Fragile comme du verre-Jaz Presley

Un déferlement médiatique prend d’assaut la boutique très prisée de l’égérie de la marque Noir Kei Ninomiya. Une civière, transportant un corps voilé pour dissimuler vainement son identité, vient tout juste de sortir de la boutique dont on peut clairement apercevoir des débris de verres et des traces de sang tachant le sol marbré. Des mannequins, amis de la célèbre Jaz Presley, se noient dans leurs sanglots pour cacher aux yeux du monde grouillant que l’état de santé de leur amie est plus que préoccupant. Dans le même intermède, une journaliste dont le caméraman filme toute la scène, se cale dans le champ pour annoncer la tragique nouvelle pour les fans du mannequin et femme d’affaire Jaz Presley.

-Ici Jikena Sacato en direct de Ginza. Il y a une heure de cela une source nous a informée qu’un drame s’est produit dans une des boutiques très prisées du quartier Ginza. Comme vous pouvez le voir derrière moi, l’équipe médicale transporte le mannequin et femme d’affaires Jaz Presley. Nous ignorons la gravité de son état. Mais de toute évidence, il se pourrait que ses jours soient en danger.  La toile s’embrase déjà et tous les fans du top model retiennent leur souffle et adressent leurs prières pour que Jaz Presley s’en sorte.

Pourtant le lancement de la carrière de Jaz a été très difficile, et contrairement à certains mannequins qui ont débuté leur métier en plein adolescence, ce n’est qu’à vingt ans que l’ébène prendra son envol.

C’est au Japon que Jaz Presley voit le jour. Son père d’origine Américaine et réalisateur de films pour adultes, sa mère d’origine japonaise, avocate aux dents longues, ont été unis au Japon par l’incontestable. Une union qui a été marquée par des éclats de voix et des coups de traitre avant de connaître une certaine stabilité à la naissance de leur premier enfant. James Edouard Presley. Une période où tout ce que monsieur Presley touchait se transformait en or. La fortune familiale n’a cessé de s’accroitre à mesure que le chef de famille alignait les projets artistiques lucratifs. Rapidement une association avec une maison de disque à New-York est proposée à monsieur Presley et naturellement toute la famille s’y installe. New-York étant la ville natale de Monsieur Presley, il fut reçu comme un enfant du pays et les contrats n’ont cessé de pleuvoir, de même que les grossesses de son épouse qui avait dû renoncer à son métier pour conserver la famille intacte, mais surtout pour échapper aux sanctions de l’incontestable qui malgré la distance, avait toujours un droit de regard sur leur couple.

Ce n’est que lorsqu’un scandale éclaboussa monsieur Presley et sa famille qu’il se résigna à rentrer au Japon. La famille comptait deux enfants supplémentaires, deux garçons. Jar Williams Presley et Jack Ross Presley. Les trois garçons placés dans de prestigieuses écoles, menaient une vie sans problème. Du moins en apparence. Il fallut l’arrivée du dernier enfant pour que toute la famille apprenne la raison pour laquelle ils ont dû quitter précipitamment New-York.

Les premiers attouchements de son père commencent à l’âge de la puberté. Elle n’a que quatorze ans. Bien qu’il ne soit pas allé plus loin que des caresses malsaines, Jaz se renferme sur elle-même. C’est sa période gothique. Elle vit cet enfer un an avant d’avoir le courage d’en parler à son école, et ce malgré les menaces de son père. Ce dernier est arrêté et condamné à une lourde peine. L’affaire fait le tour des médias et la famille est trainée dans la boue. Les relations entre frères et sœurs en pâtissent. Ils ne s’adressent plus la parole. Il n’y a que sa mère pour la soutenir et un suivi psychologique imposé par cette dernière pour supporter ce qui va marquer son adolescence.

James Edouard, majeur, quitte la maison familiale pour se lancer dans une carrière artistique. Il devient rappeur, diffusant essentiellement des messages de haine contre la justice, la police, mais surtout à l’encontre de sa sœur cadette qui le vit très mal. Pour protéger sa seule fille des attaques de son frère aîné et des messages menaçants de son père en prison, à dix-sept ans sa mère prévoit de l’envoyer vivre chez sa sœur, de l’y cacher.  Mais en route Jaz fait face à un désordre sans pareil dans les rues. Des manifestations contre le gouvernement en place, des affrontements. Les incontrôlables qui se rebellent contre l’incontestable. Si son avis sur l’incontestable a toujours été neutre, n’étant pas particulièrement pour ou contre, ce déchainement de colère l’inspira pour ne plus craindre les avis de ses frères ou  les attaques de son père.

Malgré son jeune âge, elle décide de retourner chez elle et de faire face à ses frères. Comme son frère aîné, elle se tourne vers la musique pour s’exprimer. Sa mère mettant à sa disposition les moyens pour qu’elle s’exprime, entourée d’une fine équipe d’artistes compétents. Jaz ne véhicule pas des messages de haine, mais raconte son histoire, son amour pour un père qui l’a brisée, pour des frères qui l’ont repoussée alors qu’elle avait le plus besoin d’eux à ce moment là. Dans ses chansons elle y met toutes ses tripes. Ses paroles sont des messages d’espoir pour d’autres victimes dans la même situation qu’elle. Sa musique devient rapidement virale, balayant d’un revers de la main les messages de haine de son frère aîné. Jaz Presley gagne en célébrité.

A dix-huit ans sa célébrité gagne tout le continent lorsque la catastrophe ravage le japon. Si la disparition de son frère aîné dans un effondrement d’immeuble l’ébranle malgré l’animosité de ce dernier, la jeune femme noie son chagrin dans l’entraide, l’assistance. Les fonds familiaux et les fonds personnels sont mis à la disposition des rescapés et des centres d’entraide. Elle organise des concerts pour que les fonds soient reversés aux personnes en détresse. Son image est dans tous les médias et certains stylistes commencent à lui faire de l’œil pour qu’elle s’affiche avec leurs vêtements. A vingt ans elle passe d’artiste engagée à mannequin et devient l’égérie de la prestigieuse marque Japonaise Noir Kei Ninomiya. C’est à cette période que sa célébrité lui attire quelques lettres de détraqués. Mais elle n’y prête pas vraiment attention. Elle n’a pas le temps pour ça.

En effet si n’étant pas mariée, elle n’a pas eu à ressentir le trouble des couples avec la période de paralysie des ordres de l’incontestable via les moniteurs, ce n’est pas le cas pour l’épidémie dont sa mère en fut victime. Heureusement pour elle, aucune mort dans sa famille ne fut annoncée. Si ce n’est celle de son père quelques mois plus tard. Du moins une annonce erronée ! Puisque ce dernier était bel et bien toujours vivant dans sa cellule. Un fait étrange qui s’accompagna de la disparition de nombreux couples.  Peut-être qu’au fond c’est pour empêcher sa mère de prendre également la fuite que la jeune femme décide à cette période de leur vie d’ouvrir une boutique et d’y mettre sa mère comme copropriétaire. N’adressant toujours pas la parole à son père et ses deux autres frères, c’est mère et fille qui firent de cette boutique un lieu incontournable pour les vêtements, bijoux, cosmétiques, chaussures et parfums de la marque Jaz Presley. Une source de revenus colossale pour les deux femmes.

Miyako Presley a la grande joie d'apprendre le 10 Juin 2114, jour de l'élection du nouveau premier ministre qui prône une nouvelle ère pour les couples en difficulté, que l'incontestable a jugé son union avec son époux incompatible et a de ce fait autorisé leur divorce. Une joie de courte durée, puisque le même soir, la mère est assassinée, et la fille est violée et laissée pour morte dans leur boutique. A son réveil du coma deux semaines plus tard, Jaz apprendra malheureusement la perte de sa mère. Mais aussi qu’elle porte l’enfant de son agresseur. Une enquête est ouverte pour élucider cette affaire.

Jaz n'a toujours pas quitté le service hospitalier. Elle a encore besoin de soins et surtout il lui est fortement recommandé un suivi psychologique pendant et après son hospitalisation. La guérison sera longue et éprouvante.