Il parlait aux étoiles, disait-on

« Il est plus moi-même que moi.  

Quelle que soit la composition de nos âmes, la sienne et la mienne sont pareilles.  

Si tout le reste périssait et qu’il restait,  

je continuerais d’exister,  

et si tout le reste restait et que nous étions anéantis,  

l’univers se transformerait en un puissant

étranger.  

Il est toujours, toujours dans mon esprit ;  

non pas comme un plaisir pour moi-même,  

mais comme mon propre  

être.


-Emily Brontë



…

L’amour est un axiome. Une telle certitude qu’on ne la remet guère en cause. Une évidence.

Les paysages défilent. Les corps, agglutinés les uns sur les autres, sont dépourvus de couleur. Il n’y a plus que du noir, du gris... Plus que le néant. Pourtant, il est assis là, la tête collée contre la fenêtre, à se demander s’il n’a pas déjà raté son arrêt. Il ne prête attention à rien. Une main familière se pose sur son épaule, le pressant un peu.

« Tiens-toi droit s’il te plaît mon ange. »

Sa mère est son étoile, dans cette galaxie muette et désertique. Elle est une population à elle seule. Un mirage. Une beauté telle que l’on croit à une hallucination. Son petit corps frêle ne tient rien d’elle. Ni la longueur et le volume de ses cheveux, ni la douceur de son regard, et encore moins les roses que sont ses mains. Bientôt, le bus s’arrête. Il suit l’ombre de son soleil, trébuchant à plusieurs reprises derrière elle. Sous son large parapluie, elle l’abrite des intempéries, le guidant à travers ces rues qui, malgré les années, lui paraissent toujours aussi obscures et étrangères. La porte d’entrée émet un bruit sourd en s’ouvrant. Niji se précipite à l’intérieur, se déchaussant aussi vite qu’il le peut pour rejoindre les bras de son père. Un câlin. Une embrassade. Puis, le silence. Il est ainsi, renfermé et taciturne, il plonge la tête la première dans un livre, absorbé tel Alice dans le pays de ses merveilles. Dans ce monde-là, il n’entend pas les disputes incessantes de ses deux parents qui, pourtant, ont été établis comme étant suffisamment compatibles pour se marier et fonder une famille. Roméo et Juliette est une histoire tout à fait envoûtante, mais dans ce monde qui est le sien il ne peut rêver épouser la personne de son choix, au moment de son choix.

« Je ne te possèderai pas,  

sans les ténèbres qui se cachent en toi.  

Et je ne te laisserai pas me posséder,

sans la folie qui me fait.  

Si nos démons ne peuvent pas danser,  

alors nous non plus. »  

Nikita Gill  

Son père était un scientifique de renom, toujours bel homme, serviable et d’une intelligence déroutante. Sa mère, elle, était un esprit libre. Conteuse d’aventure, sorcière, folle aux chats ou encore peut-être même voyante, elle avait suffisamment d’images pour dérouter les âmes autour d’elle. Une femme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, qui aimait mener la danse et qui croyait en sa liberté. Elle voulait mourir auprès d’un arbre, fusionner avec lui et s’enraciner dans les terres qui l’avaient vu naître. Elle était surtout loin d’aimer le sexe masculin, préférant ses semblables féminines. Mais la puce, insérée tel un parasite, n’en avait que faire de ses préférences. La mère au foyer enseignait à son garçon l’amour, tel qu’elle l’a connu auparavant. Tandis que son père et l’entièreté de la société lui préconisaient d’écouter sagement l’Incontestable. Car il l’est, incontestable. Né dans ce pays, entouré de cette technologie, il n’y avait pas prêté grande attention.

Il était un enfant ordinaire, un peu turbulent, difficile à canaliser, mais avide de connaissances. Niji n’était cependant pas très friand du social, à l’âge où les premières amitiés se formaient, lui arrivait à peine à adresser la parole à un adulte. Un trait de caractère qui le suivit tout le long de son enfance, l’éloignant des grands événements tels que les anniversaires de ses camarades. Lui avait une âme d’artiste solitaire. Après avoir fini sa lecture, le petit s’armait alors d’un crayon à papier et gribouillait les inspirations que lui avait donné son ouvrage. Il s’imaginait les personnages, les décors... Ce n’était pas du grand art, il n’était pas né talentueux, mais plus le temps passa et plus il apprit à manier son sabre. Si ce côté virtuose eut l’effet d’une bénédiction pour sa mère, ce fut loin d’être le cas pour son père qui, déjà, avait de grands projets pour son fils.

Cependant, la plume choisit son auteur. Les chiffres, les théorèmes, la géométrie... Tout cela ne lui inspirait rien. Alors que la philosophie, les couleurs, les sculptures ont toujours été une source d’inspiration inépuisable pour lui.

L’école était une sorte de cauchemar, aux yeux de cet enfant de 7 ans. Il ne comprenait pas les adultes, ni les exercices, ni les consignes. Il n’était pas très studieux et nombreuses furent les fois où les soirs passés à étudier finirent en larmes et en crise de colère. Les remontrances furent sévères, pour ce petit. Des heures supplémentaires le soir, des professeurs particuliers, des leçons longues et fastidieuses. Sa mère avait accepté les heures de soutien ainsi que les nouveaux enseignants, mais le reste absolument pas, elle trouvait cela contre-productif. Néanmoins, son père avait le fin mot de l’histoire car il était celui qui pouvait offrir le meilleur à Niji au vu de son salaire. Alors, elle le laissait faire, non sans le réprimander voire carrément lui hurler dessus lorsque cela allait trop loin à son goût. Son père réussit à faire taire les émotions de son fils, à le couper de sa créativité. “Ce n’est pas un vrai travail, artiste !”, “Arrête de pleurer, ne sois pas une fillette !”, “Vivement qu’Il te trouve une femme pour que tu te prennes en main”, “Je ne suis pas fier de toi”, “Arrête de chercher ton cahier de dessin, je l’ai jeté”.

Ainsi, l’esprit contraint de s’adapter il sût correspondre au moule. Dans cet abysse, sombre et douloureux, où ses souhaits et ses rêves n’avaient aucune importance, il rencontra quelqu’un. Un garçon, âgé de deux ans de plus que lui. L’air taciturne, peu bavard, moins énergique que lui. Pourtant, il était un rebelle aussi. Le menton posé dans le creux de sa main, Niji jouait avec son stylo, le faisant danser entre ses doigts. Il n’écoutait pas le professeur. Son regard se perdait dans les chiffres et dans les lettres. Il s’ennuyait. Soudain, il était apparu. Comme sorti de nulle part. Tel un nuage faisant face au soleil. Il s’assied à ses côtés. De là commença une bataille muette. Chacun se jaugeait.

Cette rivalité ne concernait pas seulement les notes, mais aussi le côté artistique, les coups foireux, les amourettes... Tout était prétexte à se confronter. Et petit à petit, Akira a fait partie de son quotidien. Son premier véritable ami. Ils se retrouvaient à la fin des cours pour jouer aux jeux-vidéos, pour lire des livres, pour dessiner... Ils avaient pris l’habitude de toujours se rendre chez Niji, car il habitait bien plus proche du centre de soutien scolaire. Ils se suivirent tout le long de leur primaire, puis leur collège. Absolument inséparables. De véritables âmes-sœurs.

Les années se sont écoulées sans que leur amitié ne prenne une ride. Les parents de Niji, bien qu’étant un couple instable et sans amour, ont tenu le cap. Sa mère le berçait encore de douces paroles sur le véritable amour, sur ce sentiment propre à soi, pur et rare... Dorénavant meilleur à l’école, c’est peu avant le lycée qu’il eut sa première réflexion sur l’Incontestable. A 14 ans, lui et Akira ont développé une forte passion pour les jeux-vidéos, à tel point qu’ils passaient des heures devant les écrans. On les entendait rire et se disputer. C’est en traînant sur internet, tard la nuit, qu’ils ont eu écho des Incontrôlables. Un message avait été posté sur un forum, avant d’être rapidement signalé et supprimé. Il ne se souvient pas très bien, mais il sait qu’ils en avaient parlé, peut-être pendant dix minutes... Niji avait un avis nuancé, il ne savait pas trop quoi penser de tout ce système, il se disait qu’après tout si les choses étaient faites ainsi c’est qu’il y a forcément une raison. Cependant, son ami était loin de penser la même chose. Il affirmait que l’Incontestable était une belle arnaque. Un mensonge. Une illusion. Il n’avait rien répondu. Rien.

Non pas car il méprisait l’avis de son ami, mais parce qu’il n’y avait simplement jamais réfléchi. Il avait pu pourtant voir les failles du système au vu de la situation bancale de ses parents, mais ça ne l’avait jamais vraiment choqué. Jusqu’à ce jour. Pour lui prouver qu’il n’était pas fou, Akira lui proposa pour la première fois de rencontrer sa famille. Son cocon. Son cauchemar. Deux hommes qui ne pouvaient que se détester. A la moindre occasion, ils essayaient de faire face au gouvernement. Ils ont déjà été en centre de redressement, c’était ce que lui avait expliqué le garçon.

Au lycée, les choses se sont assombries. Akira rencontra un groupe de jeunes voyous avec lesquels il sympathisa. Très peu intéressé, Niji n’y accorda aucune attention. Il parlait à Akira et ignorait les autres, c’était tout aussi simple. Ils étaient en train de faire du skate quand l’un d’eux, après une dernière tentative de communication, finit par lâcher :

« C’est quoi ton problème, hein ? Tu veux qu’on finisse par t’en mettre une ?! »

Il n’avait jamais été du genre bagarreur. Mais cette situation l’énervait. Il ne voyait pas pourquoi il devait montrer du respect pour ces gars. Et il était jaloux. Jaloux du rapprochement si soudain entre eux et Akira. Il se sentait seul. Une tempête se formait, au creux de son estomac. Et la colère explosa. Alors, en réponse à cette provocation, il lui lança son skate au visage et ils se bagarrèrent. Plutôt violemment, à vrai dire. Un peu trop. Il sentit des bras l’entourer pour l’éloigner. Les insultes fusaient. Puis, le calme. Son ami pansait ses plaies du mieux qu’il le pouvait, avec un bout de serviette et de l’eau. Ils ne se sont pas parlé, ce jour-là. Les regards avaient dialogué en silence.

Niji était différent. Un gosse qui vivait par les couleurs, par le dessin. Et il vivait putain, il vivait avec une telle force. Il s’en déchirait les abdos. Les études ne l’intéressaient pas. Mais il était enfermé, il tournait dans sa cage comme un lion. Il pouvait voir l’horizon, le soleil se coucher, mais on ne lui permettait seulement que de rêver de cette liberté. Comme le voulait son père, il intégra une école de commerce réputée. Ce fut le début de la fin pour lui. Peu à peu, son esprit s’effrita. A l’instar de l’herbe sous ses ongles. La drogue, les fêtes, l’alcool... Boum, boum, boum. Son cœur dérapait chaque soir. Il sombra dans une lourde dépression, incapable de se trouver un but, une chose à aimer, une passion à alimenter. On lui avait retiré ce droit.


Couché sur la pelouse du lycée, le jeune adolescent avait pris l’habitude de regarder les nuages. Puis, c’était dans les parcs où il fixait les étoiles, comme s’il cherchait à y lire quelque chose.

« Elles te répondent, parfois ? » Lui avait demandé Akira.

« Non. Jamais. Mais au moins j’ai essayé. »

« Elles te ressemblent. »

« Capricieuses et silencieuses ? »

« Non. Brillantes et lointaines. Je te manque pas ? »

« Tu as pris ta décision. Peu importe. »

Un silence régna. Les yeux clos, Niji ne pouvait savoir si son ami était encore là ou pas. Et pourtant, c’était comme s’il sentait son âme voguer autour de lui, l’appeler, le tirer.

« Mes parents ont fait le Big Bang Kiss. »

Silence.

« Pourquoi t’es aussi fataliste ? C’était qu’une bagarre. Et puis, t’as jamais essayé d’être ami avec eux ! Ça fait longtemps. Passe à autre chose. »

Silence.

« Je pensais que tu serais toujours avec moi. Qu’on était comme des frères. »

Il ne cilla pas. Ne fit pas le moindre bruit. Pourtant, son cœur voulait hurler. Ses poumons souhaitaient se déchirer.

« Tu pensais mal. » Se contenta-t-il de dire, les bras croisés derrière la tête, l’air désinvolte.

TW : auto-mutilation/crise d’angoisse/dissociation

Cette fois-ci, c’est à lui qu’on imposa le silence. Akira fit un pas en arrière, puis disparu. Il ne sait pas combien de temps il était resté ainsi, à attendre. Peut-être deux heures. Tout ce qu’il savait, c’est qu’à la fin de ces deux heures il n’avait plus rien à pleurer. Il avait implosé. Une crise d’angoisse d’une telle puissance qu’il crût en mourir. Pendant ces deux heures, il n’était plus là. Plus le même. Son corps était présent, mais pas son âme. Il dissociait. Seule façon de revenir à lui... La douleur. Il s’était brûlé avec sa cigarette, de nombreuses fois, un peu partout où il y avait de l’espace. Quand il put enfin se calmer, il assista à la scène avec effroi. Il ne savait même plus qui il était.

Voir la personne qu’il aimait le plus au monde s’éloigner si brusquement... La peur l’avait attrapé par la gorge et il ne savait pas comment y réagir, lui à qui on a sans cesse reproché sa sensibilité naturelle. Il avait tant enterré ses sentiments qu’il ne savait plus comment les contrôler. Niji était tout simplement terrorisé à l’idée d’être abandonné, d’être seul. Il s’auto-sabotait, car il avait peur. Il se faisait mal, parce qu’il voulait ressentir quelque chose de plus fort que ses démons qui se battaient. Akira n’y pouvait rien. Ce n’était pas de sa faute. Niji aimait juste trop fort. Bien trop fort.

…

Un an passa.

- Hey, c’est encore moi. Je comprends pas pourquoi tu réponds pas ?

- Juste, s’il te plaît, réponds moi.

- Mes parents ont été arrêté, encore. Au festival.

- J’ai besoin de toi.

- S’il te plaît.

- Niji ?

- Il faut que je te parle, s’il te plaît.

- Je t’en supplie Niji, il faut que je te dise quelque chose.

- Viens chez moi. Je t’attendrai.

- Prends soin de toi.

…

- Je t’ai attendu, toute la journée, toute la nuit. J’en ai pleuré toute la nuit putain. T’as vraiment pas de cœur pour me faire ça. T’étais la seule personne qui me sortait de cet enfer.

- REPOND.

- … Je crois que mes parents vont mourir Niji. Putain. J’ai besoin de toi. J’veux pas me retrouver seul. Je flippe grave là.

- Stp

- Stp

- Stp

- Stp

TW : mention automutilation, dépression, maltraitance, drogue & TS

Niji regardait son téléphone s’allumer et s’éteindre au rythme des notifications. Sous sa langue fondait son troisième anxiolytique, et dans sa main un joint fumait suffisamment pour brouiller sa vue. Il n’avait pas la force. Pas l’envie. Il ne voulait pas bouger de son lit. Il voulait fondre dedans. Ne faire plus qu’un avec, quitte à en crever. Il ne voulait plus entendre son cœur, ni sa respiration. Ni les cris de ses parents qui se déchiraient dans la salle de bain. Ni les verres qui se brisaient. Ils se disputaient encore. A son sujet, encore. Sa mère était folle d’inquiétude, elle voulait l’aider, elle voulait l’aimer. Son père voulait l’endurcir, le punir, le faire souffrir. Il avait déjà pris des coups de sa part, mais jamais, ô grand jamais, il n’eut aussi mal que quand sa mère le gifla. Il ne pouvait même plus se souvenir pourquoi. Ah, si... Quand il avait insulté son père. Elle avait beau le détester, au final...

Niji avait arrêté les cours. Enfin, non, ce n’est pas tout à fait vrai. La direction l’avait renvoyé, définitivement, après avoir compris qu’il était drogué. Il n’avait plus rien, ni personne. Il ne croyait plus en lui. Les traces qui se sont multipliées sur son corps prouvaient qu’il ne s’aimait pas. Peut-être était-il temps de laisser tomber ? Il savait qu’il pouvait le faire. Il avait ce qu’il fallait. Il n’avait plus qu’à tendre le bras et... se laisser faire. Pourquoi se débattre, de toute manière...  

Il n’avait pas remarqué la présence de sa mère, la joue enflée, les larmes aux yeux. Elle lui caressa le visage, lui murmurant quelques paroles :

« Oh mon ange, mon ange... ça va aller, je te le promets. On trouvera une solution mon ange. D’accord ? S’il te plaît mon cœur... Niji ? … Niji ?! NIJI ? »

Il ne se souvient pas de la suite, son esprit s’était envolé ailleurs. Il se réveilla, agressé par la lumière des néons de l’hôpital. Alors... il l’avait fait ? Il ne s’en était même pas rendu compte, comment...

« Coucou mon ange, ça va ? Tu as fait une hypoglycémie. Tout va bien. »

Ah. Non. Il ne l’avait pas fait. Tant mieux...

« Maman ? »

« Oui ? »

« Ça va pas. »

Elle ouvrit ses bras. Il se pressa contre elle et pleura à chaudes larmes. Quelqu’un toqua à la porte. Une touffe noire se distingua. Akira. Son visage était tordu de peur, ça lui donnait un air de clown à vrai dire. Il lâcha le bouquet de fleurs. Face au visage de son ami, amaigrit, cerné, blessé... Il ne sut quoi dire. Sa mère pris congé. Une minute s’écoula.

Mais en une seconde, il fondît sur lui. Une étreinte chaleureuse. Pleine d’espoir. Niji eut l’impression de respirer pour la première fois. Comme s’il avait été en apnée tout ce temps.

« Niji, je t’aime. Je t’aime putain. Pas comme un frère, pas comme un pote, je t’aime comme Juliette aime Roméo. »

Il ne se souvient guère de sa réponse, mais il l’avait fait sourire.

Les événements se succédèrent suite à cela. La fin des Incontrôlables. Le séisme. Les morts. Un jour, tout allait bien, le lendemain il jetait une poignée de terre sur le cercueil de ses beaux-pères. Akira avait perdu ses parents, pour le meilleur comme pour le pire. Il habitait chez lui dorénavant. Enfin, le nouveau chez lui étant donné qu’ils avaient perdu leur maison. Dorénavant, ils vivaient dans un large appartement sur Shibuya. Heureusement, ils ont échappé à l’épidémie, ainsi qu’au bug et à la chasse à l’homme...

Niji avait peint pour la première fois depuis des années le premier jour de la chasse à l’homme. Il avait peint la cruauté humaine. La lueur d’espoir. Le lion en cage. Pendant des mois. Sa mère l’observait, fière, tandis que son père baissa la tête. Trop accablé par un tel fils.

Mais le malheur frappa à nouveau.

Un texto envoyé au volant.

Un chauffard qui grille un feu.

Une voiture en flamme.

Un cadavre dans les bras d’un homme, implorant les Dieux.

Un nouveau cercueil sur lequel jeter de la terre.

Akira était mort.

Et Niji aussi était mort, ce jour-là. Mais il se réveilla. Côtes et jambes cassées. Fauteuil roulant.

Les années ont passé. Aujourd’hui, Niji a fait son deuil. Il est devenu un artiste reconnu, mais a repris les drogues et l’alcool. Il en vend, aussi. Il a coupé les ponts avec son père et ne côtoie que sa mère. Il lit encore Roméo & Juliette. Il rêve encore de l’amour, le vrai. Celui décrit par sa mère. Miraculé d’un accident de voiture. Bien qu’aujourd’hui, il ne peut pas marcher sans béquille. Les douleurs le réveillent. Les cauchemars l’empêchent de dormir.