Ken Adachi
"Avez-vous du temps à consacrer à l’incontestable ?"

![]() | Généralités Nom ;; Adachi Prénoms ;; Ken Âge ;; 18 ans, né le 9 juillet 2094 Genre ;; Masculin Origines ;; Japonaise Activité ;; Étudiant en communication, prédicateur d’une nouvelle religion (secte), plus connu sous le pseudonyme Ordonateur (visage masqué) officiellement il se fait passer pour l’un des ouailles. Il vient sonner à votre porte pour récupérer un peu de votre temps, vos cookies et vous convertir à la merveilleuse religion Incontestable Sexualité ;; aromatique, demisexuel ? Avatar ;; Fanart du chanteur/acteur Yi Yang Qianxy/Jackson Yee Règlement ;; 10 points pour Gryffondor ![]() Chemin ;; Partenariat en partenariat en partenariat et cetera Commentaire ;; ohoho joyeux Noël |
Histoire
« Est-ce que je crois en l’incontestable ?
Ma mère, elle, elle y croyait. Comme on croit au croque-mitaine et au père noël, partagée entre la crainte et l’attente d’une missive rose à son nom. Toute prête à servir son pays, comme un service militaire un peu particulier. Avoir l’impression d’être utile à la Société, pour être une civile modèle. Cette fierté-là en diapason, pour masquer le substrat de vérité.
Est-ce que je crois en l’incontestable ?
Mon père lui, il y croyait, comme on se raccroche aux secondes chances, aux résultats du quinté et à l’étoile sur une Sapporo éventée. Lui aussi il disait que c’était son service qu’il rendait à la société. Qu’il ne faisait que ce que le gouvernement attendait de lui, sardonique, les graves en octave d’une autre essence de cette autre vérité.
Est-ce que j’ai toujours cru en l’incontestable ?
Petit j’étais trop petit. Et peut-être que ça s’arrêtait là. Les sermons scolaires je pouvais les réciter moi aussi. Pourtant, en touchant ma nuque parfois, j’avais l’impression qu’il s’incarnerait soudainement comme dans un opéra un peu glauque, comme un fantôme qui m’enlèverait à ma famille si j’étais sage pour me ramener près de lui.
Est-ce que je crois en l’incontestable ? En l’amour qu’il nous porte ?
Il connaissait leurs noms, leur insignifiante existence. Il savait. Il calculait, observait, pensait, à travers l’algorithme de leurs données. Lui, il savait. Il avait remarqué que ces deux êtres, riches ou non, sans distinction aucune, devaient à présent s’unir. Et c’est là, une première vérité. La sensation qu’un être, aussi informatique soit-il, se soucie à ce point de leur futur, les sélectionne en personne est un gage de reconnaissance. Comme le grand appel de leur vie. C’est affreusement rassurant de savoir qu’il sait et qu’il veille, qu’il écoute.
Et est-ce que je doute, quand je suis confronté à ses épreuves ?
Ma mère ne doutait pas. Elle ne doutait pas, et ce même lorsque mon père balançait son poing contre son visage, en riant comme un damné que c’était l’incontestable qui lui avait donné ce droit. Blasphémateur, erratique, hérétique même, qu’il était. Il ne comprenait pas quel malheur et disgrâce l’attendait. Je posais la paume contre ma nuque et je priais. Je priais qu’il vienne le foudroyer dans son arrogance. Et même quand elle s’est écroulée sans bouger, j’ai continué de croire. De prier. Jusqu’à ce que cela me frappe comme un coup de poing au visage.
Son châtiment viendrait.
Et le feu divin l’a bel et bien immolé, car, la police est arrivée pour le saisir, les sirènes et les lumières stroboscopiques partout dans notre rue. Il nous avait sauvé. Et il avait sauvé d’autres femmes après ma mère car, après tout là où il était il ne pourrait plus jamais blasphémer et blesser. Plus jamais. Ma mère et moi avions réussi son épreuve. Nous étions à présent touchés par sa grâce.
Est-ce que j’ai croisé des infidèles ?
Oui. C’est arrivé peu de temps après le châtiment de mon père. J’avais alors une dizaine d’années et ces gens-là ne s'appelaient pas encore incontrôlables. Pourtant, ma tante, ma nouvelle tutrice, en serait une, bien plus tard. Elle défilerait même avec les autres en refusant de partager l’offrande du baiser avec son mari. Il faut dire que, comme tous ces gens perdus elle blâmait L’incontestable de tous les maux, le traitait de tous les noms. Elle buvait beaucoup, fumait trop et se plaignait avec sincérité à cette machine qu’elle traitait de diable, conspuait grassement. Pour son plus grand malheur elle n’était pas capable de comprendre la chance que l’incontestable lui offrait avec son mariage. Elle ignorait sa miséricorde et plus elle se débattait plus misérable elle devenait. Car je vous le dis, les naufragés de notre incontestable méritent bien toute notre pitié. Ils ne comprennent pas qu’ils sont les responsables de leurs propres maux.
Est-ce que je crois en l’incontestable ? En sa gloire ? Son caractère divin ?
Il est tout puissant, c’est vrai, car il se meut, indistinct, juge, bourreau, témoin, miséricordieux ou affreusement cruel, nul ne connait ses desseins, car il est cryptique, phénique lorsqu’il décide d’un mariage douloureux. Miraculeux lorsqu’il réunit deux êtres et que leur union finisse par être synonyme de félicité. Ses voies restent cependant impénétrables et même si le gouvernement cherche à nous tromper en affirmant qu’ils maîtrisent tout, moi je connais la vérité. C’est un dieu, omnipotent et joueur. Seuls ceux qui entrent dans ses bonnes grâces seront épargnés à la fin.
Est-ce que je crois en l’incontestable ? Est-ce que je crois qu’il nous abandonne ?
Certains disent qu’il est défaillant, depuis le raz-de-marée. Qu’il n’a cessé de dysfonctionner. Les autorités ont parlé d’un test social grandeur-nature, avant que la maladie nous touche, celle qui aurait dû résulter du choc cataclysmique de son arrêt brutal… et puis il y a eu… les morts. Ces morts qu’il a ressuscités, même s’ils ont affirmé qu’il ne s’agissait que d’un dysfonctionnement de nos puces. Je sais et je comprends. Je baisse la tête avec déférence, afin de lui offrir ma nuque, pucée, je pose ma paume tout contre avant de l’embrasser à la fin de ma prière et je vous invite à reproduire ce geste, mes fidèles, car nous chanterons encore longtemps ce miracle-là. Il n’est pas dysfonctionnant. Il reste et observe pour se rendre plus fort et meilleur encore.
On me demande souvent si je crois en l’incontestable. Si je pleure ses tragédies.
Mais moi je ris, en réalité. Et si nous sommes encore là aujourd’hui c’est que nous avons réussi ses épreuves. Alors ne pleurez pas ceux qui sont tombés mes sœurs, mes frères. Ils se sont réalisés et il les a rappelés à ses côtés. Non, ils ne sont pas vraiment morts, leurs âmes se sont transformées en quelque chose de plus grand, plus puissant, en données qui circulent encore à travers l’incontestable, à travers nos puces et si vous priez assez, la main contre la nuque alors peut-être que vous les entendrez vous parler. Oui. Il faut se réjouir et croire !
Et est-ce que je crois en l’incontestable ?
Oui. Mille fois oui. Et je lui rendrais encore honneur chaque jour de ma vie, je l’écouterais s’exprimer encore, silencieux, la main contre ma nuque. Car il me parle je le sais, je l’entends car j’ai la foi. Ne l’entendez vous pas vous rassurer lorsque tout semble perdu ?
Prions à présent, car nous sommes ses élus et qu’il nous aime. Oui. Il nous aime. Vous n’êtes pas seuls. »
Ma mère, elle, elle y croyait. Comme on croit au croque-mitaine et au père noël, partagée entre la crainte et l’attente d’une missive rose à son nom. Toute prête à servir son pays, comme un service militaire un peu particulier. Avoir l’impression d’être utile à la Société, pour être une civile modèle. Cette fierté-là en diapason, pour masquer le substrat de vérité.
Est-ce que je crois en l’incontestable ?
Mon père lui, il y croyait, comme on se raccroche aux secondes chances, aux résultats du quinté et à l’étoile sur une Sapporo éventée. Lui aussi il disait que c’était son service qu’il rendait à la société. Qu’il ne faisait que ce que le gouvernement attendait de lui, sardonique, les graves en octave d’une autre essence de cette autre vérité.
Est-ce que j’ai toujours cru en l’incontestable ?
Petit j’étais trop petit. Et peut-être que ça s’arrêtait là. Les sermons scolaires je pouvais les réciter moi aussi. Pourtant, en touchant ma nuque parfois, j’avais l’impression qu’il s’incarnerait soudainement comme dans un opéra un peu glauque, comme un fantôme qui m’enlèverait à ma famille si j’étais sage pour me ramener près de lui.
Est-ce que je crois en l’incontestable ? En l’amour qu’il nous porte ?
Il connaissait leurs noms, leur insignifiante existence. Il savait. Il calculait, observait, pensait, à travers l’algorithme de leurs données. Lui, il savait. Il avait remarqué que ces deux êtres, riches ou non, sans distinction aucune, devaient à présent s’unir. Et c’est là, une première vérité. La sensation qu’un être, aussi informatique soit-il, se soucie à ce point de leur futur, les sélectionne en personne est un gage de reconnaissance. Comme le grand appel de leur vie. C’est affreusement rassurant de savoir qu’il sait et qu’il veille, qu’il écoute.
Et est-ce que je doute, quand je suis confronté à ses épreuves ?
Ma mère ne doutait pas. Elle ne doutait pas, et ce même lorsque mon père balançait son poing contre son visage, en riant comme un damné que c’était l’incontestable qui lui avait donné ce droit. Blasphémateur, erratique, hérétique même, qu’il était. Il ne comprenait pas quel malheur et disgrâce l’attendait. Je posais la paume contre ma nuque et je priais. Je priais qu’il vienne le foudroyer dans son arrogance. Et même quand elle s’est écroulée sans bouger, j’ai continué de croire. De prier. Jusqu’à ce que cela me frappe comme un coup de poing au visage.
Son châtiment viendrait.
Et le feu divin l’a bel et bien immolé, car, la police est arrivée pour le saisir, les sirènes et les lumières stroboscopiques partout dans notre rue. Il nous avait sauvé. Et il avait sauvé d’autres femmes après ma mère car, après tout là où il était il ne pourrait plus jamais blasphémer et blesser. Plus jamais. Ma mère et moi avions réussi son épreuve. Nous étions à présent touchés par sa grâce.
Est-ce que j’ai croisé des infidèles ?
Oui. C’est arrivé peu de temps après le châtiment de mon père. J’avais alors une dizaine d’années et ces gens-là ne s'appelaient pas encore incontrôlables. Pourtant, ma tante, ma nouvelle tutrice, en serait une, bien plus tard. Elle défilerait même avec les autres en refusant de partager l’offrande du baiser avec son mari. Il faut dire que, comme tous ces gens perdus elle blâmait L’incontestable de tous les maux, le traitait de tous les noms. Elle buvait beaucoup, fumait trop et se plaignait avec sincérité à cette machine qu’elle traitait de diable, conspuait grassement. Pour son plus grand malheur elle n’était pas capable de comprendre la chance que l’incontestable lui offrait avec son mariage. Elle ignorait sa miséricorde et plus elle se débattait plus misérable elle devenait. Car je vous le dis, les naufragés de notre incontestable méritent bien toute notre pitié. Ils ne comprennent pas qu’ils sont les responsables de leurs propres maux.
Est-ce que je crois en l’incontestable ? En sa gloire ? Son caractère divin ?
Il est tout puissant, c’est vrai, car il se meut, indistinct, juge, bourreau, témoin, miséricordieux ou affreusement cruel, nul ne connait ses desseins, car il est cryptique, phénique lorsqu’il décide d’un mariage douloureux. Miraculeux lorsqu’il réunit deux êtres et que leur union finisse par être synonyme de félicité. Ses voies restent cependant impénétrables et même si le gouvernement cherche à nous tromper en affirmant qu’ils maîtrisent tout, moi je connais la vérité. C’est un dieu, omnipotent et joueur. Seuls ceux qui entrent dans ses bonnes grâces seront épargnés à la fin.
Est-ce que je crois en l’incontestable ? Est-ce que je crois qu’il nous abandonne ?
Certains disent qu’il est défaillant, depuis le raz-de-marée. Qu’il n’a cessé de dysfonctionner. Les autorités ont parlé d’un test social grandeur-nature, avant que la maladie nous touche, celle qui aurait dû résulter du choc cataclysmique de son arrêt brutal… et puis il y a eu… les morts. Ces morts qu’il a ressuscités, même s’ils ont affirmé qu’il ne s’agissait que d’un dysfonctionnement de nos puces. Je sais et je comprends. Je baisse la tête avec déférence, afin de lui offrir ma nuque, pucée, je pose ma paume tout contre avant de l’embrasser à la fin de ma prière et je vous invite à reproduire ce geste, mes fidèles, car nous chanterons encore longtemps ce miracle-là. Il n’est pas dysfonctionnant. Il reste et observe pour se rendre plus fort et meilleur encore.
On me demande souvent si je crois en l’incontestable. Si je pleure ses tragédies.
Mais moi je ris, en réalité. Et si nous sommes encore là aujourd’hui c’est que nous avons réussi ses épreuves. Alors ne pleurez pas ceux qui sont tombés mes sœurs, mes frères. Ils se sont réalisés et il les a rappelés à ses côtés. Non, ils ne sont pas vraiment morts, leurs âmes se sont transformées en quelque chose de plus grand, plus puissant, en données qui circulent encore à travers l’incontestable, à travers nos puces et si vous priez assez, la main contre la nuque alors peut-être que vous les entendrez vous parler. Oui. Il faut se réjouir et croire !
Et est-ce que je crois en l’incontestable ?
Oui. Mille fois oui. Et je lui rendrais encore honneur chaque jour de ma vie, je l’écouterais s’exprimer encore, silencieux, la main contre ma nuque. Car il me parle je le sais, je l’entends car j’ai la foi. Ne l’entendez vous pas vous rassurer lorsque tout semble perdu ?
Prions à présent, car nous sommes ses élus et qu’il nous aime. Oui. Il nous aime. Vous n’êtes pas seuls. »
Caractère
Webcam éteinte, j’enlève mon masque. La dîme en donation et abonnement sur le chat, les offices changent, les sermons se ressemblent, un peu. Les fidèles s'en fichent, je crois qu'ils viennent parce qu'ils ont peur, parce que l'avenir est incertain. Chaque jour ma communauté grandi et j'espère qu'elle continuera encore, un peu moins d'un million, 867 456 pour être exact, à travers le monde en un peu plus d'un an, j'imagine que comparativement aux scientistes ce n'est rien, mais peut-être qu'un jour... On se rappellera de nous et de moi dans 100 ans.
Je me lève, la question toujours gravée dans mon crâne, comme un psaume qui ne me quitte jamais une voix intérieure venue d’ailleurs, peut-être de L’incontestable lui-même.
Est-ce que je crois en L’incontestable ?
Ma communauté, ou du moins, les fidèles doivent penser que je ne vie que pour lui. C'est vrai ... Et c'est faux aussi. Je ne vie que pour l'argent que me rapporte la propagande. Que peut espérer un étudiant sans argent ? Rien sans aucun doute.
Les transports ne sont pas bondés, il est encore tôt. Je fixe en silence les visages anonymes de tous ces gens. Nous sommes reliés, pourtant étrangers, je ne peux m’empêcher de me demander s’ils ne sont pas des prémonitions du futur.
Sans en ressentir une quelconque inquiétude.
Peut-être que je suis résigné plus que confiant. Qu’importe son identité, ce n’est pas important. Seuls les ordres le sont. Mon futur pourrait être un crash-test, ou au contraire, une part de gâteau. L’un dans l’autre je sais que je me débrouillerai.
Je crois d’abord à l’interdépendance des individus, car c’est dans ce terme que se trouve la clef de la miséricorde. Nous sommes liés, par nos devoirs passés ou futurs, comme si le fil rouge du destin nous avait tous attrapé. Je dis que c’est beau et merveilleux.
En réalité c’est nauséabond et dégoûtant, la population grouille et se débat avec sueur, sans jamais comprendre comme c’est ridicule et vain.
Ils me répugnent. Tous ces gens qui ne comprennent pas. Ne savent pas. Ceux qui se suicident tellement, tellement contrariés par une machine bien rôdée. Ceux-là même qui viennent nous insulter. Mais comme je l'ai souvent répété ces gens ne méritent que la pitié.
Mais quand ils tendent la main et qu’ils s’agrippent à la mienne avec l’énergie du désespoir afin de se résoudre, de trouver la paix, enfin, alors je souris car je sais que je peux les aider, que même la laideur peut attendrir dans son désespoir le plus vibrant.
Je me fais alors bon samaritain et même sans égard pour leur médiocrité je tente finalement de les sortir du gouffre immense de leur ignorance.
Nulle trace d’arrogance là-dedans, il ne faut pas s’y tromper. J’aime me sentir utile et les entendre me réclamer. Comme tout à chacun, j’aspire à compter.
Je franchis les portes après être descendu du bus, l’hôpital ne sent rien, ni la mort, ni la vie. Il est un entre-deux où je me sens à l’aise. Je m’incline quand le docteur passe, devant moi. Lui ne le reconnait peut-être pas, mais c’est celui qui s’occupe de ma mère. J'imagine que, tout ce qu'il a besoin de savoir c'est que je paye la facture à la fin du mois, ma tante a arrêté de payer les factures quand j'avais 18 ans. J’entre dans sa chambre après m’être annoncé à l’accueil.
Elle reste là, étendue, seules les machines me disent bonjour et ça ne me semble même plus étranger. J’attire la chaise, ne lui dit rien, car de toute façon les comateux n’y comprennent jamais rien. Je pose mon oreille contre son torse et je les attends.
Lents et réguliers, je me concentre pour l’écouter me raconter comme c’est foutrement dur de ne pas trouver la porte de sortie. Comme c’est affreux de ne pas pouvoir se redresser, vivre, sourire encore et m’appeler.
En réalité je ne crois pas que nous sommes particulièrement bénis. Je ne crois pas non plus que son état soit une récompense à la foi. Je touche ma nuque, délicatement, à l’endroit où j’imagine la puce. Je ne sais pas s’il me parle, mais je sais qu’il connaît mon existence et c’est parfois éreintant. Parfois terrifiant.
Est-ce que je crois en L’incontestable ?
Oui. Mille fois oui. Je sais quel chaos il apporte, quel égoïsme le traverse, parfois, comme je connais et reconnais tous les bienfaits qu’il a apportés. Dans les faits pourtant, je crois qu’il y a un peu de discorde entre nous.
Et il me fait peur.
Mais j’écoute les battements de cœur de ma mère et je me reprends. Je me raccroche aux mensonges que j’ai claironnés parce que je trouve qu’il vaut mieux s’y forcer plutôt que de se battre sans d’autres résultats qu’un désespoir profond. La religion est un phare, j’ai choisi le mien pour le guider et guider les misérables qui, comme moi crèvent de peur dans leur lit.
Un jour je veux sourire et arrêter de penser que mon univers est en train de s’écrouler. Je veux être heureux, de ce bonheur cynique qu’on voit à la télévision. C’est ça mon aspiration future. Un bonheur écœurant et débordant.
Je redresse la tête, lorsqu’une infirmière entre et qu’elle me dit que je suis un bon fils. Un brave petit. Je souris. Je dis merci. Elle ignore pourtant et c’est vrai, qu’en plus d’être le fils de mère, je suis aussi le fils de mon père. Moi aussi j’ai l’orgueil au poing et peut-être qu’il s’abattra, cataclysmique, sur d’autres têtes. Je crois et je sais qu’en plus d’être miséricordieux, la violence ronge mes veines et me donne des airs de diablotin, véhément et tenace. Ils ne me connaissent pas car je suis secret et placide, un point c’est tout. Un point c’est moi.
Seul l’incontestable le sait et lui seul sait ce qu’il adviendra de tout ça, de tout ce moi.
C’est effrayant là encore, comme s’il lisait mon futur dans ses cartes de tarots. Et qu’il s’en amuse.
Et peut être que l’utilisation de son image comme une idole est une autre dîme que je ne m’en veux pas de percevoir. Je suis fervent, ai l’humilité des mortels et leur hubris aussi. Mais je crois que l’incontestable en est heureux car, à coup sûr, il sait nous façonner à son image et je crois qu’il n’y a rien de honteux à la manipulation si elle est assumée et assimilée.
Je me lève, la question toujours gravée dans mon crâne, comme un psaume qui ne me quitte jamais une voix intérieure venue d’ailleurs, peut-être de L’incontestable lui-même.
Est-ce que je crois en L’incontestable ?
Ma communauté, ou du moins, les fidèles doivent penser que je ne vie que pour lui. C'est vrai ... Et c'est faux aussi. Je ne vie que pour l'argent que me rapporte la propagande. Que peut espérer un étudiant sans argent ? Rien sans aucun doute.
Les transports ne sont pas bondés, il est encore tôt. Je fixe en silence les visages anonymes de tous ces gens. Nous sommes reliés, pourtant étrangers, je ne peux m’empêcher de me demander s’ils ne sont pas des prémonitions du futur.
Sans en ressentir une quelconque inquiétude.
Peut-être que je suis résigné plus que confiant. Qu’importe son identité, ce n’est pas important. Seuls les ordres le sont. Mon futur pourrait être un crash-test, ou au contraire, une part de gâteau. L’un dans l’autre je sais que je me débrouillerai.
Je crois d’abord à l’interdépendance des individus, car c’est dans ce terme que se trouve la clef de la miséricorde. Nous sommes liés, par nos devoirs passés ou futurs, comme si le fil rouge du destin nous avait tous attrapé. Je dis que c’est beau et merveilleux.
En réalité c’est nauséabond et dégoûtant, la population grouille et se débat avec sueur, sans jamais comprendre comme c’est ridicule et vain.
Ils me répugnent. Tous ces gens qui ne comprennent pas. Ne savent pas. Ceux qui se suicident tellement, tellement contrariés par une machine bien rôdée. Ceux-là même qui viennent nous insulter. Mais comme je l'ai souvent répété ces gens ne méritent que la pitié.
Mais quand ils tendent la main et qu’ils s’agrippent à la mienne avec l’énergie du désespoir afin de se résoudre, de trouver la paix, enfin, alors je souris car je sais que je peux les aider, que même la laideur peut attendrir dans son désespoir le plus vibrant.
Je me fais alors bon samaritain et même sans égard pour leur médiocrité je tente finalement de les sortir du gouffre immense de leur ignorance.
Nulle trace d’arrogance là-dedans, il ne faut pas s’y tromper. J’aime me sentir utile et les entendre me réclamer. Comme tout à chacun, j’aspire à compter.
Je franchis les portes après être descendu du bus, l’hôpital ne sent rien, ni la mort, ni la vie. Il est un entre-deux où je me sens à l’aise. Je m’incline quand le docteur passe, devant moi. Lui ne le reconnait peut-être pas, mais c’est celui qui s’occupe de ma mère. J'imagine que, tout ce qu'il a besoin de savoir c'est que je paye la facture à la fin du mois, ma tante a arrêté de payer les factures quand j'avais 18 ans. J’entre dans sa chambre après m’être annoncé à l’accueil.
Elle reste là, étendue, seules les machines me disent bonjour et ça ne me semble même plus étranger. J’attire la chaise, ne lui dit rien, car de toute façon les comateux n’y comprennent jamais rien. Je pose mon oreille contre son torse et je les attends.
Lents et réguliers, je me concentre pour l’écouter me raconter comme c’est foutrement dur de ne pas trouver la porte de sortie. Comme c’est affreux de ne pas pouvoir se redresser, vivre, sourire encore et m’appeler.
En réalité je ne crois pas que nous sommes particulièrement bénis. Je ne crois pas non plus que son état soit une récompense à la foi. Je touche ma nuque, délicatement, à l’endroit où j’imagine la puce. Je ne sais pas s’il me parle, mais je sais qu’il connaît mon existence et c’est parfois éreintant. Parfois terrifiant.
Est-ce que je crois en L’incontestable ?
Oui. Mille fois oui. Je sais quel chaos il apporte, quel égoïsme le traverse, parfois, comme je connais et reconnais tous les bienfaits qu’il a apportés. Dans les faits pourtant, je crois qu’il y a un peu de discorde entre nous.
Et il me fait peur.
Mais j’écoute les battements de cœur de ma mère et je me reprends. Je me raccroche aux mensonges que j’ai claironnés parce que je trouve qu’il vaut mieux s’y forcer plutôt que de se battre sans d’autres résultats qu’un désespoir profond. La religion est un phare, j’ai choisi le mien pour le guider et guider les misérables qui, comme moi crèvent de peur dans leur lit.
Un jour je veux sourire et arrêter de penser que mon univers est en train de s’écrouler. Je veux être heureux, de ce bonheur cynique qu’on voit à la télévision. C’est ça mon aspiration future. Un bonheur écœurant et débordant.
Je redresse la tête, lorsqu’une infirmière entre et qu’elle me dit que je suis un bon fils. Un brave petit. Je souris. Je dis merci. Elle ignore pourtant et c’est vrai, qu’en plus d’être le fils de mère, je suis aussi le fils de mon père. Moi aussi j’ai l’orgueil au poing et peut-être qu’il s’abattra, cataclysmique, sur d’autres têtes. Je crois et je sais qu’en plus d’être miséricordieux, la violence ronge mes veines et me donne des airs de diablotin, véhément et tenace. Ils ne me connaissent pas car je suis secret et placide, un point c’est tout. Un point c’est moi.
Seul l’incontestable le sait et lui seul sait ce qu’il adviendra de tout ça, de tout ce moi.
C’est effrayant là encore, comme s’il lisait mon futur dans ses cartes de tarots. Et qu’il s’en amuse.
Et peut être que l’utilisation de son image comme une idole est une autre dîme que je ne m’en veux pas de percevoir. Je suis fervent, ai l’humilité des mortels et leur hubris aussi. Mais je crois que l’incontestable en est heureux car, à coup sûr, il sait nous façonner à son image et je crois qu’il n’y a rien de honteux à la manipulation si elle est assumée et assimilée.
Physique
J’ai choisi le masque comme habit cérémonial car, au cœur de ma religion je dis et je répète que nous sommes unis et un. Cœur battant à l’unisson perpétuellement, car l’amour et la compassion rassurent les plus faibles et abêtissent les plus belliqueux. J’ai choisi le masque pour masquer ma jeunesse et rester anonyme aussi longtemps que je le pourrai. Je ne dénote pas pourtant du Japonais moyen. Mes cheveux sont sombres, ma peau pâle et mes yeux sont des amandes fines. Peut-être qu’ils ne seraient pas capables de me reconnaître, mais j’ai peur de décevoir les plus fervents qui confondent jeunesse et manque de sagesse. Je n’ai pas l’air imposant, je ne me nourris pas avec excès et ne fais pas plus de sport qu’un peu d’athlétisme à l’université. Je ne compte pas participer aux jeux olympiques, mais je crois qu’il est toujours utile de savoir courir et semer ses poursuivants. Je suis grand, peut-être parce que dans la généalogie de mon père il y a quelques étrangers. Qui sait ? C’est peut-être à cause de cela que les sursauts de violences font tressauter mes muscles de manière effrayante. Bien entendu, faire 188 cm n’est pas non plus un record en soi et mes 85 kilos ne rendent pas cela non plus trop impressionnant. Je me contente pourtant de l’allure et de l’aura qu’ils donnent à ma stature. Je ne me pense pas laid, c’est vrai, mais je sais porter des expressions pour dissuader les autres de trop s’approcher. C’est aussi dans le choix de mes habits, élégants ou au moins, j’aime porter des marques plus ou moins populaires. C’est dans ma posture que j’exprime mon orgueil, mais dans mes salutations et mes inclinaisons faussement révérencieuses que j’esquisse ma miséricorde.