Dance my little butterfly

Richard Steel, issu d'une famille d'origine Britannique, voit le jour au Japon et y vit une bonne partie de son adolescence avec ses parents. Il est ensuite envoyé à Londres pour y suivre une éducation rigoureuse. Elève studieux, il ne tarde pas à se démarquer  et à briller dans les affaires à l'âge adulte. Néanmoins sa famille ayant acquis la nationalité japonaise depuis deux générations, Richard n'est pas épargné par le mauvais sort que l'incontestable réserve à tous ceux qui portent la puce. A vingt-cinq ans, il est prié de rentrer au Japon pour prendre épouse. N'étant pas disposé à s'opposer au gouvernement, il épouse une américaine naturalisée. Leur exotisme a été la raison de leur fulgurante complicité et de la concrétisation de leur union automatisée. Tous les deux issus de familles fortunées et exerçant chacun un métier enviable, la mère  scientifique reconnue, le père homme d’affaire redoutable, les enfants ont toujours été choyés dès leur prime jeunesse. Les enfants Steel ne manquaient absolument de rien.

Il y avait Georges Steel l’aîné de la famille, Elisabeth,  Jeremiah, puis Olivia la petite dernière. A six ils formaient une famille heureuse. Mais que serait le japon sans quelques drames ? Alors qu’une agitation faisait rage dans la ville et que tous les enfants étaient à jouer dans le jardin. Un cri strident se fit entendre. Les enfants accoururent, ainsi que le personnel de maison. Tenant fermement le combiné, la mère d’Olivia était en larmes. Essayant de fuir l’agitation des incontrôlables, la limousine du père rentra  sous un camion. Tous les passagers du véhicule trouvèrent la mort, ainsi que le père de la jeune Olivia. Une épreuve terrible pour la famille. C’est certainement à cette époque de sa vie que la jeune fille commença à vouer une haine viscérale pour ceux qu’elle se plaisait à nommer les rebelles de la mort. Contrairement à ses frères qui firent tous bloc pour soutenir leur mère, Olivia elle se réfugia dans ce qui sera sa passion et son métier plus tard. La danse. Son père avait souhaité être un danseur avant que ses parents ne jugent cette profession sans valeur. Se tourner vers son rêve était d’une certaine façon son moyen à elle de l’honorer, mais aussi d’oublier la douleur.

En ce qui concerne l’incontestable, la machine ne laissa guère le temps à sa mère de se remettre de la perte de son époux. Un mois après le décès de Richard, elle fut remariée à un japonais. Li Wamamoto. Un homme d’un âge si avancé qu’il aurait pu être le grand-père des enfants. Cette union ne manqua pas de révolter les fils Steel devenus Wamamoto. Les incessantes querelles entre leur nouveau père et les garçons poussèrent leur père adoptif à placer tous les enfants en pension en Angleterre. C’est donc à Londres que la jeune fille put perfectionner sa danse. A quinze ans elle participait déjà à des spectacles auxquels sa mère et ses frères assistaient. Malgré la séparation, la famille restait soudée. Mais c’est aussi à cette époque de sa vie qu’elle perdit sa mère et sa sœur. Elisabeth en visite au Japon parce que sa mère venait de leur annoncer être enceinte, une catastrophe naturelle balaya partiellement le japon. Leur maison familiale s’écroula, emportant beau-père, mère et grande sœur. Un coup terrible pour toute la famille, mais plus encore pour Olivia très proche de sa sœur.

Elle se renferma sur elle-même et nourrit une colère froide contre tous. Les incontrôlables qui lui avaient volé son père, le japon qui lui avait volé mère et sœur. Elle haïssait tout le monde. Elle se consacra entièrement à sa passion, s’interdisant le moindre contact avec sa famille alors même que son frère aîné, majeur, était devenu leur tuteur légal. D'ailleurs lui aussi fut convoqué et sommé de rentrer au pays pour épouser non pas une femme, mais un homme. Un coup dur pour le jeune homme qui n’avait jamais eu de tendance homosexuelle. Alors quand les puces commencèrent à présenter des dysfonctionnements, il pensa à prendre la fuite, mais se ravisa vite pour que le courroux du gouvernement n'accable aucunement ses proches ou son partenaire.

Pendant cette courte période d'isolement familial, elle se réfugia dans les bras de son meilleur ami, lui aussi danseur. Leur passion commune les rapprocha tant qu’ils débutèrent une idylle. Mais Jeremiah, toujours près de sa sœur, voyait d’un mauvais œil ce rapprochement. Conscient que cette satanée machine pourrait contraindre sa soeur à retourner au Japon et à se marier à n’importe quel moment, il intima à cette dernière de mettre fin à cette relation. Elle s’y opposa catégoriquement. Jusqu’à ce que son frère menace de demander à leur frère de ne plus financer ses cours de danse. Certes ils avaient respectivement reçu un héritage, mais celui d'Olivia était bloqué jusqu'à sa majorité. Ce qui la rendait vulnérable face à ses frères. Elle pouvait renoncer à tout, mais pas à ça, pas à ce fin filet qui gardait son père immortel dans ses souvenirs. Alors elle céda. Elle trouva une excuse pour rompre et se replongea dans ses études et ses spectacles.

Pourtant un évènement secoua le Japon. Un évènement qui obligea Olivia et Jeremiah à rentrer au Japon. Des annonces de décès à foison, Georges porté disparu. Jeremiah est obligé de prendre la relève tout en intensifiant les recherches pour retrouver son frère en fuite. Une chasse à l'homme est lancée et Olivia prend conscience que ce n'est pas la vie qu'elle souhaite mener. Qu'elle veut être libre et qu'elle s'opposera toujours à cette machine qui traite les japonais comme du bétail. Pourtant quand son frère est retrouvé, son désarroi est tel qu'elle décide de rester près de lui au Japon. Elle abandonne tout, école de danse, carrière, amis, tout. Elle prend conscience que les siens ont besoin d'elle. Cependant Jeremiah insiste pour qu'elle ne renonce pas à sa passion, à ses rêves. Alors il l'encourage à s'inscrire dans une prestigieuse école d'art au Japon.

Elle est donc admise dans une grande école d’art à l’âge de dix-huit ans et enchaîne les spectacles où elle est rapidement reconnue comme une danseuse de talent. La jeune fille avait presque oublié la vie désastreuse qu’elle avait vécue jusque-là. Elle rayonnait. Le succès était au rendez-vous. On parlait même d’un spectacle avec elle comme tête d’affiche. Sa famille était si fière d'elle.

Puis un soir en rentrant chez elle, elle vit cette lettre. C’était son tour d’y passer. Mariée elle l'était. Mais à qui ? Elle n’avait pas encore ouvert la lettre et redoutait l’identité de son partenaire ou sa partenaire plus que tout. Doit-elle prendre la fuite ? Se soumettre ? Adopter les idéaux de l'ancien mouvement des incontrôlables dont les motivations lui paraissent soudainement bien plus criantes à cet instant ? Que faire ?