Just Married
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— Just Married —

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18/04/2021


Les plus du perso :
Je suis: anti-Incontestable.
Époux/se : Célibataire.
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Isaiah S. Greyster
Isaiah S. Greyster
Isaiah S. Greyster
Dim 18 Avr - 21:38
Isaiah Greyster
« With pain comes strength. »

Généralités
Nom ;; Greyster. Hérité de sa mère qui l'avait hérité de son père.
Prénoms ;; Isaiah Shinobu (persévérance). Isaiah, on ne sait pas trop pourquoi. Shinobu, c'est l'héritage japonais dont il n'a jamais voulu. Son nom lui va bien en revanche.
Âge ;; 20 ans. Né le 21.12.2092.
Genre ;; Masculin. Y a plus le moindre doute là-dessus.
Origines ;; Il est né au Etats-Unis et pour lui, c'est son seul pays natal. Mais son sang reste métissé malgré son déni. Sa mère était déjà métisse, apportant à sa génétique du sang japonais et mexicain, quant à son père, il est né au Japon d'un père japonais et une mère américaine.
Activité ;; Serveur à temps partiel, modèle occasionnel, étudiant en arts quand il s'en donne la peine, artiste à ses heures perdues.
Sexualité ;; Narnia. A ce stade, il peut vous faire une excellente visite guidée.
Avatar ;; Aoba Seragaki, Dramatical Murder.
Règlement ;; Validé - Ari
Chemin ;; Encore lui ~ 901032552
Commentaire ;; Ce garçon ne veut pas rester dans son tombeau omg, il faisait trop de bruit dans ma tête, donc le revoilà encore. Je reviens toujours à lui même quand j'suis persuadée que c'est la fin et que je saurais plus le jouer, bah il vient taper à la porte de mon cerveau en mode 'hey, j'suis là', mon p'tit bébé *sniff*. Anyway, je le relance à neuf, en mode, il a jamais existé, donc je pense à Mako et Beni (p'tet d'autres aussi, je sais plus du tout) qui avaient des liens, y a des chances que ça fasse un peu désordre dans vos timelines. Si vous estimez le lien pertinent, on peut en rediscuter. o/ Et sinon bah... y a toujours autant de détails jpp. J'ai retouché certains points, mais dans l'ensemble c'est la même fiche. J'espère que vous l'aimerez autant que moi ce bonhomme. Encore lui ~ 3488335006
Histoire
Le présent.

Hit. Hit. Hit.

Tu frappes. Frappes encore. Douleur. Elle s'intensifie, et tu la sens à sa pleine force. La douleur. Tu vois le sang qui tâche les bandes enroulées autour de tes phalanges, sans savoir si c’est dû aux nombreux coups que tu portes ou si ce sont de vieilles tâches. Mais pourtant tu frappes. Tu frappes encore et encore. T’as mal, putain oui ça fait mal. Mais t'arrêtes pas. Jamais. La douleur, t'en as besoin. Elle t'a tenu debout. Elle te fait vivre. C’est ta drogue, t'en dépends plus que n’importe quelle autre substance que tu peux consommer. T’en souffres c'est vrai, mais le manque est pire. Aujourd’hui, tu sais plus fonctionner si t’as pas mal. Tu te dis qu’un truc fonctionne pas bien si à un moment où un autre, t’as pas mal. La douleur, tu la haïssais. Tu ne pouvais pas la supporter. Mais elle t’a très vite montré qu’elle serait ta meilleure alliée. Auparavant, tu croyais naïvement que tu t’en débarrasserais un jour. Que ton nom n’y serait plus nécessairement associé. Que tu serais ta propre personne sans toute cette douleur attachée à toi comme un boulet. Tu savais pas à quel point tu te trompais. Maintenant, tu sais que tu peux rien y faire. Elle sera toujours là, souvent exacerbée, parfois tapie en toi, mais jamais perdue. T’entraînant avec elle dans les tréfonds bien trop obscurs de tout ce que tu ressens et que tu ne sais pas gérer. Et t’as appris à composer avec, à vivre avec, si bien qu’à présent, tu sais plus faire sans. C’est ton mot clef finalement. Toute ta pâle existence se résume à ça : la douleur. Tu sais pas ce qui t’a fait tenir jusque-là. Avec tous les désastres que la vie te balance à la gueule. C’est dans ce genre de moment que t’essaies de te motiver. Tu te dis que t’es pas arrivé jusque-là par hasard. Tu te dis que la plupart des gens auraient abandonné depuis longtemps. Et que toi, tu dois pas. Mais depuis quelques temps, c’est dur. C’est si dur. Cette force qui te tenait encore, tu sais qu’elle te lâche petit à petit. Elle t’a été arrachée en même temps que ton seul repère et tout ce qui a suivi ne t’a pas aidé, au contraire, tu t’es enfoncé un peu plus dans l’obscurité, incapable d’en sortir la tête. Et tu te dis, pourquoi toi ? Pourquoi toi tu vis, pourquoi pas les autres ? T’es rien toi, tu vaux rien. Tu l’sais bien. Pourtant, ça a été elle et pas toi. Ça a été d’autres mais pas toi. Parce que t’es teigneux. Parce que malgré toi, tu ne fais que lutter. Et elle, tu la revois. Tu la revois, dans tes bras, te souriant, t’apprenant de nouvelles choses. Puis son visage défiguré par la tristesse, tentant de masquer la douleur que tu voulais qu’elle ressente alors que tu lui hurlais dessus à l’aéroport. Tu le vois chaque nuit durant lesquelles tu ne dors pas, comme un mauvais disque qui tourne en boucle. Si t’avais pu, si t’avais su, si seulement. Des « si » encore et toujours trop nombreux. Pour te rappeler combien tu souffres, combien t’as mal. Parce que toute ta vie, tu as eu mal. Mais jamais tu n’as eu si mal, trop mal. Et le problème, c’est que tu ne pourras jamais oublier. Jamais. Et alors te voilà devant ton sac à lutter. De toutes tes forces, ou en tout cas, ce qu’il te reste. Contre la vie. Les aléas. Mais surtout, contre toi. Puisqu’il ne reste plus que toi. Comme ça devait être. Comme tu t’y attendais.

Si précises réminiscences.

Hit.
Hit. Hit.


Tu sais exactement comment tout a commencé, sans te laisser le choix de pouvoir y échapper. Vingt et un décembre deux mille quatre-vingt-douze. C’est ce jour-là que tu es né, balancé innocemment sur cette planète sans l’avoir décidé. À quel moment as-tu jamais décidé de toute façon ? Dès l’instant où tu as été juste conçu, la possibilité de choisir t’a été retirée. Les détails de ton arrivée, tu n’étais pas censé les connaître. Mais ta génitrice a tendance à trop parler quand elle est ivre ou trop défoncée pour réfléchir. Alors tu sais tout et tu n’as pas oublié. À cette époque-là, Inori Greyster était une prostituée comme toutes celles qu’on trouvait dans la partie sud de Cypress Hill, à Brooklyn, là où les choses étaient plus sales, moins dignes et toujours plus dégradantes. Bien sûr, ce n’est pas là qu’elle travaillait. Elle était de celles opéraient dans le luxe. Jamais la catégorie de clients qui l’intéressait n’aurait mis un pied dans un quartier aussi pourri que celui dans lequel tu as grandi. Non. Alors elle partait, quittait cette partie de Brooklyn pour les coins plus huppés que tu n’as jamais vus, où on trouvait les hommes d’affaires, les riches qui voulaient tromper leurs femmes sans jamais se faire avoir, et où ses services seraient payés très cher. C’est comme ça qu’elle a rencontré Akihiko Yamada, homme d’affaires reconnu, PDG de TechniCorp, une société spécialisée dans la robotique et l’informatique, qui l’a fait remarquer parce qu’il a été capable de la relever avec peu, à un jeune âge. Il avait normalement tout pour lui. La beauté, le charisme, l’intelligence et la richesse. Ah non. Presque tout. Il était stérile. Alors la suite, c’est pas bien compliqué. Ta mère a fait son travail, et lui, il a assuré qu’une protection serait dans tous les cas inutile. Ta mère, tant qu’elle était payée n’avait rien à foutre du reste de tout façon. Et puis, elle se protégeait…

C’était l’histoire d’une nuit comme ça l’est souvent entre une pute et ses clients, réguliers ou pas, parce que la vie s'passe pas comme dans Pretty Woman avec de l’amour à la fin et tout est bien qui finit bien. Tu sais pas comment t’as survécu aux six mois que t’as passés dans le ventre de ta vieille. Parce que bien sûr, elle ne voulait pas de toi. Elle était la première de toute une liste à ne pas vouloir de toi. La vie a voulu faire de toi un p’tit teigneux, le genre de gars qui s’accroche et qui lâche pas, qu’tu le veuilles ou pas. Parce que tout au long de sa grossesse, ta mère n’a pas ralenti ses doses de came. T’étais l’bébé miracle et ça s’est vérifié quand tu t’es extirpé de son corps encore jeune mais déjà usé sans de séquelles plus graves qu’un système immunitaire extrêmement fragile, une naissance prématurée et une malformation cardiaque qu’il a fallu opérer après tes trois mois en service de néonatalogie. T’es sorti de là, après qu’on t’ait foutu dans le corps ton boulet invisible. La puce. La malédiction, mais ça tu l'as su beaucoup plus tard. Trop tard peut-être. Sans doute. Ta mère te voulait pas. Elle songeait très sérieusement à t’abandonner, p’tet dans un orphelinat, ou p’tet aux mains des autorités japonaises quand elles t’ont pucé comme un animal. Au moins, elle a pas pensé à te laisser dans le froid. Parce qu’il n’y a rien de fou dans un hiver new-yorkais. Jusqu’à maintenant, tu sais pas ce qui l’a fait changer d’avis. Et tu te d’mandes parfois si ça n’aurait été pas mieux si elle t’avait abandonné. Y a plein de trucs que t’aurais pas eu à expérimenter.

T’as été marqué à ce moment-là tu crois. Erreur. Accident. À jamais, c’est tout ce que tu seras.

Sweet, sweet early years.

Hit.
Hit. Hit.
Hit. Hit. Hit.


L’école. Une jungle humaine avant toute chose. Pour toi, l’un des pires lieux où tu pouvais te trouver après l’appartement décrépi que louait ta mère. À la fois le pire, mais l’endroit qui t’apportait le plus de sécurité. L’école. Dans des coins comme le sud de Cypress Hill, le danger vient toujours du dehors. Et parfois, le dedans est infiltré. C’est ce que tu as toujours pensé, face aux enfants plus vieux que toi qui t’ont toujours maltraité. Cheveux tirés, devoirs déchirés. Au début, ça n’arrivait pas, tu étais trop petit pour ça. Mais dès que tu as été assez vieux pour tenir un stylo entre tes mains et comprendre les exercices des plus vieux, la paix t’a vite abandonné. T’avais six piges quand t’as réalisé qu’à tes yeux, le monde était soit blanc soit noir, jamais entre les deux. Quand t'as compris que sur cette terre y avait deux catégories de personnes. Pas les gentils et les méchants non, ça n’existait pas chez toi ça, c’était uniquement dans les films. Mais les faibles et les forts, eux ils existaient bien. Et malheureusement pour toi, avec ton mètre même pas atteint et tes cheveux trop longs à six ans, tu faisais partie du maillon faible. Tu n’as pas demandé tes yeux dorés ou ta chevelure si longue. Ta mère n’a jamais su te couper les cheveux. Et quand ça arrivait, ils repoussaient trop vite alors tu as abandonné. On te prenait pour une nana au début à cause de ça. Et au début, ça t’arrangeait c’est vrai, mais t’aimais pas ça. Alors un jour où on t’embêtait, t’as décidé d’le prouver. Pantalon et caleçon à terre, tout le reste à l’air. La pire des décisions que tu aies pu prendre. Après ça, ce n’était plus des moqueries. C’est devenu de l’abus. Et tu pouvais rien faire, t’étais petit, faible, et une tête en plus de ça. Ils savaient tous que t’étais pas con, parce que tu suivais les cours de plus vieux que toi. C’est le truc des petites écoles de sales quartiers ça. C’est de là que sortent les milliardaires à vingt et quelques ans parfois, quand ils ont eu de la chance et qu’ils ont réussi à se tirer. On vous fait passer des classes facilement parce que vous êtes en avance, et avec de la chance vous vous en sortez et vous partez, parce que les bourses ça aide quand on a bien bossé. Mais y en a beaucoup qui partent pas. Pas parce qu’ils veulent pas non. C’est juste qu’ils peuvent pas. Comme toi. T’as sauté une classe comme ça, à dix ans, tu t’es retrouvé avec des gens qui en avaient douze ou treize même parfois, parce que si toi t’étais pas con, d’autres oui. Les instit’ pensaient bien faire en te balançant aux fauves. De toute façon, la violence, ils n’y pouvaient plus rien. À cet âge te dira-t-on, on ne peut pas être déjà si méchant, si violent. Et toi tu répondras que tout dépend d’où on vient. La rue éduque même ceux qui sont censés garder l’innocence. Très tôt, il fallait devenir comme ceux du dehors, pour pas s’faire bouffer. Mais toi t’étais pas comme ça, pas encore. Alors t’étais là, et tu faisais sagement ce qu’on attendait de toi. La plupart du temps, tu d’vais donner tes petits repas en plus des devoirs, parce que personne mangeait plus qu’un autre chez lui, c’était la galère pour tout le monde à un moment ou un autre, alors les repas de la cantine, aussi dégueu soient-ils, étaient précieux. Si tu l’faisais pas, tu risquais de te faire battre alors c’était mieux comme ça. Tu donnais, et on te tapait pas. Tes cheveux, on te les arrachait pas. C’est un de tes nombreux traumatismes aujourd’hui, t’as du mal à te laisser toucher, les cheveux en particulier. À cause de tes harceleurs en très, très grande partie, mais pas seulement. Oui, ils étaient mauvais à ce point-là. Et puis y avait ces fois où, accompagnée, ta vieille te traînait dans les beaux quartiers où les enfants jouent ensemble sans s’agresser, où les familles sont parfaites, où avoir un père, une mère et un enfant, ça fait un tableau comme on en trouve au MoMA. Tu t’en rappelles bien parce qu’après, tu n’as plus jamais été avec ta mère nulle part. Et parce que tu souffres d’hypermnésie. Tu n’oublies rien. Tu aimerais, tu aimerais tellement et tu ferais n’importe quoi juste pour en avoir la capacité. Les enfants jouent naturellement ensemble. Mais avec toi, non. Les parents éloignaient leurs enfants de toi dès qu’ils te voyaient avec ta vieille. Quand on vient des bas quartiers, quand on est différent, on devient une menace. T’étais apparemment dangereux, il ne fallait pas t’approcher, tu pouvais blesser, tu ne savais faire que ça. Alors quand t’étais probablement plus sage que tous ces beaux gosses, tu t’sentais comme un monstre. Parce que tu passais pour une menace chez les riches, mais t’étais qu’une lavette dans ton monde. Et le problème dans tout ça, c’est qu’au fond de toi, tu enrageais. Incapable. Faible. Putain de fragile. Et rien d’autre. C’est c'que t’étais. Et ça devait changer.

Tu savais juste pas encore comment. C’était pas évident, parce que même sans le vouloir, tu passais toujours pour le faiblard du coin. T’étais le gamin qui choppait toutes les maladies parce que t’avais pas un système immunitaire en béton de base. Celui qui se baladait avec un masque sur le visage quand il y avait des épidémies et qui se lavait les mains dès qu’il touchait un truc pour éviter d’attraper quelque chose et parce que t’étais tellement maniaque que c’était juste inconcevable à tes yeux de faire autrement. Et ça t’avait dû l’comprendre et l’apprendre de toi-même. Pareil pour tes allergies. C’était pas ta vieille stone vingt-quatre heures sur vingt-quatre qui préférait mettre son argent dans la came plutôt que de l’utiliser pour s’occuper de toi qui t’en aurait informé. T’es même pas sûr qu’elle était au courant de tes problèmes de santé. Et si elle l’était, alors elle s’en foutait complètement. Ça t’a rendu prévoyant d’être forcé de devenir autonome rapidement. T’as eu ta première grosse réaction allergique quand t’es entré au collège. Un noisetier que ton corps n’a pas apprécié. Depuis, t’as toujours des stylos d’adrénaline sur toi. On sait jamais. Et ta vieille s’en est jamais préoccupé. Elle voyait juste une partie de son argent qui disparaissait, sans qu’elle sache trop comment. Pour elle, peut-être que ça partait dans la drogue ou l’alcool. Elle en avait tellement dans le sang qu’elle soupçonnait même pas que tu la volais.

Tout ça, t’as fini par en avoir assez. C'est comme ça que la rage que t'avait accumulée au fil des années a fini par être relâchée. Comme un élastique qu’on a trop tiré et qui a fini par péter. Ça fait jamais du bien un élastique qui craque. Ça fait toujours mal. Et t’as compris que dans la vie, tout était une affaire de décision. Alors quand t’as décidé de ne plus te laisser faire, Isaiah le p’tit chaton est devenu un lion.

Insanity.

Hit.
Hit. Hit. Hit.


T’étais pas mal à la place de la victime. T’étais utile à tous et à plusieurs. Mais t’as attiré l’œil des gangs du quartier quand tu as commencé à appliquer cette loi tristement devenue ta préférée. Œil pour œil, dent pour dent, la loi du Talion. Ta petite poussée de croissance au collège a aidé, et quand tu es arrivé au lycée, tu étais taillé. T’étais pas géant, mais suffisamment grand. C’est une période que ta mère n’a pas spécialement apprécié. Elle préférait largement cette époque où t’étais la putain de p’tite victime de service. Là au moins, elle était pas obligée de mettre une partie de son argent dans les réparations des dommages que tu causais. Parce que des lunettes, t’en as pété, des bastons, t’en as enchaîné, et des objets quelconques cassés t’en as aligné. Et tout ça, il fallait le rembourser, et c’est pas toi qui allais le faire. Ces mêmes instit’ qui croyaient en toi ont vite déchanté. Ils ont vite compris que ton cas était réglé. Intelligent ouais, mais tu faisais partie de ceux qui partiraient pas. T’aurais pas pu être préservé de l’environnement dans lequel tu vivais. T’aurais forcément été infecté par la perversion et la méchanceté. Parce que personne autour de toi n’avait de valeurs à admirer. Les gars comme toi qui finissaient bien avaient quelqu’un pour les protéger. Ils avaient la pauvreté, ouais, ils galéraient ouais, mais ils étaient pas laissés à eux-mêmes. Ceux qui étaient seuls tournaient mal. Ils n’avaient comme repères que la rue et eux-mêmes. Comme toi. Et comme toi aussi, ils étaient souvent les moins chanceux. L’abus à l’école n’était pas le seul motif du réveil de ton agressivité. Il y avait aussi ce que tu vivais chez toi. Tout était fait pour te rendre fou. Et finalement tu l’es devenu. Complètement fou.

Ta génitrice avait tendance à fréquenter différents hommes lorsqu’elle ne travaillait pas pendant une longue période. Non en fait, ce n’était pas vraiment ça. Elle arrêtait de travailler à cause de ces hommes. Et quand ils la quittaient, elle devait aller chercher de l’argent en faisant ce qu’elle savait faire de mieux. Tu n’as jamais compris pourquoi elle se donnait la peine d’essayer d’avoir des relations de plus d’une nuit. Elles finissaient toujours de la même manière : par l’abandon. Ta vie n’était pas des plus chaotiques lorsqu’elle se contentait de la prostitution. Mais quand ce n’était pas le cas, tu expérimentais deux choses qui vont toujours si bien ensemble. Ces mêmes choses qui te tiennent encore aujourd’hui. La douleur et la peur. La douleur parce qu’aucun de ces hommes qui défilaient n’était tendre. Toi qui cherchais innocemment une figure paternelle, t’as été obligé de t’en passer. Et forcément, ton image du père a été faussée, et jamais t’accepterais d’en devenir un toi-même. Alcooliques, junkies, souvent les deux à la fois, violents, tous autant que les autres. Si t’as appris à te défendre vite, c’était à cause d’eux aussi. Les coups, tu d’vais les encaisser sans rien dire. Le cendrier n’était pas à sa place après tout. Et même si c’était pas toi qui l’avais déplacé, ça méritait une raclée. Pourquoi est-ce que le sol n’avait pas été lavé ? Tu ne l’avais pas fait, il fallait te corriger. Le pire, c’était quand tu osais parler. Tu te prenais vraiment de sales raclées. Les mecs de ton école étaient des anges à côté. Tu te souviens d’une fois où tu as pris une raclée telle que tu t’es littéralement écroulé en rentrant après l’école, incapable de bouger pour faire quoi ce soit. Ce qui t’a sauvé c’est qu’on se foutait pas mal de ta vie et que les gens autour n’étaient pas curieux. Tout le monde avait ses galères, à commencer par les profs qui n’allaient pas s’embêter des problèmes de leurs élèves quand ils avaient déjà les leurs qui formaient une montagne. T’avais pas à chercher des excuses pour justifier tous tes bleus. Tout le monde connaissait Inori Greyster. Et tout le monde savait que t’étais rien d’autre que l’erreur, le fils de la pute. Ta propre mère te respectait pas. Ce n’était certainement pas les autres qui allaient le faire. D’ailleurs ta vieille, elle disait rien, jamais. Parfois même elle prenait part, se sentait pousser des ailes, et mettait toute sa hargne dans les coups qu’elle te portait. Le plus souvent, elle regardait, avec son regard vitreux et ses lèvres retroussées en une espèce de sourire moqueur. Tu voyais bien dans ses yeux c’qu’elle pensait. « Tu l’mérites gamin. » Et à force, t’y as cru à ces conneries. Ça s’est gravé dans ton putain de cœur comme une blessure qui se referme pas et qui cicatrise pas. Alors t’as fini par ne plus répondre et juste encaisser, comme tu le méritais. T’as compris que la douceur, c’était pas un truc auquel t'avais droit. C’était douteux quand quelqu’un était trop tendre avec toi, parce que t’étais persuadé qu’tu l’méritais pas, pire, que le contraire de la violence n’existait pas. Et t’es devenu le mec qu’on ne pouvait plus toucher. Littéralement, le moindre contact inattendu te rend anxieux, emmenant bien souvent à la panique totale. Mais ça, c’était juste la douleur. Tout a empiré quand la peur est venue te saluer.

Elle est arrivée insidieusement, comme un poison à retardement. Elle t’a infecté, et comme la douleur, tu n’as jamais pu t’en débarrasser. Ça a commencé quand tu es entré au lycée. T'allais avoir quatorze ans, y avait encore un peu d’innocence en toi. Tu te laissais plus faire par les autres, même si face aux différents compagnons de ta génitrice, tu avais fini par accepter ton impuissance. Et tu voyais pas comment les choses pouvaient empirer. Et pourtant, elles ont empiré. Il y avait ces jours où tu rentrais chez toi et que ta mère était en compagnie de personnes que tu n’avais jamais vues avant. Des hommes, des femmes, jeunes ou vieux. Ce n’était pas inhabituel, probablement des clients, alors tu ne t’en étais pas formalisé. T’avais déjà surpris certains de tes profs dans ce même foutu salon, le pantalon aux chevilles à faire la danse horizontale avec ta mère quand t’étais encore tout p’tit. Alors ça ne t’a pas surpris, plus rien ne pouvais plus te surprendre après de telles visions. Ça ne pouvait être que des clients. Des clients oui. Mais tu savais pas qu’ils étaient pour toi. Jamais tu ne l’aurais soupçonné. Aucun d’eux n’était là souvent, jamais en même temps. Ils te portaient tout leur intérêt, sans jamais aller trop loin. T’aurais dû être plus méfiant hein ? Moins naïf ? Mais même dans le pire des mondes, t’aurais jamais pensé ta propre mère capable de tenter de te prostituer. Parce que c’est à ça que ça a tourné. Très vite, les femmes t’ont laissé. Faut croire qu’un gamin inexpérimenté ne devait pas les intéresser, et quand elles l’ont réalisé, elles ont laissé tomber. Ou alors elles n’étaient pas assez pourries pour vouloir aller au bout de leur entreprise. Restaient donc les pervers, les vrais. Ceux qui n’avaient pas froid aux yeux. Ceux qui avaient probablement leur propre réseau de proxénétisme, et qui testaient leurs marchandises avant de les mettre sur le marché et qui n’avaient pas peur d’abuser de mineurs. L’air honnête et respectable, en réalité pourris, jusqu’à la moelle. Ils t’ont jaugé, observé et à la fin, il n’y en a qu’un qui est resté. Et alors, c’était trop tard. Tu te souviendras de ce jour toute ta vie. Il est gravé dans ta mémoire au marqueur indélébile. On l’appelait Mr. D dans le quartier. Personne ne connaissait sa véritable identité. Juste que c’était un homme à l’air chaleureux, mais pourtant particulièrement douteux. Il était élégant dans ses costumes, et semblait toujours amical quand vous discutiez. Tu pensais qu’il venait pour ta mère. Après tout, tout le monde tombait pour elle. Sur le coup, ça t’a jamais semblé étrange. Tu t’es jamais dit qu’un type comme ça se pointerait jamais aussi régulièrement dans un coin comme Cypress Hill. Il était le loup, et toi la brebis. Ce jour-là, le lion s’était endormi. Quand tu es rentré, ta mère t’a appelé par ton nom complet. « Isaiah Shinobu Greyster. » Là. La peur est entrée à cet instant précis, pour cette fois ne plus jamais te quitter. Ta mère ne t’appelait comme ça que pour t’alerter que tu allais t’en prendre plein la gueule sans raison apparente. Juste pour son putain de plaisir. Jusqu’à présent, t’es toujours en proie à la panique quand on t’appelle comme ça. Mais ce jour-là, y avait personne dans l’appartement. Juste elle et toi. Tu croyais en tout cas. Elle t’appelé, et t’as été incapable d’aligner quoi que ce soit. T’as bafouillé. Incapable de trouver des mots. Parce que t’avais peur. Non. T’étais terrorisé. Parce que pour la première fois depuis longtemps, tu ne savais pas ce qui t’attendait. Alors simplement, tu t’es figé, ton regard doré en balade dans la pièce pour voir s’il y avait quelque chose d’anormal alors que ton sac de cours était toujours sur ton épaule. Ta mère avait rompu avec son dernier copain en date depuis longtemps. Alors pour t’avoir appelé comme ça ? « Monte. » Tu l’avais toisée un moment. Cette femme ne t’effrayait pas, pas vraiment, un peu seulement. Bullshit. Bien sûr que tu avais peur d’elle. Tu la fuyais la plupart du temps. Mais ceux qui te faisaient bien plus peur, c’étaient ses compagnons en contrat à durée déterminée. Tu n’comprenais pas ce qui la poussait à te donner des ordres alors qu’elle n’avait aucun droit sur toi. Alors t’as pensé qu’elle voulait simplement jouer avec toi, histoire de se donner du pouvoir, parce que si elle sait qu’elle ne peut rien, ses copains aux tendances violentes eux peuvent te faire quelque chose, et ça ne te rassure jamais. Alors quand t’as terminé de scanner le coin, tu t’es relaxé. Fausse alerte que tu t’es dit. Et alors t’es monté. Pas parce qu’elle te l’avait ordonné mais parce que t’avais rien à faire, et que ta chambre était ton seul havre de paix. Etait. Même ça, on te l’a enlevé. De force, parce que le choix, tu ne l’as plus depuis que tu es né. Tu ne t’es pas méfié, et tu aurais dû. Si seulement tu avais su. « Bonsoir Isaiah. » Surpris, tu as sursauté. Il était là, l’homme dans son costume de pingouin, un sourire aux lèvres qui ne te plaisait pas. Pas du tout. Mr. D dans ta chambre, c’était une première. Il t’a fait signe de t’asseoir mais tu n’as pas bougé. Alors il est venu vers toi, saisissant au passage un verre posé à même le sol près de ton matelas, parce que le sommier c’était pour ceux qui avaient des moyens, et le matelas, tu l’avais récupéré en bas d’une rue, et recousu, histoire que les ressorts ne se barrent pas. Ta situation, tu ne l’aimais pas. Tu avais l’impression d’être une proie. Et c’était exactement ça. Tu étais une proie. Dans cette chambre, tu as vu ce que tu n’aurais pas dû voir, expérimenté ce que tu n’aurais pas dû connaître. « J’ai payé pour toi, alors tu vas faire ce que je dis. » À ce moment-là, tu t’es demandé ce que ta mère trouvait à ce monde. Pourquoi elle ne faisait pas autre chose ? Et pourquoi elle avait imaginé que tu devais faire c’qu’elle faisait ? L’homme t’a frappé une première fois. Tu hurlais trop et il aimait pas. Le deuxième coup, c’était parce que tu l’avais mordu. Alors pour ça, il t’a bâillonné avec sa cravate. Après, tu ne les as plus comptés les coups. Jusqu’à ce qu’il décide de passer à autre chose, puisque c’était pour ça qu’il avait payé. Avant ça, t’étais prêt à prendre les coups. C’était triste, mais t’en avais l’habitude. En revanche, lorsque l’expression « être à deux doigts de » est devenue littérale, là non, tu n’étais plus prêt à rien. T’as eu mal. Parce qu’il n’y allait pas de main morte. T’as crié, mais le bâillon t’étouffait. Au début, il te maintenait les mains, t’arrivais pas à te dégager. Alors t’as crié, tu t’es tortillé, t’as tout essayé. Pleuré aussi parce que t’avais mal, parce qu’un puis deux et trois. Tu les as comptés ses doigts. T’aurais tellement aimé les lui couper. T’as fermé les yeux, ignoré tes larmes, composé avec la douleur. Tu étais là sans l’être. Il t’a lâché finalement, sans doute parce que t’opposais plus tellement de résistance. À quoi bon ? Tu n’avais personne à appeler. Il t’a pris la seule chose que tu avais pu protéger jusque-là. Tu ressentais tout et tu ressentais rien. Présent sans l’être. Il était violent, profitant de ton corps avec tout le plaisir du monde, plaisir malsain dont il se délectait en voyant tes larmes. Allant et venant en te soufflant à l’oreille que t’étais pas si mal pour un puceau, que tu ne serais probablement bon qu’à ça comme ta vieille. Ce jour-là, ils t’ont tué. Tu t’es détaché, vivant ce cauchemar comme hors de ton corps. Incapable de dire quand ça s’est terminé. Le monstre s’est écroulé sans même prendre la peine de se retirer. Il t’a fallu le pousser, puis te lever. Vider ton estomac dans la cuvette des chiottes jusqu’à ce que tu n’aies plus rien. Ensuite, tu t’es barré, aussi vite que tes jambes tremblantes et ton corps douloureux te permettaient d’aller. Alors c’était ça ? Tu valais tellement rien que ta mère avait décidé de te livrer aux proxénètes ? Ou alors, peut-être que ça lui rapportait beaucoup de te vendre ? Ça t’a fait mal. T’étais habitué à ça pourtant, un coup au visage ou ailleurs n’était jamais agréable. Mais ça, c’était un autre genre de douleur. C’était celle qui t’accompagne chaque jour, avec la peur. Au fond de toi, t’espérais encore un peu bêtement. Ta mère pouvait pas te haïr à ce point, autrement elle t’aurait abandonné. Et pourtant, l’adrénaline qui poussait tes jambes à courir puis vite, à fuir plus loin et à ne surtout pas t’arrêter provenait bien de la monstruosité qu’elle avait organisé. Ce soir-là, tu as fugué. Et ce soir-là, ce qu’il restait du toi encore innocent, qui cherchait le bien dans les autres, quelles que soient les circonstances a été brisé. Non. Massacré.

Ouragan.

Hit.
Hit. Hit. Hit.
Hit.


L’impuissance. Tu n’aimes pas ça. Pas du tout. C’est probablement pour ça qu’après le coup de ta mère qui a voulu te prostituer, et ce qu’il y a eu ensuite, tu t’es mis à déverser dans les rues tout ce que tu gardais en toi, et que tu étais incapable de rendre à tes bourreaux. L’expression de ta peur, de ta rancœur et de toutes ces émotions dont tu n’savais pas parler, c’était la violence. Toujours sur tes gardes, irritable et irrité. C’était beaucoup plus simple de massacrer les autres. C’était sur les autres que tu passais ta frustration. Tu sais que ta façon d’extérioriser était malsaine. Mais c’était tout ce que tu connaissais. Frapper, lutter. Encore, et encore. Avec le temps, t’avais fini par te former un p’tit groupe, constitué de gars avec lesquels tu t’étais battu, mais qui avaient compris qu’ils n’avaient pas choisi la bonne personne à emmerder. Tu n’étais plus une p’tite frappe, mais t’étais pas encore une terreur. On commençait à savoir qui était Isaiah Greyster, pas juste en tant que le fils de la pute, et pour ça, les gens s’amusaient moins à te regarder de travers. En tout cas, pas ceux qui pourraient pas assumer. Parce que tu démarrais au quart de tour. Mais t’agissais pas comme les mecs de ces gangs qui campaient dans les rues sombres et vous observaient, sachant qu’ils avaient le pouvoir. Depuis l’incident avec Mr. D, t’étais devenu un véritable ouragan. Deux ans après, t’avais encore des séquelles, et t’es pas certain qu’elles disparaîtront un jour. Impossible de fermer l’œil la nuit sans être tiré de ton sommeil par un mauvais rêve. Impossible de rester chez toi quand tu savais que ta mère serait là parce que t’avais trop peur qu’elle te refasse un truc pareil, alors tu dormais dehors le plus souvent. Impossible de mêler la justice à cette histoire parce que t’étais incapable d’en parler, et de tout façon, qui te croirait ? Ta confiance, tu ne l’accordais à personne. A part en cas de bagarre, personne ne pouvait te toucher, parce que t’avais beau essayer d’oublier, t’étais traumatisé. Tu supportais que le contact des poings. Et tu comprenais que le langage de la violence. Le reste, c’était pas pour toi. Le lycée, t’avais abandonné. Tu faisais plus d’effort. Le minimum pour passer. Ton GPA ne témoignait pas de tes capacités tant il était bas mais t’en avais absolument rien à faire. Deux ans plus tôt, on t’avait sucé ton reste de vitalité, et tu n’avais plus rien, rien à part la colère, la douleur, la peur, et probablement la tristesse aussi. Mais ça, t’allais pas le reconnaître. Et puis t’étais plutôt secret, un mec de peu de mots. Ça te donnait ce côté un peu mystérieux et bad boy qui plaisait aux filles. A partir de là, t’as commencé à avoir du succès auprès d’elles. Tu les enchaînais les une à la suite des autres, parce que tu comptais pas te poser. Parce qu’aucune ne te donnait envie de le faire. Parce que tu ne savais pas comment faire, d’autant que tu supportais pas le moindre contact. Ça t’a rendu dépendant à l’alcool, aux drogues, entre autres substances, parce que comme ça tu planais, comme ça tu supportais, comme ça t’oubliais, le temps de la durée du rush, avant de retomber durement dans ta réalité. Ça t’faisait chier, parce que ça te rendait pas différent de ta mère finalement, et tu voulais pas finir comme elle alors tu t’efforçais d’avoir un minimum de contrôle. Mais c’était tout ce que tu connaissais. Et c’était tout ce qui pouvait t’aider à supporter. Mais malgré tout ça, tu pouvais pas nier le fait que t’avais l’impression qu’il y avait quelque chose qui manquait. Tu savais pas quoi, mais ça te dérangeait. T’avais d’intérêt pour aucune fille, tu faisais les choses par automatisme. Tu les regardais pas elles, ton regard s’arrêtait plus souvent sur eux. Mais ça voulait rien dire ça, hein ? Ta première fois, t’avais pas ressenti l’excitation à laquelle tu t’attendais. T’avais pas pris de plaisir, que dalle. Rien à part du dégoût. Tu t’en souviens bien malheureusement. Donc t’as largué la fille avec qui t’étais, t’as essayé avec une autre. Toujours la même chose. Et pareil avec celles qui ont suivi. Souvent, tu t’arrêtais avant même qu’il ne se passe quelque chose. Parce que t’étais pas un connard à c’point. Et alors tu sais pas, p’tet que tu cherchais ? Sans jamais trouver. Tu savais pas à quoi devait ressembler la relation parfaite. Et puis un jour, tu l’as rencontré. Et tu as compris.

C’était un soir comme la plupart des soirs. Tu roulais sur ton skate pour aller retrouver tes gars qui t’avaient proposé une sortie. C’est comme ça que tu t’es retrouvé chez Santana avec eux. Santana, c’était la référence du coin. Elle tenait une boîte à la limite entre le bar et le bordel, qui se fichait pas mal des lois en vigueur et c’est pourquoi c’était pas étonnant que des mineurs comme tes potes et toi puissiez entrer sans avoir même à présenter de faux papiers. La police pénétrait rarement votre quartier de tout façon. Là-bas, c’était toujours la même chose. Alcool, dope, et toujours du sexe. Y avait pas de valeurs. Là-bas, t’avais pas seize piges. Là-bas, t’étais un mec comme tous ceux qui venaient. C’est là que t’as eu tes premières expériences. T’as été initié là-bas, t’es d’venu un homme là-bas. C’est ce qui arrivait quand autour, tout le monde était plus vieux que soi. On se retrouvait sous une influence, à faire des choses qu’on devait pas. Au début, t’étais pas chaud pour y aller. T’étais plutôt irrité, et t’avais pas envie de décompresser avec un verre, mais plutôt avec un sac de frappe. En plus, tu savais très bien comment ça allait se finir, et t’en avais vraiment pas envie. Mais tes potes t’avaient convaincu et finalement tu les avais suivis. Pas de problème pour entrer, vous vous étiez installés, vous aviez commandé. Au bout d’un moment, tes potes avaient décidé de partir à la chasse et toi, t’avais pas eu envie d’bouger. T’étais resté assis, calant entre tes lippes une clope que t’avais allumée avec un briquet volé dans la poche arrière d’une serveuse à laquelle t’avais adressé un de tes sourires hypocritement charmeur pour qu’elle te colle la paix. Des gens t’avaient salué et t’avais répondu sans vraiment les reconnaître. T’étais rarement sobre quand tu venais chez Santana, et si on se rappelait de toi, c’était absolument pas ton cas. Pour faire simple, tu t’faisais chier. Et il est arrivé. Il s’était assis en face de toi et te fixait, et tu ne l’avais pas remarqué tout de suite, perdu dans tes pensées. Et puis t’as fini par sentir son regard sur toi, alors t’as redressé la tête, préparant une remarque acide pour cette personne qui te fixait sans gêne. Mais quand tu l’as regardé, les mots sont morts au fond de ta gorge. Tu venais de te faire gifler, et c’était pas physique. Tout ton corps s’était tendu, en alerte, et tes doigts étaient crispés autour de ta clope. Tu ne comprenais pas ce qui t’arrivais. T’avais jamais ressenti des sensations pareilles. Il était beau. Putain, même trop beau. Tu t’souvenais de lui. Tu l’avais déjà vu au salon de Max avec un de ses potes. Tu pouvais pas l’encadrer alors t’avais tenté de l’oublier à l’aide de ta pote l’héroïne. Alors t’as décidé de faire semblant. « T’es qui toi ? Qu’est-ce que tu m’veux. » Il s’était mieux installé sur sa chaise et il avait souri. Un sourire que tu connaissais bien. Sauf qu’en général c’est plutôt toi qui l’adressait. Le sourire de ceux qui savaient qu’ils obtiendraient ce qu’ils étaient venus chercher. Il le savait. Il t’avait eu. « Je ne me suis pas bien présenté l’autre fois, désolé Kitten. Moi c’est Tyron. Et toi, t’es plutôt cute. » Tu n’as rien dit. Tu savais pas quoi répondre à ça. Tu crois même que t’as rougi un peu à ce moment-là. Et ça t’avait fait chier. T’étais pas timide ou fragile, et t’allais certainement pas te comporter comme une gamine devant son amoureux. A cause de quoi ? Un simple petit compliment ? T’étais ennuyé. Vraiment très ennuyé. Parce que t’as été incapable de t’empêcher de l’observer. De détailler ses yeux bleus et francs, sa longue chevelure brune, son visage anguleux, ce piercing sur sa lèvre inférieure et ses lèvres. Si provocantes. Et là, quelque chose avait cédé en toi. T’as eu comme un flashback, revu d’autres lèvres posées sur les tiennes. Tout à coup, tu t’étais senti vulnérable. Plus encore que d’habitude. T’avais baissé ta garde. Et t’aimais pas ça. Alors tu t’es redressé et tu l’as regardé droit dans les yeux. Quoi qu’il fût en train de t’arriver, et même si t’avais ressenti un truc très fort que tu t’expliquais pas encore, ce soir, il t’aurait pas. « Range ton sourire, et dégage de ma vue. » Pour toute réponse, son sourire s’était étiré. Pourquoi devait-il être aussi conscient qu’il avait réussi à t’avoir ? Il s’était levé, te disant de ne pas paniquer, qu’il s’en allait, mais que tu devais te préparer parce que tu l’reverrais. « A bientôt, Kitten. » Et tu l’avais regardé partir, observant sa démarche et sa façon de se tenir. Longtemps. Jusqu’à ce qu’il disparaisse de ton champ de vision. Et tu avais décidé que t’en avais assez. Alors toi aussi, tu t’étais levé, avec la ferme intention de tout oublier des sensations désagréables de cette soirée, hypermnésie ou pas.

Hit.

Ils étaient deux, et ils avaient l’air heureux. Scott et Finn, deux seniors de ton lycée. T’avais quelques cours avec l’un et l’autre. Tu les avais croisés en regagnant ton point de chute parce qu’il était hors de question que tu retournes chez toi en sachant qu’Inori était là, ça te faisait trop peur. Et surtout pas dans cet état-là. Crevé, complètement défoncé. T’attendais le soir pour ça, quand elle partait bosser. Le moins tu la voyais, le mieux tu te portais. Alors t’étais le moins possible dans cet appart’ miteux dans lequel vous cohabitiez. T’avais ton casque sur les oreilles, t’étais perdu dans des pensées sombres et ils ont attiré ton regard. Ils étaient appuyés contre un mur, main dans la main, le regard plongé dans celui de l’autre. Ils avaient un truc, ça se voyait. Alors tes pensées ont été ramenées à ta soirée quelques jours avant. À ce Tyron que t’essayais d’oublier. Pendant un court instant, t’as pensé que tu pourrais avoir ça toi aussi. Et puis l’idée t’es très vite passée. T’y croyais pas vraiment. Tu commençais à te sentir comme un stalker alors t’avais décidé de t’en aller. T’espérais être discret, mais Finn t'avais remarqué. De là où t’étais, t’avais bien vu qu’il s’était figé. Il avait dit un truc à son copain qui s’était retourné aussitôt pour te regarder. Ils semblaient s’attendre à ce que tu fasses quelque chose. Pourquoi ? « Toi aussi tu veux nous finir Greyster ? » Tu n’avais pas compris. Tu n’avais aucune raison de te battre avec eux. Mais les gars qui sont arrivés après, si apparemment. Toi, ils t’ont salué. Mais Finn et Scott… « Mais ce sont nos pédales préférées ! Vous osez encore vous montrer en public les tapettes ? Besoin d’vous rappeler qu'ici, vous n’avez pas le droit d’exister ? » Ils n’ont eu aucune pitié. Ça chez toi, c’est un truc qui n’a jamais existé. Finn n’a pas cherché à se défendre. Scott lui a tenté, mais ils étaient à trois pour le massacrer. Et toi ? Et toi Isaiah ? La terreur t’a figé sur place. T’étais incapable de bouger, ni même de parler. Tu pouvais juste regarder, immobilisé. Parce que tu les comprenais toi. Au fond, tu savais bien que t’étais comme eux. Sinon, t’aurais pris ton pied avec toutes les filles que t’avais rencontrées. Sinon, t’aurais pas ressenti de désir pour ce type aux yeux bleus. Quand le groupe en a terminé avec le couple, ni l’un ni l’autre ne pouvait se relever. Ils sont partis en leur crachant des insultes et en riant, et toi tu es resté planté là. Pas un mot, les yeux écarquillés, la panique était venue te prendre à la gorge. À cause de leur homosexualité, Finn et Scott venait de se faire tabasser. Sous tes yeux. Tout ton corps tremblait, tu le sentais. Parce que ta conscience te disait simplement « Ça pourrait être toi Isaiah, ça aurait pu être toi. » Et tu te sentais comme si c’était toi qu’on avait massacré. Tu pouvais pas jouer le dur, faire le grand. Là, tu t’es rappelé que t’avais beau avoir grandi, avec ton mètre soixante-dix, tu restais le gamin qui jouait dans la cour des grands. Un gamin de seize ans et quelques face à des gens à parfois quelques mois de la majorité. Ta réaction face à cette scène était honteusement puérile. Et toi qui croyais avoir vu pas mal de choses déjà, tu t’es rendu compte que beaucoup pouvaient encore te toucher. Alors sortant de ta torpeur, t’as reculé d’un pas, puis de deux. Et très vite, tu t’es mis à courir, tu t’es mis à fuir. Ta lâcheté ce soir-là t’a poussé à abandonner les deux gars blessés, sans même savoir s’ils étaient encore en train de respirer. Et tu te répétais une seule et unique phrase en courant, une seule et unique. Je ne suis pas un pédé.

C’était la vérité pas vrai ? Alors pourquoi même dans ta tête ça sonnait aussi faux ?

Ce n’était pas de l’amour.

Hit.
Hit.
HIT.


Tyron Jones. Effronté, insolent, et beaucoup, beaucoup trop audacieux. Tu l’as évité. Longtemps. Très longtemps. Pas parce qu’il te soulait, même s’il y avait un peu de ça. Mais surtout parce que tu étais terrifié. Et tu savais que s’il t’approchait de trop près, il allait faire sortir de toi ce que tu tenais absolument à cacher. Tu voulais pas finir comme Scott et Finn qui avaient dû rester un moment à l’hosto à cause des nombreux coups qu’ils avaient reçus. T’avais beau savoir bien te battre et te défendre face aux meilleurs, tu ferais pas le poids s’ils devaient s’en prendre à toi. Alors forcément, voir Ty rôder autour de toi comme un fauve qui attendait de se jeter sur sa proie, ça te mettait à cran. Naturellement, t’avais tendance à être méchant. Mais avec lui, t’étais tout simplement et purement ignoble. Tout et n’importe quoi pour qu’il sorte de ta vie. Sans savoir que lorsqu’il entrait quelque part ce Ty, c’était dur de l’faire sortir. Il trouvait toujours un moyen pour que tu doives le voir. Pour lui c’était simple. Il te voulait. Point. Et tu pouvais lui balancer à la gueule toutes les obscénités du monde, lui, ça l’amusait simplement. A ses yeux, t’étais le mec qui s’faisait désirer. Il entendait pas que tu voulais pas de lui. Probablement parce qu’il savait que c’était pas la vérité. Et toi, tu pouvais te mentir comme tu voulais, tu savais bien que t’étais pas crédible. Parce que ce foutu Ty te plaisait. T’avais fini par te l’avouer. L’accepter c’était autre chose, mais au moins, t’en avais conscience. Et ça, il l’a vite saisi. Et il a fait en sorte d’être encore plus présent. Toujours plus, au point où t’as fini par t’habituer à lui, à sa présence permanente, à ses blagues salaces et ses techniques de drague subtiles en public, parce qu’il était pas con non plus et il savait que s’il s’affichait trop, il risquait gros. Il s’est rendu dépendant. Tu dépendais pas d’lui nan, juste de sa présence. Du fait qu’il soit là, même si tu le repoussais à chaque fois. Et puis un jour, il a arrêté d’être là. T’as pas capté que ça faisait partie de son plan. Qu’il le faisait exprès. Pour toi, il était juste plus là, du jour au lendemain. Et t’appréciais pas. Pas du tout. Tu t’es mis à attendre. Un jour, deux. Une semaine. Voir s’il allait revenir. Sauf qu’il l’a pas fait. Et comme tu savais pas t’exprimer autrement, ça t’a mis en colère. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il avait disparu comme ça ? Est-ce qu’il avait trouvé quelqu’un d’autre ? Est-ce que c’était mort pour toi ? Est-ce qu’il t’avait vraiment abandonné ? Pourtant, il te disait si souvent que c’était avec toi qu’il voulait être. Est-ce qu’il te prenait au sérieux chaque fois qu’il te trouvait à la sortie des cours, quand tu marchais seul, et que tu lui disais de fermer sa grande gueule et de te coller la paix ? Est-ce qu’il était vraiment allé voir ailleurs ? Mais il pouvait pas te laisser tomber, il pouvait pas. Quelque part, savoir qu’il t’avait abandonné te terrifiait tout autant si ce n’est plus que le fait que quelqu’un découvre que ce type te faisait de l’effet. Et c’était égoïste, tu l’savais. Mais t’avais décidé qu’il avait pas l’droit. Que ça d’vait être personne d’autre que toi. Pour une raison ou pour une autre, t’es revenu vers lui. Parce que tu pouvais pas supporter qu’il te laisse. Alors tu t’es pointé chez lui un soir. T’allais lui balancer tes quatre vérités à la gueule. Lui dire qu’il t’appartenait, qu’il pouvait pas voir quelqu’un d’autre. Lui dire qu’il ne devait voir que toi, et pas un autre. T’étais vraiment en colère. C’est ce que tu voulais faire. Pourtant, quand vous vous êtes retrouvés tous les deux dans sa chambre, c’est pas c’que tu lui as dit. « J’suis pas une putain de pédale, tu m’entends ? » Tu lui lançais un regard mauvais. Et à l’instant où tu avais sorti ces mots de ta bouche, il t’avait regardé avec un regard tout aussi noir. Il aimait pas tes mots, mais il savait te traduire. J’ai peur comme jamais auparavant. Il avait fait quelques pas vers toi, et tu l’avais imité. Face à lui, t’étais pas crédible. Obligé d’lever la tête parce qu’il avait une bonne tête de plus que toi. « Pardon ? Répète pour voir ? » T’allais répéter sans problème. T’allais le faire ouais. Mais tu l’regardais, et t’as été distrait un instant. T’étais pas gay, nan tu l’étais pas. Mais pourtant, tu l’voulais. Alors tu l’as attrapé par le col de son sweat et tu l’as fait descendre à ta hauteur. En faisant ça, t’avait marqué le début de ta fin. Tu savais pas trop où regarder. Ses yeux ou bien ses lèvres ? « J’ai dit : je suis pas une putain de pédale. J’suis pas comme toi. J’te supporte pas. Et je… J’te déteste parce que t’étais pas là, salaud. Moi j’veux pas de toi, tu m’entends ? J’suis pas comme toi. » Tu t’perdais dans tes mots. Tu t’entendais et tu savais que t’étais pas cohérent. Tu faisais pas sens et ça t’irritait d’autant plus que ça semblait amuser Tyron. « Ferme ta gueule. » Et tu l’as fermée ouais. Pas parce que tu voulais obéir. Juste parce que ses lèvres sur les tiennes t’avaient fait oublier que t’étais censé protester.

HIT

Vous avez fini par sortir ensemble Ty et toi. Tu disais rien, mais tu l’assumais pas. Tu passais beaucoup de temps chez lui, parce que chez toi, c’était pas imaginable, et tu le voyais rarement en dehors de chez lui d’ailleurs. Très vite, t’as remarqué que Tyron était pas mal tactile. Il t’avait fallu du temps pour t’y habituer. Parce que t’avais beau faire, l’accident Mr D. était toujours gravé dans ta mémoire, et puis tous les charmants copains de ta génitrice aussi, même si beaucoup de temps s’était écoulé depuis. Mais c’est pas comme si t’allais lui dire ça. Ta gueule, tu la fermais le plus souvent. C’qui t’torturais, tu l’disais jamais. Tu savais endurer, pas parler. Alors si au début, tout allait bien dans l’meilleur des mondes, très vite, les choses ont commencé à mal tourner. Un mois, deux, puis trois. Ty a essayé de te faire parler. Souvent. Tu devais extérioriser, qu’il disait. Il cherchait à obtenir de toi quelque chose que t’étais pas prêt à donner. Et tu sentais bien qu’il s’impatientait, mais est-ce qu’il pouvait vraiment t’en vouloir ? Parce que tu ne saisissais pas toutes ses allusions ? Parce que tu n’arrivais pas à comprendre tes émotions ? Ça devenait de plus en plus le bordel dans ta tête et tu comprenais pas qu’il ne puisse pas le comprendre. C’était lui l’apprenti psychiatre. Il savait pourtant que t’avais de sérieuses difficultés, et tu pensais qu’il comprenait au travers de certains de tes gestes. Tu te souviens de cette fois où t’avais passé la nuit chez lui. T’avais été réveillé par un cauchemar, et t’étais en train de vider tes tripes dans ses chiottes. T’étais pas suffisamment discret parce que tu l’avais réveillé. Il t’avais trouvé en boule, dans un coin de sa salle de bain, à te noyer dans tes larmes, et tu l’avais laissé te consoler. Tu l’avais laissé te toucher, te serrer contre lui et t’apaiser. Est-ce que c’était pas suffisant ? Pourquoi il ne comprenait pas ? Alors vos disputes devenaient plus régulières. Et t’aimais pas vraiment ça, parce que t’en étais la cause, et t’avais pas tendance à calmer le jeu, mais plutôt envenimer la situation. Parce que t’étais un nerveux, que tes émotions, tu les avais bloquées toute ta vie, alors tu ne savais pas quoi faire lorsque soudainement elles devenaient incontrôlables et ton seul moyen d’expression généralement, c’était tes poings. Alors ouais, vous vous battiez souvent aussi. Parce que ça, c’était ta spécialité. Et tu te demandais souvent ce qu’il attendait vraiment. Pourquoi il voulait te changer depuis le temps qu’il te connaissait et qu’il savait comment tu fonctionnais. Il te disait tout l’temps qu’il t’aimait. Et même si tu saisissais pas vraiment le sens, tu te disais que ça supposait de t’accepter comme t’étais. Non ? Evidemment, c’était pas toujours comme ça. Vous aviez vos moments agréables aussi. Sinon, vous auriez jamais tenu. Ceux-là, c’étaient tes préférés. Et là, tu te rappelais qu’avec Tyron, t’étais bien. T’étais vraiment bien. Presque heureux. « Tu sais déjà ce que tu veux te faire tatouer ? » Ce jour-là, c’était l’un de ces fameux jours où tout allait bien dans le meilleur des mondes. Pour une fois, vous étiez chez toi, uniquement parce qu’Inori n’était pas là et ne reviendrait pas avant un moment. Tu t’étais levé pour aller chercher ce carnet où tu passais ton temps libre à gribouiller. C’est là qu’étaient nées toutes tes idées depuis que t’avais été pris par Max, le gérant du salon du coin comme apprenti. Les études, tu savais que c’était pas pour toi parce que t’avais aucune vision d’avenir, alors pour te faire un peu de sous, t’avais été gratter à la porte de Max, histoire de pouvoir faire quelque chose de ta vie après le lycée malgré tout. Tu pouvais pas bosser légalement, parce qu’il te manquait les formations, et tu pouvais pas t’permettre de les faire, alors Max te gardait pour faire les dessins des clients. Pour ça, t’étais doué, et t’avais pas à montrer que t’étais pas con. T’étais pas forcément fan du salon, mais c’était ça ou rien. Tu t’disais que peut-être tu pourrais devenir tatoueur plus tard, ou artiste. Tu savais pas, tu te projetais pas vraiment. Tout ça, ça n’était que des rêves. Dans toute ta merde, t’en avais quand même quelques-uns de rêves. « C’est super beau c’que tu fais Shin. » Shin. C’est comme ça qu’il avait réduit Shinobu, le second nom dont t’avait été affublé et que tu détestais. Pour toi, c’était un prénom maudit, qui te définissait si bien, mais qui te rappelait trop bien que t’étais enchaîné. Tu montrais pas souvent tes dessins. Par rapport à ce que tu faisais pour les clients de Max, les tiens étaient vivants, humains, avaient une histoire, une symbolique. C’étaient tes maux, et tes mots. Ce qui te faisait mal et ce que tu ne savais pas dire. Parce que t’avais jamais su t’exprimer. C’que tu pouvais pas dire, tu l’écrivais, ou tu le dessinais. C’était mieux que de te battre à tout va pour essayer de t’faire comprendre. « Tu devrais partir tu sais. » T’avais haussé les épaules. Si tu pouvais, tu l’aurais fait. Depuis longtemps. Et Ty le savait. Tu lui avais parlé de ta vieille, un peu. T’étais pas rentré dans les détails. Et puis de toute façon, tout le monde la connaissait. Alors c’était toujours la même chose. Chaque fois que Ty voulait t’encourager à partir, tu restais silencieux. Encore plus maintenant que t’avais appris que t’étais aussi attaché à un pays à l’autre bout du Pacifique. Et ça aussi, il le savait. « Hey, fais pas cette tête. J’suis là pour toi, que tu partes ou non. » Tu savais pas pourquoi, mais l’entendre dire ça, ça t’énervait. Ça t’énervait parce que t’étais persuadé qu’il lui en faudrait peu pour prendre ses cliques et ses claques et t’abandonner. Et en même temps, ça te réjouissait. Et t’avait l’impression que ton cœur gonflait comme un ballon. Mais tu savais pas trop de quelle émotion. Alors tu lui disais juste de se taire. Qu’il se la ferme, parce que tu savais pas quoi lui répondre. Et généralement, c’était là, la fin du moment agréable. Parce qu’il voulait entendre de ta bouche des mots que tu refusais de lui dire. « Arrête. » T’as voulu te lever. Partir. Pour éviter que les choses prennent une mauvaise tournure. Mais il t’avait attrapé. Il voulait t’empêcher de fuir. Que tu lui retournes enfin son « je t’aime ». Aimer, toi ? Tu ne pouvais pas. Pourquoi ? Personne ne t'avait jamais appris. Ça n’avait pas de sens pour toi, avant que tu vérifies dans un dictionnaire. Et t’as réalisé que c’étaient trois petits mots qui engageaient beaucoup de choses. Et pour ça, t’étais pas prêt. Si tu lui disais, tu supporterais pas d’le quitter après. Tu supporterais pas qu’il te trahisse et t’abandonne. Ça te terrorisait. Des attaches émotionnelles, t’en avais eues aucune. Là, tu mettais beaucoup trop de toi en jeu. Beaucoup trop. Alors t’as pas réfléchi longtemps quand tu lui as collé ton poing dans le visage. Tu supportais pas qu’on te mette la pression. Il t’énervait, t’effrayait et y avait cette part sombre en toi qui voulait juste lui faire mal à cause de ça. Il avait relâché sa prise, mais c’était pas encore suffisant. T’as cherché à te dégager, tu t’es débattu mais il t’a retenu, et plaqué contre le mur de ta chambre. Et alors ça avait été plus fort que toi, t’avais paniqué. Tu t’étais débattu plus fort jusqu’à ce qu’il te lâche. Il avait dû voir la peur dans ton regard. Et après t’avais réalisé ta connerie. Tu l’avais insulté. Et puis tu t’étais excusé. Les joues rouges, la tête baissée, tu voulais pas le regarder. Tu voulais pas qu’il sache que t’étais prêt à céder. Pourtant il avait reposé sa question. La même qu’il te posait depuis longtemps. Incapable de parler, t’avais acquiescé. Parce que si t’avais encore essayé de t’exprimer, tu l’aurais frappé, pour avoir réussi à tirer de toi ce que tu voulais garder. Tu lui as pas caché que t’étais effrayé. Mais t’as aussi pensé que désormais, entre vous, ça devrait aller. Comme tu t’étais trompé. Après tout, tu ne pouvais pas t’empêcher de douter. Et la vie t’avait montré que bien souvent, tes doutes et tes craintes étaient fondés.
Isaiah S. Greyster
Isaiah S. Greyster
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Les plus du perso :
Je suis: anti-Incontestable.
Époux/se : Célibataire.
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Isaiah S. Greyster
Isaiah S. Greyster
Isaiah S. Greyster
Dim 18 Avr - 21:38
Isaiah Greyster
« With pain comes strength. »

Histoire
Mieux vaut être seul que mal accompagné, hein ?

HIT

La trahison. Ça fait mal. Toujours. Mais toi, t’as eu l’impression de la ressentir avec cent fois plus de force qu’elle n’aurait dû te frapper. Selon les gens, ça varie. Une connaissance, ça ne fait pas grand-chose. Un ami ? On commence à avoir plutôt mal quand même. Un petit ami par contre… Et pour toi, ça a été exactement ça. Juste comme ça, Ty t’a retiré ton habilité à faire confiance, à aimer, et le membre qui allait avec tout ça aussi. Ce jour-là a été le pire de ton existence. Il ne portait déjà pas un bon bagage, parce que c’était le jour de ta naissance. Ouais. Le jour de ton anniversaire. En temps normal, tu l’fêtais pas. Parce déjà, t’avais pas les moyens pour ça, et parce que personne s’intéressait suffisamment à toi pour s’en souvenir. Grâce à Ty, t’as eu une raison supplémentaire de ne pas le fêter. Tu voulais pas te rappeler la trahison tous les ans. C’était devenu un peu tendu entre vous, parce que Ty voulait faire passer votre relation à un autre stade. Ça devait devenir plus physique, et psychologiquement, t’étais pas prêt. A chaque fois, tu fuyais. C’est pas que tu voulais pas. Mais souvent, les traumatismes parlent plus forts. Alors quand il commençait, tu essayais ouais. Mais très vite, tu le repoussais. Tu repensais à ta mère, ses différents copains, Mr. D et c’était suffisant pour te faire paniquer. T’avais trop peur pour ça, est-ce que c’était pas normal ? Bien sûr, tu pouvais pas le dire à Ty. T’osais pas. Et puis c’était pas simple d’en parler. Tu pensais qu’il comprendrait sans que t’aies trop à lui parler. Après tout, après six mois, on commence à bien comprendre une personne non ? Et puis c’était son domaine de chercher à comprendre les gens. Mais apparemment, lui, il ne te comprenait pas. Il comprenait rien. Ah si. Il commençait à croire que t’étais malade. Ses pseudo diagnostics d’une maladie dont t’étais certain de pas souffrir. Ton seul tort c’était d’être un peu instable, et pour toi c’était rien de grave. Pour lui, si. Tu pensais qu’il comprendrait, mais il creusait petit à petit un fossé entre vous et ça t’effrayait. T’étais pas au courant de ses affaires. Tu voulais pas être le type trop possessif, alors tu laissais Ty vivre sa vie, en ravalant ta jalousie quand tu la sentais monter parce que t’estimais être suffisamment territorial. C’est pour ça que tu savais pas qu’il fréquentait Finn. Ce même Finn que t’avais vu s’faire démonter en moins de deux. Ce même Finn qui avait rompu avec son copain, et qui avait son cul à offrir, lui. Ce Finn-là. Il pouvait offrir à Ty ce que toi tu ne pouvais pas. C’est peut-être pour ça qu’il a fini dans ses bras. Parce que tu les as trouvés comme ça ce jour-là. S’il y a bien un truc qui ne te trompera jamais, et tu le sais bien, c’est ta mémoire. La scène, tu la revis dans tous les détails. T’avais voulu surprendre Tyron, alors tu t’étais rendu chez lui. Tu voyais déjà comment la soirée allait se dérouler. Film, bisous et câlins, pour te faire pardonner de la dernière dispute que vous aviez eue. Et puis, t’étais prêt à essayer de faire plus, juste pour lui faire plaisir, même si t’étais toujours autant terrorisé. T’avais sonné, mais aucune réponse. Comme la porte était ouverte, t’étais entré. Tu t’sentais un peu comme un voleur, mais tu savais que Ty t’en voudrait pas. Aussitôt, t’avais pris la direction de sa chambre. Et arrivé dans le couloir, le malaise avait commencé. Au sol, des vêtements qui n’étaient absolument pas les siens. T’en avais pas tenu compte, bizarrement t’étais devenu un putain d’optimiste. Il était où cet optimisme auparavant, t’en savais rien. Y avait des vêtements, oui, mais ça voulait rien dire hein ? Rien du tout. Mais en approchant la chambre, t’as commencé à entendre du bruit. Il y avait de la musique au fond, mais tu discernais bien quelque chose qui ressemblait à des grognements. L’optimisme avait disparu aussi vite qu’il était arrivé. Ta main tremblait quand t’as ouvert la porte. Et jusqu’à présent, tu regrettes encore de l’avoir ouverte. « Shin… » L’expression aurait voulu que tu dises que tu voyais rouge. Mais c’était pas le cas. C’était pire que ça. Lentement, t’as reculé. Si tu restais, t’allais déconner, mieux valait te tirer. T’as entendu Ty t’appeler alors que tu partais en courant, mais t’as refusé de t’arrêter. Si tu l’faisais, tu les aurais massacrés, lui et son putain de booty call. Et tu savais pas pourquoi tu t’en empêchais, mais quelque chose te disait que ça valait mieux. Beaucoup mieux. Happy birthday Isaiah.

Le jour d’après, Ty avait osé se pointer chez toi. En le voyant, tu n’as rien dit. Tu pouvais pas. T’étais stone, pas sobre du tout mais ton sang était déjà en train de bouillir, tes poings étaient déjà fermés, et tu faisais preuve d’un contrôle monstrueux pour ne pas l’encastrer contre un mur. « Shin, écoute… » Le premier coup était parti tout seul. Comme un réflexe. « J’ai pas envie d’entendre mon nom sortir de ta gueule c’est clair ? » T’étais froid. Plus que froid, t’étais glacial. T’avais pas envie d’entendre ses excuses bidon. Il n’avait aucune justification. Tu voulais juste qu’il se tire. Vite. Très vite. Parce que le revoir là, ça te faisait mal. Et tu t’sentais prêt à craquer à n’importe quel moment. Tu voulais le détruire. T’avais l’impression que quelque chose s’était cassé dans ta tête, que la dernière vanne qui te permettait te contrôler tes émotions avait cédé et tu passais d’un sentiment à l’autre sans pouvoir rien faire. Les questions que t’étais posé la veille étaient revenues tourner dans ta tête, et avant que tu t’en rendes compte, tu les avais posées à voix haute. Pourquoi ? Tu suffisais pas ? T’étais un si mauvais petit ami que ça ? Y avait que le physique qui comptait ? Il comprenait pas que t’avais peur ? Peur à te faire dessus ? « Ça faisait six mois Isa et… » T’as commencé à hurler. A essayer de se justifier, il ne faisait que s’enfoncer, et la corde qui retenait ton hystérie menaçait de craquer. Pourquoi est-ce qu’il ne partait pas ? Pourquoi est-ce qu’il était encore là ? Rageusement, t’avais commencé à tirer sur tes cheveux. Te faire mal pour essayer de te ramener à la réalité. Get a grip, get a grip ! Tu aurais réussi, s’il avait arrêté de parler, d’essayer de se justifier sans jamais s’excuser pour ce qu’il t’avait fait. Tu t’en serais sorti, s’il n’avait pas fini par te demander : « Pourquoi Kitten ? Pourquoi tu m’repoussais à chaque fois ? » Et alors tu lui as tout dit. Tu lui as tout balancé à la gueule. Verbalement et physiquement. Tout ce que tes mains attrapaient, tu lui balançais au visage. Tu lui as raconté pour les abus récurrents des copains de ta mère. Des coups que tu t’prenais chaque jour sans avoir rien fait. Et tu lui as parlé de Mr. D, de ce ta propre mère t’avait fait, et des séquelles que ça t’avait laissé. Et là, il s’est décomposé. Mais t’en avais plus rien à foutre, le mal était fait. Et s’il ne partait pas vite, t’allais en faire beaucoup plus. Quand tu n’as plus rien eu à lancer, tu lui as hurlé de partir. Et il l’a fait, sans rien dire. De toute façon, il n’y avait rien à dire. Mais tu n’as pas oublié de le remercier avant qu’il parte. Le peu de toi que t’avais réussi à reconstruire… « Merci d’l’avoir brisé. » Ty, tu voulais plus rien à voir avec lui. Ça s'est terminé comme ça. Finn en revanche, tu l'as pas laissé passer. Il croyait que t'allait le finir avec son copain quand tu les as croisés ? Mais t'avais même pas encore commencé. Ça a été l'histoire de quelques minutes avant que tu ne rentres chez toi, les poings encore bien défoncés.

Et ensuite ? Ensuite, les écluses se sont ouvertes. Et t’as pleuré comme t’avais jamais pleuré. Jusqu’à ce que le sommeil vienne t’attraper.

I knew I could never count on you.

HIT.
HIT. HIT.
HIT. HIT. HIT.


Yuri. Espèce d'abrutie. C’est ce que tu n’as pas arrêté de penser depuis qu’elle est partie. C’est plus facile de penser comme ça. D’être en colère, de la haïr parce qu’elle t’a laissé. Parce que tout le reste, c’est du passé. Dont tu t’es toujours pas remis, mais ça reste du passé. Yuri, elle, avait toujours été si présente. Tu l’as rencontrée quand t’as été balancé dans la cage aux lions quand on t’a fait sauter une classe et que t’as été contraint de quitter la sécurité précaire de l’élémentaire pour la jungle qu’était le collège. Elle, elle allait passer en dernière année, mais ça ne vous a pas empêché de vous lier d’une amitié très forte. Comme toi, elle vivait dans une vraie galère. Mais elle était des chanceux dont on protégeait l’innocence. Elle avait des parents qui s’aimaient et qui l’aimaient. Aurora et Bill Slay. Toutes ces fois où tu as squatté chez elle, surtout après tes quatorze ans, c’est ce que tu remarquais. Cette union que toi tu connaîtrais jamais. T’avais pas confiance en eux, parce que malheureusement, ta seule référence, c’était ta mère et ses différents copains. Mais pour autant tu voyais bien qu’il y avait un truc spécial dans la famille de Yuri, parce qu’elle n’était pas comme toi. Tu l’enviais un peu. Tu t’disais qu’elle avait vraiment beaucoup de chance et qu’elle le réalisait même pas. Au début, t’étais vraiment jaloux, et ultra remonté contre elle et même si elle était ton amie, c’était plus fort que toi, y avait cette haine étrange que tu ressentais à son égard. Pourquoi certains pouvaient avoir autant de chance ? Et pourquoi est-ce qu’elle s’en plaignait ? Toi, t’avais pas c’qu’elle avait. Et l’entendre se plaindre sans arrêt te prenait la tête. Alors un jour, t’as décidé de faire en sorte qu’elle la boucle. Quatre ans d’écart entre vous, c’était rien quand tu lui as raconté ce par quoi t’étais passé toi. Tu te souviens bien de ce moment-là. Avec Yuri, c’était simple de parler, donc t’avait fini par tout lui dire. En dehors d’elle, t’avais jamais raconté cette histoire à qui que ce soit avant. Y penser, c’était trop épuisant, drainant. Mais tu voulais lui donner une leçon. Elle l’avait belle sa vie. Ça te mettait en rogne qu’elle ne le réalise pas. Alors t’as tout balancé. Et après ça, t’avait décidé de partir. C’était un de ces soirs où t’errais parce que t’avais pas assez de courage pour oser mettre un pied chez toi, y croiser ta vieille ou qui que ce soit d’autre. Tu savais pas où t’allais dormir, p’tet dehors comme ça t’arrivais parfois, mais t’allais pas rester chez elle. Pas quand tu venais de tout lui dire, et que ta seule envie, c’était de t’isoler, et de prendre sur toi pour ne pas craquer. Tu voulais pas. Tu pouvais pas. Parce que t’avais honte, parce que tu t’sentais sale, souillé. C’était une sensation permanente, constante, mais c’était pire après en avoir parlé. Alors tu voulais fuir. Mais elle t’a retenu. Elle t’a attrapé la main, et t’as empêché de te dégager, même si t’en avais envie, même si tu venais de lui dire qu’tu supportais pas qu’on te touche. Et puis elle s’est excusée. Un truc que jamais personne n’avait fait. S’excuser. Toi-même t’en étais incapable. Elle a pleuré pour toi. S’est excusé comme si elle pouvait d’une certaine manière ôter ta douleur. Ce n’était pas possible, tu le savais, elle le savait, et t’avais le sentiment qu’elle gaspillait ses larmes parce que t’en valais pas la peine, mais tout ce qu’elle répétait, c’était que t’étais précieux et qu’elle était désolée. Alors t’as été ému. Emu ouais. Et t’es resté. Vous aviez parlé toute la nuit. Après, c’était beaucoup plus simple. Et très vite, Yu a été au courant de tous tes secrets, de la même façon que t’étais au courant de tous les siens, ou presque. Ouais, presque. Elle était là pour te ramasser après les bastonnades d’un des copains de ta vieille. Elle a été la première au courant pour ta relation avec Ty, aussi bien avant qu’après que vous l’ayez officialisée. Elle savait pour chaque dispute, et elle était celle qui te conseillait pour essayer de tout arranger. C’était elle aussi qui t’avais ramassé après la rupture, et qui t’avait aidé à remonter la pente, même s’il y avait eu un accident de parcours qui vous impliquait tous les deux dans un lit et qui aurait pu détruire ce que vous aviez. Jamais elle ne t’avait fait de remarques sur tes comportements trop virulents ou tes humeurs instables. Elle était juste là pour toi. Même quand tu te retrouvais à la détester et la rejeter de toutes tes forces, elle était là. Même quand tu te montrais ignoble sans raison apparente, juste à cause d’un truc que t’avais lu sur son visage ou dans ses yeux, elle était là. Même lorsque t’étais persuadé qu’elle finirait un jour ou l’autre par t’abandonner, et que du coup, tu t’montrais un peu plus collant que d’habitude, elle était toujours là. Avec elle aussi, tu avais beaucoup appris. Elle avait cette âme d’artiste et elle partageait tout avec toi. Toi, t’étais doué pour le dessin et les mots. T’écrivais pour elle, elle jouait pour toi. Un jour, elle a décidé de t’apprendre aussi. Alors elle t’avait offert sa vieille guitare pour ton seizième anniversaire. C’était pas grand-chose, mais t’avais été heureux comme jamais auparavant. Et même s’il manquait une corde, c’était le meilleur cadeau du monde, parce que t’en avais jamais eu, et que tes anniversaires tu les fêtais pas.

Vous étiez vraiment inséparables. Même quand elle a su pour le Japon, pour la décision que ta mère avait prise, de partir avant que sa lettre n’arrive, pour supposément prendre ses marques, elle t’a promis de ne pas te laisser. Elle était plus vieille, elle travaillait. Toutes ses économies, elle les avait mises de côté juste pour rester avec toi. Elle t’avait dit qu’elle était prête à s’enchaîner si c’était pour toi. Tu savais ce qu’elle ressentait, t’avais fini par le comprendre, même si t’avais été pas mal aveugle avant. Et tu voulais pas qu’elle en arrive là. Pour elle, tu le sentais pas. Vous aviez suivi les actualités. Vous aviez entendu parler de cette énorme vague qui avait fait tellement de morts. Ça avait suffi pour que tu considères le pays comme dangereux. Ça, et l’Incontestable. Aucune personne censée ne voudrait s’infliger ça. Mais elle était convaincue. Elle était là pour toi, et ça te réconfortait même si tu lui disais pas. Elle le savait de toute façon. Elle t’avait affirmé qu’en plus, elle voulait aussi étudier. Que les paysages du Japon étaient plus beaux que ceux de New-York, et que, en tant qu’étudiante en photographie, elle ne pouvait pas laisser passer une telle opportunité. Elle avait réussi à obtenir son transfert et une bourse d’études. Et tu t’étais demandé d’où lui venaient toutes ses ressources. Parce que toi, tu ne sais pas si tu te serais donné la peine. Mais elle, elle l’a fait. Et elle était là. Encore là. Toujours. Elle savait à quel point t’avais peur de l’abandon, et elle faisait tout pour te montrer qu’elle ne te laisserait pas. Vous étiez déjà seuls contre tous aux Etats-Unis, mais dans ce pays que vous ne connaissiez pas, avec une langue que vous ne parliez pas, c’était pire. Vous aviez dépassé le stade de l’inséparable, parce que sans l’autre, vous n’étiez rien. Sans elle, t’aurais jamais mis le pied dans l’avion quand ta vieille a décidé de quitter les States. Est-ce que quelqu’un a la moindre idée d’à quel point ces boites métalliques volantes sont terrifiantes ? T’aurais pu embrasser l’sol quand vous êtes sortis de cet engin mortel si le vol ne t’avait pas retourné l’estomac. Après ça, retour aux sources, version nipponne. Yuri a pris ses repères plus vite que toi. Elle avait une chambre pas loin de son université grâce à sa bourse d’études. Toi en revanche, tu n’avais que ce que ta vieille pouvait vous offrir et tu pouvais pas fuir. T’es vite devenu familier avec les bordels de Tokyo, à cause d’elle, parce qu’elle avait décidé d’être une pute haut de gamme. Sans Yuri, jamais t’aurais supporté la rencontre avec ton père, le fameux mari, quelques mois après, quand l’enveloppe rose est arrivée. Qui aurait cru que tu devrais votre réunion à l’Incontestable, qu’il rassemblerait la pute et son millionnaire ? Sans elle, t’aurais jamais accepté le rôle qu’il voulait te forcer à prendre, celui du parfait fils, l’unique, parce que si t’étais le miracle, tu serais bien le seul. T’aurais pas laissé couler sa façon de te regarder comme une sous-merde et de te juger, te voyant pour ce que t’étais probablement, un bon à rien. T’aurais pas non plus décidé de suivre une formation en arts pour pouvoir bosser au moins à mi-temps, et faire ce que tu voulais vraiment, ou du moins, à défaut de savoir ce que tu voulais, le seul truc qui te plaisait et pour lequel t’avait un vrai talent, même si c’était parfaitement contre ce qu’Akihiko voulait pour toi, non pas que t’en aies eu quelque chose à foutre. Si quelqu’un t’avait dit que tu retournerais sur les bancs de l’école au Japon, profitant du fric de Daddy, tu l’aurais pas cru. Et sans elle, t’aurais sans doute perdu la tête plus vite aussi. Sans toi, elle aurait peut-être jamais eu la motivation pour en finir avec ses études. Elle aurait sûrement pas soumis sa candidature à plusieurs agences de mannequinat pour proposer ses services. Si tu t’es lancé là-dedans d’ailleurs, c’est uniquement parce qu’elle disait que tu serais un modèle parfait et qu’elle ne se lancerait que si t’acceptais de postuler dans ces agences toi aussi, mais comme mannequin. Franchement, ça t’intéressait pas, alors tu l’faisais occasionnellement, juste pour lui faire plaisir et quand y avait des besoins. Ça te faisait un peu de sous, donc c’était pas plus mal. Elle aurait certainement pas commencé à vivre son rêve elle aussi si tu n’avais pas été là. Alors, t’as eu du mal à le croire, mais au fond, tout commençait à rouler, même si tu restais isolé, que tu t’mélangeais peu aux autres et que t’essayais pas de passer la barrière de la langue. Ça commençait à aller. Oui. Mais la vie était toujours contre toi Isaiah. Rien ne va jamais bien longtemps.

Contrairement à toi, Yu n’est pas japonaise. Elle est venue avec un visa. Elle a dû passer par tout le processus de naturalisation, les entretiens, la puce, le lavage de cerveau sur le grand maître des relations. Quand elle a fini ses études et commencé à travailler, elle a réalisé qu’elle aimait bien le pays, et bien que tu lui aies laissé la porte ouverte pour fuir, elle a décidé de rester. Tu l’as trouvée stupide. Le jour où elle allait se faire pucer, tu l’as insultée à tel point qu’elle en a chialé. T’étais en colère contre elle et tu supportais pas qu’elle s’excuse, comme si elle devait se justifier. Ça t'irritait encore plus alors il a fallu que tu déverses. Tu t’en es voulu, tu t’en voulais toujours. La culpabilité est un truc qui t’accompagne souvent quand elle est concernée. C’était plus facile de l’insulter que d’accepter la profondeur de son attachement. D’accepter qu’elle allait gâcher sa vie à cause de toi. Oui, il y avait d’autres paramètres, c’était une adulte et toutes ces conneries là, mais qu’importe, elle finirait par regretter, elle finirait par t’en vouloir. Elle finirait par te laisser. T’abandonner. Et qu’est-ce que ça t’faisait flipper. L’abandon. C’est p'tet pour ça que tu t’es plié à certaines de ses conneries, avec l’excuse que tu cherchais ton but dans la vie, ton arrivée au Japon ayant détruit tes aspirations de devenir tatoueur un jour. T’as accepté certaines choses pour qu’elle ne t’abandonne pas. Mais t’étais pas égoïste au point d’accepter volontiers qu’elle s’attache un boulet dont n’importe qui voudrait se débarrasser. Mais elle l’a fait. Et très vite après, elle a été attrapée. Tu te souviens, c’était juste avant le bug des moniteurs. Tu t’étais disputé avec tes géniteurs, Inori avait levé sa main sur toi. C’était pas arrivé d’puis un bail, alors ça t’a choqué. T’étais toujours sur tes gardes, mais tu te disais que devant l’pater, elle n’oserait pas. Et pourtant. Résultat, t’avais fui et tu t’étais pointé chez Yuri. C’était l’enveloppe qu’elle t’avait présenté à l’instant où elle t’avait vu. Enfin, l’une d’entre les cinq autres. Tu sais que t’as été ignoble. T’as ri et tu lui as dit qu’elle méritait pas mieux, que c’était tout ce qu’elle gagnait après avoir fait la connerie de se naturaliser. C’était bien fait pour elle. Tu t’en es voulu après d’avoir été si méchant, mais sur le coup, il n’y avait rien en toi pour avoir le moindre remord. Tu l’as juste accompagnée à son nouveau domicile, tu l’as laissée s’installer et puis t’es parti. Son mari ne s’est pas présenté, alors elle a fini en cellule. Quand elle t’a informé qu’ils avaient fini par sortir, elle a été très distante. Tu t’es dit que c’est parce qu’elle t’en voulait pour lui avoir dit qu’elle méritait ce qui lui arrivait. Alors que ça n’avait rien à voir en vérité. Elle a été confrontée à ton monde sans y être préparée. Courant juin, elle est tombée malade. Et ensuite, elle a été déclarée morte. Pourtant ce n’était pas le cas, tu le savais. Même si c’était de manière succincte, vous échangiez toujours au téléphone, et quand elle avait un moment, vous arriviez à vous retrouver. Alors elle a enfin fait une chose logique. Elle a pris ses cliques et ses claques et elle s’est barrée. Ça t’a fait tout drôle pour être honnête. Tu savais qu’elle essayait de sauver sa peau, mais ça te laissait une sale impression. Ils l’ont retrouvée plus tard, et elle n’a pas fait d’histoire pour se rendre. Tu te doutais pas que ce n’était là que les prémices d’un véritable départ. Quelques temps après, son divorce a été prononcé. Elle avait décidé que c’était assez. Elle en avait vu assez pour le moment, alors elle voulait aller se ressourcer, une connerie du genre. Quel que soit son motif, tu ne retenais qu’une chose : elle partait, elle t’abandonnait. Au fond, tu le savais. T’étais certain qu’elle finirait par t’abandonner. Pourtant, ce n’est qu’à l’aéroport que t’en as vraiment pris conscience. Tu l’as insultée de tous les noms. Tu lui as balancé tout un tas de faits au visage. Elle avait choisi, tu l’avais prévenue, elle avait refusé de t’écouter, elle avait été conne et à présent, elle devenait ton ennemie. Tu la haïssais autant qu’tu l’aimais cette fille. Même quand elle basculait dans le noir de ta vie, elle finissait toujours par revenir dans le blanc. Sauf cette fois-là. Elle était dans le noir, et cherchait à revenir mais tu ne voyais qu’une tâche, une horrible tâche noire dans un tableau blanc. Cette fois, c’était fini. Ennemie. Tu l’savais de toute façon. Tu ne pouvais compter sur personne. Mieux valait être seul que mal accompagné hein ? Parce que tu la reprendrais pas, jamais. Mieux valait pour elle que l’ordinateur l’oublie une bonne fois pour toute plutôt qu’elle revienne ici. Sinon, tu la terminerais. Mais pourtant, ça ne te fait pas moins mal d’y penser.

HIT.
HIT. HIT.
HIT. HIT. HIT. HI-


Le sac de frappe revient vers toi, et tu fais rien pour l’arrêter. Tu le reçois sans même chercher à le ralentir, et tu tombes lourdement au sol, le souffle coupé. Les yeux fixés sur le plafond, t’essaies de respirer mais c’est bien difficile. Tu tires doucement sur les bandages de tes mains, inspectant sans vraiment le faire les dégâts. C’est pas toujours comme ça quand tu fais un retour vers le passé. Bien souvent, ça t’énerve plus qu’autre chose. C’est plus facile de dealer avec la colère. C’est comme ça que t’avance dans la vie. On a tous un moteur, un truc qui nous fait avancer. Pour toi, c’est ça. Mais y a ces jours où tu t’laisses aller juste un peu, parce que t’arrives plus à gérer, parce que ça devient trop le bordel et que tu sais pas quoi faire. Et alors ouais, ça finit comme ça. Tu passes tes mains sur ton visage trempé. Est-ce que c’est à cause de la sueur ? Ah, non. Ce sont probablement tes larmes.
Isaiah S. Greyster
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Hey!!! Bon Dc ♥

Tu sais que je suis là et je vais rester planté à guetter, par ce que c'est un peu en lisant ma fiche que t'as voulu revenir des morts xD

Je t'attends pour tout ce dont on a parlé 👀
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Autre: Merci Raion et Aizen pour les magnifiques vavas ♥ dessins par Shiba, Haru, Gaby , nnmoae, jin.lol ,lilvi and me o/
Zacharie Nakashima
Zacharie Nakashima
Zacharie Nakashima
Dim 18 Avr - 21:45
Rebienvenue et bon courage pour ta fiche ! :)

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ ◆ ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

Encore lui ~ CjjIPFG
Zacharie Nakashima
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Isaiaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ♥
Bon dc et bon courage pour la rédaction ! o/
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Ryûma Hanagami
Ryûma Hanagami
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Lun 19 Avr - 8:37
... Encore lui ~ 428445822 Bon retour, ex-husbando de mon coeur. ♥
Tellement émue de ton retour, t'imagines même pas ! 🙏
Il me tarde de redécouvrir Isa' dans cette nouvelle version remise à neuf. 👀
Ryûma Hanagami
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Cho Thorne
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Lun 19 Avr - 17:55
Isaiah le retour Encore lui ~ 1362171446
Bonne rédaction ! ♥
Cho Thorne
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OH PUT** OH PUT** OH PUT**

LES ANCIENS WESH !

ISAIAAAAAAAAAAAAAAAAAAH.

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Isaiah S. Greyster
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Mar 20 Avr - 22:36
FOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOX Encore lui ~ 1406025597 ♥
Thanks y'all Encore lui ~ 1362171446
Isaiah S. Greyster
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Adrian Liu
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Mer 21 Avr - 20:32
LE RETOUR AGAIN. Encore lui ~ 4200135721

Rebienvenue par ici !
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Isaiah S. Greyster
Isaiah S. Greyster
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Ven 23 Avr - 19:29
Encore lui ~ 367806265 C'est moche. *perfectionniste en désespoir* Encore lui ~ 367806265

Isaiah Greyster
« With pain comes strength. »

Caractère
Sources:

Impulsif – Instable – Imprévisible – Intelligent – Aléatoirement perceptif – Borderline, mais pas encore officiellement diagnostiqué – Sensible – Haptophobe – Souffre d'hypermnésie (remarquée depuis ses 14 ans, forme autobiographique/hypertymétique), là aussi, pas diagnostiqué – De nature violente – Colérique et nerveux – Rancunier – Auto-destructeur – Anxieux, sujet à des crises de panique – Méfiant – Manque d'estime personnelle, mais le cache bien – Loyal – Personnalité dominante de type mélancolique – Ordonné, limite maniaque sur ce point – Sentimental.

J’aurais dû te demander pardon. C’est c’que j’me suis dit quand je t’ai regardé te décomposer sous mes yeux. Quand j’ai vu toutes ces briques qu’on avait remises en place ensemble sauter les unes après les autres. J’aurais dû m’excuser et te laisser. Jamais je ne t’avais vu perdre tes moyens à ce point. Jamais j’aurais pu penser que tu craquerais comme ça, devant moi. J’te croyais incassable tu sais ? Fragile, ouais, mais incassable quand même. T'avais toujours l'air fort, t’étais celui qui prenait les larmes pour une marque de faiblesse, t’encaissais toujours tout sans rien dire. T’étais un paradoxe vivant. Je savais pas que t’étais déjà une poupée brisée. En fait non, t’en étais même plus là. T’étais un appareil en miette, qu’on pouvait pas réparer et qu’on avait abandonné parce qu’il n’était plus d’aucune utilité et qu’on pouvait pas le recycler. Bien sûr, j’étais pas stupide. Je voyais bien qu’il y avait des choses qui allaient, et beaucoup qui n’allaient pas chez toi. Parce que je savais comment tu fonctionnais. Je croyais savoir. T’étais ultra fragile, et je savais que j’devais prendre des pincettes avec toi pour ne pas t’abîmer plus. Que le moindre truc que j’pourrais dire ou faire te ferait exploser ou fuir. T’en donnais pas l’impression quand on s’est rencontré tu sais ? Je t’avais déjà vu avant, pour moi t’étais un p’tit gars un peu trop virulent. T’avais de la hargne, t’étais agressif, impulsif. T’avais cette aura de méchant garçon qui n’attendait que de pouvoir se faire dresser et c’est ça qui m’a attiré tu sais ? J’voulais être celui qui allait te remettre à ta place. T’étais sauvage et je voulais te dresser. C’est ça. Te dresser. J’l’aimais ce côté sauvage, oh ouais, beaucoup. Il allumait une flamme dans ton regard. Ce genre de flamme qui disait « Allez-y, essayez de m’éteindre encore. » Du défi. C’était toujours ça avec toi, tu défiais. Et t’aimais ça. Cette flamme dans ton regard, elle brillait pour rappeler ça. Et aussi pour cacher ce que tu ne voulais pas qu’on voie. Et quand tu nous as trouvés Finn et moi, en te regardant dans les yeux, j’ai eu mal, parce que cette flamme, je l’avais éteinte. Et je voyais toute la douleur en toi. Parce que c’était ça hein ? Et pas autre chose. La douleur. Tu m’en parlais souvent, mais je ne réalisais pas ce que ça signifiait réellement pour toi. Je pensais que t’abusais juste avec les mots que t’utilisais, que tu souffrais pas tant. Que c’était juste pour que je fasse plus attention à toi. De la comédie. Mais tu es tout sauf un comédien Isaiah. Et je l’ai compris trop tard. C’est plutôt nul venant d’un type qui aspire à devenir psychiatre. J’avais oublié à quel point tu savais manier les mots, même si tu ne savais pas comment t’exprimer. Et c’était très étrange d’ailleurs. Parce que t’avais un truc avec les mots. Ah oui, t’avais un vrai talent pour écrire les choses. Mais dès qu’il s’agissait de parler, tu ne disais plus grand-chose. Et ça, je l’ai jamais compris tu sais ? Parce que pour moi, ce qu’on peut écrire, on est aussi capable de le dire. Mais toi, c’était pas ça. T’as toujours écrit ou dessiné ce que tu disais pas. Pour avoir jeté un œil à ton journal, j’peux comprendre tu dises pas forcément tout ce qui te passe par la tête. C’est pas très joyeux. T’as jamais été un bon orateur. T’étais un mec de peu de mots. Secret. Mais tu sais Kitten, notre problème c’était ça. T’étais secret. Beaucoup trop pour moi. J’étais un émetteur et tu étais le récepteur, mais le signal n’avait pas l’air de passer. Parce que tu savais pas communiquer. J’avais pas compris que tout se bousculait toujours dans ta tête, que tout était confus. Je sais que j’ai pas l’droit de dire ça, et qu’après ce que j’t’ai fait, tu retenteras pas parce que t'es trop buté, mais j’espère que t’auras appris que la communication c’est essentielle, pour tes prochaines relations. Même si je crois vraiment pas qu’il y en aura. Parce que pour ça, faut que tu fasses confiance. Et je sais que j’t’ai retiré cette capacité-là. Elle était déjà très fragile à la base, parce que tu ne fais pas confiance. Avec moi, ça n’avait déjà pas été simple. Il t’avait fallu très longtemps pour que tu acceptes de me dire autre chose que des insultes homophobes, et tu ne me parlais toujours pas de toi. Parfois, je me demandais si tu avais vraiment confiance en moi. Et puis j’ai réalisé que tu n’avais pas vraiment confiance en toi, alors en moi ou en d’autres, c’était pas possible. Tu pouvais pas donner à d’autres ce que t’avais pas. Et je comprenais pas pourquoi. Maintenant, je sais. Ta vieille et son monde t’ont massacré.

En te voyant, je n’aurais jamais pu imaginer que tu avais tant de séquelles. J’pouvais pas savoir à quel point elles avaient pris en toi une sacrée racine. Et je sais qu’en faisant ce que j’ai fait, j’ai balancé de l’essence sur les braises, et j’ai ranimé les flammes qui t’brûlaient de l’intérieur. « Je pouvais pas savoir Shin. Tu m’l’as jamais dit… » Ça me faisait mal de t’entendre me hurler comme ça dessus. Mais en même temps, j’méritais pas autre chose. J’pense que je méritais plus même que le coup que tu m’as donné. « Tu viens d’me prouver qu’j’ai bien fait d’fermer ma gueule. » J’le voyais bien, t’étais en colère. C’est permanent chez toi ça. Toujours énervé, et sans jamais que je sache pourquoi. Sauf là. Là je savais que c’était à cause de moi. Mais avant ça, t’étais toujours irrité, toujours facilement irritable. Un rien pouvait t’énerver. Je sais pas si y a eu un moment où t’as pas été en colère en fait. A force, le sentiment est devenu une partie de toi. Je crois que tu t’en rendais même plus compte, c’était automatique. Du coup, t’étais forcément un type nerveux, souvent impulsif. Ça, j’aimais. Pas toujours, c’est vrai, mais entre nous, ton impulsivité, c’était un truc que j’aimais. Parce que comme ça, t’osais. T’étais maladroit, et tu savais pas comment t’y prendre avec moi. Et j’ai fini par comprendre que tu savais pas non plus comment t’y prendre avec ce que tu ressentais non plus. Mais t’étais suffisamment impulsif pour faire les choses. Parfois, ça te venait, et sur un coup de tête, tu faisais. Et tu fonctionnais comme ça avec moi, mais avec les autres aussi. Là, j’appréciais moins. Parce que ça devenait dangereux pour toi. J’ai jamais aimé le fait que tu sois toujours si violent. Et avec toi, un coup partait vite quand tu te baladais dans les rues. Tête brûlée, toujours trop prompt à réagir. Frapper les gens pour toi, c’était une façon d’exprimer c’que tu savais pas dire. C’est sûrement pour ça qu’on se battait souvent tous les deux. Parce qu’il y avait beaucoup de choses que tu savais pas me dire, et que je te forçais à sortir. Or t’as jamais géré calmement la pression, et j’te la mettais souvent, j’le reconnais. C’est un peu pour ça que j’ai pas compris pourquoi tu m’as laissé m’en sortir comme ça ? Pourquoi est-ce que tu m’as pas massacré comme tu sais si bien le faire ? Je sais que tu t’es retenu, ça se voyait dans tes yeux. En fait, tout se voit dans ton regard. C’est la seule façon de te comprendre. Lire ton regard. Mais il faut bien te connaître pour ça. Et là, je savais ce que je voyais. Et j’ai compris pourquoi. C’est vrai. Tu m’aimais. Pas certain qu’à présent, ce soit toujours vrai. Au fond tu restes un type sensible Isa. Et pas mal sentimental. C’est vrai que le domaine des sentiments est étranger pour toi. T’y es un peu comme un mec qu’on a lâché dans un univers fait pour lui, sans qu’il y ait jamais mis les pieds, sans carte ni boussole. Ouais. T’es paumé quand on arrive là. Mais pourtant, tu trouves tes repères sans trop de mal. Quand on te perd pas. Tu ressentais tout avec tellement de force, bien plus que je ne pouvais l’imaginer. Tes émotions et tes sentiments étaient toujours bruts, sans retenue. J’me souviens. Toi et moi, j’ai l’impression que c’est si loin, et pourtant, ça l’est pas tant. Mais j’me souviens, comme si c’était y a longtemps. J’me rappelle de ton comportement si enfantin après que t’aies accepté ce que tu ressentais pour moi. Je me souviens bien à quel point t’es devenu docile, presque tactile. Presque parce qu’il y avait toujours cette retenue, ton haptophobie toujours si bien dissimulée. Et j’me suis dit à ce moment-là « Enfin. J’l’ai dressé ce lion ». Et j’étais content, parce que tu l’étais aussi. Parce que tout semblait plus facile pour toi. C’était toujours ça avec toi. T’allait te battre, lutter, résister. Jusqu’à sortir les mots qu’il fallait. Et alors tout allait mieux. J’comprendrai jamais pourquoi tu rends toujours les choses si compliquées. Pourquoi tu soufflais toujours du chaud et du froid. J’me dis que c’est sûrement parce qu’on t’a jamais appris la simplicité. Ouais, c’est probablement ça.

Quand t’as plus rien eu à me lancer au visage, j’ai fini par le faire tu sais ? M’excuser. J’l’ai fait. Mais j’crois que tu m’as pas entendu. Ou si tu m’as entendu, ton cerveau a refusé de capter le sens de mes mots. T’étais sûrement trop défoncé par je ne sais quelle drogue pour capter c’que j'voulais dire. J’savais bien que ça servait à rien. J’pouvais plus te convaincre. Je savais que t’avais pris ta décision, et que rien ne te ferait changer de position. J’voulais pas m’dire que ouais, c’était fini. J’le savais déjà quand j’ai accueilli Finn chez moi, mais c’était si réel. Et j’me suis rappelé à quel point t’étais un funambule Isa. A quel point t’étais instable dans une relation. Dans la nôtre en tout cas, et dans la vie en général. C’est comme si tout se jouait chaque jour à chaque fois. Avec toi, un pas en avant peut très vite en devenir deux en arrière. Et j’crois bien que là, t’as pas fait deux pas mais des kilomètres en arrière. Je t’ai trahi, mais je sais que dans ta tête, tu vas généraliser. Tu vas te dire que tout le monde est comme moi, que tout le monde va te trahir et te laisser tomber. Je sais aussi que tu vas aller voir s’il y a pas plus loin que Narnia dans l’placard où t’étais caché alors que j’avais réussi à te faire pousser une porte. Tu vas en revenir à ton homophobie et au déni. Parce que t’auras refait des kilomètres en arrière. Parfois, ton comportement m’apparait carrément typique de celui d’un borderline tu sais ? Parce que tu piques parfois de sacrées crises que t’expliques pas, et que la culpabilité te bouffe ensuite à chaque fois. Après tout, j’étudie ce qui peut se passer dans la tête des gens donc je reconnais un cas quand j’en vois un. On en a parlé toi et moi, j’ai essayé de t’informer, de t’inciter à voir quelqu’un parce que t’as un sacré bagage psychologique, mais je sais que tu chercheras pas à consulter pour être sûr, parce que tu détestes l’environnement médical. Y a pas de milieu avec toi. Tout est blanc ou tout est noir, le gris n’existe pas. Ou tu aimes ou tu détestes. Dans un cas comme dans l’autre, c’est de toutes tes forces. Je sais ce dont t’es capable quand tu aimes. J’t'ai bien observé tu sais ? T’es jaloux, possessif, protecteur. T’as peur d’être abandonné alors tu fais ton possible pour t’assurer qu’on ne te laisse pas. Je sais aussi c’que tu peux faire quand tu n’aimes pas. Ça te rend mauvais, méchant, ignoble même. T’es toujours l’un ou l’autre. Et quand tu t’retrouves par hasard un peu au milieu, ça te perd. Parce que t’as pas assez de raisons pour aimer, pas assez non plus pour détester et tu sais pas quoi faire. T’as jamais su doser les choses. Là où je te trouve encore plus limite, c’est dans ta capacité à te faire des avis éclairs sur les choses et réagir en conséquence. « Je t’aimais vraiment Shin, vraiment… » C’est de ça que je parle. Avec toi, les actes parlent plus que les mots. C’est comme si, lorsqu’on t’a déçu en faisant une erreur, tu n’entendais plus rien. C’est pour ça que tu peux facilement tourner le dos à quelqu’un que t’appréciais même si tu reviens après un temps. Et évidemment, la détester sincèrement à la place. Et puis, t’es pas mal rancunier. Ça aide pas. Parce que c’est très vite œil pour œil, dent pour dent avec toi. « Si t’ouvres encore ta gueule pour m’dire ce genre de conneries Tyron, j’me ferai un sale plaisir de te la fermer pour que tu dises plus jamais rien. J’te déteste Jones. J’te déteste. » Elles sont fraîches dans ma tête tes menaces. Pourtant, ça fait quelques temps que j’ai essayé de te parler. Et désormais, je sais que j’ai tout intérêt à ne pas te déranger. Parce que les menaces que tu fais sont comme des promesses. Et t’es un type qui tient toutes ses promesses. J’ai appris pour ce que tu avais fait à Finn, après que tu m’aies juré que lui, tu le laisserais pas passer. T’es fidèle à tes paroles. Fidèle en général d’ailleurs. Mais à tes paroles encore plus. Et puis, tu n’oublies rien. Je t’entendais la nuit tu sais ? Quand on parlait, que je finissais par m’endormir et toi non. Il arrivait que j’me réveille. Et je t’entendais. Parfois tu pleurais, parfois tu criais, obligé de revivre ces scènes dont tu as fini par me parler. J’ai compris que t’avais ces cauchemars récurrents. Compris que t’étais traumatisé par tes souvenirs, que tu te rappelais absolument tout ce que tu avais vécu. Incapable d’oublier. Je voyais les signes de ton anxiété, ou en tout cas, j’en avais des aperçu. Mais hormis la colère, tu intériorises tout. Alors très vite, tout ça, tu me l’as caché aussi. Enfoui sous la carapace.

C’est toute cette carapace de mauvais garçon qui t’a fait passer à mes yeux — et aux yeux des autres aussi, parce que tu trompes bien ton monde — pour plus fort que tu ne l’es réellement. Et je l’ai dit je sais, mais avant de venir m’excuser, ou essayer en tout cas, j’étais complètement aveugle face à tes faiblesses. Tout le monde en a, et tu n’échappes pas à cette règle. Mais tes faiblesses à toi étaient vraiment très profondes. Elles prenaient racines très loin. Et j’ai compris alors pourquoi tu ne supportais pas mes papouilles dans tes cheveux alors que la plupart des gens aiment ça. J’ai compris pourquoi tu n’aimais pas qu’on te touche, alors que tu n’as jamais eu de problème à recevoir des coups de poing. Pourquoi la douceur t’échappait mais la violence était un langage bien connu. Parce que oui, tu pouvais recevoir autant de coups qu’on voulait te donner et répondre sans rien dire. Les intentions étaient claires. Mais dès que le contact devenait trop doux, tu avais peur, tu te méfiais. La tendresse t’apparaissait comme un piège pour mieux t’avoir. Et j’ai compris que c’était parce que c’était ce à quoi t’avais été habitué, et personne t’avait dit que la tendresse, c’était pas ce que tu croyais. Et tu sais, au-delà du fait que tu sois gay, je suis certain que les choses n’ont pas fonctionné avec les filles que tu as fréquentées à cause de ta peur si étrange du contact, le fait qu'tu sois pas du tout du genre tactile. Et tu sais, j’me pose parfois la question de savoir comment t’as fait. Si t’as pris sur toi pour supporter des caresses qui n’avaient rien d’innocent. Et si c’est pour ça que t’as fini par opter pour le célibat longue durée, même quand t’avais les atouts et les facilités du playboy. J’me rappelle qu’il n’y avait que grâce à l’alcool que t’arrivais à supporter certaines choses. Simplement parce que t’étais pas conscient de c’que tu faisais, en bon poids plume que tu es, incapable de tenir plus de deux verres. Et crois pas que je n’ai pas remarqué à quel point ta peur était panique. Je t’ai vu évacuer une crise une fois, au tout début de notre relation. J’ai compris aussi pourquoi tu ressentais ce besoin presque obsessionnel d’avoir le contrôle de tout, d’avoir l’impression d’être en charge alors que tu sais très bien que t’es pas bien dans ce rôle. En tout cas, moi j’te l’ai vite fait comprendre. Mais quand on a été soumis, on veut pouvoir soumettre hein ? Alors tu te balades avec cet air de mâle alpha que t’es absolument pas en fait, quand on apprend à te connaître. Mais comme t’es toujours assez dur quand tu parles, bien souvent trop franc dans les quelques mots que tu utilises, c’est pas difficile à croire. Mais si t’étais vraiment de ce genre-là, Miss Slay n’aurait pas tourné autour de toi aussi longtemps.

Tiens, parlons-en de cette fille. Souvent, j’me sentais stupidement jaloux d’elle tu sais ? J’veux dire, y avait aucun moyen que tu t’intéresses à elle mais tu lui offrais tellement plus à elle qu’à moi. Tu donnais presque l’impression d’être quelqu’un d’autre avec elle, et je sais que t’en avais même pas conscience. Je sais pas comment elle avait fait mais elle avait réussi à te toucher. T’avais tellement confiance en elle. Tellement plus qu’en moi. Aujourd’hui c’est justifié, mais avant Finn, c’était pas le cas. Elle était là avant moi, c’est vrai. Mais c’était tellement frustrant de voir ton visage s’éclairer chaque fois que tu parlais d’elle, comme un gosse en admiration. De voir tes lèvres s’étirer en un sourire éclatant chaque fois que tu la voyais. J’me demandais vraiment au final si j’te rendais heureux tu sais ? Parce qu’elle avait l’air d’y arriver mieux que moi, parfois sans même être présente. Elle était toujours là pour toi. J’pense qu’elle est devenue un repère fixe, stable, qui bougerait pas et t’étais sûr de ça. Pour en arriver là, elle avait dû avoir fait ses preuves. Parce que tu la regardais comme si elle pouvait jamais te décevoir, vraiment. Pourtant, elle faisait parfois des choses que t’aurais jamais laissé passer si c’était quelqu’un d’autre. Et très souvent, elle t’irritait parce que t’étais stupidement jaloux de sa vie, de sa famille, un truc que toi t’avais jamais connu, jamais eu. Mais à aucun moment, tu lui tournais le dos. Pour d’autres, ça aurait été la fin. Plus jamais t’aurais été amical, jusqu’à ce que t’en décides autrement. Mais elle jamais. Tu la laissais toujours revenir. Parce qu’elle était ton repère. Ton seul repère. Et j’ai compris que tu voulais pas la perdre, même si tu la détestais et l’aimais un peu comme un yo-yo fait des allers et des retours. Et puis, t’étais tellement aveugle aussi. Aveugle mais d’autres fois si perceptif. C’était presque impressionnant. Tu l’es encore j’en suis sûr. J’avais jamais vu quelqu’un comme ça. J’étais jaloux parce que cette fille était claire sur ce qu’elle voulait de toi aussi tu sais ? Ça se voyait qu’elle t’aimait. Comme le nez au milieu de la figure. Mais toi tu l’as jamais vu. Tu voyais jamais rien. Après, comment voir les sentiments des autres quand on ne voit pas les siens ? C’est pour ça que tu comprends pas. Parce que tu vois pas. Je ne pense pas qu’elle soit stupide par contre. Y a que toi qui l’es assez pour vivre dans le déni de ta sexualité. Elle finira par lâcher. Mais le principal, c’est qu’elle te lâche pas toi. Parce que j’crois pas que tu t’en remettras. T’es comme ça Shin, t’es comme ça.

Tu es le fruit de marques indélébiles. La vie t’a façonné et aujourd’hui, tu ne peux plus t’en défaire. J’aurais aimé t’aider tu sais ? Vraiment. Si seulement tu avais accepté. Si seulement tu m'avais laissé faire. J’espère que tu rencontreras des gens qui arriveront à le faire mieux que moi. Des gens qui auront le discernement, qui ne se feront pas avoir par ton jeu d’acteur, comme tu m’as eu moi.

Physique
Yeux ambre – Cheveux longs, teints en bleu mais d'origine blond vénitien – Mesure 1m70 pour 70kg – Piercé et tatoué – Style vestimentaire vintage – A des cicatrices discrètes sur les mains recouvertes par des tatouages – A des tâches de rousseur – A l'air énervé ou boudeur la plupart du temps, même si les sourires en coin se baladent.

C’est difficilement que tu te relèves. Tu ne sais pas combien de temps t’es resté au sol comme ça, à baigner dans tes larmes. Quelques minutes ? Plusieurs heures ? T'en sais rien. Mais tu finis par te remettre debout, et tu te traînes jusqu’à la salle de bain. Lorsque tu appuies sur l’interrupteur, la pièce s’éclaire, et tu vois ton reflet dans le miroir. Le reflet d’un type battu. Fatigué. Épuisé. Tes yeux dorés sont rougis et cernés. Aujourd’hui, c’est à cause des larmes, la plupart du temps, c’est dû aux drogues que tu as recommencées à fumer ou t’injecter parfois. Elle serait déçue si elle te voyait faire. Elle avait eu tellement de mal à te faire arrêter. Mais il en faut peu pour retomber dans les anciens travers. Tellement peu. Tes yeux, tu les tiens de ton paternel. C’est comme ça que t’as su qui il était la première fois que tu l’as vu. À cause de ces putains d’yeux identiques aux tiens. Ou presque. Les tiens sont bien plus clairs. Ceux de ton vieux ont tendance à tirer sur le hazel, étrange mélange. Toi non. T’as vraiment une couleur particulière. Sans lentille, sans rien. Ce n’est ni du hazel, ni du marron très clair. C’est entre les deux. Du doré. Va savoir ce qui a raté dans tes gènes. Enfin, ils ont l’air plus foncés quand tu es énervé, te rendant spécialiste des regards noirs, ce qui est permanent en ce moment. Il les aimait tes yeux, lui. Il disait que c’était la seule partie de toi qui était expressive. Que c’était simple de les lire quand on te connaissait bien, ou que tu ne parvenais pas à bien masquer tes émotions. Ils sont expressifs oui. Et dans ta glace, tu ne vois que de la colère, de la rancœur, de la tristesse, et une profonde solitude. Sans oublier la douleur et la peur qui sont là depuis si longtemps maintenant. Avant tu ne savais pas bien cacher tout ça. Maintenant, c’est tellement simple. Tu passes tellement de temps à mentir et à te mentir, tellement de temps à avoir la haine, à essayer de faire taire ces démons, tout ce qu’il y a de sombre et mauvais en toi que tu voudrais cacher mais que tu ne peux qu’exprimer. Alors il n’y a plus la place pour beaucoup d’émotions quand tu n’es pas face à toi-même. La colère se voit ouais, parce que maintenant, tu sais cacher tout le reste. La colère. Juste ça. C’est quelque chose que tu as ressenti toute ta vie. Tu la respires.

Tu passes un peu d’eau froide sur ton visage pour te débarbouiller et essayer de dégonfler un peu ces yeux trop pétés par la tristesse. Ce soir, tu bosses et avec cette tête là, tu n’iras pas loin. Tu retires les bandes que tu avais enroulées autour de tes poings, les abandonnant sur un coin du lavabo. T’as frappé fort. T’as mal, mais ça t’fait du bien. De façon assez perverse, t’aimes avoir mal. Au moins t’es sûr que tu vis. T’aimes ça, et ta douleur, de plus en plus, tu te la causes tout seul. Tu ne le fais pas vraiment exprès. T’es devenu un peu autodestructeur. C’est une tendance que tu as toujours eu au fond, là, en latence, et qui s’est aggravée après ta rupture d’abord, et plus encore après son départ. Mais ce n’est rien hein ? Rien de grave. Ça nécessite pas de consulter. De toute façon, personne ne peut te réparer. T’es trop abîmé. D’un geste las, tu ouvres le robinet de la douche et tu te dessapes. Tes poings ne s’en sortent pas trop mal aujourd’hui. Les blessures, ça fait des années qu’ils en essuient. Ils ont tendance à parler plus que toi. C’est là que se concentrent tes cicatrices. Sur tes poings. Tes phalanges éclatées. Tu les as beaucoup utilisées, et aujourd’hui encore, tu n’y es pas allé de main morte. Ça fait longtemps que tu ne t’en préoccupes plus. Que tu ne cherches plus à ménager ces mains dont tu as pourtant tellement besoin. T’as essayé pourtant. Il t’y avait obligé à l’époque. Il ne voulait pas te ramasser à chaque fois alors il t’avait interdit de continuer à te battre comme tu le faisais. Il avait peur qu’on t’abîme. Superficiel. Il pensait à ton visage avec ces traits que tu trouvais trop doux, ce nez fin et ces lèvres naturellement boudeuses, cette peau trop douce épargnée de cicatrices visibles et parsemée de légères tâches de rousseur qu’on voyait à peine si on ne s’approchait pas très près. Il pensait seulement à ton corps sans savoir que tu étais déjà foutu. Alors t’as essayé de te tenir. Mais la violence était ta seule expression. T’avais l’impression d’être devenu muet en quelque sorte. Alors t’as pas pu t’en empêcher. T’as recommencé. Avec toutes les bagarres que tu as essuyées, c’est étonnant que seules tes mains aient gardées de vilaines marques, habilement maquillées par des tatouages. D’un autre côté, tes mains, tu les uses régulièrement. Mais hormis quelques cicatrices çà et là sur ton corps, tu t’en sors plutôt bien. Tu te glisses sous la douche, laissant l’eau brûlante faire son miracle sur tes muscles bien trop tendus. Ça te brûle la peau, mais ça ne te gêne pas. Tu appuies tes mains sur la paroi carrelée encore froide et tu laisses juste l’eau couler. La douche n’est pas spécialement grande mais tu trouves qu’il y a beaucoup trop de place à l’intérieur. C’est peut-être parce que t’as une taille plutôt moyenne. T’es dans la norme ici au Japon avec ton mètre soixante-dix. Aux Etats-Unis, la plupart des mecs te dépassaient d’une tête ou deux. Tu faisais pas partie des basketteurs. Ça t’arrache un petit sourire d’y repenser. T’étais un nain au milieu de tout ce monde, et pourtant, physiquement, tu t’en sortais mieux que la plupart. Tu secoues la tête pour chasser ces souvenirs. Ça ne sert à rien d’être nostalgique maintenant. Tu l’es assez le reste du temps.

Tu prends soin de bien laver tes cheveux et ton visage. Aussi contradictoire que ça puisse paraître, t’as l’habitude de prendre soin de toi. Et comme tu as rendez-vous pour un tatouage avant d’aller travailler, tu fais d’autant plus attention. La puberté ne t’a pas frappé trop fort et par conséquent tu n’as gardé aucune trace disgracieuse due à l’acné sur le visage. Laver ton visage et ta peau avec des produits spécifiques, appliquer des crèmes à tel ou tel moment de la journée, tout ça fait partie d’un lot d’habitudes que tu as prises depuis trop longtemps pour les négliger. Et si ta peau est toujours bien entretenue, tu mets un point d’honneur supplémentaire à tes soins capillaires. Tu ne supportes pas qu’on te touche les cheveux. Tu n’aimes pas qu’on te touche en général, mais tes cheveux encore plus. Tu supportais pas Ty et ses constantes papouilles qu’il faisait dans tes cheveux. C’était plus fort que toi, t’avais cette peur qu’il tire, qu’il arrache, qu’il te blesse, ça te faisait paniquer en silence jusqu’à ce que tu ne mettes de la distance. C’était le contact que tu supportais le moins. Ça fait des années que tu n’as laissé personne toucher tes cheveux, pas même les coiffeurs engagés lors de tes quelques séances photos. Quand t’étais tout petit encore, ta mère te les massacrait avec l’excuse de te coiffer. Mais très vite elle a abandonné l’idée parce que ta tignasse blond vénitien d’origine repoussait trop vite. Alors t’as fini par prendre les choses en main. Tes cheveux n’ont jamais connu les ciseaux d’un coiffeur professionnel, tu sais parfaitement que ce serait pour toi la panique totale. Tu ne les as plus coupés depuis des années, hormis les pointes. Ta chevelure, aujourd’hui bleutée grâce au miracle des colorations, n’a aucune coupe particulière. Elle est certainement trop longue et trop informe mais tu peux te vanter d’avoir un beau cheveu. Tu ne cherches pas toujours à les coiffer. La plupart du temps, tu les portes libres, ou alors en une queue de cheval ou un chignon lorsque tu travailles, usant alors de quelques barrettes ou d’un bandana pour retenir les mèches qui recouvrent ton front. Tu sais comment les entretenir, pas les coiffer comme un professionnel, il ne faut pas exagérer.

Tu fermes les robinets d’eau et quittes la douche. T’attrapes deux serviettes, en nouant une autour de ta taille et l’autre te sert à sécher tes cheveux. Tu passes dans ta chambre, balayant d’un geste les seringues et autres outils qui traînent sur ton bureau pour y abandonner tes serviettes, puis tu te diriges vers ton dressing pour y choisir des vêtements pour la soirée. Au passage, tu secoues la masse endormie dans ton lit. Tu sais pas qui elle est, tu le sais jamais. C’est toujours la même chose après tout. T’es pas câlin, pas romantique pour un sou, dès que tu finis avec une fille, tu la laisses pour aller te battre contre toi-même, tu revois jamais les filles avec qui t’as passé la nuit, et tu cherches pas de contact, dans tous les sens possibles, jamais. Quand tu t’arrêtes devant ta garde-robe séparée en deux entre la nouveauté et l’ancien, tu te demandes si c’est une mauvaise chose. Si t’es insensible. Si ça fait de toi quelqu’un de détestable. Au fond tu t’en fous. Ça fait longtemps que t’as appuyé sur l’interrupteur du je m’en foutisme. T’es complètement vide. Tu regardes l’air désintéressé les vêtements neufs qui t’ont été offerts pour essayer d’acheter une affection que tu es incapable de donner depuis longtemps. Tu revois encore ton vieux te traîner dans toutes ces boutiques de luxe pour t’acheter tes costumes de pingouin, des chemises, des jeans sans trou aux genoux. T’avais déjà les cheveux bleus quand t’as débarqué en territoire nippon, faut croire que t’avais l’air sophistiqué. T’es loin du type tiré à quatre épingles. Tu pourrais passer ta vie en tenue d’Adam et t’en aurais rien à foutre. T’as pas honte de ton corps. T’es peut-être pas un géant mais tu sais que t’as des atouts et t’en es parfaitement conscient. T’hésites pas à t’en servir, à les faire payer. T’as été un vilain petit canard, mais t’as plutôt bien grandi. T’es pas culturiste, mais tes muscles ont été forcé de se dessiner à force de combats. Rien de trop prononcé, juste assez pour que ce soit bien. Juste assez pour que ça plaise. Tu refermes le dressing, délaissant les strass et les paillettes pour ce qui te correspond. Le sale, l’usé, le vieux, le déchiré, l’abîmé. T’as jamais pu te défaire de tes habitudes. T’es un habitué des friperies, des vêtements de seconde main. Tu ne sais pas porter le neuf. Et puis, tu te dis que garder tes vieux vêtements te permettrait de faire vivre les souvenirs. Et même si ce n’est pas le cas, ça te correspond mieux. T’es assez vintage dans ton style vestimentaire. Le costard avec sa cravate ou son nœud pap’ et la paire de soulier bien cirés, c’est pas du tout ton truc. Pour toi, c’est même carrément un autre monde, et depuis que t’y as été confronté, t’arrives pas à t’y faire. Tu préfères dégoûter plutôt que te conformer. Parce que le dégoût, tu le vois bien dans le regard de ton vieux. A ses yeux, tu n’es sans doute rien d’autre qu’un hippie coloré et sale, qui n’a pas une once d’élégance, mais qu’il doit supporter parce que tu es son seul et unique enfant. Tu vois le jugement dans son regard de snob mais tu t’en fous. Tu savais dès le départ que ce regard sur toi ne changerait pas, et tu ne cherches pas spécialement à faire en sorte qu’il change. Ta relation avec ton paternel a pris un mauvais départ dès l’instant où il a choisi de ne pas te reconnaître lorsqu’il a été au courant de ton existence. T’es qu’un enfant de prostituée après tout. T’attrapes rapidement un jean et un t-shirt avant de quitter des vêtements et de te poster devant ton miroir.

Ce n’est pas que tu aimes te regarder, loin de là, t’es confiant dans ton physique certes mais absolument pas narcissique. Mais prendre le temps de voir à quel point tu changes au fur et à mesure que les jours passent t’a toujours étrangement fasciné. Ton regard se pose sur tes mains tatouées qui tiennent avec un peu trop de force les vêtements que tu comptes porter. Tu réalises maintenant en regardant tes phalanges qu’il y aurait eu plus de peur que de mal. Elles sont rougies, mais pas ouvertes et ça te va bien. Tu t’attendais à pire, et si tu t’étais blessé, on t’aurait sûrement hurlé dessus. Les bandages passent mal derrière une caméra. Un peu moins derrière un comptoir. Tu passes une main dans tes cheveux puis tu files attraper un tube de crème pour t’hydrater la peau. Celle-ci doit être prête pour recevoir ton nouveau tatouage sur l’avant-bras droit. Il sera très loin du premier qui date de lorsque tu as commencé à bosser pour Max aux Etats-Unis. C’est une seconde citation « With pain comes strength », la première, « Lo que sea pero contigo », étant tatouée sur ton épaule droite. Tu es un amoureux des mots, alors c’est tout à fait logique que tu en aies sur ta peau. Les autres sont tes propres dessins. Le tribal autour de ton biceps gauche est ton tout premier, la pocket watch au verre brisé a été tatouée entre tes omoplates après le départ de Yuri. La lune et quelques étoiles prennent leur place en dessous de ton oreille gauche, et une plume tirée par un poids sur ton aine droite. Tu sais bien que tu n’as pas choisi les endroits les moins douloureux, mais t’en as tellement l’habitude que tu n’y réagis plus. Ça a été tout aussi simple lorsque tu t’es fait percer les oreilles et la langue. Tu as deux piercings à l’oreille droite, un industriel et un bijou au lobe, et trois à l’oreille droite, deux au lobe, un à l’hélix. On finit toujours par s’y faire. Tes tatouages et tes piercings doivent faire partie de ce que ton père méprise le plus chez toi. T’as apparemment l’air d’un « terroriste ». Venant d’un type qui ne s’est jamais occupé de toi, tu as du mal à le prendre au sérieux. Tu te poses souvent des questions c’est vrai, mais il y une chose sur laquelle tu ne doutes plus, et c’est bien ton physique.
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Re-bienvenue o//

*sort du gouffre de lecture* Encore lui ~ 3182035657

J'ai juste des fautes et un petit détail à relever :

HISTOIRE

tout [ce] que tu gardais en toi
toi qui croyait
les questions que tu t’étais posées
t’était précieux
t’avait peur de l’abandon
le bug le bug des moniteurs

Physique :
Enfin, ils ont l’air d’être hazel quand tu es énervé - attention, les yeux ne peuvent changer de couleur à cause de la colère (je te le relève même si tu parles d'une impression)

Sinon, malgré la longueur, ça se lit tellement bien. C'est vraiment bien foutu, on se perd pas, tu te perds pas dans l'histoire que tu nous racontes. Tout est cohérent, chaque chose est expliquée, justifiée et réaliste ! Isaiah a vraiment eu une vie horrible jusqu'au bout. Encore lui ~ 3912395661
On peut que lui souhaiter le meilleur, ne serait-ce qu'un tout petit peu plz ptdr.

Je compte sur toi pour corriger ça et en attendant je te pré-valide déjà.
Amuses-toi bien Encore lui ~ 2984341854

Pré-validation par Arisa
Votre fiche a été pré-validée par un modérateur, un administrateur passera sous peu valider officiellement celle-ci.
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Sam 24 Avr - 22:58
Merciiiii Encore lui ~ 428445822
C'est corrigé. J'étais devenue aveugle jpp Encore lui ~ 4115966937
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Toutes mes félicitations, votre fiche est validée !

N'oubliez pas :
• De remplir les champs de votre profil.
• De réserver votre avatar ; Réservation avatars
• Si vous souhaitez trouver des partenaires pour vous lancer, n'hésitez pas à faire un tour par ici ! ♥
• Dans l'ordre, vous pouvez faire une demande de conjoint ici, ensuite vous faites une demande d'habitation ici et enfin, vous pourrez valider votre mariage ici.
• De faire un peu de pub autour de vous pour le forum et de voter régulièrement aux tops sites. ♥

& Surtout, AMUSEZ-VOUS !

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ ◆ ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

Encore lui ~ Makoto%20-%20signature
Merci Lucci, Zach (notamment pour le vava dessiné avec Kiyo ♥) et Lucas pour les avatars et kits Encore lui ~ 1647638966

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