Ryuku et le Doppel sont de retour

Je suis né dans un quartier défavorisé de Tokyo. Là où tout n'est pas super joli joli et facile. Il y avait pas mal de bagarres et de trafics. Mon père faisait tout pour qu'on ne sorte jamais seul, c'était trop dangereux selon lui. Mais vous savez quoi? Mon père est mort quand j'avais huit ans. Il s'était endetté auprès d'une famille de Yakuza et ça a mal fini, il a flippé, il s'est suicidé. Quelle idée d'être accro aux jeux. Quel con. Quel lâche. Ça aurait pu s'arrêter là mais forcément ils voulaient leur argent alors on a fait tout ce qu'on pouvait pour les rembourser. C'est beau, non? Tout ce que mon père m'a laissé, c'était une énorme dette et un joli katana de collection.

Ma mère cumulait les emplois, plusieurs fois elle a hésité à se prostituer mais on l'en a toujours empêchée. On ne voulait pas qu'elle franchisse ce cap. Une maman c'est sacré! A la place on bossait aussi pour la famille afin de rembourser. Trop petit pour faire plus j'ai commencé comme guetteur dans mon quartier, puis avec le temps je suis devenu livreur de drogue. Ryuku, le dealer! Les kyodai m'aimaient bien car je touchais jamais à la cam qu'ils vendaient. Jamais. J'avais pas envie de faire comme mon père, de devenir con, accro et dépendant à des saletés.

A l'école on ne peut pas dire que j'étais une lumière mais c'était logique, j'avais pas le temps de me pencher là-dessus étant donné que j'avais le trafic à gérer à côté. Pour rembourser la dette il fallait vendre et ne pas se faire chopper. Les flics m'ont arrêté un paquet de fois à l'époque, mais faute de preuves j'ai toujours été relâché après un bon sermon qu'aucun gosse n'écoute réellement.


J'ai grandi, je suis devenu majeur et j'ai continué de rattraper les bêtises de mon père auprès des yakuzas. Ca me déplaisait pas. Mine de rien j'étais du côté des vendeurs, pas des acheteurs et des faibles endettés comme l'était mon père. Ça me dérangeait pas d'aller mettre des coups de poings à un guignol incapable de payer, je dirais même que ça défoulait. Parfois je tombais sur plus fort que moi, j'y ai laissé quelques plumes et j'ai gagné une belle cicatrice sur le torse, mais j'ai aussi et surtout gagné ma liberté. Je n'étais plus un gamin devant remboursé, j'étais devenu un adulte ayant remboursé et ayant fait ses preuves. Ma mère a pu cesser de cumuler les jobs et souffler un peu. Ça lui a vraiment fait du bien. Moi? Je me suis acheté un second katana, le premier se sentait seul sur mon mur.

Libéré des yakuzas et de l'emprise de la dette j'allais pouvoir me consacrer à mon avenir et me trouver des projets. Ma mère voulait que j'aille bosser dans un lieu légal: le bar d'une connaissance. Je l'ai fait. J'ai débuté serveur puis je suis passé chef d'équipe. C'est à cette époque là que je me suis rendu compte de l'importance de l'Incontestable dans nos vies. Jusque là c'était juste un truc évident qui en m'était pas tombé dessus et qui avait lié les couples mariés m'entourant, mais là... C'est devenu le juge.

Une femme m'a accosté dans le bar après le travail. Elle était sexy dans sa robe écarlate, j'ai pas dis non, je lui ai offert un verre, puis deux, on a fini dans une chambre d'hôtel. J'ignorais qu'elle était mariée jusqu'à ce que la milice déboule comme des gros tarés pour l'emmener droit vers son exécution. Je ne la connaissais pas plus que ça, mais ça m'a pas mal choqué. S'envoyer en l'air sans conséquence, oui, s'envoyer en l'air et avoir deux morts sur la conscience c'est déjà moins mon tripe. Depuis je fais bien plus attention à mes conquêtes... et j'ai acheté un troisième katana pour ma collection.

Ça m'a pas empêché de continuer à vivre. Ce n'était pas la première exécution dont j'étais conscient. Mais résultat j'ai commencé à me demander quand est-ce que ce serait mon tour? Quand est-ce que je serais enchaîné? Quand est-ce que le système trouverait une chaussure à mon pied? Ce serait la surprise! J'espérais juste qu'il ne me ferait pas quitter mon petit monde en m'envoyant à l'autre bout du pays.


Après ça les années ont défilé et il y a eu Shukumei. Mon passé de dealer m'a rattrapé le même jour. Un mec pas très content que je lui ai cassé les dents de longues années auparavant m'est tombé dessus. Je n'avais pas peur, je pensais avoir le temps de le battre avant la vague, je me trompais. J'ai eu le temps de frapper, je ne m'attendais juste pas à ce qu'il soit accompagné. Ça a été le bazar... J'ai été blessé à l'œil et c'est le tremblement de terre qui nous a arrêté. C'était la pagaille en ville, il m'a fallu un moment pour trouver un lieu sûr, j'ai croisé pas mal de monde, pas mal d'horreurs aussi. Vous savez, qu'un crétin paie car il a fait des choix de merde c'est une chose, mais qu'un innocent perde la vie juste parce que trois T à la con (tremblement, typhon, tsunami) se sont réunis ça me plaît carrément moins.

Au moins, la police n'a pas posé de question pour mon œil. Aux yeux du monde c'était juste une blessure dû à Shukumei. Foutaise.

Comme si ça ne suffisait pas ma mère y était restée. Corps introuvable. En plus, le bar avait été rasé de la surface de la planète, emporté par la vague avec son proprio. C'est là que j'ai pris la décision la plus importante de ma vie: monter ma propre affaire! Il a fallu du temps, un sacré investissement (l'assurance vie de ma mère, les économies de ma sœur et les miens y sont passés en plus d'un sacré crédit pour nous deux) et des mois de construction mais il est né, sortant de terre avec ses beaux néons: le Doppelgänger. Bar ambiance au rez-de-chaussée, centre de bien-être offrant soins et massages au second, hôtel au troisième, la cave est réservée au stockage et au sommet il y a désormais mon appart. Et ouais, c'est parfait pour surveiller le tout constamment! Je suis devenu le gérant de mon propre bar et j'ai commencé à remboursé l'énorme crédit que j'avais du contracter. Le bar a très vite trouvé ses clients, il tournait ultra bien, me permettant de remboursé à une vitesse fulgurante.

Je suis bien loin de la vie miteuse que mon père nous avait laissé. Ça aurait pu être la classe si ma mère était encore là pour en profiter avec moi.


Le 02 Novembre 2111 l'Incontestable m'a envoyé une jolie lettre rose, me liant à un délicieux chocolat rose: Nanami Hoshiro. Nos débuts ont été... Difficiles. Elle en aimait un autre alors ça m'a pas facilité la vie. Mais on était une équipe et j'étais bien décidé à ce qu'on s'entende. Il aura fallu que sa puce bug et qu'elle aille sauter son "amour" - Kai Preciado, un bon gros crétin profiteur si vous voulez mon avis - avec mon accord pour que la situation finisse par se débloquer. Dire que j'ai attendu en bas dans ma voiture pendant qu'il la sautait... Quel crétin je fais quand même.

Quand Nanami est revenue avec une nouvelle puce, toujours liée à ma personne par l'Incontestable, j'hésitais vraiment à nous envoyer en taule. J'avais pas envie d'être le bourreau qui la ferait sienne chaque semaine pour satisfaire une IA. Mais on a su passer au dessus et vivre des mois géniaux. Nous avons su former l'équipe qui me faisait envie. J'en avais rien à cirer qu'elle soit connue au delà des frontières japonaise grâce à sa voix, même si je me prêtais au jeu des interviews avec plaisir quand l'Incontestable nous le demandait. Pour moi elle était juste la femme avec qui je m'affalais sur le canapé, celle à qui j'apportais des gâteaux aux fraises pour la faire sourire, celle que j'empêchais de marquer de nouveau son corps, celle qui partageait mon quotidien. Juste Nanami. Sa carrière avançait, mon bar tournait super bien. Tout était... parfait ?

Si parfait qu'en juillet 2112 j'avais fini de rembourser mon prêt !

Je rentrais pour lui annoncer quand, brusquement, tout s'est arrêté. Percuté de plein fouet par un véhicule j'ai fini à l'hôpital. Dans le coma. Ma femme s'est retrouvée seule, ma sœur a été rongée par de trop longues nuits blanches et mon bras droit au Doppel propulsé au sommet de mon affaire pour limiter la casse. Ils priaient pour mon réveil mais personne n'y croyait, pas même l'IA dirigeant nos amours.

En Novembre 2112 l'Incontestable a prononcé notre divorce mais ça... ça je le sais pas encore. Car nous sommes au printemps 2114 quand, après tant de mois, j'ouvre enfin les yeux. Les élections? M'en fiche, même pas au courant, laissez moi le temps de ressembler à autre chose qu'une crevette en manque de soleil. La galère commence: il me faut au plus vite un rasoir, un coiffeur et une salle de musculation. Et retirez moi tous ces câbles et tuyaux !!!

On ne peut pas dire que je sois un mec particulièrement souriant. J'en ai vu des vertes et des pas mûres et cela a fini par m'affecter. Aujourd'hui, quand mes lèvres s'étirent, c'est plus pour se foutre de la gueule de quelqu'un ou le défier que par joie.

Je trouve toujours un moyen d'avancer. Les obstacles ne me font pas peur, je peux les contourner, les gravir, les détruire, peu importe tant que je passe de l'autre côté pour continuer ma route. C'est pareil avec les boulets, même si vous m'en accrochez un au pied, même si vous m'handicapez, je continuerais de tracer ma route. Certains disent que je suis un battant, d'autres disent que je suis trop têtu pour abandonner, chacun se fait son avis, je m'en fiche de ce qu'ils pensent.

Je ne suis pas du genre à m'attacher même si ça ne me dérange pas du tout de travailler avec d'autres ou de les côtoyer au quotidien. Disons que je vois pas l'intérêt de faire dans l'affectif courte ou longue durée, justement parce qu'il y a une durée maximale, qu'on le veuille ou non.

J'étais très impulsif et je suis bagarreur. Ça m'a attiré pas mal d'ennuis, j'y ai laissé pas mal de plumes, alors je me suis calmé. Un peu. Je suis plus conscient du danger qu'avant donc j'essaie d'éviter de faire le con pour rien. Je m'assagis quoi, il serait temps.

J'ai aussi, selon ma défunte mère, un sacré grain de folie. Au travail, pour la famille, je suis sérieux autant qu'il le faut, mais pour le reste parfois je déconne franchement. C'est simple, je vois une flaque d'eau, si j'ai envie de sauter dedans, je saute dedans là ou des tas d'adulte se diraient "Ce n'est pas sérieux. Non. Je vais être mouillé et blablabla". Et je suis comme ça avec un peu tout. C'est peut-être une façon comme une autre de rattraper la part de mon enfance que j'ai passé à rembourser la fichue dette de mon père. C'est aussi un bon moyen de décompresser... surtout quand on sort d'un bon moment dans le coma.

Vous voulez pas que j'me déshabille pour voir si mes fesses sont assez musclées aussi? Bande de pervers... Sérieux... Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Je suis japonais, grand (1m86), je dois avoir un ou deux ancêtres américains mais je m'en tape, j'ai les yeux bridés et la peau "jaune".

J'ai un paquet de balafres. Celle que l'on voit en première est celle de mon œil gauche, que je garde toujours fermé, il est là, en dessous, mais j'ai mal quand je le garde ouvert alors j'ai pris l'habitude de garder paupière close. Ensuite il y a la cicatrice qui part de mon épaule gauche pour descendre jusqu'à ma hanche droite. Sa taille est plutôt impressionnante mais ça fait belle lurette que je ne sens plus rien. Enfin, il y a tout un tas de petites: une sur ma hanche droite, d'autres sur mes bras, mon dos ou mes jambes. Avec le temps elles se sont estompées et je n'y fais plus vraiment attention. Vous l'avez compris, je suis un casse-cou, un bagarreur, et ça se voit rien qu'à ma tronche.

J'ai des cheveux verts, c'est une colo, c'pas naturel, mais j'aime bien alors je l'entretiens. Ils sont toujours courts, rarement coiffés, mais quand il le faut un peu de gel et hop en arrière! Mes yeux sont marrons, un banal pas possible, alors on ne va pas s'y attarder. Je porte toujours trois boucles dorées à l'oreille gauche mais je ne vous dirais pas pourquoi, c'pas vos affaires. Elles sont là, elles sont jolies, fin de la discussion.

J'aime bien me balader avec des vêtements verts et mon sourire le plus démoniaque, ça impressionne les trouillards.

Personnage tiré d'un manga/anime/jeu-vidéo/série

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