais. Son impressionnante silhouette est recouverte d’une peau brune aux reflets dorés, parfois entrecoupée de l’encre noire de ses tatouages ; ceux-ci, ornant bras, épaules et mollets, ne sont qu’entrelacs délicats, océan stylisé, pikorua envoûtant. En somme, langue muette d’un peuple conservant amoureusement ses secrets, protégeant anxieusement les mystères de sa culture, la puissance de son histoire ; car les tatouages sont à son peuple ce qu’est le kimono aux japonais. Alors qu’importent les préjugés, qu’importent les regards méfiants. Ces gravures dans sa chair, Aroha les arbore avec fierté. Avec superbe. Et si d’aucuns, dans leur ignorance crasse, le lient aux yakuzas, il se rit de leur bêtise, ignore leur sottise. N’attardant qu’à peine sur eux les iris ambrés et profonds de ses yeux allongés, que d’épais sourcils de forme circonflexe ne rendent que plus impressionnants ; l’un d’eux, d’ailleurs, est fendu d’une cicatrice droite, souvenir indésirable d’une empoignade musclée avec les forces de l’ordre. Ce regard, empli du feu ardent de sa vitalité, fait oublier, presque, le long nez à peine crochu. Occulte les lèvres pleines au sourire facile, que dissimule une barbe noire et fournie venant lui grignoter les joues avec ardeur – cherchez bien, peut-être y découvrirez-vous une timide fossette. Parure naturelle, présent de sa pilosité drue, ce long fleuve sombre longe les pommettes larges pour se jeter dans la mer de cheveux sombres et ondulés retombant souplement sur sa nuque. Peut-être est-ce cette crinière épaisse, le plus souvent laissée libre et lâche, qui lui confère cette aura d’être indompté comme indomptable. Ou serait-ce sa démarche souple et rapide malgré sa haute stature ? Ses gestes précis qui, quoi que contenus, semblent déborder d’énergie ? Sa voix grave et profonde, tremblement de terre au débit lent ? Un rire, pourtant, et soudainement son visage que l’âge a marqué de stries légères s’illumine. Un rire, et l’inaccessible montagne ne semble non plus synonyme de quelques dangers brûlants, mais plutôt douce invitation à de belles promenades ensoleillées.
Caractère
S’il est montagne d’apparence, son cœur lui est volcan. Grondant, grognant, brûlant, n’attendant que de rugir forcément, de s’élancer à l’assaut du monde, de guérir de ses maux l’univers entier. Secouer chacun des irresponsables qui contribuerait à le rendre plus mauvais, hurler sur tous ceux qui dédaignerait respecter Dame Nature. Car s’il est une chose qui importe à Aroha, s’il n’en est qu’une pour laquelle il est prêt à verser son sang, sacrifier sa vie, c’est bien l’écologie. Il a au fond de lui l’ardent désir de voir reverdir les forêts mourantes, d’entendre encore l’écho lointain des chants des baleines, de s’enivrer à jamais du pépiement joyeux des oiseaux sauvages. De rendre à chacun sa liberté, la vraie, celle que ce vingt-deuxième siècle a oublié depuis trop longtemps. Celle que l’humain a immolé sur l’autel des plaisirs égoïstes. Et l’indifférence froide de ses pairs ne fait qu’attiser sa colère, le dédain glacial de ses semblables ne le rend que plus combatif. Déterminé à rallier à sa cause toutes les générations, à raviver dans ces esprits gelés par l’individualisme le besoin de se rattacher à la nature. Dans cette lutte, il met sa passion, sa fougue, son énergie entière. Triste de n’arriver jamais qu’à de petites victoires alors que les grandes batailles se perdent trop souvent. Brisé de contempler sous ses pieds les cendres qui se répandent jusque dans sa bouche, emplissant sa gorge de l’amer goût de l’échec. Plusieurs dizaines d’années de combat déjà ; pourtant, utopiste, il espère encore un jour réussir. N’aspire qu’à savoir que lorsque viendra sa mort, alors une étincelle d’espoir subsistera. Que d’autres prendront sa place, se tenant par la main comme lui l’a si souvent fait avec ses compagnons, opposant un sourire aux gueules béantes des armes de répression, levant haut les bras pour appeler les redoutables machines meurtrières à cesser de broyer le bois fragile, hurlant en chœur aux proies de fuir les terribles chasseurs. Certains le disent extrême, peut-être ont-ils raison ; mais n’est-ce pas nécessaire, lorsque le combat est si inégal ? S’il ne l’est pas, comment pourrait-t-il envisager marquer les esprits, aussi charismatique soit-il ? Jamais nulle critique ne saurait briser ses élans. Oh, le temps l’a – peut-être – un peu assagi. Lui a appris davantage la patience, un peu plus la conciliation. Il n’en demeure pas moins facilement provocant, souvent rebelle ; s’affirme comme esprit libre et indépendant, haïssant les chaînes que tente de jeter sur lui la société, rageant de ne pouvoir éveiller celle-ci sur ce qu’elle est devenue.
S’il est combatif et impulsif dans ses convictions, le scientifique n’en est toutefois pas moins intelligent et prudent dans son travail comme réservé dans sa vie personnelle. Il s’attache peu, demeure méfiant dans ses relations, préférant l’affection sincère de quelques animaux blessés recueillis à celui d’autres humains. Il n’en est pas moins loyal envers ses proches, leur offrant volontiers de son temps libre et accourant naturellement à leur secours. Un appel, un cri, et il leur offre ses bras pour les soutenir, ses épaules pour pleurer, son dos pour les porter. Même eux, pourtant, ne sauraient espérer le contrôler : car en sus d’être borné, Aroha se montre aussi rapidement susceptible qu’il est rancunier. Autoritaire aussi, dominateur parfois. Il campe farouchement sur ses positions, fier et inflexible. Trop, peut-être. Son franc-parler ne laisse guère de doute quant à sa force de caractère, quant à son impétuosité. Pourtant s’il se montre parfois intrépide, inconsciemment courageux, jamais il n’est inconséquent.
Hyperactif, ses activités professionnelles autant que ses revendications environnementales lui laissent peu de temps pour la détente mais, lors de ses heures perdues, il apprécie s’amuser auprès de ses proches, laissant sans retenue éclater son rire franc et sonore. Parce qu’il n’y a pas d’âge pour se divertir, parce qu’il n’y a pas d’âge pour être heureux. Quoi qu’en pensent les bienpensants, si ennuyeux, si hypocrites, si sérieux. Toujours en mouvement, toujours sur le qui-vive, Aroha est un feu brûlant que rien ne saurait éteindre. Même lorsqu’il semble calme, son esprit bouillonne, ses pensées s’agitent, son cœur s’affole. Sauf… sauf quand, seul, il se dresse face aux vagues, écoutant chanter l’alizé sur ces collines bleutées, regardant danser les mouettes par-delà l’horizon d’azur, se repaissant de l’odeur iodée des embruns légers. Sauf quand, seul, il écoute murmurer la montagne et chanter les arbres. Sauf quand, seul, il disparaît pour n’être plus Aroha Kahanui, humain parmi tant d’autres, mais plutôt Aroha Kahanui, enfant de Mère Nature.
S’il est combatif et impulsif dans ses convictions, le scientifique n’en est toutefois pas moins intelligent et prudent dans son travail comme réservé dans sa vie personnelle. Il s’attache peu, demeure méfiant dans ses relations, préférant l’affection sincère de quelques animaux blessés recueillis à celui d’autres humains. Il n’en est pas moins loyal envers ses proches, leur offrant volontiers de son temps libre et accourant naturellement à leur secours. Un appel, un cri, et il leur offre ses bras pour les soutenir, ses épaules pour pleurer, son dos pour les porter. Même eux, pourtant, ne sauraient espérer le contrôler : car en sus d’être borné, Aroha se montre aussi rapidement susceptible qu’il est rancunier. Autoritaire aussi, dominateur parfois. Il campe farouchement sur ses positions, fier et inflexible. Trop, peut-être. Son franc-parler ne laisse guère de doute quant à sa force de caractère, quant à son impétuosité. Pourtant s’il se montre parfois intrépide, inconsciemment courageux, jamais il n’est inconséquent.
Hyperactif, ses activités professionnelles autant que ses revendications environnementales lui laissent peu de temps pour la détente mais, lors de ses heures perdues, il apprécie s’amuser auprès de ses proches, laissant sans retenue éclater son rire franc et sonore. Parce qu’il n’y a pas d’âge pour se divertir, parce qu’il n’y a pas d’âge pour être heureux. Quoi qu’en pensent les bienpensants, si ennuyeux, si hypocrites, si sérieux. Toujours en mouvement, toujours sur le qui-vive, Aroha est un feu brûlant que rien ne saurait éteindre. Même lorsqu’il semble calme, son esprit bouillonne, ses pensées s’agitent, son cœur s’affole. Sauf… sauf quand, seul, il se dresse face aux vagues, écoutant chanter l’alizé sur ces collines bleutées, regardant danser les mouettes par-delà l’horizon d’azur, se repaissant de l’odeur iodée des embruns légers. Sauf quand, seul, il écoute murmurer la montagne et chanter les arbres. Sauf quand, seul, il disparaît pour n’être plus Aroha Kahanui, humain parmi tant d’autres, mais plutôt Aroha Kahanui, enfant de Mère Nature.
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Houla, bienvenue à toi bel homme envoyé des dieux
Du coup, j'ai une question très sérieuse. On peut faire l'essaie des préservatifs avant de les acheter ? Et si c'est le cas, l'essaie vient avec le créateur ? Dans ce cas, je serais très intéressé !!
Plus sérieusement, bonne chance pour la validation ta fiche a été vraiment agréable à lire !
Au plaisir de te voir protester sur le forum concernant l'écologie !
p.s : Cette image avec le petit canard

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Cette virilité. Quel homme.
Bienvenue !

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Kyyyya cet avatar
*Essuie le sang de son nez*
Bonne chance pour ta fichette et bienvenue!!!

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Je ne peux qu'exprimer ma joie en voyant un si bel avatar, très bon choix!
Bienvenue et bon courage pour ta validation!
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Tant de gentes dames célibataires pour m'accueillir, c'est un honneur, merci
Mlle Degurechaff, essayer l'amazone, c'est l'adopter (pas de remboursement, on se dédouane de la responsabilité d'avoir un mauvais amant) ! Sans moi, mais vos charmes en feront craquer plus d'un je n'en doute pas. Je vous laisse des échantillons gratuits si vous voulez, n'oubliez pas de laisser un avis sur notre site en ligne après
Merci pour vos messages, à bientôt inrp pour nettoyer le monde de sa pollution

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Aroha Kahanui

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• Dans l'ordre, vous pouvez faire une demande de conjoint ici, ensuite vous faites une demande d'habitation ici et enfin, vous pourrez valider votre mariage ici.
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- [22:06:43] Luz E. Alvadaro : "Le RP plus une passion, une profession" "Makoto Nanase 2017"
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