Can you see what I see?

Saki est née il y a de cela 20 ans à Tokyo, d'un père Japonais, Akiharu Inoue, et d'une mère d'origine Anglaise, naturalisée Japonaise, Sonia Ravenborn. Elle est la deuxième fille du couple, sa sœur Hanako étant 5 ans plus âgée. Née aveugle, elle fut le centre d'une attention particulière de la part de ses parents, mais surtout de son père qui, malgré le fait d'être un chef d'entreprise respecté, prenait beaucoup de temps pour s'occuper au mieux de sa fille. Elle est communément ce qu'on peut appeler une gosse de riches, même si sa famille était loin d'être aussi aisée que des familles industrielles Japonaises, mais ses parents gagnaient très bien leur vie. Ses parents veillèrent, durant les premières années de sa vie, à ce qu'elle ne soit pas blessée de manière stupide dans la maison, et elle vivait par conséquent dans une sorte de cocon. Dorlotée, choyée, ne manquant de rien, les premières années de sa vie, tant qu'elle ne fut pas en âge d'être scolarisée, firent d'elle une véritable petite princesse qui était la prunelle des yeux de ses parents. Une fois qu'elle fut en âge d'être scolarisée, son père décida de lui offrir la meilleure éducation possible, adaptée à sa condition, et l'inscrit dans une des meilleures écoles du Japon, mais cette dernière ne prenait en charge que des enfants atteints de pathologies physiques et mentales. Beaucoup diraient que de telles écoles étaient inutiles car elles ne permettraient pas une bonne insertion dans la société étant donné que les enfants étaient éduqués à part, mais ils voulaient que leur fille suive une scolarité dans les meilleures conditions possibles.   Et dès le début, elle fut entourée d'une équipe éducative et médicale formidable, qui fit tout ce qu'elle pouvait pour la faire se sentir normale, malgré sa condition. Ses cours et toute sa vie furent adaptés en ce sens, mais avec eux, elle ne se sentait plus aussi différente. Même si elle ne voyait pas depuis sa naissance, que son langage corporel, ses déplacements, ainsi que son comportement dans la vie de tous les jours criaient sur tous les toits qu'elle était aveugle, elle se sentait bien parmi eux, et c'était une véritable bénédiction que d'entendre et de ressentir qu'elle était normale aux yeux d'autres personnes étrangères à sa famille. Elle n'était pas vraiment une élève modèle au départ, en termes de performances scolaires car elle était très sage et discrète, mais ils ont su la motiver pour qu'elle fournisse des efforts constants lors de sa scolarité, et pour qu'elle se dépasse. Lentement mais sûrement, ses résultats s'amélioraient, ses parents devenaient fiers d'elle, et c'était tout ce qui comptait à ses yeux.  A l'école, son cercle social était assez restreint, mais elle faisait avec, elle était déjà très contente de pouvoir être avec une ou deux personnes durant les récréations, car la solitude, depuis sa plus tendre enfance, lui faisait extrêmement peur, et lorsqu'elle se sentait seule, elle passait son temps à pleurer dans un coin.

Les années passaient, ses résultats scolaires augmentaient, et au début de son adolescence, elle connut les joies des galas de charité ou des apparitions publiques, où elle devait, en compagnie de sa sœur et de sa mère, d'être présente auprès de son père, afin de donner une image positive de leur famille et de représenter l'entreprise de son père d'une manière positive.  Ce genre de choses était bien évidemment de la manipulation sociale, mais c'était monnaie courante dans leur monde. Lancer un élément de générosité, quand on montrait une famille importante soudée et unie, était beaucoup plus facile. Hanako n'avait pas besoin de faire d'efforts pour agir de manière naturelle. Saki, elle, devait en faire énormément, pour non seulement cacher au maximum sa cécité, mais aussi car elle était plus jeune que sa sœur, et forcément moins mature. C'est aussi à cette époque-là que son père fit en sorte de lui ouvrir un compte en banque mais aussi d'en faire une actionnaire de sa société, pour lui permettre d'amasser de quoi vivre une fois à l'âge adulte le temps qu'elle puisse trouver un emploi. Durant son adolescence, et lorsqu'elle avait 14 ans, les Incontrôlables apparurent sur Internet. Ce qui fut un problème pour une certaine frange de la société, mais cela ne la concernait que guère, elle n'allait jamais sur Internet et ne savait pas se servir d'un ordinateur à cause de sa cécité. Elle entendait juste ses parents en parler avec une sorte de mépris non dissimulé, mais elle s'en fichait. Ce qui comptait pour elle, c'était d'être avec sa famille, ce qui se passait dans la tête des gens, leur idéologie, ne la concernait pas. L'année suivante, lors du 14 Février, quand elle eut vent des événements et des explosions, elle passa à un tout autre état d'esprit. Ce qui ne la concernait pas au départ la fit passer à un état d'indignation totale. Peu importe les idées que l'on pouvait colporter, agir de la sorte était purement indigne, et lorsqu'elle trouvait quelque chose d'indigne, elle réagissait viscéralement, et cette réaction était purement et simplement de la haine. Elle ne connaissait pas ces gens, elle ne savait pas pourquoi ils agissaient de la sorte, mais elle les détestait, parce qu'elle considérait que ces actions étaient misérables et qu'elles venaient de personnes misérables.

En dehors de tout cela, sa scolarité se passait normalement. Elle devait accessoirement de plus en plus être présente lors des apparitions publiques de son père, et même si elle s'améliorait sur sa prestance en public, elle avait toujours peur d'être perçue comme anormale. Ses parents voyaient bien qu'elle faisait d'énormes efforts pour cela, et l'en félicitait en permanence, mais elle avait peur de les décevoir ou de les embarrasser avec son comportement. En 2109, quand elle entendit dire que le mouvement des Incontrôlables devenait illégal, elle trouva que c'était une bonne décision, même si cela voulait dire que le mouvement allait se faire dans la clandestinité. Mais la répression que cela pourrait engendrer était pour elle une bonne chose, étant donné que leurs actions de l'année passée avaient considérablement entaché sa vision des choses à leur sujet. Lors des catastrophes d'Octobre 2109, Saki, ainsi que le reste de sa famille, crurent que leur vie s'arrêterait là. En déplacement sur l'île d'Hokkaïdo, ils n'eurent pas connaissance du tsunami qui ravagea le sud-est du pays, mais les typhons extrêmement violents et leurs conséquences leur firent penser que leur dernière heure était arrivée. Ils durent rester sur Hokkaïdo pendant plusieurs mois, et Akiharu, devant la perte de l'une de ses usines dans le sud du pays, et les dégâts dans plusieurs autres, n'hésita pas un seul instant, et ce, sans la moindre demande ni des salariés ni des syndicats, à verser des aides, venant des fonds propres de l'entreprise, aux salariés impactés, pour faire face à la coupure du travail qui allait certainement durer de long mois. Cependant, ces événements du mois d'Octobre impactèrent profondément Saki, qui développa une phobie de l'orage et qui n'arrivera jamais à s'en défaire. Elle put finalement rejoindre Tokyo, avec le reste de sa famille, de longs mois plus tard, essayant de reprendre une vie normale, mais on ne reprend jamais une vie vraiment normale après de tels événements.

L'année de ses 18 ans fut mise en place une expérience sociale visant à connaître le véritable impact de l'Incontestable sur la société. Pour ses parents, cela ne changeait pas grand-chose. Mariés selon une décision de l'Incontestable comme dans le reste de la société, ils ne s'étaient pas appréciés au départ, mais au fil du temps, ils s'étaient calmés l'un vis-à-vis de l'autre, et si l'on ne pouvait pas parler d'amour véritable, une véritable affection existait entre les deux. Ils ne s'aimaient pas d'amour, mais ils s'appréciaient mutuellement. Ce qui fit que cette absence de deux mois de l'Incontestable ne changea rien dans leur vie, en dehors du fait de ne plus recevoir d'ordres, car ils comptaient rester ensemble, et ils savaient quoi faire pour rester dans les clous. Cela changea quand même certaines choses pour Saki, étant donné qu'elle était habituée à ce que ses parents parlent régulièrement des ordres reçus, et du jour au lendemain, plus rien. Elle se demandait ce qui se passait, mais elle considérait que demander quelque chose à ses parents, alors que cela ne la regardait pas, était malvenu. Elle resta donc dans l'incompréhension à ce sujet. Quand l'épidémie de 2111 frappa, ce fut quelques jours avant qu'elle ne décide de suivre sa sœur pour aller vivre avec elle.  Avec son diplôme en poche, elle s'inscrivit par conséquent dans un cursus pour devenir enseignante, mais en prenant toutes les options nécessaires pour enseigner dans une institution spécialisée par la suite. Elle n'en fut pas consciente, mais tout comme sa sœur, elle fut porteuse saine, ne sachant pas du tout si ses parents étaient malades ou non. Mais comme ils se sentaient bien durant leurs différentes visites, elle considéra qu'ils devaient aller bien et qu'ils furent épargnés par cette épidémie car, quand elle en entendit parler, elle eut très peur que ses parents tombent malades. Ce qui fut le pire pour elle fut le mois de Décembre 2111, car énormément de gens furent présentés comme morts, et ce fut notamment le cas pour sa mère. Quand elle eut la nouvelle, elle fut intérieurement détruite, et la première chose qu'elle demanda à sa sœur fut de l'emmener immédiatement à Tokyo auprès de leur père. Quelle ne fut pas sa surprise et son choc quand elle se rendit compte que sa mère était toujours en vie. Fondant en larmes, elle ne savait plus quoi penser, mais elle était heureuse qu'elle soit toujours là. Saki n'arriva pas à comprendre comment une telle chose avait pu se produire. Cet événement fut un catalyseur empirant sa peur d'être seule, voire abandonnée. Elle, qui déjà avait une peur bleue de la solitude, se retrouva par conséquent complètement phobique de la solitude, et ses crises, lorsqu'elle se retrouvait seule, étaient encore pires qu'avant. Ce qui la poussait par conséquent à toujours plus s'imaginer des choses pour combler sa solitude.

Elle est toujours étudiante aujourd'hui, vivant toujours avec sa sœur, espérant pouvoir poursuivre ses études jusqu'au bout et réaliser son rêve de devenir enseignante spécialisée.