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18/11/2021

Isao Mikazuki
Isao Mikazuki
Isao Mikazuki
Sam 20 Nov 2021 - 18:02
Mikazuki Isao
"Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité..."
Informations générales
Nom : Mikazuki, miroir changeant de la lune qui croisse et décroisse, dans l'ombre laissés les honteux secrets.
Prénom.s : Isao, enfant prodige, enfant adulé, aux louanges mille fois chantées quand du mérite il se fait l'incarnation.
Âge : Trente hivers écoulés, depuis ce lointain matin du 05 novembre 2083.
Genre : Masculin
Origines : Japonais. Par le sang quelques racines irlandaises luisant dans l'émeraude des prunelles, d'un géniteur inconnu héritées.
Activité : Pédopsychiatre
Sexualité : Non divulguée
Avatar : Okiya Subaru (Detective Conan)  
Règlement : - Validé - Ari
Chemin Les mois s'allongent sans que ne change la route.
Autre : /
Histoire -

- Elle est triste ton histoire, papa. Moi je veux l’aider, l’oiseau !

Moue chagrine sur ses lèvres fines, l’enfant serra un peu plus fort la peluche dans ses bras, porta ses mirettes claires sur l’adulte contre lui. Un geste doux ; le livre se refermait. Emprisonnait, dans les pages illustrées, ce triste oisillon à la longue quête. Perdu dans ce nid trop grand, qui cherchait ses parents – Bonheur et Liberté, l’ayant plus tôt veillé, soudainement envolés. Trahi, trop souvent, par les vils habitants de la forêt lugubre.  

- Mais c’est toi, le petit oiseau. Tout le monde essaiera toujours de profiter de toi et ne t’aidera que tant qu’il pourra en tirer quelque chose. Ils finiront tous par te tourner le dos et seulement t’utiliser, alors ne leur fais jamais vraiment confiance, d’accord ?

- Mais toi, papa, tu m’aimes pour de vrai, non ?

Un sourire affectueux et l’adulte lui ébouriffait la tête :

- Oui mais moi je suis ton père. C’est pour ça que tu ne peux te fier qu’à ta mère et à moi, tu comprends ? On t’aimera toujours, mon petit oiseau, mais on sera les seuls. C’est pour ça aussi que tu dois apprendre à être fort. Tu ne voudrais pas que je m’inquiète, n’est-ce pas ? Les autres voudront toujours te faire du mal.

Et soir après soir, lecture après lecture, l’histoire se gravait en son cœur, s’agrippait à son esprit, pénétrait chaque parcelle de son corps pour qu’en grandissant il ne se souvienne que de cette réalité : le monde était une jungle, emplie de fleurs splendides, dont les chatoyantes couleurs dissimulaient de redoutables poisons. Des épines hérissées, sous les feuilles cachées. Des lianes étrangleuses, prêtes à se dérouler. Pourtant dans cet enfer demeurait un roc immuable, un phare à l’éternelle lumière : son père veillait sur lui. Le ferait toujours ; parce qu’il l’aimait. L’aimait tant, l’aimait si fort, qu’il avait enroulé autour de son existence les tentacules crochus de sa maladive possessivité, s’assurant une inébranlable emprise tandis que passaient les années. Cet époux infertile qui avait tant prié pour un jour avoir de « père » le titre, cet homme fier qui avait tant espéré un héritier, n’avait pas écarté celui qui n’existait que par un don de sperme. Oh non ; il se l’était plutôt approprié frénétiquement, le modelant selon ses désirs, le forgeant selon ses goûts. Comme pour oublier que les gênes n’étaient pas les siens, comme pour oublier que leur sang n’était pas commun. Pour que nul, peut-être, ne vienne douter qu’ils soient parents. Ses rêves et ses espoirs, ses aspirations et ses ambitions, il les avait fiévreusement martelés dans ce métal brut prêt à forger ; les avait imprimés avec d’autant plus de force qu’à peine âgé de cinq ans l’enfant se trouva orphelin de mère, soumis davantage alors à l’emprise paternelle. Infarctus du myocarde, avaient dit les médecins. Trop rapide, trop soudain – et face à ce choc abrupt, le veuf avait refermé plus encore le carcan sur Isao. Pour lui défendre, peut-être, d’à son tour l’abandonner. En litanie muette scandée par ses mots, clamée par ses regards, hurlée par ses actes, il drapait autour de lui la toile opaque de ses mensonges enchanteurs. Ce n’était rien, n’était-ce pas ? Car on ment tous, au fond. Par facilité, par honte, par pitié. Un “J’arrive” avant même de partir, un “d’accord” malgré la contrariété. “Elle reviendra” parce que c’est trop dur à expliquer, qu’il n’y a pas de retour possible. Mais dans mensonge il y a songe ; et s’il lui mentait ce monde était un rêve qui dans sa réalité distordue le happait toujours plus férocement, le berçait d’illusions par milliers. Il n’était qu’un dormeur, Isao, un dormeur éveillé. Il avait grandi ainsi, avec pour seule obsession de satisfaire celui qui en attendait tant de lui ; qui lui offrait tant, qui l’aimait tant. Il avait grandi ainsi, avec le maître de son monde posant les brillants barreaux de sa cage, construisant lentement la haute tour d’ivoire dans lequel l’enfermer. Il avait grandi ainsi, avec le dessinateur de ses rêves traçant sa vie à l’encre indélébile de ses propres convictions. Il avait grandi ainsi, sans poignante tragédie, le cœur pourtant empli d’un vide glacial qui résonnait sinistrement quand, réfugié sous la petite fontaine du jardin, il chuchotait ses rêves à l’ange qui y veillait.

Pour lui, la meilleure des éducations ; qu’importait le prix quand l’argent coulait à flots, avec plus de fluidité que ne le fera plus jamais aucune rivière de ce monde desséché. Enfant désiré, enfant choyé, il semblait porter la promesse d’un futur doré. Un nom, une fortune. Objets de marque, objets de luxe. Loisirs variés et plaisirs divers, il s’évertuait pourtant à travailler avec acharnement, afin de voir toujours se porter sur lui ce regard paternel transporté de fierté. Il n’y avait guère besoin de châtiment pour les échecs : l’échec lui-même devenait un châtiment. Sous cette écrasante admiration, il n’avait d’autre voie que celle de satisfaire celui qui avait tant déposé sur ses frêles épaules. Vie résumée à ce visage, soleil de son système céleste. Ecoles coûteuses, uniformes luxueux. Chaque seconde qui s’égrenait apportait un peu plus sa charge de mal-être, cette pression suffocante dont il ne parvenait plus à se départir. Le temps avait creusé les écarts pour laisser baigner dans une candide arrogance ce garçon perdu, tout drapé dans sa suffisance, tout habillé de son ignorance – esprit étriqué dans lequel le monde n’était que soigneux agencement de sages peintures, où la vie s’écoulait avec une déconcertante facilité. Au collège bien vite il trouva quelques semblables pour l’accueillir, bande d’enfants aisés à chaque rentrée plus soudée. Qui s’estimant invincible renforçait la conviction de chacun qu’ils ne pouvaient être que les meilleurs. Qui avait appris à exiger, tout autant à obtenir. Il est si impressionnant, le pouvoir d’un petit groupe sur la foule silencieuse. D’un rien, d’une étincelle, des braises qui couvent, naissent les flammes puis le brasier, incendie dévastateur. Une jalousie de l’un qui incite les autres, désir de cacher sa faiblesse en dévoilant celle des autres ; quelques moqueries et vient la descente aux enfers pour qui a eu le malheur de n’avoir pas de chance. Des plaisanteries qui n’en ont que le nom, l’assurance qui grimpe toujours plus tandis que se fait grisant le pouvoir de contrôle. Parce que la masse se tait, la masse rigole, la masse fuit et la masse se cache. Par peur d’être le prochain peut-être, la victime se voit séquestrer sous les murs hauts d’un isolement social ; et Isao au fond s’agaçait, de les voir ainsi pitoyables à toujours s’incliner. Petit à petit alors s’installa le règne de leur théocratie, petit à petit alors s’instaura leur propre loi. Dans ce royaume qui était leur, pas de contradictions acceptées pour ceux qui se faisaient juges autant que bourreaux. Parce que celui-ci était trop chétif, parce que celui-là trop renfermé ; untel fréquentait la fille qu’un autre convoitait, avait contrarié l’ami d’un ami. Violences physiques, violences morales. Pour soulager le poids oppressant posé sur la poitrine, pour alléger la tension qui écrasait l’esprit. Avec l’ombre protectrice d’influents parents pour préserver des scandales, quelques enseignants craintifs qui s’en apercevant préféraient détourner le regard. Alors elle était évidente, leur place. Puisqu’il n’avait connu que celle-ci, Isao ne pouvait l’imaginer qu’au sommet, là où il avait toujours évolué. Parmi ses pairs ; loin des faibles, loin des pauvres. Ce ne pouvait qu’être une évidence, non une injure à l’égard de ses infortunés camarades. Si le monde était monde, ce n’était que dans le respect triste de mécanismes soigneusement huilés, ce n’était que parce que toute chose demeurait où elle le devait. Oh, lui ne frappait pas. Jamais. Le sang le dégoûtait autant qu’il l’effrayait, ce visqueux liquide à l’écœurante odeur. Il avait plutôt appris, très vite, trop vite, comment manipuler ses pairs. Susurrer, murmurer, inciter. Faire luire d’espoir les yeux, promettre et mentir, susciter l’admiration. Faire croire à l’importance de son interlocuteur, feindre trouver l’unicité à ses yeux, s’en détourner quand le besoin avait disparu – lui faire porter le poids de cet éloignement, puisque lui-même ne pouvait qu’être parfait. Parfait, comme il l’avait toujours été ; parfait, comme le répétait encore et toujours son père à qui voulait l’entendre. Parfait, comme l’approuvaient les invités mondains des réceptions trop régulières. Mais qu’elle est lourde à porter, la perfection ; mais qu’elle est lourde à supporter, l’adulation. Et à repousser toujours plus loin les limites, quelques craquelures apparurent sur cette surface trop bien lissée, quelques fils cassés dans cette trame trop bien tendue. Fissure après fissure, jusqu’à ce que n’éclate cette sinistre bulle.

Elle avait couru, la rumeur, froide telle une lame de rasoir, violente comme une détonation, sournoise ainsi qu’un poison lent. Elle avait couru en secouant son message, jetant au vent quelques mots terribles, distillant sur son passage l’amertume de la réalité : tentative de suicide. C’était vrai, qu’il avait disparu soudainement, ce garçon dont il oubliait le nom. Elle avait couru de plus en plus vite, la rumeur, elle avait couru de plus en plus fort. Elle avait remonté jusque dans le dos d’Isao, serpenté sur sa nuque, glissé dans ses oreilles. Elle s'était insinuée en son esprit et infiltrée en son âme, réveillant quelque chose, remuant quelque chose. Quelque chose qu’il refusait, farouchement. Il avait tenté de fermer les yeux sur ces remords avides qui brûlaient la langue, qui brûlaient les veines. Tenté de passer outre, tenté de conserver la conviction que rien de tout cela n'avait d'importance. Que lui n’avait rien fait, au fond, rien fait de mal. Qu'il n'y avait toujours que les faibles, pour se laisser ainsi aller. Qu’il n’y avait toujours que les faibles, qui abandonnaient de la sorte. Et il s’accrochait à l’idée que ce n’était que murmures vides de sens, mensonges éhontés comme tant d’autres ouï-dire, pour en nier la réalité. Parce que l’accepter, c’était un peu reconnaître leur responsabilité. Sa responsabilité. Et pourtant ce quelque chose l’avait ébranlé. La vérité crue, la vérité nue, l'avait percuté. Rentrant chez lui il avait évité ces yeux adorateurs qui l’insupportaient tant. Parcouru le jardin gelé, dépassé la piscine enterrée. Soufflé, dans le froid de l’hiver l’enveloppant. Son antre, son monde. Même lui avait paru étrange, ce jour-ci. Un voile déchiré qui laissait transparaître quelques noirceurs jusqu’alors grossièrement camouflées, l’abandonnant dans ses pitoyables illusions. Et l’ange pleurait, dans le cocon froid de sa fontaine gelée. Une à une perlaient les goutte, glissant le long de ses joues de métal rouillé, coulant sous les rayons pâles du soleil couchant. L’une d’elles était tombée, mesquine, dans l’interstice des vêtements, s’étaient glissée dans le col, avait embrassé la peau tendre du cou grelottant. Caché derrière la séraphine silhouette, l’adolescent s’était détourné de ce triste spectacle, fixé les cieux. Perdu. Appelant silencieusement au secours, sans même savoir qui. Quoi. Pour quoi. Pourquoi. Simplement de quoi s’apaiser, un peu. Soulager cette frustration qui s’accrochait, grandissait depuis trop longtemps dans son ventre, quand effort après effort il lui semblait toujours devoir faire plus, ayant de son plein gré fermé sur ses poignets les menottes du Devoir pour en jeter la clé qu’il cherchait désormais éperdument.

Elle avait prévenu, aussi, la rumeur. Elle avait fendillé le mur fragile de l’indifférence, elle avait craquelé le mince rempart de l’individualisme. Elle avait trop secoué, elle avait trop remué, sur son passage sinueux, pour que se poursuive cette loi du silence. Réveillés sans sommations, les trois petits singes avaient baissé les bras alors ; libérant la parole, délivrant l’ouïe, dégageant la vue. Professeurs informés, direction avertie. Elle n’avait pas été longue, l’enquête interne ; ils avaient été bien vite trouvés, les responsables. Ils avaient vigoureusement nié ou piteusement avoué, ils s’étaient montrés arrogants comme abattus. Mais lui, Isao, ne fut que silence. Détachement feint, désarroi réel. Les règles soudainement se rappelaient à lui, la tolérance brutalement se délitait. Il devait s’excuser, il devait se confesser. Il devait faire ce qu’il n’avait jamais fait, tandis que pour la première fois de sa vie l’autorité le blâmait. Celle scolaire, du moins ; car paternelle, elle ne s’exprima jamais que dans le déni. « C’est un menteur », disait de la victime son géniteur. « Il s’est trompé de personne », affirmait-il avec hauteur. « Mon fils ne ferait pas ça », protestait-il acerbement. Et il en fut presque satisfait, Isao, de lui affirmer le contraire. De voir s’afficher la confusion sur ses traits trop fiers, de voir un peu de déception dans les yeux furieux. Il en fut presque satisfait, de sentir un peu faiblir le poids des attentes si lourdes à porter, de piétiner un peu ces espoirs trop étouffants. Cracher sur le tapis d’or déroulé sous ses pieds, brûler le manteau d’hermine posé sur ses épaules. Face au directeur affligé, assurer finalement sourire aux lèvres et provocation dans l’iris que tout n’était que vérité. Tout, et plus encore. Parce qu’il ne supportait plus cette cage dorée, parce qu’il ne supportait plus sa tour d’ivoire. Parce qu’il voulait se réveiller, parce qu’il voulait tout effacer. Alors il en fut si contrarié, Isao, quand ce paternel obtu ne le prit pas au sérieux. « Il t’avait fait du mal, n’est-ce pas ? », « Tu dois me dire la vérité. » – parce qu’il est si facile, de demeurer dans son déni. Se détourner de ce qui blessera. Ce qui culpabilisera, aussi ; l’enfant n’est que le fruit de ce qui l’a construit. Le directeur n’avait pas cédé, pourtant. Parce qu’une vie était en jeu, parce que d’autres pourraient l’être, son établissement l’était également. Préserver le nom, préserver la réputation, préserver les donations : c’était là l’important. Alors il martela, intransigeant, la gravité de ces actes. Rappela combien il serait terrible, pour eux, pour lui, pour tous, si la justice devait s’impliquer. Garde-à-vue, procès. Médias. Des mots si gros, qui restaient dans la gorge. Etranglaient. Rien que quiconque puisse sereinement affronter, moins encore un adolescent immature. Rien qu’il ne tolèrerait, ce directeur, chez l’un de ses élèves. Après nombre de sombres discussions s’imposa une conclusion, offre qui ne saurait être refusée : le suivi des tortionnaires par un psychologue, tandis que les parents de la victime ne porteraient pas plainte, craignant l’opprobre. Ah, on n’assume guère, d’avoir été victime ; comme s’il y avait quelque honte à n’avoir pourtant rien fait, comme si nos souffrances valaient flagellation.  Mais c’avait été l’occasion, également, de mettre en place une campagne de sensibilisation, à laquelle ils durent participer. Quelques menues tâches, en guise de sanction supplémentaire ; afin qu’ils s’en imprègnent, complètement. Distributions de tracts, tracé des affiches, aide ou simple présence aux ateliers. Et la thématique cette année-là emplit sa vie, tandis qu’au psychologue de l’établissement – condescendant – il avait rapidement préféré rechercher un thérapeute indépendant. Un rendez-vous, puis un deuxième, un troisième. Un spécialiste, puis un deuxième, un troisième. Trouver le bon avait été complexe. Mais il l’avait rencontré. Lui. Il y avait chez cet homme ce que n’avaient pas les autres : une patience exceptionnelle, une foi inébranlable en la bonté naturelle. Il lui avait ouvert les yeux, lentement, résolument. Il avait été soignant, il avait été guide, il avait été mentor. Il lui avait appris qu'être humain n'était pas aveu de faiblesse. Que la naissance ne conditionne pas la vie, que l’enfant n’est pas esclave des désirs de ses parents. Que la richesse n’a de valeur que pour celui qui sait en user avec sagesse, que si la salissure physique se nettoie les marques sur l’esprit ne peuvent s’effacer. Il lui avait parlé, il l’avait écouté ; heure après heure s’étaient dévoilées peu à peu ses émotions. Ce mal-être latent, cette incompréhension d’un monde trop mal connu, cette crainte de l’abandon. Cette peur de décevoir, cette pression qui l’étouffait. Cette nécessité d’être bien, d’être mieux, d’être parfait. Cette recherche des limites, ce besoin de vraie liberté, cette aspiration à en découvrir les contours. Cet impérieux cri intérieur, surtout, réclamant de savoir qui il était. Ce qu’il était. Et la chute, aussi, cet étourdissement quand la réalité s’était lentement immiscée en lui. Quand les mots posés, écrits, dits, répétés souvent, trop souvent, faisaient lentement sens. Quand ses propres actes, brusquement, s’imposaient à lui.

Il lui avait semblé asphyxier alors, il lui avait semblé suffoquer. Il avait souffert de ses propres remords plus que de toute violence possible, il avait pleuré sa haine de soi plus qu’il n’avait jamais pleuré de plaies ouvertes. S’était enfermé dans un monde noir, un monde brutal, qui le harcelait à tout instant. Et le thérapeute, patient, avait dû l’amener à s’accepter. A se pardonner, pour enfin changer. Pour que du négatif, jaillisse le positif. Car si l’on tait d’avoir été victime on se vante pourtant d’avoir été bourreau, on rit de nos persécutions, on se satisfait de nos molestations. Puis passe la raison qui flambeau en main tente de son mieux d’éclairer nos esprits ténébreux, et l’on assume moins alors, ces jeux d’enfants qui n’en étaient guère, ces cruels plaisirs qui n’étaient que souffrance. On se fâche des reproches, on méprise les lamentations, on minimise les accusations. On refuse, surtout, d’accepter cette vérité comme tout ce qu’elle amène. On feint la distance alors, on prétend l’indifférence. « J’étais jeune », clame-t-on avec un détachement menteur. « On a tous fait des bêtises quand on était gosse », assure-t-on avec un fatalisme appuyé. On n’oublie pas, pourtant. Il y a toujours un peu d’amertume au fond de la gorge, en y songeant ; toujours un peu de rancœur, aussi, de rancœur envers soi-même. Savoir se pardonner, quel difficile exercice : quand tous les autres déjà ont montré leur clémence, chacun se fait juge zélé de ses propres turpitudes. Excusé par autrui, quoique sans oublier. Mais la conscience est là, qui ronge, qui susurre, qui remue le limon apporté par le long fleuve de la vie. Qui secoue, qui reproche, qui rend fou. N’est-ce pas là le chemin de l’évolution ? Douloureuse route, pour devenir plus fort. Vraiment fort. Non comme certains le prétendent, non en brisant les autres, non en piétinant le reste du monde ; avant tout, en reconnaissant ses fautes. S’acceptant, en dépit de tout, en dépit de soi.

Des séances régulières était sortie… autre chose. Une complicité, presque une affection, entre le thérapeute et son patient ; l’adolescent, enfin, trouvait un pilier stable. Un adulte, pour l’écouter, un modèle, pour l’inspirer. Le simulacre d’une figure paternelle, pour l’accepter. Sans rien attendre de lui – si ce n’était son paiement, mais à cette idée il tentait de son mieux de passer outre. Et il lui apprenait tout ce qui avait toujours fait défaut à sa vie. S’ouvrir. S’interroger. Chercher des réponses, accepter de ne pas en trouver. Se détacher de sa propre existence pour se souvenir de celle des autres, comprendre comment le monde s’articule. Questionner ses émotions, les accueillir sereinement. Ce petit verrou, glaçant son esprit, il l’avait déverrouillé patiemment – non, l’avait amené à s’en défaire de lui-même. A apprendre aussi à dénouer les cordes rêches de l’orgueil qui l’entravait, à délaisser ses angoisses et pressions pour trouver sa place. Pour se trouver. Les séances devinrent attendues avec impatience, les discussions devinrent des enseignements passionnants. Quelque chose s’était débloqué, en lui. Une lueur vague, vacillante, chaleureuse pourtant. Réconfortante. Avec pour cobaye sa propre personne, il découvrit le monde incroyable de l’esprit, se passionna bien vite pour la psychologie et son importance dans cette vie quotidienne qui trop souvent la dédaignait ; mais, adepte du concret, trouva vite quelques frustrations à ce manque de barrières claires de la discipline. Alors, lorsque son aîné attentif lui mentionna la psychiatrie, lorsque de cette science il put rencontrer quelques spécialistes, cette petite étincelle s’enflamma, brusquement. Entre médecine et sciences de l’âme, il lui semblait, enfin, toucher du doigt l’essence même des êtres. Et l’univers entier s’éclairait un peu plus à chaque nouvelle découverte, et sa propre existence se justifiait un peu plus à chaque nouvelle connaissance. Le corps est soigné, les plaies sont pansées, les hématomes sont apaisés. Faire du sport, contrôler l’assiette, soulager les tensions, les appels sont nombreux à la santé physique. Griffures, déchirures, écorchures : on y prend garde, parce qu’on les voit. Rien hélas, pour celles invisibles. Celles qui s’attardent en secret, qui naissent des mots ou des actes, qui grandissent dans le plus grand des secrets, qui s’épanouissent en pleine lumière mais qui sont tant dédaignées, méprisées. Ignorées au mieux, agrandies au pire. Nouveau coup sur la blessure ouverte, un peu de sel sur l’égratignure fraîche ; si peu de pommades, si peu de pansements. Ces fêlures que chacun cache, ces entailles que tous possèdent. Ça saigne, ça purule, ça se gangrène. Ça ronge et ça noircit, ça devient malade et ça blesse – soi-même, autrui. Il voulait, lui, les panser de son mieux. Colmater un peu les blessures de ses pairs, pour panser les siennes.

Il s’était ainsi assagi, le temps passant. Nouvel objectif en tête, nouvelle façon d’être ; il avait terminé ses études plus sereinement. Très sérieusement, tandis que l’avenir s’éclairait.  Reprendre à zéro, rebâtir sa réputation, délaisser les ombres du passé. Nouveaux camarades : nouveaux amis. Nouvelle bande, nouveaux intérêts ; nouveaux jeux, sans que la balle ne soit humaine. Le cursus avait achevé de se dérouler sans heurts ; peut-être également en raison d’un changement d’établissement ? Ce n’avait pas été appelé de ses vœux, pourtant. Une exigence paternelle, plutôt, une mauvaise foi flagrante tandis qu’il prétendait que l’institution s’était montrée injuste et mauvaise, une honte cachée aussi à l’idée que de cette histoire ses proches puissent avoir connaissance. Le refus peut-être, sûrement, de prendre ses responsabilités, d’assumer ses erreurs, de reconnaître ses manquements. Sans doute était-ce pour cela, alors, que les rapports entre les deux hommes s’étaient détériorés. Distance progressive ponctuée de menus conflits, remise en cause, reproches et désobéissance. Travail de l’un, travail de l’autre : ils ne s’étaient jamais guère croisés, moins encore désormais. Jusqu’à ce que l’université ne se fasse salvatrice, quand prendre un appartement sur le campus s’avéra un inévitable gain de temps pour l’étudiant. L’université. Un nouveau sursaut de fierté paternelle, lorsqu’Isao avait été admis en faculté de médecine. Études les plus valorisantes, n’était-il pas ; les plus chères également. Celles dont l’obtention du diplôme sont synonyme de reconnaissance sociale, celles dont le simple titre vaut fierté et admiration. Et les contacts s’étaient encore étiolés, alors que les études, les amis, avaient occupé davantage son temps. Lui faisant oublier le monde, délaisser les évènements. Alors quand les Incontrôlables étaient apparus, il les avait observés avec circonspection, ces rebelles du système, jurant contre le désordre social qu’ils provoquaient tandis que lui se perdait dans ses cours, savourait sa jeunesse. Six années d’études, concours national passé puis deux années comme interne à l’hôpital. Parvenir au bout de la longue route des études, choisir sa spécialisation, dénicher un emploi. Ce n’avait pas été aisé ; peut-être aurait-ce pu l’être davantage, sans Shukumei.

Car le ciel s’était fâché, en ses vents meurtriers, trois yeux tournoyants et rugissants. Car la terre avait tremblé, secoué meubles et immeubles, secoué vivant comme inanimé, secoué en si violents hoquets que la grande vague s’était éveillée. Car la mer avait surgi, dévastatrice, impétueuse, furieuse. Un enfer déchaîné, auquel il survécut sans guère de dommages. Quelques contusions, épaule démise, cheville foulée. Rien dont le corps n’eut rapidement raison, rien qui ne le marqua vraiment. Cicatrices fines gravées dans les chairs, quand l’écarlate ne devint plus qu’irrégulières lignes blafardes. Bref séjour en hôpital, soins prodigués au plus vite dans ce capharnaüm médical. Aussitôt entré, aussitôt sorti ; parce qu’il n’y avait pas le temps pour les bien-portants. Parce qu’il y en avait beaucoup, des blessés. Du corps, du cœur – et les mois passants, années s’écoulant, il avait vu les déchirures profondes qui s’étaient ainsi creusées dans la société, source d’un mal-être terrifiant que les plus jeunes trimballaient de leur mieux. Il y en a eu aussi, des morts. Des orphelins laissés en masse, des parents endeuillés, des amours délaissés. Et cette fille, qui lui souriait tous les jours, qui désormais gisait sur son lit blanc, teint pâle fondu dans les draps clairs. Cette fille qu’il avait cru aimer, attraction naturelle pour ces yeux scintillants, bourgeon timide d’un amour hésitant. Cette fille, chaque matin croisée dans le hall de l’immeuble. Cette fille, que la Faucheuse avait cueillie en douceur ; qu'elle avait cueillie avant qu’il n’y ait le temps d’autre chose qu’un balbutiement de sentiments, un bégaiement du cœur déjà réprimé. Cette fille, qu’il avait pleuré un peu ; trop peu. Cette fille, qu’il avait pourtant vite oubliée ; trop vite. Comme un joli mirage, qui passe au loin puis s’efface. Comme une chanson qui plaît et laisse à l’esprit une vague mélodie, qui les jours passants, se fait plus incertaine. Disparaît, comme avait disparu de son esprit la nuance de ses prunelles, le parfum de son sillage. Déjà de sa mémoire elle s’étiolait, un an plus tard, tandis qu’il déposait une fleur dans la case mortuaire ; et ainsi elle s’effaça, cette fille qu’il avait cru aimer.

De l’erreur du système il n’avait vu passer que plus de patients, enfants fragilisés que ces ruptures familiales perturbaient. Lui, serein, avait poursuivi. Jusqu’à ce que ne surgisse cette épidémie. Étrange maladie que celle-là, qui frappait sans apparente raison, tantôt tuait tantôt se faisait bénigne. Pour lui qui ne la connut qu'au travers de vagues et insipides symptômes, elle ne fut qu'agacement passager. Pour nombre d'autres, patients ou collègues, amis et famille, elle fut bien davantage : de nouveau au chevet d’un proche, face à un corps en souffrance luttant pour sa survie, tandis qu’agonisait son grand-père. Raccroché à cette idée que chacun se devrait de mourir, il avait vacillé un peu pourtant quand ce fut d’un ami proche que s’approcha la mort, s’en éloigna finalement. Pour occuper l’esprit, il se consacra davantage au travail. Sans qu'il ne se réjouisse, de ces patients en nombre ; comment l'aurait-il pu. Enfants tourmentés, adolescents déchirés. Dans son esprit se dessinait la trame mentale de ces adultes en devenir, de ces mosaïques déjà éparses. Ces générations futures modelées dans la terre aride de la réalité dévastée, cataclysme naturels, défaillances technologiques, déraison humaine. Il en avait pitié, de ces existences balbutiantes qui devraient trouver leur assise sur la chaise bancale que les aînés présentaient, pieds rongés et dossier déformé ; à trop sauter dessus elle s’était bien usée. Mais l’humanité en enfant capricieux n’apprenait pas, n’écoutait rien, poursuivait obstinément de n’en faire qu’à sa guise ; en avait payé le prix. Les morts soudainement s’étaient fait plus nombreux. Des morts bien vivants, qu’il fallait ramener. Ressusciter. La chasse à l'homme s'était ouverte, le laissant observer pensivement cette évolution. Les milices aux aguets, les fuyards effrayés. Il n'avait rien dit, rien fait. Avait écouté, en silence, les lourdes chaussures qui piétinaient le bitume, qui couraient après les imprudents aux rêves insensés. Les règles pouvaient effrayer, l'ordre pouvait inquiéter. Combien pourtant s'offusquaient pour ensuite se découvrir une vie heureuse ? Pourquoi se faire ainsi souffrir quand ils pouvaient s’épargner les désillusions d’une union imparfaite ? Le couple était construction humaine : les sentiments étaient éphémères et l'humain, en sa quête de l'éternité, ne parvenait plus guère à conserver un seul partenaire quand l'affect brut se faisait si instable. Pourquoi ne pas l’accepter, alors, pourquoi ne pas le supporter ? Animal social, chacun avait besoin d’un semblable à ses côtés. Le couple ; une production comme une autre, que le pays avait su porter à son industrialisation maximale. Soixante longues années d'existence ; il se faisait vieillard, ce système. Toujours vaillant pourtant, toujours efficace malgré quelques sursauts. Soixante années dont lui, Isao, avait par ses trente ans connu près de la moitié. Qui l'avait pour l'heure épargné, jusqu’à présent. Il s'en accommodait, s'en félicitait presque en vérité. Prenait pour récompense, compliment tu, de ne se voir attribuer personne – n’était-ce pas là le témoignage de sa rareté ? Il accueillait avec infiniment de sérénité, alors, cette célébration annuelle. Cette fête joyeuse, qui lui tirait un vague sourire amusé. Tout ce qui n’était, il le savait, que propagande supplémentaire : comme un bonbon sucré à l’emballage coloré, pour oublier les récentes difficultés.
Physique
Ajustez l’appareil, cadrez adroitement, appuyez. Que verrez-vous, qui apparaîtra sur la photographie développée ? Un homme comme tant d’autres, certainement. Qui pourtant dégage une certaine aisance, jusque derrière la caméra. Regard assuré posé sur l’objectif, main négligemment accrochée à la ceinture, épaules tirées vers l’arrière : il vous apparaîtra sympathique, certainement. Il faut le dire, que du haut de son mètre soixante-seize, il présente bien. Allure classique, tenue élégante ; de cette fausse décontraction qui plaît tant à la jeune classe aisée. Chemise et pantalon cintré, tennis et pull léger de mailles fines. A moins qu’il n’ait un jean ou simple costume sans cravate, col roulé peut-être si la froidure de l’hiver vient s’immiscer dans cette séance ? Tandis que vous le fixerez, alors, il semblera davantage engageant. Honnête. Il est de ces êtres que vous croyez déjà connaître après seulement quelques minutes en sa compagnie. Classique sans être quelconque, plaisant sans être remarquable. Apparence entretenue avec soin, allure travaillée assidument. Sauf, peut-être, les cheveux courts trop souvent rebelles – ou ne servent-ils qu’à alimenter cette nonchalance feinte ? En indociles épis, en mèches provocatrices, l’auburn artificiel balance ses reflets cuivrés sur le front large ; trop sévère, l’ébène naturel. Depuis des années il lui préfère plus de douceur, coloration régulière de la chevelure fine comme des sourcils arqués ; méticuleuse épilation de ces derniers, un tracé parfait à la courbe douce. N’en ressort, peut-être, que davantage le sang occidental, mêlés aux traits nippons. Par ce teint un peu trop clair, un peu trop rose si soigneusement entretenue, conserver l’éclat frais et hydraté – tâche aisée quand sa pilosité se fait rare, appréciable héritage japonais qui ne lui vaut que de rares passages du rasoir sur les joues lisses. Par ce visage allongé, aussi, au menton un peu pointu. Par ces iris d’émeraude, surtout, que l’amande des yeux rend plus encore perçantes, que les courts cils denses maquillent de noirs ; faisant oublier, charitables, les rides discrètes, subtils sillages glissés aux coins des paupières.  Il les cache malgré lui, c’est vrai, derrière les rectangles noirs de ses lunettes métalliques. Précautionneusement posés sur l’arrête du court nez droit, ils lui donnent l’air si sage, ces verres quadrangulaires ; bien ajustés à la figure allongée, stéréotype de l’intellectuel posé, poncif du jeune psychiatre. Mais parce que cela lui va si bien, mais parce qu’il se délecte de cette vision laissée, il la préserve scrupuleusement, cette apparence.

Il y a beaucoup des choses pourtant, que vous ne verrez pas. Que vous ne saurez pas. Vous ignorez, n’est-ce pas, que sous la mince corpulence se dissimule une discrète musculature – conséquence de sa vanité plus que désir de bonne santé ? Et il y a tant d’autres, encore. Alors baissez votre appareil, maintenant. Avancez-vous ; non, avancez encore. Là, discernez-vous ? Sa gestuelle, calme et maitrisée, habituée à prendre garde de ne pas effrayer les jeunes âmes intimidées ; sans doute est-ce pour cela aussi, qu’il a la démarche souple, les enjambées courtes et lentes. Mais puisqu’il ne bouge pas, patientant sereinement devant son bureau de bois clair, profitez. Observez, hors de votre objectif. Voyez, voyez comme ses lèvres minces d’un pâle rosé drapées se meuvent avec facilité. Attendez, encore. Souvent coincées en un aimable sourire, invitation silencieuse à vous fier à lui, parfois se froissent-elle d’une moue narquoise, d’un méprisant rictus, bref. Soufflent son agacement, se retroussent un peu moqueuses, s’affaissent de dépit, se pincent de désapprobation. Laissent parfois échapper un rire léger, trop souvent feint. Ah, mais vous l’entendrez aussi, peut-être ? S’il vous interpelle, d’une voix grave au timbre chaud. Intonations légères, élocution soignée. Le ton est ferme malgré l’expression posée, presque lente. Et si vous approchez, encore, peut-être les percevrez-vous enfin ; les fragrances, légères, d’un luxueux parfum ; les effluves, discrètes, de menthe ou de citron, que laissent sur sa peau sa cigarette électronique. Et la douceur de ses gestes, quand sa main chaude se pose sur la vôtre, quand ses doigts tendres sèchent vos larmes.


Caractère
Il y a tant de nuances, dans ce monde. Au-delà du blanc et noir, au-delà du beau et laid. Au-delà du bien, au-delà du mal. Il y a tant de nuances, dans ce monde. Fragments infinis qui se dispersent partout, éclats multiples qui s’accrochent partout. Bonnes et mauvaises actions, venues sans cesse se fracasser les unes aux autres ; se contredire, se compléter. Le héros sombrant dans la déviance, doit-il se voir refuser les échos de sa bravoure passée ? Le criminel repenti, se verra-t-il éternellement reprocher ses péchés d’antan ? Il n’est pas foncièrement bon, Isao. Il n’est pas intrinsèquement mauvais, Isao. Il est un peu les deux, sûrement. Il danse sur la frontière, bascule une fois, bascule deux fois. Un peu arrogant parfois ; un peu rigide, un peu autoritaire. Il ne s’est jamais véritablement départi de cette suffisance qui l’a vu grandir, cet orgueil qui transparaît en sursauts d’intolérance quand la contrariété l’attrape. Quelques piques acerbes peuvent alors lui échapper, s’il n’encaisse pas avec un sourire narquois, s’il ne se détourne pas d’une œillade méprisante ; quand il ne feint pas, surtout, de s’en moquer. Parce que c’est un menteur, un peu. Il est de ces êtres accessibles et chaleureux, qui d’un sourire met à l’aise, qui d’un silence invite aux confidences, qui avenant se fait accepter de chacun. Patient et optimiste, il se montre d’ordinaire calme et apaisant, courtoisie d’un homme bien éduqué qui transparaît naturellement au quotidien. Sous cette placide façade il apprécie pourtant s’amuser, sociable qu’il est. Mais c’est un caméléon, Isao. Un caméléon un peu lâche, un caméléon un peu trompeur. Qui susurre, hypocrite, son amabilité à tous. Qui diffuse, factice, son sourire à chacun. Parce que ce qui lui importe, avant tout, est ce regard d’autrui ; parce que ce qu’il craint, toujours, est le jugement de ses pairs. Alors il espère l’approbation perpétuelle, alors il craint les mésententes possibles. Est-ce la raison pour laquelle il se fait parfois influençable, poids du groupe en boulet venu l’entraîner, légèrement le changer ? Lorsque la meute arrive lui s’ajuste, s’adapte ; il se pavane un peu, alors. Se fait plus incisif parfois, se montre plus blessant peut-être ; plus stupide, c’est vrai. Il sait, pourtant, être sincère. S’investir vraiment, s’investir pleinement, dans ses franches relations. Donner de son temps, donner de son attention ; pas seulement pour plaire, pas seulement parce qu’il le faut. Pour ses patients, pour ses amis, pour ses parents ; pour ses collègues, aussi. Il se fait alors attentif, il se fait alors à l’écoute. Offre son temps, offre sa jovialité, avec un sincère intérêt.

S’il n’est guère à l’aise avec la violence physique il recourt, parfois, à d’autres stratagèmes – obstiné qui le nie, il abandonne rarement, quand bien même le feint-il. Remarque innocente laissée ici, question discrète glissée par-là, il connait le pouvoir de suggestion, sait en user avec patience ; calculateur, dit-il, non manipulateur. Il se plait, dans l’ombre, à orienter les choses ainsi qu’il aimerait qu’elles soient. Puis, satisfait, récolte avec discrétion les fruits de son travail prêts à cueillir ; et d’un sourire trompeur simulera l’étonnement, prétendra l’admiration, de voir apparaître ces résultats. Il faut dire, aussi, que s’il est patient il peut se faire directif. Pointilleux. Les surprises ne le dérangent pas mais discipliné il aime à ramener chaque chose à sa juste place. Un monde rangé. Peut-être est-ce pour cela, qu’il a foi en l’Incontestable. Qu’il se satisfait de cette rationalité, qu’il s’incline respectueusement pour ce savant calcul. L’amour n’est que réaction chimique, au fond. Physique mécanisme si souvent étudié, enchanteur mystère jamais compris ; depuis des siècles, les arts l’embellissent, les histoires le font sujet central. Sans que jamais, vraiment, ne soit percé sa complexité. Il ne répond, certainement, qu’à des processus logiques, science brute enrobée d’un peu de poésie – alors pourquoi le rejeter, quand le programme mis en place semble fonctionner ?

Être curieux, homme cultivé, il ne goûte les mystères que pour les éclater. Aime comprendre, disséquer, décortiquer l’inconnu. Est-ce pour cela, que l’esprit le fascine ? Son pouvoir sur le corps, son pouvoir sur soi-même. La possibilité de changer la vie d’un individu en modifiant son mental, la capacité à surmonter les traumatismes comme à les créer par la simple force de la conviction. La malléabilité des jeunes âmes, aussi, qu’un mauvais environnement peut si facilement égarer dans d’obscures abysses ; et la satisfaction de les en tirer, avant qu’ils ne s’y noient. Parce qu’il est sensible, au fond – plus qu’il ne le prétend. Aime sincèrement, parfois. S’attache réellement, à ces petits patients, enfants que chaque jour il voit dans son travail ; violents ou cruels, ils sont seulement estropiés. Parce qu’ils ont été forgés ainsi, quand le métal encore chaud était si facile à plier en tous sens ; et brisés ils doivent être reconstruits avant que l’âge ne soit venu estampiller à jamais les marques de leur mal-être. Son travail le passionne, c’est vrai. Malgré les larmes qu’il voit couler et les cris qu’il entend résonner, malgré les mutismes ou les compulsions, malgré les troubles divers et les récits d’horreur, malgré les obsessions étranges comme les inquiétants propos ; ces esprits malades, il n’aspire qu’à les soigner. N’est-ce, au fond, que pour se pardonner, se prouver qu’il n’est pas mauvais, lui ? Protéger les autres, pour se racheter ; ou le croire.
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Isao Mikazuki
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Rebienvenue parmi nous o/

Alalaa quelle fiche, longue certes (mais n'ai-je pas l'habitude avec le temps ? Brisez le masque 3766924225), mais si plaisante. Les phrases sont si bien tournées, il y a une poésie qui s'en dégage et on lit, lit, puis on se retrouve surpris d'arriver à la fin.
Très joli personnage, vraiment. Et je n'ai rien à dire d'autre ! ✨

Amuses-toi bien Brisez le masque 2984341854
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Votre fiche a été pré-validée par un modérateur, un administrateur passera sous peu valider officiellement celle-ci.
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Isao Mikazuki
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Sam 20 Nov 2021 - 21:13
Kazuma > Oui ! Brisez le masque 1362171446 Merci ! Brisez le masque 1362171446 ♥

Arisa > Merci beaucoup pour ton gentil message, et pour la validation. Brisez le masque 2244379341
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Sam 20 Nov 2021 - 21:34
welcome ! rien qu'en lisant le début c'est si doux éwè
je lirais quand je pourrais 😭 bdfhjgbdfg en tout cas amuse toi bien par ici !
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Sam 20 Nov 2021 - 22:06
Bienvenue ! Brisez le masque 1227068846

J'aime beaucoup ton style d'écriture, un plaisir à lire, et Isao est un super personnage, hâte de voir ce qu'il deviendra en jeu ! ❤
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Isao Mikazuki
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Sam 20 Nov 2021 - 23:33
Hasuna > Merci ! J'espère que la suite te plaira tout autant ! Brisez le masque 2244379341

Kiyoshi > Merci beaucoup, tant de gentils mots, cela me touche. Brisez le masque 3912395661 Peut-être aurons-nous l'occasion de nous croiser en jeu ! ♥

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Dim 21 Nov 2021 - 18:02
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Toutes mes félicitations, votre fiche est validée !

N'oubliez pas :
• De remplir les champs de votre profil.
• De réserver votre avatar ; Réservation avatars si le code n'a pas été ajouté à la fin de votre fiche
• Si vous souhaitez trouver des partenaires pour vous lancer, n'hésitez pas à faire un tour par ici ! ♥
• Dans l'ordre, vous pouvez faire une demande de conjoint ici, ensuite vous faites une demande d'habitation ici et enfin, vous pourrez valider votre mariage ici.
• De faire un peu de pub autour de vous pour le forum et de voter régulièrement aux tops sites. ♥

& Surtout, AMUSEZ-VOUS !

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Brisez le masque Makoto%20-%20signature
Merci Lucci, Zach (notamment pour le vava dessiné avec Kiyo ♥) et Lucas pour les avatars et kits Brisez le masque 1647638966

Spoiler:
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